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Les Phéniciens 2ème partie

samedi 31 décembre 2022, par ljallamion

Les Phéniciens 2ème partie


Les Phéniciens ont laissé dans la haute Antiquité la réputation de commerçants entreprenants et pragmatiques, au demeurant peu tourmentés par les questions d’ordre philosophique ou spirituel. On n’a conservé d’eux presque aucun écrit et très peu de témoignages artistiques...

Pourtant, jour après jour, nous leur sommes tous redevables de l’une des plus belles conquêtes de l’esprit humain : l’alphabet !


1300 av.jc : Un peuple mystérieux

Au cours du 3ème millénaire av. jc, tandis que s’épanouissent les cités sumériennes  [1] et l’Égypte des pharaons, des groupes humains de langue sémitique s’établissent dans les plaines littorales de l’actuel Liban [2], au pied du mont Liban [3], l’un des très rares lieux du Moyen-Orient à connaître la neige en hiver.

Les nouveaux-venus sont connus dans la haute Antiquité sous le nom de Cananéens. C’est en particulier le nom qu’ils portent dans la Bible, leur pays portant celui de Canaan [4].

Ils ne forment pas un État ni ne constituent à proprement parler un peuple. Ils vivent dans des cités plus ou moins indépendantes, chacune gouvernée par un roi, avec une divinité qui lui est propre.

Beaucoup de divinités sont représentées par des pierres d’origine météorique( [5]). Ces divinités apprécient les sacrifices humains, y compris ceux d’enfants, ce qui ternira la réputation des Phéniciens et de leurs lointains descendants, les Carthaginois, auprès de leurs voisins et ennemis, en particulier les Hébreux et les Romains.

Parmi les divinités qui dominent le panthéon cananéen, il y a le dieu de la vie et de la mort Baal [6], dont le culte imprègne Baalbek [7], à l’intérieur des terres, dans la plaine de la Bekaa [8].

Il y a aussi la déesse de la fécondité Ashtart [9] : dans son sanctuaire, des jeunes filles pratiquent par dévotion la prostitution sacrée. Il y a enfin un jeune dieu de la végétation, particulièrement vénéré à Byblos [10], qui meurt et ressuscite régulièrement : les Grecs le récupèreront sous le nom d’Adonis.

Les Hébreux, un autre groupe de langue sémitique, considèrent Canaan comme un pays fabuleux « où coulent le lait et le miel » [11]. Ils s’établissent par la force dans sa partie méridionale, l’actuelle Palestine [12].


De Canaan aux Phéniciens

Dans un premier temps, les Cananéens semblent vivre tranquillement de l’agriculture ainsi que de l’exploitation des très belles forêts de cèdres du mont Liban, ce qui leur vaudra une réputation d’excellents charpentiers. Ils fondent des cités portuaires le long de la côte, en particulier Guebal [13], Sidon [14] et Tyr [15].

Ils se montrent aussi particulièrement habiles dans la production de la teinture rouge ou pourpre, très prisée autour de la Méditerranée. Celle-ci est obtenue en faisant bouillir un coquillage, le murex, que l’on trouve en abondance sur les plages du littoral.

Le littoral proche-oriental est connu dans les textes anciens et la Bible sous le nom de Canaan. Ce mot évoque dans les langues sémitiques la couleur rouge et rappelle le savoir-faire des habitants, les Cananéens, dans l’obtention de cette teinture.

Le nom de Phénicie plus tard attribué à la partie nord de cette région nous vient des Grecs mais il a la même signification car il dérive du mot grec « poniké » qui signifie pourpre ! Le nom de Puniques donné par les Romains aux habitants de Carthage, colonie phénicienne, est la traduction en latin de « poniké ». La partie sud de Canaan, occupée par les Hébreux, est connue sous le nom de Palestine depuis la destruction de Jérusalem [16] par les Romains.

Question géopolitique, les cités phéniciennes se satisfont d’une allégeance à l’un ou l’autre des grands souverains de la région : le roi des Hittites [17], un peuple indo-européen établi en Anatolie [18], et le pharaon d’Égypte.

Avides de compléter leurs maigres ressources, les Phéniciens se font marins et commerçants. Perfectionnant la construction navale, ils apprennent à naviguer le long des côtes de la Méditerranée et même de la Mer Noire [19].

Habiles à se guider d’après les étoiles, ils ne craignent pas de naviguer la nuit mais sans jamais beaucoup s’éloigner des côtes.

Ils pratiquent le troc ainsi que le raconte à sa manière pittoresque le voyageur grec Hérodote.

Parfois, les affaires ne se passent pas aussi tranquillement et les Phéniciens, trouvant belles les filles du cru, se font un plaisir de les enlever en vue de les revendre ailleurs comme esclaves.

Leurs exploits ont inspiré le mythe de l’enlèvement d’Io fille du roi d’Argos [20] aux Grecs, qui tenaient les Phéniciens pour des pirates plus que pour des marchands.


Si l’on parle encore des Phéniciens avec beaucoup d’intérêt, c’est que l’on doit à ces entrepreneurs pragmatiques l’invention de l’alphabet.

Vers l’an 1300 av. jc, les Phéniciens se mettent en tête de simplifier les deux écritures dont ils disposent : l’écriture cunéiforme [21] en usage en Mésopotamie et les hiéroglyphes [22] en usage sur les bords du Nil.

Ces écritures, dérivées d’idéogrammes [23], sont essentiellement syllabiques : à chaque syllabe correspond plus ou moins un signe, ce qui fait un total de quelques milliers de signes.

Par approches successives, les Phéniciens ramènent les caractères aux sons et non plus aux syllabes. Au final, ils arrivent à transcrire tous les mots de leur langue avec 22 caractères seulement, correspondant à autant de consonnes. L’alphabet est né. Les Grecs l’emprunteront aux Phéniciens et y ajouteront les voyelles. Ils nous le lègueront presque sans changement par l’intermédiaire des Romains.


Grandeur de Tyr

Au 13ème siècle av. notre ère, le temps se couvre pour les Égyptiens et les Hittites. Un affrontement majeur entre le pharaon Ramsès II et son rival Mouwatalli , à Qadesh [24], en Syrie [25], laisse les deux puissances épuisées et leur enlève l’envie de nouvelles conquêtes...

Pour ne rien arranger, des envahisseurs indo-européens venus d’on ne sait où font irruption sur le littoral égyptien. Ces Peuples de la mer mettent à mal l’Égypte. Certains d’entre eux, les Philistins [26], qui ont laissé leur nom à... la Palestine, font aussi le siège de la ville phénicienne de Sidon.

Le déclin de Sidon va faire la fortune de Tyr, sa voisine, une cité inexpugnable sur son promontoire rocheux. Profitant de l’effacement de l’Égypte, Tyr va porter à sa plus grande extension le commerce phénicien.

À partir de 1200 av. jc environ, la cité domine de façon écrasante le commerce méditerranéen. Elle atteint son apogée sous le règne du roi Hiram 1er dont la Bible nous dit qu’il aurait été l’ami de Salomon, le roi d’Israël, son voisin.

Tyr enlève l’île de Chypre [27] à ses rivaux grecs et en exploite avec profit le cuivre. Tyr fonde d’autre part Gadès [28] et Utique [29] dans l’actuelle Tunisie entre le 12ème et le 10ème siècle, et surtout Carthage [30] au nord de l’actuelle Tunis.

L’expansion de Tyr est stoppée par l’arrivée des Assyriens [31]. Après une longue résistance, Tyr fait sa soumission au roi Sennachérib vers l’an 700 av. jc. Un siècle plus tard, elle est prise par le roi de Babylone [32] Nabuchodonosor II, qui s’empare aussi de Jérusalem.

Les guerres, ainsi que la concurrence de plus en plus redoutable des Grecs, finissent par ruiner le commerce phénicien. Le coup de grâce lui est donné lorsque Alexandre le Grand assiège Tyr en 332 av. jc. La cité, protégée par son promontoire, donne d’ailleurs bien du fil à retordre au conquérant. Celui-ci fait construire une jetée de 600 mètres pour amener au pied des murailles des machines de sièges plus hautes que celles-ci. 8.000 défenseurs seront ensuite massacrés et près de 30.000 personnes seront vendues comme esclaves.

Par la suite, les Phéniciens vont se plier sans trop de réticences au joug des Grecs. Comme dans la Palestine voisine, la langue grecque triomphera au sein des élites urbaines mais le peuple restera fidèle à sa langue sémitique, proche de l’araméen.

Suite à l’arrivée des légions de Pompée, en 64 av. jc, l’ex-Phénicie et son arrière-pays sont ravalés au rang de simple province, la Provincia Syria [33]. Cette province se gardera de toute révolte comme la Palestine voisine mais accueillera avec bienveillance la prédication de Saint Paul et des premiers apôtres chrétiens.

S’il ne reste plus trace des Phéniciens ni des Cananéens, mais leurs cités sont encore bien vivantes, de Beyrouth [34] à Tyr, en passant par Sidon , Tyr et Baalbek.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de René Castillon/ Herodote.Net

Notes

[1] Irak actuel

[2] Les premières traces de peuplement du Liban remontent à entre 7 000 et 5 000 ans av. jc. Le territoire est décrit dans la Bible comme « la terre du lait et du miel », et c’est donc en raison de l’abondance de ces richesses, que le pays a toujours attiré les conquérants tout au long des siècles. Le Liban fut la mère patrie des Phéniciens, ce peuple marin aventureux, rameau du peuple cananéen, qui a dominé pendant des siècles le commerce méditerranéen et fondé des comptoirs et des cités sur tout le pourtour de la Méditerranée dont Carthage, Palerme, Cadix, Tanger, Palma, la Sardaigne, la Sicile, les îles de Chypre et Ibiza, etc. Il s’ensuivit l’avènement de Cyrus II le Grand, un grand empereur perse. Après 200 ans de domination perse, les Grecs, sous l’égide d’Alexandre le Grand, attaquent et assiègent Tyr en 332 av. jc, alors la plus grande ville phénicienne, durant sept mois

[3] Le mont Liban « Montagne occidentale du Liban » est une chaîne de montagnes du Liban et, pour une petite partie, de Syrie ; elle domine la mer Méditerranée située à l’ouest, et culmine au Qurnat as Sawda’ à 3 088 mètres d’altitude. Il s’agit du plus haut relief montagneux du Proche-Orient. Cette montagne a constitué le noyau du Grand Liban, à l’origine de la république libanaise moderne. Elle est majoritairement peuplée de chrétiens (maronites surtout), avec une minorité importante de la communauté druze (surtout dans les montagnes du Chouf).

[4] Canaan désigne une région du Proche-Orient ancien située le long de la rive orientale de la mer Méditerranée. Cette région correspond plus ou moins aujourd’hui aux territoires réunissant les territoires disputés, l’État d’Israël, l’ouest de la Jordanie, le sud du Liban et l’ouest de la Syrie.

[5] comme la Kaaba de La Mecque

[6] même racine sémitique que Yahvé et Allah

[7] la ville de Baal

[8] La plaine de la Bekaa, aussi appelée simplement Bekaa, est une vallée située dans la partie orientale du Liban, encadrée à l’ouest par le mont Liban et à l’est par l’Anti-Liban.

[9] Astarté pour les Grecs, Ishtar pour les Babyloniens

[10] Byblos (appelée aujourd’hui Jbeil) est une ville du Liban. Les Grecs la nommèrent Byblos, car c’est de Gebal que le papyrus était importé en Grèce. Elle se situe aujourd’hui sur le site de la ville moderne de Jbeil, dans le gouvernorat du Mont-Liban (actuel Liban), sur la côte méditerranéenne, à environ 40 kilomètres au nord de Beyrouth. Elle aurait été fondée vers 5000 av. jc. Dès le 4ème millénaire av. jc. Byblos est un centre commercial actif, trafiquant surtout avec l’Égypte antique avec laquelle elle exporte du bois du Liban. Ce rapprochement de l’Égypte a un effet durable sur l’art et la culture de Byblos, elle devient un centre religieux important où l‘on pratique le culte d’Osiris. Elle fait aussi commerce de textile et de vêtements avec la Mésopotamie, notamment avec la ville de Mari et également avec les Minoens de Crète. Les souverains amorrites de Byblos se font enterrer dans des tombeaux avec des objets égyptiens (Tombeau d’Ahiram, roi au 11ème siècle av. jc).

[11] formule maintes fois répétée dans la Bible

[12] Le nom Palestine désigne la région historique et géographique du Proche-Orient située entre la mer Méditerranée et le désert à l’est du Jourdain et au nord du Sinaï. Si le terme « Palestine » est attesté depuis le 5ème siècle av. jc par Hérodote, il est officiellement donné à la région par l’empereur Hadrien au 2ème siècle, désireux de punir les Juifs de leur révolte en 132-135. Elle est centrée sur les régions de la Galilée, de la Samarie et de la Judée. Ses limites sont au nord la Phénicie et le mont Liban et au sud la Philistie et l’Idumée. À l’époque des croisades, le Pérée au nord-est de la mer Morte, la Batanée et la Décapole au-delà du Jourdain y étaient attachés. La Palestine peut désigner le territoire situé uniquement à l’ouest du Jourdain. Historiquement, elle correspond à Canaan, à la Terre d’Israël et fait partie de la région de Syrie (Syrie-Palestine). Les Arabes, qui ont conquis la Palestine sur les Byzantins dans les années 630, divisent la province d’al-Sham en cinq districts (jund), dont l’un garde le nom de « Palestine » et s’étend du Sinaï jusqu’à Akko (connue par les Chrétiens sous le nom de Saint-Jean-d’Acre) ; son chef-lieu est d’abord Ludd (Lod) puis, dès 717, ar-Ramlah (Ramla) et plus tard Jérusalem. Les autres villes les plus importantes sont Rafah, Gaza, Jaffa, Césarée, Naplouse et Jéricho. Ce district de « Palestine » était bordé au nord et à l’est par celui de « Jordanie », al-Urdunn, qui avait pour capitale Tibériade et incluait Akko et Tyr. Les frontières entre ces deux districts ont plusieurs fois varié au cours de l’histoire. À partir du 10ème siècle, cette division a commencé à tomber en désuétude, pour faire place finalement au royaume chrétien de Jérusalem. Sous le gouvernement des Croisés, est fondé en 1099, le royaume latin de Jérusalem ; Jérusalem redevient capitale d’un État. Après la défaite et le départ des Croisés, aux 12ème et 13ème siècles, les jund (districts) arabo-musulmans sont réintroduits, mais leurs frontières sont sans cesse redéfinies.

[13] Byblos pour les Grecs

[14] Sidon ou Saïda en arabe est une ville du Liban. Elle fut dans l’antiquité la capitale incontestée de la Phénicie. La ville était construite sur un promontoire s’avançant dans la mer. Ce fut le plus grand port de la Phénicie sous son roi Zimrida, au 18ème siècle.

[15] Tyr se situe dans la Phénicie méridionale, à un peu plus de 70 km au sud de Beyrouth et à 35 km au sud de Sidon, presque à mi-chemin entre Sidon au nord et Acre au sud, et à quelques kilomètres au sud du Litani.

[16] Ville du Proche-Orient que les Israéliens ont érigée en capitale, que les Palestiniens souhaiteraient comme capitale et qui tient une place centrale dans les religions juive, chrétienne et musulmane. La ville s’étend sur 125,1 km². En 130, l’empereur romain Hadrien change le nom de Jérusalem en « AElia Capitolina », (Aelius, nom de famille d’Hadrien ; Capitolina, en hommage au dieu de Rome, Jupiter capitolin) et il refonde la ville. Devenue païenne, elle est la seule agglomération de la Palestine à être interdite aux Juifs jusqu’en 638. Durant plusieurs siècles, elle est simplement appelée Aelia, jusqu’en 325 où Constantin lui redonne son nom. Après la conquête musulmane du calife Omar en 638, elle devient Iliya en arabe, ou Bayt al-Maqdis (« Maison du Sanctuaire »), équivalent du terme hébreu Beit ha-Mikdash (« Maison sainte »), tous deux désignant le Temple de Jérusalem, ou le lieu du voyage et d’ascension de Mahomet, al-Aqsa, où se situait auparavant le temple juif

[17] Les Hittites sont un peuple ayant vécu en Anatolie au 2ème millénaire av. jc. Ils doivent leur nom à la région dans laquelle ils ont établi leur royaume principal, le Hatti, situé en Anatolie centrale autour de leur capitale, Hattusan. À partir de la seconde moitié du 17ème siècle avant notre ère, les rois du Hatti construisent un des plus puissants royaumes du Moyen-Orient, dominant l’Anatolie jusqu’aux alentours de 1200 av. jc. À partir du 14ème siècle avant notre ère, ils réussissent à faire passer la majeure partie de la Syrie sous leur coupe, ce qui les met en rivalité avec d’autres puissants royaumes du Moyen-Orient : l’Égypte, le Mitanni et l’Assyrie.

[18] L’Anatolie ou Asie Mineure est la péninsule située à l’extrémité occidentale de l’Asie. Dans le sens géographique strict, elle regroupe les terres situées à l’ouest d’une ligne Çoruh-Oronte, entre la Méditerranée, la mer de Marmara et la mer Noire, mais aujourd’hui elle désigne couramment toute la partie asiatique de la Turquie

[19] La mer Noire est une mer située entre l’Europe et l’Anatolie. Large d’environ 1 150 km d’ouest en est et de 600 km du nord au sud, elle s’étend sur une superficie de 413 000 km². Elle communique au nord avec la mer d’Azov par le détroit de Kertch, et au sud-ouest avec la Méditerranée par le Bosphore, la mer de Marmara et le détroit des Dardanelles. Dans l’Antiquité, les Grecs la désignèrent d’abord par Skythikos Pontos. Les Scythes, peuple de langue iranienne, la désignèrent comme Axaïna, c’est-à-dire « indigo ». Les Grecs quand ses courants et ses vents leur devinrent familiers, la désignèrente comme Pontos Euxeinos, traduit en français par Pont-Euxin.Les Romains l’appelèrent Mare Caecili, terme qui fut traduit par la suite par les bulgares en « mer Cécile ».Au 13ème siècle, elle apparaît sur les portulans génois, dans les chroniques de Wavrin et de Villehardouin sous les noms de mer Majoure c’est-à-dire « grande mer ». Le terme de Noire apparu dans les textes et les cartes à partir du 15ème siècle.

[20] Argos est une ville d’Argolide dans le Péloponnèse, située près de Nauplie. Située au pied de deux acropoles remontant à l’antiquité Argos fut définitivement éclipsée par Sparte à partir du 6ème siècle av. jc. Elle ne participa pas aux guerres médiques. La rivalité avec Sparte explique qu’Argos ait adopté systématiquement un parti anti-laconien pendant la guerre du Péloponnèse, soit en restant neutre, soit en s’alliant à Athènes. La bataille de Mantinée, en 418 av. jc, finit par convaincre Argos de s’allier avec Sparte. Elle rompit cependant son traité au début de la guerre de Corinthe, en 395 av. jc. Pyrrhus s’attaqua à Argos en 272 avant notre ère, au cours de sa guerre contre le Macédonien Antigone II Gonatas. Il y fut tué, en recevant une tuile lancée depuis un toit par une vieille femme.

[21] expression latin qui signifie : en forme de clou

[22] Les hiéroglyphes du grec : gravures sacrées constituent un type d’écriture figurative utilisé par plusieurs peuples

[23] Un idéogramme est un symbole graphique représentant un mot ou une idée, utilisé dans certaines écritures actuelles (comme le chinois et le kanji en japonais), anciennes (comme les hiéroglyphes égyptiens qui contiennent aussi des signes représentant chacun une syllabe utilisable dans un mot, le maya ou l’aztèque) ou construites (comme la langue bliss ou le LoCoS).

[24] Qadesh ou Kadesh est une ville de la Syrie antique. Elle correspond au site actuel de Tell Nebi Mend, situé à 24 km au sud-ouest d’Homs, en amont du lac Qattina ou lac de Homs, sur la rive ouest de l’Oronte à proximité de la frontière libanaise. Elle fut le lieu de batailles dont la plus célèbre, qui eut lieu au début du 13ème siècle avant notre ère, opposa deux grandes puissances de l’époque : les armées de l’empire hittite menées par Muwatalli II et de l’Égypte menées par Ramsès II.

[25] La Syrie fut occupée successivement par les Cananéens, les Phéniciens, les Hébreux, les Araméens, les Assyriens, les Babyloniens, les Perses, les Grecs, les Arméniens, les Romains, les Nabatéens, les Byzantins, les Arabes, et partiellement par les Croisés, par les Turcs Ottomans et enfin par les Français à qui la SDN confia un protectorat provisoire pour mettre en place, ainsi qu’au Liban, les conditions d’une future indépendance politique.

[26] Les Philistins ou Peleset sont un peuple de l’Antiquité connus par différentes sources textuelles (assyriennes, hébraïques, égyptiennes) et archéologiques. Les Philistins apparaissent dans des sources égyptiennes au 12ème siècle av. jc sont présentés comme des ennemis de l’Égypte venus du nord, mélangés à d’autres populations hostiles connues collectivement sous le nom de peuples de la mer. Après leurs affrontements avec les Égyptiens, les Philistins se sont fixés sur la bande côtière du sud-ouest de la terre de Canaʿan, c’est-à-dire dans une région longeant la Méditerranée depuis l’actuelle bande de Gaza jusqu’à Tel-Aviv Jaffa.

[27] L’île de Chypre, que les anciens Égyptiens nommaient « Alachia », les anciens Assyriens « Iatnana » et les Phéniciens « Enkomi », était dès l’Antiquité au carrefour d’importants courants commerciaux, assimilant au fil des siècles différentes cultures provenant de la Crète minoenne, de la Grèce mycénienne et de tout le pourtour du bassin Levantin ; son nom de « Kupros » signifie cuivre, en référence aux importants gisements de ce métal, qui assurèrent sa renommée et sa prospérité dans l’ensemble du bassin méditerranéen. Chypre était aussi connue pour ses nombreuses épices et plantations. L’histoire de Chypre fut très mouvementée et l’île subit de nombreuses tutelles : hellénistique, romaine, byzantine, arabe, franque, vénitienne, ottomane et enfin britannique.

[28] Gadès est le nom de la ville actuelle Cadix. La cité fut fondée vers 1100 av. jc par les Phéniciens, au sud de l’Ibérie, à l’entrée du détroit de Gibraltar, sur le golfe atlantique de Gadès. Ses habitants, les Gaditains, étaient des commerçants et des marins réputés. Les Carthaginois s’emparèrent de la ville en 501 av.jc. La Seconde Guerre punique entre la République de Carthage et la République romaine commença par un différend sur l’hégémonie sur Sagonte, une ville côtière hellénisé et allié de Rome. Après de nombreuses batailles entre les Romains et les Carthaginois dans la Péninsule Ibérique, seul Gadir avec l’aide de Magon Barca résista un certain temps, mais assiégée par Scipion l’Africain, elle se rend sans condition à la République romaine en 206 av.jc tout en maintenant sa forte activité commerciale.

[29] Utique est un site archéologique localisé à l’emplacement d’une ancienne cité portuaire fondée par les Phéniciens dans l’Antiquité. Il est situé au nord de l’actuelle Tunisie, à une trentaine de kilomètres au nord-ouest de Carthage, dans le gouvernorat de Bizerte.

[30] Carthage est une ville tunisienne située au nord-est de la capitale Tunis. L’ancienne cité punique, détruite puis reconstruite par les Romains qui en font la capitale de la province d’Afrique proconsulaire, est aujourd’hui l’une des municipalités les plus huppées du Grand Tunis, résidence officielle du président de la République, regroupant de nombreuses résidences d’ambassadeurs ou de richissimes fortunes tunisiennes et expatriées. La ville possède encore de nombreux sites archéologiques, romains pour la plupart avec quelques éléments puniques,

[31] L’Assyrie est une ancienne région du Nord de la Mésopotamie, qui tire son nom de la ville d’Assur, qui est aussi celui de sa divinité tutélaire, le dieu Assur. À partir de cette région s’est formé au 2ème millénaire av. jc un royaume puissant qui est devenu par la suite un empire. Aux 8ème et 7ème siècles av. jc, l’Assyrie contrôle des territoires s’étendant sur la totalité ou sur une partie de plusieurs pays actuels tels l’Irak, la Syrie, le Liban, la Turquie ou encore l’Iran.

[32] Le royaume de Babylone s’est épanoui en Mésopotamie du sud du début du 2ème millénaire avant jc jusqu’en 539 av. jc, date de la prise de sa capitale par le roi Cyrus II de Perse. Cet État s’affirme à partir de la cité de Babylone dans le courant du 18ème siècle av. jc, sous l’impulsion du plus grand roi de sa première dynastie, Hammurabi. Après son pillage par les Hittites en 1595 av jc, Babylone passe sous l’autorité d’une dynastie d’origine kassite qui stabilise ce royaume pendant plus de quatre siècles. Cette période marque le début de la rivalité avec le royaume voisin situé au nord, l’Assyrie, qui marque les siècles suivants. Après plusieurs siècles d’instabilité entre 1100 et 800 av. jc, la Babylonie passe sous la coupe de l’Assyrie pendant plus un siècle (728-626 av. jc), avant d’initier une réaction qui aboutit à la destruction de l’Assyrie et à la formation de l’empire néo-babylonien (626-539 av. jc) par Nabopolassar et Nabuchodonosor II. Cette dernière phase de l’histoire du royaume de Babylone est brève, s’achevant en 539 av. jc par sa conquête par le roi perse Cyrus II. Dès lors, Babylone n’est plus dominée par une dynastie d’origine autochtone : aux Perses Achéménides (539-331 av. jc) succèdent les Grecs Séleucides (311-141 av. jc), puis les Parthes Arsacides (141 av. jc-224 ap. jc). La Babylonie conserve néanmoins sa prospérité jusqu’aux débuts de notre ère, tandis que sa culture millénaire s’éteint lentement.

[33] Syrie

[34] Beyrouth est la capitale du Liban et la ville la plus importante du pays. Béryte est fondée vers 5000 av. jc. Petit port à l’origine, moins puissante que les autres cités phéniciennes tel que Tyr, Byblos, ou Sidon, elle gagne de l’importance pendant l’Empire romain. Elle est renommée pour son école de droit mais elle est ravagée en 552 par un violent séisme accompagné d’un tsunami. Pendant les croisades, elle est le centre de la seigneurie de Beyrouth, vassale du royaume franc de Jérusalem. Elle est prise par les mamelouks en 1291. Sous l’Empire ottoman, elle joue un rôle commercial actif parmi les échelles du Levant mais subit les effets du déclin économique de la Syrie ottomane. Elle ne retrouve sa place qu’au 19ème siècle.