Fille aînée de Philippe III d’Espagne et de Marguerite d’Autriche. Le 25 décembre 1615, alors âgée de 14 ans elle épousa Louis XIII.
Ce mariage, longuement négocié, symbolisa le rapprochement de la France et de la maison d’Autriche [1], donc la fin de la politique étrangère d’Henri IV. Le mariage fut loin d’être heureux et à la différence de caractère entre les 2 époux s’ajouta pendant 22 ans sa stérilité. En outre, c’est peu de dire qu’incapable de comprendre la politique de Richelieu, elle a haï le ministre qui entendait faire de la France un véritable Etat et une grande puissance.
Les nombreuses absences du roi laissent à Anne d’Autriche la latitude de croire qu’elle peut se mêler de politique. Mais elle va de faux pas en faux pas, parce qu’elle laisse supposer qu’elle n’a pas été insensible à la beauté et au charme de l’ambassadeur d’Angleterre qu’est George Villiers (1er duc de Buckingham) , parce qu’elle semble impliquée dans les conspirations que Gaston d’Orléans échafaude contre son frère le roi, parce qu’en opposition à Richelieu elle prend fait et cause pour le parti des dévots, parce qu’alors que la France est en guerre avec l’Espagne elle ne cesse de correspondre avec son frère, Philippe IV d’Espagne. En août 1637, au château de Chantilly, elle fut interrogée comme une criminelle, dut signer des vœux et une promesse de bonne conduite à l’avenir.
Si surprenant que cela paraisse, elle se trouva enceinte quelques mois après. La naissance de Louis XIV le 5 septembre 1638, donnait enfin un dauphin [2] et les troubles liés à l’absence d’héritier mâle s’éloignaient.
À la mort de Louis XIII, la reine obtient du Parlement de Paris la cassation du testament du roi et la régence du royaume pendant la minorité de Louis XIV. Elle conserve à ses côtés Mazarin, que Richelieu avait choisi pour successeur.
La nomination de Mazarin comme 1er ministre transformèrent la reine qui, par amour pour son fils, fit un revirement extraordinaire et donna son accord entier à la poursuite de la politique de Richelieu. Là fut le paradoxe de cette femme qui ne fut ni l’épouse secrète de Mazarin ni sa maîtresse, mais qui, incarnant le pouvoir royal, trouva l’énergie durant la Fronde de tenir tête aux révoltés, puis de poursuivre la guerre jusqu’à la paix des Pyrénées le 7 novembre 1659 par laquelle son fils Louis XIV épousait sa nièce Marie-Thérèse.
Après la mort de Mazarin en 1661 et la prise du pouvoir par Louis XIV, Anne d’Autriche continua à protéger l’Église et les dévots, elle appuya l’action de Saint Vincent de Paul, fit édifier le Val de Grâce [3] et protégea les Arts et les Lettres.
Le 20 janvier 1666, à 65 ans, elle meurt au Louvre. Elle est inhumée à Saint-Denis. Son cœur est au Val de Grâce.