Moins d’un siècle après la mort de Mahomet, ses disciples ont atteint l’Espagne et le Languedoc actuel [1]. Les musulmans furent arrêtés dans leur progression par la victoire à Toulouse [2], en 721, du duc d’Aquitaine [3] Eudes. Eudes veut prévenir le retour des musulmans d’Espagne au nord des Pyrénées. Il s’allie au gouverneur berbère de la Septimanie. Le dénommé Munuza est de religion musulmane mais il est en révolte contre ses coreligionnaires d’Espagne.
Eudes lui donne sa fille en mariage. Mais Munuza fut tué en affrontant le gouverneur d’Espagne Abd el-Rahmann qui lance dans la foulée une expédition punitive contre les Aquitains. Ses troupes tentèrent de remonter jusqu’au riche sanctuaire de Saint-Martin de Tours [4] avec l’intention de s’en approprier les richesses avant de s’en retourner au sud des Pyrénées.
Eudes appela à son secours les Francs qui vivaient au nord de la Loire. Leur chef, le maire du palais [5] d’Austrasie [6], Charles Martel, accouru. C’est ainsi que les armées d’Abd el-Rahmann furent stoppées par les armées de Charles Martel et Eudes, pour une fois unies. La rencontre a lieu à Moussais [7], sur la commune de Vouneuil-sur-seine, entre Poitiers et Tours.
Pendant 6 jours, les cavaliers musulmans et les fantassins chrétiens s’observent et se livrent quelques escarmouches et le 25 octobre 732, qui est aussi le premier jour du mois de Ramadan, les musulmans se décident à engager la bataille. Mais Abd el-Rahmann meurt au combat et la nuit suivante, découragés, ses hommes plient bagage et se retirent. La bataille dite de Poitiers mettra un point final aux incursions musulmanes au nord des Pyrénées.
Mais, Charles Martel ne s’en tient pas là. Profitant de l’affaiblissement du duc Eudes, il s’empare des évêchés de la Loire puis descend dans le Midi qu’il saccage consciencieusement.
Ce siècle sera marqué aussi par le sacre de Pépin le bref. C’est le 27 juillet 754, dans la basilique de Saint-Denis [8] que le pape Etienne II sacre Pépin le Bref. Il lui confère les titres de "Patricius Romanorum" [9] en reconnaissance des services rendus au Saint-Siège.
Le 14 avril de la même année, à Quierzy [10], au nord de Paris, Pépin le Bref a promis au pape de le protéger contre les Lombards, des Barbares mal dégrossis qui occupent et ravagent la péninsule italienne. Il a promis aussi d’offrir au Saint-siège un domaine assez grand pour le protéger contre toute autre agression. Ce sera chose faite en 756 après une expédition militaire de Pépin contre le roi des Lombards. Les territoires qui lui seront enlevés formeront le noyau des futurs États pontificaux.
En échange, le pape confirme la royauté de Pépin le Bref sur les Francs. Cet accord détache définitivement le pape de l’empereur romain qui règne à Byzance [11]. Le Saint-siège catholique s’en remet désormais de sa sécurité aux souverains francs. C’est aussi l’émergence d’une nouvelle dynastie, Pépin est issu d’une puissante famille franque d’Austrasie. Il est le fils cadet de Charles Martel et son successeur. Comme son père, il a d’abord été le maire du palais des derniers rois mérovingiens.
Las de ces rois fainéants, lointains descendants de Clovis, les principaux seigneurs de Francie occidentale ( [12]) offrent la couronne à Pépin. Ils le proclament roi des Francs au champ de mai de Soissons en 751. Les évêques du royaume confirment aussitôt son élection par un sacre, avant que le pape en personne ne renouvelle ce rituel inédit. C’est le début d’une longue collaboration, souvent orageuse, avec les Carolingiens et leurs lointains héritiers du Saint Empire romain germanique.
Après la mort de Pépin le Bref, en 768, son fils Charlemagne réunira ses possessions et les agrandira à l’est, vers l’Elbe [13], comme au Sud, vers l’Èbre [14], en Espagne.
C’est aussi au 7ème siècle que commence à être utilisé le parchemin. Bien que le parchemin fût depuis longtemps connu et que son emploi présentât de nombreux avantages sur celui du papyrus, matière coûteuse, fragile, sur laquelle on ne pouvait écrire qu’au calame [15] et d’une écriture large et espacée, cependant la tradition le fit longtemps préférer pour les actes publics importants et en particulier pour ceux qui émanaient de l’autorité souveraine.
On conserve dans divers bibliothèques de l’Europe des fragments de rescrits impériaux du 4ème ou du 5ème siècle ; ils sont tous sur papyrus. Mais on se servit encore parfois en France de papyrus pour d’autres actes jusqu’à la fin du 8ème siècle
Ce n’est pas avant la seconde moitié du 7ème siècle que l’on voit le parchemin employé pour écrire les actes. En France, le plus ancien document sur parchemin qui se soit conservé est la fondation, par Clotilde, du monastère de Bruyère, en 670 ou 671. A partir de cette époque le parchemin tendit à remplacer partout le papyrus, dont l’emploi fut exceptionnel depuis le milieu du 8ème siècle, sauf à la chancellerie pontificale. Depuis le 9ème siècle et pendant tout le moyen âge la presque totalité des chartes fut écrit sur parchemin.
Entre les diverses espèces de parchemin dont on s’est servi pour écrire les chartes, il y a, suivant les pays et suivant les époques, des différences notables. Dans le nord de la France, en Angleterre et dans les pays germaniques, on se servait presque aussi souvent de peaux de veau que de peaux de mouton pour fabriquer le parchemin. Au midi de la France et en générale dans toute l’Europe méridionale, on employait de préférence les peaux de mouton et fréquemment aussi les peaux de chèvres.