Hatchepsout est probablement née à Thèbes [1]. Fille du pharaon Thoutmôsis 1er et de la Grande épouse royale Ahmès . Son époux est Thoutmôsis II, fils de Thoutmôsis 1er et d’une épouse secondaire, Moutnofret 1ère . Le couple a une fille, Néférourê .
Au moment de sa naissance, ses parents Thoutmôsis et Ahmès, appartenant probablement à une branche latérale de la royauté, ne font pas partie de la famille royale. Ainsi, Thoutmôsis n’est pas désigné officiellement comme héritier du pharaon Amenhotep 1er . Dès sa naissance, la petite Hatchepsout est confiée au soin d’une nourrice, Sat-Rê.
Alors qu’Hatchepsout a 8 ou 9 ans, le pharaon Amenhotep 1er disparaît sans descendance.
Son père Thoutmôsis devient roi, peut-être désigné héritier par Amenhotep 1er lui-même. À moins qu’il n’ait été choisi par la mère de celui-ci, la reine douairière Ahmès-Néfertary, représentée à côté du nouveau pharaon et de sa reine sur la stèle commémorant l’événement. Selon le décret officiel envoyé au vice-roi Touri, il monte sur le trône le 21ème jour du 3ème mois de Peret [2].
Hatchepsout, devenue princesse royale, suit les leçons données par des précepteurs. Son père choisit Ahmès Pen-Nekhbet , soldat valeureux ayant servi dans les campagnes militaires du pharaon Amenhotep 1er.
D’esprit vif, Hatchepsout acquiert une maturité qui incite son père à la préparer à jouer un rôle important dans la vie du royaume.
Lors de la seconde année du règne, Thoutmôsis 1er entreprend une expédition au royaume de Koush [3].
Après que Thoutmôsis a réprimé des troubles en Asie, le père et la fille entament un pèlerinage dans les sanctuaires autour de Memphis [4] et finissent à Héliopolis [5]. L’accueil de la princesse dans ces temples semble la désigner comme héritière, Thoutmôsis l’associant à certaines fonctions royales.
Vers l’an VII du roi Thoutmôsis 1er, Hatchepsout épouse son demi-frère Thoutmôsis. Consenti ou imposé à la demande de Moutnofret 1ère, la seconde épouse de Thoutmôsis 1er, ce mariage assure la légitimité de Thoutmôsis II à monter sur le trône après le décès de leur père et fait d’Hatchepsout la future Grande épouse royale.
Vers l’an X ou XI du règne de son père, Hatchepsout met au monde une petite fille, Néférourê. À la demande du roi Thoutmôsis 1er, l’enfant est confiée, comme sa mère, au soin de Ahmès Pen-Nekhbet . À la même époque, Iset, l’épouse secondaire de Thoutmôsis II, met au monde le futur Thoutmôsis III.
Après 12 ans et neuf mois de règne, Thoutmôsis 1er meurt sans que la date de sa mort soit connue.
Peu d’événements sont rapportés concernant l’action de Thoutmôsis II lors de son règne. Après la mort de leur père, il participe à une expédition contre les bédouins.
La présence d’Hatchepsout se retrouve sur les rares monuments réellement contemporains de Thoutmôsis II, elle y est nommée dame de la terre entière, maîtresse du double pays. Elle préside les cérémonies religieuses en tant qu’Épouse du dieu. Les documents de cette époque la montrent à l’égal du roi, imposant sa fille aînée Néférourê comme héritière.
Thoutmôsis II, sans doute d’une santé fragile, disparaît jeune, après un règne qui ne dépasse pas 3 ans
Après la mort de son royal époux, le fils de celui-ci, Thoutmôsis III, est intronisé puis couronné roi de Haute [6] et Basse Égypte [7]. Hatchepsout ne s’oppose pas au couronnement de ce jeune enfant de 5 ans. En tant que Grande épouse royale de l’ancien roi, elle devient régente du royaume.
Hatchepsout monte sur le trône vers 1478 av. jc. Elle règne conjointement avec Thoutmôsis III, le fils de son époux et d’une épouse secondaire de celui-ci, Iset.
Elle s’installe dans un ancien palais de son père, sur la rive droite du Nil, à Thèbes. Situé à proximité du temple d’Amon.
Hatchepsout poursuit les projets initiés sous le règne de Thoutmôsis II. En particulier, elle fait ériger deux obélisques à la gloire d’Amon à Karnak [8] qui portent sur les côtés les deux noms de l’enfant-roi et de la régente. Le projet est supervisé par l’architecte Sénènmout . Un bloc de granit montre Sénènmout, trésorier du roi et Grand intendant, informant Hatchepsout du début des travaux. Celle-ci porte une robe longue et les hautes plumes marquant son statut de Grande épouse.
À l’an II, elle fait creuser une petite chapelle rupestre dans le roc de Qasr Ibrim [9]. Hatchepsout et Thoutmôsis III y sont représentés, accompagnés de Horus et de Satis , déesse d’Éléphantine [10].
Dans le même temps, Hatchepsout fait restaurer le temple dédié à Horus à Bouhen [11], qui avait souffert de l’occupation des Hyksôs [12]. Construit au nom du roi Thoutmôsis III, la reine régente y est représentée habillée d’une longue robe fourreau, mais aussi vêtue d’un pagne pour accomplir la course de couronnement du souverain.
Les temples de Semna [13] sont également partiellement restaurés au nom de Thoutmôsis III. Représenté en adulte, il y reçoit la confirmation de ses droits au trône de la part de Sésostris III divinisé.
Dans le Sinaï [14], une stèle, au nom des deux corégents et datant de l’an V, commémore la réouverture des mines de turquoise.
En Nubie [15], la reine régente réprime des troubles. Il semble que cette répression ait été dirigée par Hatchepsout en personne.
Ainsi, Hatchepsout assure fermement la régence mais dans le respect de la personne du jeune roi. Elle adopte le nom de Maâtkarê, roi de Haute et Basse Égypte, mais réserve au roi le nom protocolaire de Sa-Rê, fils du soleil. Elle exerce le pouvoir mais conjointement avec Thoutmôsis III.
Durant cette période de régence, la reine douairière Ahmès, mère d’Hatchepsout disparaît. Les murs de la Chapelle rouge rapportent le couronnement d’Hatchepsout. La date exacte de ce couronnement est inconnue.
Détenant déjà tous les pouvoirs en tant que régente, les raisons de son couronnement ne sont pas claires. La présence d’une faction d’opposants politiques ou des désordres dans le nord du pays ont peut-être justifiés la nécessité de cette confirmation de sa position.
Manéthon lui attribue un règne de 21 ans et neuf mois. Flavius Josèphe et Sextus Julius Africanus, reprenant les textes de Manéthon, lui donnent un règne de 21 ans pour le premier, et 22 ans pour le deuxième.
Les archives de la fin du règne d’Hatchepsout indiquent que la première campagne majeure de Thoutmôsis III est datée de sa 22ème année, qui correspondrait à la 22ème année du règne d’Hatchepsout comme pharaon.
Selon toute vraisemblance, le règne d’Hatchepsout est pacifique, bien qu’en l’an XII elle doit mater une rébellion nubienne au niveau de la deuxième cataracte. Même si la majorité de ses constructions en Nubie sont détruites sous ses successeurs, il subsiste quelques traces de son passage à Kasr Ibrîm et à Bouhen. La politique étrangère de la reine se caractérise surtout par des expéditions commerciales. Ainsi, dans le Château des Millions d’année, les bas-reliefs illustrent une expédition envoyée au Pays de Pount [16], en l’an VIII/IX du règne. Du Liban [17], ses caravanes rapportent le bois de cèdre nécessaire à la construction des bateaux ; une expédition vers le Sinaï permet d’exploiter les mines de cuivre et de turquoise.
Durant son règne, Hatchepsout rétablit les routes commerciales perturbées pendant l’occupation de l’Égypte par les Hyksôs durant la Deuxième Période intermédiaire égyptienne, accroissant ainsi la richesse de la XVIIIème dynastie.
Hatchepsout est l’une des plus prolifiques bâtisseuses de l’ancienne Égypte, initiant plusieurs centaines de projets en Haute et Basse Égypte. Ses réalisations sont probablement plus grandioses et plus nombreuses que celles de ses prédécesseurs du Moyen Empire égyptien.
Aucune indication contemporaine n’indique la cause de sa mort.