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Pierre Bayle

vendredi 28 juin 2024, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 15 novembre 2012).

Pierre Bayle (1647-1706)

Ecrivain et Philosophe

Pierre Bayle Ecrivain et Philosophe

Né au Carla-le-Comte ( [1]), près de Pamiers [2] en Pays de Foix [3], second fils d’un père pasteur, Instruit par son père, il apprend le grec et le latin. À cause de la pauvreté de sa famille il doit attendre la fin des études de son frère aîné, Jacob, pour débuter son cursus à l’Académie protestante de Puylaurens [4].

En 1669, il entre au collège des jésuites de Toulouse [5] et se convertit au catholicisme. Après 17 mois, le 21 août 1671, il abjure et revient au protestantisme. En tant que relaps il doit s’exiler à Genève [6], où il entreprend des études de théologie et de philosophie et découvre notamment la pensée de Descartes. Pour subsister, il devient précepteur.

Il revient incognito en France, pendant quelques années, il signe du nom de Bêle, travaillant comme précepteur à Rouen [7] en 1674 puis à Paris. En 1675 sur les instances de son ami Jacques Basnage , il présente sa candidature à l’Académie de Sedan [8] où, à l’issue d’un concours et grâce au soutien de Pierre Jurieu , il est nommé professeur de philosophie et d’histoire.

En 1681, Louis XIV fait fermer l’Académie de Sedan. Il part à Rotterdam [9] et le 8 décembre, il est nommé professeur de philosophie et d’histoire. Il vécu la majeure partie du reste de sa vie dans cette ville. Mais ses positions de protestant peu orthodoxe l’obligent à abandonner son poste en 1693.

Il a soutenu le Calvinisme [10] mais était également un avocat de la tolérance religieuse, affirmant que la moralité était indépendante de la religion.

Ses continuelles polémiques contre le catholicisme, mais aussi contre certains théologiens protestants qui l’accusent d’athéisme, lui ont valu beaucoup d’ennemis et bien des déboires personnels ; néanmoins, ses oeuvres seront diffusées partout et auront une influence considérable.

En 1682, il publie anonymement à Rotterdam la première édition de son livre sur les comètes où il est prouvé par plusieurs raisons tirées de la philosophie et de la théologie que les comètes ne sont point le présage d’aucun malheur. L’année suivante paraît la seconde édition augmentée avec le titre définitif : “Pensées diverses écrites à un docteur de Sorbonne à l’occasion de la comète qui parut au mois de décembre 1680”.

A partir de 1684, il entreprend la rédaction mensuelle des “Nouvelles de la République des Lettres”, revue faite de comptes rendus de livres de théologie, philosophie, histoire, érudition, etc., qui lui vaut une grande notoriété à travers toute l’Europe. Il entre ainsi en relation avec les principaux savants de son temps.

Considéré aujourd’hui comme le précurseur de toute la critique moderne, il soulève en son temps contre lui les jésuites et même des protestants ; nombre de ses livres sont brûlés en place publique sur ordre du roi de France. En 1685, après la révocation de l’édit de Nantes, Bayle apprend la mort en prison de son frère Jacob, qui avait refusé d’abjurer, il dénonce alors l’intolérance et prône une tolérance civile de toutes les confessions chrétiennes, du judaïsme, de l’islam et même pour les athées. Sans se décourager devant les obstacles, en 1687, il abandonne la publication des Nouvelles de la République des Lettres pour se consacrer pleinement au monumental Dictionnaire historique et critique publié à Rotterdam en 1697 puis en 1702 dans une édition augmentée, dont l’esprit critique annonce la pensée philosophique du 18ème siècle et devint l’arme érudite des déistes et des athées et aura sur les "Lumières" une influence multiforme.

En 1690 paraît un Avis important aux réfugiés exhortant les protestants au calme et à la soumission politique, ce qui provoque la colère de Pierre Jurieu. Ses ennemis, à la tête desquels se trouve Jurieu, parviennent à le faire destituer de sa chaire en 1693. En réalité, au-delà des querelles personnelles, ce sont deux conceptions politiques qui s’affrontent. Jurieu est partisan de la théorie du contrat, et affirme que « le peuple est celui qui fait les rois » et que « quand une des deux parties vient à violer ce pacte, l’autre est dégagée ». Bayle, suivant son « éthique d’historien » veut se montrer fidèle à la loyauté huguenote traditionnelle. De là, deux attitudes pratiques. Jurieu pousse ses coreligionnaires à soutenir Guillaume III d’Orange contre Louis XIV pour instaurer en France une république. Bayle estime cette attitude risquée pour les protestants français qui soutiendraient les adversaires de Louis XIV engagé dans la guerre de la ligue d’Augsbourg [11].

Jurieu le dénonce au consistoire comme impie et, au Prince d’Orange, devenu roi d’Angleterre, comme ennemi de l’Etat et partisan secret de la France. Mais grâce à la protection de Anthony Ashley-Cooper (3e comte de Shaftesbury dit Lord Shaftesbury , il échappe cette fois aux coups de ses persécuteurs.

Les dernières années de Bayle sont consacrées à divers écrits, provenant dans beaucoup de cas des critiques faites sur son Dictionnaire, qu’il cherche le reste de sa vie à développer.

Il meurt de la tuberculose à Rotterdam le 28 décembre 1706, à l’âge de 72 ans.

Les encyclopédistes des Lumières salueront en Pierre Bayle un de leurs inspirateurs et lui emprunteront sa thèse de l’incompatibilité entre la foi et la raison.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Portail des Lumières/ Philosophe français du 17ème siècle

Notes

[1] aujourd’hui Carla-Bayle

[2] Pamiers est une commune française du département de l’Ariège. Au 12ème siècle, la ville se développe fortement, malgré la crise du catharisme. Pamiers est alors un fief de l’orthodoxie. En 1207, au château de Pamiers (aujourd’hui rasé), se déroule le Colloque de Pamiers, dernière rencontre entre les cathares et l’Église catholique avant la Croisade des Albigeois. Le pape Boniface VIII récompense la fidélité de la ville en érigeant Pamiers en évêché en 1295. Il nomme Bernard Saisset, alors abbé de Saint-Antonin, évêque. Celui-ci devient son principal intermédiaire auprès de Philippe IV le Bel lors du conflit de 1296, et l’abbatiale est élevée au rang de cathédrale.

[3] aujourd’hui Ariège

[4] L’Académie de Montauban et de Puylaurens est une université protestante fondée en 1598 d’abord à Montauban, puis transférée à Puylaurens. Elle est supprimée le 5 mars 1685, sept mois avant la révocation de l’édit de Nantes.

[5] Le collège Saint-Martial est fondé en 1359. Les Archives départementales conservent un plan de 1540 signé par Bernard Nalot proposant un réaménagement des bâtiments, on ne sait si les travaux furent réalisés. Devenu propriété nationale à la Révolution, les bâtiments de l’ancien collège abritent le théâtre de la liberté et de l’égalité de 1792 à 1818.

[6] Genève, ville suisse située à l’extrémité sud-ouest du Léman. Elle est la deuxième ville la plus peuplée de Suisse après Zurich. Elle est le chef-lieu et la commune la plus peuplée du canton de Genève. Dès 1526, des marchands allemands propagent à Genève les idées de la Réforme luthérienne parmi les commerçants genevois ; la même année, Genève signe un traité de combourgeoisie avec Berne et Fribourg. Sous l’influence de Berne, Genève accepte de laisser prêcher des prédicateurs dans la ville, dont Guillaume Farel en 1532. Le 10 août 1535, la célébration de la messe catholique est interdite et, le 26 novembre, le Conseil des Deux-Cents s’attribue le droit de battre monnaie à sa place alors que la ville est à nouveau menacée par la Savoie. La Réforme est définitivement adoptée le 21 mai 1536 en même temps que l’obligation pour chacun d’envoyer ses enfants à l’école. Genève devient dès lors le centre du calvinisme et se trouve parfois surnommée la « Rome protestante »

[7] Rouen est une commune du Nord de la France traversée par la Seine. Préfecture du département de la Seine-Maritime. À partir de 841, les Vikings ont effectué de fréquentes incursions en vallée de Seine et ont, en 841, ravagé Rouen. Rouen, attaquée à nouveau par les Nortmanni en 843, est devenue la capitale du duché de Normandie après que Rollon, chef viking, eut obtenu une région équivalente en taille à l’ancienne Haute-Normandie (Seine-Maritime et Eure), du roi de France Charles III, par le traité de Saint-Clair-sur-Epte en 911. Il a été fait comte de Rouen, au sens carolingien du terme, mais les textes de l’époque parlent plus fréquemment de « prince » (princeps). En 949, le duc de Normandie Richard 1er, dit « Sans Peur », a battu, lors du siège de Rouen, une grande coalition réunissant le roi de France Louis IV d’Outremer, l’empereur germanique Othon le Grand et le comte de Flandre. Cette victoire a été décisive pour l’avenir de la Normandie ; une plaque est apposée sur une maison de la place de la Rougemare, en souvenir de cet événement sanglant. En 1007, un pogrom décime une partie de la population juive de Rouen. L’œuvre de Guillaume le Conquérant permet à la Normandie de devenir la province la plus puissante d’Europe. S’il installe la capitale politique à Caen, Rouen reste la capitale économique et religieuse. C’est d’ailleurs à Rouen que Guillaume mourra en 1087.

[8] Entre 1599 et 1602, sur les vœux du prince de Sedan Henri de La Tour d’Auvergne, une académie protestante est installée à Sedan. Servant avant tout à la formation des pasteurs, elle est bientôt réputée pour être l’une des meilleures de France et lieux voisins, avec sa rivale, Saumur. Après près de 80 ans d’existence, faisant de Sedan un carrefour intellectuel européen, l’académie de Sedan est fermée sur l’ordre de Louis XIV dans le cadre de sa politique de répression du protestantisme français.

[9] Rotterdam est une commune néerlandaise, située dans la province de Hollande-Méridionale. Fondée au 12ème siècle, Rotterdam s’est organisée autour de la digue de la rivière Rotte (qui donne son nom à la ville) et les premiers ports de pêcheurs : le vieux port, Oude Haven et les quais de Haringvliet. Elle reçoit son statut de ville en 1340. Le commerce y fleurit pendant plusieurs siècles, tandis que le port s’étend et que le commerce avec les Indes occidentales et orientales s’accroît.

[10] Le calvinisme (nommé ainsi d’après Jean Calvin et aussi appelé la tradition réformée, la foi réformée ou la théologie réformée) est une doctrine théologique protestante et une approche de la vie chrétienne qui reposent sur le principe de la souveraineté de Dieu en toutes choses. Bien qu’elle fût développée par plusieurs théologiens tels que Martin Bucer, Wolfgang Musculus, Heinrich Bullinger, Pierre Martyr Vermigli, Ulrich Zwingli et Théodore de Bèze, elle porte le nom du réformateur français Jean Calvin en raison de l’influence dominante qu’il eut sur elle et du rôle déterminant qu’il exerça dans les débats confessionnels et ecclésiastiques du 16ème siècle.

[11] La guerre de la Ligue d’Augsbourg, également appelée guerre de Neuf Ans, guerre de la Succession Palatine ou guerre de la Grande Alliance, eut lieu de 1688 à 1697. Elle opposa le roi de France Louis XIV, allié à l’Empire ottoman et aux jacobites irlandais et écossais, à une large coalition européenne, la Ligue d’Augsbourg menée par l’Anglo-néerlandais Guillaume III, l’empereur du Saint Empire romain germanique Léopold 1er, le roi d’Espagne Charles II, Victor Amédée II de Savoie et de nombreux princes du Saint Empire romain germanique. Ce conflit se déroula principalement en Europe continentale et dans les mers voisines, mais on y rattache le théâtre irlandais, où Guillaume III et Jacques II se disputèrent le contrôle des îles britanniques, et une campagne limitée entre les colonies anglaises et françaises et leurs alliés amérindiens en Amérique du Nord. Cette guerre fut la deuxième des trois grandes guerres de Louis XIV.