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Le 8ème siècle

vendredi 19 février 2021, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 11 juin 2012).

Le 8ème siècle

La France vers la fin du 8ème siècle

Moins d’un siècle après la mort de Mahomet, ses disciples ont atteint l’Espagne et le Languedoc actuel [1]. Les musulmans furent arrêtés dans leur progression par la victoire à Toulouse [2], en 721, du duc d’Aquitaine [3] Eudes. Eudes veut prévenir le retour des musulmans d’Espagne au nord des Pyrénées. Il s’allie au gouverneur berbère de la Septimanie. Le dénommé Munuza est de religion musulmane mais il est en révolte contre ses coreligionnaires d’Espagne.

Eudes lui donne sa fille en mariage. Mais Munuza fut tué en affrontant le gouverneur d’Espagne Abd el-Rahmann qui lance dans la foulée une expédition punitive contre les Aquitains. Ses troupes tentèrent de remonter jusqu’au riche sanctuaire de Saint-Martin de Tours [4] avec l’intention de s’en approprier les richesses avant de s’en retourner au sud des Pyrénées.

Eudes appela à son secours les Francs qui vivaient au nord de la Loire. Leur chef, le maire du palais [5] d’Austrasie [6], Charles Martel, accouru. C’est ainsi que les armées d’Abd el-Rahmann furent stoppées par les armées de Charles Martel et Eudes, pour une fois unies. La rencontre a lieu à Moussais [7], sur la commune de Vouneuil-sur-seine, entre Poitiers et Tours.

Pendant 6 jours, les cavaliers musulmans et les fantassins chrétiens s’observent et se livrent quelques escarmouches et le 25 octobre 732, qui est aussi le premier jour du mois de Ramadan, les musulmans se décident à engager la bataille. Mais Abd el-Rahmann meurt au combat et la nuit suivante, découragés, ses hommes plient bagage et se retirent. La bataille dite de Poitiers mettra un point final aux incursions musulmanes au nord des Pyrénées.

Mais, Charles Martel ne s’en tient pas là. Profitant de l’affaiblissement du duc Eudes, il s’empare des évêchés de la Loire puis descend dans le Midi qu’il saccage consciencieusement.

Ce siècle sera marqué aussi par le sacre de Pépin le bref. C’est le 27 juillet 754, dans la basilique de Saint-Denis [8] que le pape Etienne II sacre Pépin le Bref. Il lui confère les titres de "Patricius Romanorum" [9] en reconnaissance des services rendus au Saint-Siège.

Le 14 avril de la même année, à Quierzy [10], au nord de Paris, Pépin le Bref a promis au pape de le protéger contre les Lombards, des Barbares mal dégrossis qui occupent et ravagent la péninsule italienne. Il a promis aussi d’offrir au Saint-siège un domaine assez grand pour le protéger contre toute autre agression. Ce sera chose faite en 756 après une expédition militaire de Pépin contre le roi des Lombards. Les territoires qui lui seront enlevés formeront le noyau des futurs États pontificaux.

En échange, le pape confirme la royauté de Pépin le Bref sur les Francs. Cet accord détache définitivement le pape de l’empereur romain qui règne à Byzance [11]. Le Saint-siège catholique s’en remet désormais de sa sécurité aux souverains francs. C’est aussi l’émergence d’une nouvelle dynastie, Pépin est issu d’une puissante famille franque d’Austrasie. Il est le fils cadet de Charles Martel et son successeur. Comme son père, il a d’abord été le maire du palais des derniers rois mérovingiens.

Las de ces rois fainéants, lointains descendants de Clovis, les principaux seigneurs de Francie occidentale ( [12]) offrent la couronne à Pépin. Ils le proclament roi des Francs au champ de mai de Soissons en 751. Les évêques du royaume confirment aussitôt son élection par un sacre, avant que le pape en personne ne renouvelle ce rituel inédit. C’est le début d’une longue collaboration, souvent orageuse, avec les Carolingiens et leurs lointains héritiers du Saint Empire romain germanique.

Après la mort de Pépin le Bref, en 768, son fils Charlemagne réunira ses possessions et les agrandira à l’est, vers l’Elbe [13], comme au Sud, vers l’Èbre [14], en Espagne.

C’est aussi au 7ème siècle que commence à être utilisé le parchemin. Bien que le parchemin fût depuis longtemps connu et que son emploi présentât de nombreux avantages sur celui du papyrus, matière coûteuse, fragile, sur laquelle on ne pouvait écrire qu’au calame [15] et d’une écriture large et espacée, cependant la tradition le fit longtemps préférer pour les actes publics importants et en particulier pour ceux qui émanaient de l’autorité souveraine.

On conserve dans divers bibliothèques de l’Europe des fragments de rescrits impériaux du 4ème ou du 5ème siècle ; ils sont tous sur papyrus. Mais on se servit encore parfois en France de papyrus pour d’autres actes jusqu’à la fin du 8ème siècle

Ce n’est pas avant la seconde moitié du 7ème siècle que l’on voit le parchemin employé pour écrire les actes. En France, le plus ancien document sur parchemin qui se soit conservé est la fondation, par Clotilde, du monastère de Bruyère, en 670 ou 671. A partir de cette époque le parchemin tendit à remplacer partout le papyrus, dont l’emploi fut exceptionnel depuis le milieu du 8ème siècle, sauf à la chancellerie pontificale. Depuis le 9ème siècle et pendant tout le moyen âge la presque totalité des chartes fut écrit sur parchemin.

Entre les diverses espèces de parchemin dont on s’est servi pour écrire les chartes, il y a, suivant les pays et suivant les époques, des différences notables. Dans le nord de la France, en Angleterre et dans les pays germaniques, on se servait presque aussi souvent de peaux de veau que de peaux de mouton pour fabriquer le parchemin. Au midi de la France et en générale dans toute l’Europe méridionale, on employait de préférence les peaux de mouton et fréquemment aussi les peaux de chèvres.

P.-S.

Source : archives ljallamion histoire du 8ème/encyclopédie Imago mundi/ Herodote/Histoire/ Historia ect...

Notes

[1] cette province s’appelle alors la Septimanie

[2] Toulouse est une commune du Sud-Ouest de la France. Capitale au 5ème siècle du royaume wisigoth, une des capitales du 7ème au 9ème siècle du royaume d’Aquitaine, capitale du comté de Toulouse fondé en 852 par Raimond 1er et capitale historique du Languedoc

[3] Le duché d’Aquitaine est constitué en 675, à la mort de Childéric II. Il se reconstitue au 9ème siècle, comme héritier du royaume d’Aquitaine attribué à Pépin 1er d’Aquitaine (mort en 838). Il fut ensuite l’objet de luttes entre les comtes d’Auvergne, de Toulouse et de Poitiers. Le duc d’Aquitaine était l’un des six pairs laïcs primitifs. L’Aquitaine a regroupé au fil des temps différents territoires. Pendant le règne d’Aliénor d’Aquitaine, Poitiers était la résidence habituelle des ducs.

[4] La basilique Saint-Martin de Tours est un édifice religieux situé à Tours dans le Vieux-Tours, dont la crypte abrite le tombeau de Martin de Tours.

[5] A l’origine intendant général, chargé de diriger les services politiques et domestiques de la maison du roi, le maire du palais apparaît, dès le milieu du 7ème siècle, comme le personnage principal de l’Etat. C’est lui, de fait, qui exerce la réalité du pouvoir.

[6] L’Austrasie désignait durant la période mérovingienne un royaume franc couvrant le nord-est de la France actuelle, les bassins de la Meuse et de la Moselle, jusqu’aux bassins moyen et inférieur du Rhin. La capitale en fut d’abord Reims, puis Metz. Les habitants de l’Austrasie étaient les Austrasiens. Ce royaume est apparu à la mort de Clovis en 511, lorsque le territoire de celui-ci est partagé entre ses fils. Berceau de la dynastie carolingienne, l’Austrasie disparaît en 751 avec le dernier roi mérovingien pour être intégrée dans le grand royaume franc que réunirent Pépin le Bref et Charlemagne.

[7] Le 25 octobre 732, il est possible que ce soit sur le territoire de la commune de Vouneuil-sur-Vienne, au hameau de Moussais (rebaptisé depuis Moussais-la-Bataille), que les Francs commandés par Charles Martel aient repoussé une razzia menée par Abd el Rahman, lors de la bataille de Poitiers.

[8] L’ancienne abbaye royale de Saint-Denis est associée à l’histoire du monde franc. L’église abbatiale a été dénommée « basilique » dès l’époque mérovingienne. L’église s’élève sur l’emplacement d’un cimetière gallo-romain, lieu de sépulture de saint Denis martyrisé vers 250. Le transept de l’église abbatiale, d’une ampleur exceptionnelle, fut destiné à accueillir les tombeaux royaux. Elle fut ainsi la nécropole des rois de France depuis les Robertiens et Capétiens directs, même si plusieurs rois mérovingiens puis carolingiens avaient choisi avant eux d’y reposer. En 858, le monastère de Saint-Denis qui subit plusieurs rapines de la part des Vikings qui assiègent Paris. Le Vendredi Saint 3 avril 858, deux bandes normandes partent de Jeufosse à cheval en se dirigeant, l’une vers l’abbaye de Saint-Denis, l’autre vers l’abbaye de Saint-Germain-des-Près, pour capturer leurs abbés et demander une forte rançon. A Saint-Denis, plusieurs hommes d’Église sont enlevés dont l’abbé et son demi-frère Gauzlin (834-886), évêque de Paris4. De façon générale, le ixe siècle siècle est marqué par de nombreux troubles causés par les raids des vikings remontant par la Seine jusqu’à Paris et ses alentours. En 867, l’implication dans la vie politique et le prestige des abbés est tel que Charles II le Chauve s’approprie le titre d’abbé de Saint-Denis. En 869, Charles II le Chauve devant la menace des invasions des Vikings fortifia le monastère.

[9] roi des Francs et de Patrice des Romains

[10] Quierzy est une commune du département de l’Aisne. Située entre Noyon et Chauny, elle est traversée par la rivière Oise. La rivière Ailette rejoint l’Oise à Quierzy. Ancienne villa royale aux temps des Mérovingiens puis palatium impérial avec les Carolingiens, c’est maintenant un paisible village. En 236 Quierzy est alors connu sous le nom de Charisilittae. En 605 : décès à Quierzy de Protade, maire du palais de Thierry II. Le 22 octobre 741 : décès à Quierzy de Charles Martel, maire des palais d’Austrasie, de Neustrie et de Bourgogne. Le pouvoir est partagé entre ses deux fils Carloman et Pépin le Bref. En 754 : convaincu par Chrodegang, Pépin le Bref fait adopter par le concile de Quierzy la liturgie romaine et le chant grégorien. En Avril 754 : réception du pape Étienne II par Pépin le Bref à Quierzy et signature du traité de Quierzy créant les États pontificaux par la donation de l’exarchat de Ravenne. Le pape reconnaît en contrepartie la dynastie carolingienne. Cette donation est confirmée en 774, à Rome, par Charlemagne, fils de Pépin. En 762 : Pépin le Bref passe l’hiver à Quierzy. En Janvier 775 : assemblée des Grands à Quierzy : préparation de l’invasion de la Saxe. En 804 : le pape Léon III rencontre Charlemagne à Quierzy avant de se rendre à Aix-la-Chapelle.

[11] Byzance est une ancienne cité grecque, capitale de la Thrace, située à l’entrée du Bosphore sous une partie de l’actuelle Istanbul. La cité a été reconstruite par Constantin 1er et, renommée Constantinople en 330, elle est devenue la capitale de l’Empire romain, puis de l’Empire romain d’Orient et enfin de l’Empire ottoman à partir de 1453 date de la prise de la ville par les Turcs. Elle fut rebaptisée Istanbul en 1930.

[12] la France du nord

[13] L’Elbe est un fleuve d’Europe centrale qui prend sa source en République tchèque dans les monts des Géants et, après un parcours situé en majeure partie en Allemagne, se jette dans la mer du Nord par un long estuaire d’une centaine de kilomètres sur lequel se trouve Hambourg, premier port d’Allemagne. La longueur de ce fleuve est de 1 091 kilomètres.

[14] L’Èbre est le plus puissant des fleuves espagnols. Sa longueur est de 928 km et son bassin versant a 85 550 km² de superficie.

[15] roseau