Sainte Clotilde (475-545)
Princesse Burgonde
Elle épousa Clovis vers 493 et contribua à sa conversion au christianisme. Elle sera canonisée par le pape Pélage.
Elle naquit probablement à Lyon [1] avant 475 dans une période de profonds bouleversements pour l’Europe entière. Elle était la nièce de Gondebaud, roi des Burgondes [2], dont le royaume était situé au sud-est de la France actuelle. L’ensemble des tribus germaniques avait embrassé l’arianisme [3], hérésie niant la divinité du Christ.
Le père de Clotilde, Chilpéric II, aurait dû, conformément au droit germanique, partager l’exercice du pouvoir avec le roi Gondebaud. Sa mère, issue d’un clan Burgonde ayant refusé le joug d’Attila et l’arianisme, était profondément chrétienne. Le roi Gondebaud par peur des rivalités ordonna alors le sacrifice des parents de Clotilde, transformant ainsi le début de la vie de Clotilde en véritable tragédie.
Pendant ce temps, sur la rive gauche du Rhin, Clovis, qui règnait sur un petit peuple, les Francs saliens [4], demeurés païens, commença une ascension spectaculaire sous l’oeil de ses alliés romains. Ainsi pour neutraliser le roi Gondebaud, son adversaire burgonde, il conclut avec lui une alliance en faisant demander en mariage sa nièce Clotilde dont le renom avait survécu au supplice infâmant infligé à ses parents. Clotilde fit venir avec elle des prêtres burgondes catholiques afin de ne pas être isolée dans sa foi. Leur mariage présenta les caractéristiques d’un mariage chrétien (indissolubilité, monogamie) qui bouleversera le modèle matrimonial germanique.
Clotilde jouera alors un rôle important dans la conversion de son mari, avec le concours de Saint Rémi, et de Sainte Geneviève.
Notes
[1] Cité capitale de la Gaule romaine depuis Auguste et à la croisée des chemins du monde romain, Lugdunum accueille dès le 2ème siècle les doctrines chrétiennes rapportées d’Asie mineure. Une petite communauté se structure autour d’un premier évêque saint Pothin vers 150. Chronologiquement l’évêché est le premier de la Gaule et par extension de la France actuelle et l’un des premiers de la partie occidentale de l’empire romain après Rome.
[2] D’abord cantonnés en Sapaudia les Burgondes commencèrent par grignoter le territoire gaulois vers l’ouest. En 457, Gondioc et Chilpéric Ier saisirent une première occasion de pousser leurs frontières. A l’été 457 le Valais, la Tarentaise, les villes de Besançon, Chalon sur Saône, Langres, Autun, Grenoble ainsi que Lugdunum, la vieille capitale des Gaules, se livrèrent pacifiquement aux Burgondes. Egidius, le généralissime de Majorien en Gaule reprit aussitôt la capitale des Gaules mais il abandonna aux rois Burgondes leurs nouvelles terres. Lugdunum reviendra aux Burgondes vers 467 lorsque Chilpéric 1er s’en empara, comme il s’empara également à la même époque de la ville de Vienne. Il profita probablement des troubles qui secouèrent entre 469 et 475 un Empire d’Occident, alors à l’agonie, pour porter jusqu’à la Durance les limites de son royaume. Les villes de Viviers, Gap, Embrun, Die, Sisteron, Orange, Apt, Cavaillon, Avignon devinrent villes burgondes. L’empereur Népos reconnut leurs conquêtes. Dès ce moment le royaume burgonde eut, ou peu s’en faut, les limites qu’il conserva dès lors. Ce territoire ne comprenait pas moins de 25 diocèses ou anciennes cités romaines : Auxerre, Langres, Besançon, Chalon sur Saône, Autun, Lugdunum, Genève, Windisch, Octodurum actuellement Martigny, en Suisse, Vienne, Valence, Carpentras, Orange, Avignon, Cavaillon, Vaison, Gap, Embrun, Sisteron, Grenoble, Aoste, Die, Viviers, Saint-Paul-Trois-Châteaux, Apt. Mais les Burgondes gagnent ou perdent incessamment du terrain. Marseille et son port, Arles et la Provence gagnés vers 484, et perdus après la guerre contre les Francs, conquêtes éphémères, auront un moment fait partie de leur territoire. À son apogée, les contours du royaume burgonde touchaient, au nord, la ligne des Vosges et la Durance au midi ; d’orient en occident, ils s’étendaient de l’Aar à la Saône et la Haute-Loire. Ce fut le territoire soumis à cette royauté qui prit, une première fois, le nom de Burgondia dans une correspondance de Cassiodore et rédigée en 507 au nom de Théodoric le Grand.
[3] Hérésie chrétienne qui a cours du 4ème au 6ème siècle sur l’instigation d’Arius, condamné par l’Eglise en 325 et en 381. Cette doctrine niant la consubstantialité du Fils avec le Père , c’est-à-dire niant l’essence divine de Jésus, se scinde ensuite en plusieurs tendances qui rencontrent un vaste écho dans l’Empire et hors de celui-ci.
[4] Les Saliens sont les membres d’un des peuples germaniques qui constituent la ligue des Francs. Ce peuple vivait à l’origine sur la rive droite du Rhin, comme tous les autres peuples francs, à proximité de son embouchure du Rhin. Ils étaient voisins des Chamaves et des Bataves, autres peuples francs, mais aussi de deux autres peuples non francs, les Frisons et les Chauques. Par la suite, le roi Clodion le Chevelu conduit une partie des Francs, dénommés Francs Saliens déjà établis en Belgique, vers le nord de la Gaule autour de Cambrai, où il fonde un royaume dont hérite le roi Clovis 1er. On ne sait si ce groupe de Francs saliens est uniquement composé du peuple salien ou plus vraisemblablement s’il regroupe les peuples francs voisins, dont l’histoire devient silencieuse à partir du moment où l’on parle des Francs saliens.