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Arabion

dimanche 12 juin 2022, par ljallamion

Arabion

Dernier roi numide indépendant entre 44 et 40 av. jc.

Selon Appien, il est un fils de Massinissa II et probable petit-fils de Gauda, qui a divisé la Numidie entre ses fils en 88 av. jc. Il est d’origine Massyle [1].

Pendant la guerre civile de César [2], Massinissa II et son cousin Juba 1er, souverain du royaume le plus grand et plus puissant, de la Numidie [3] orientale, se rangèrent au côté du général romain Pompée contre Jules César. En 46 av. jc, César a vaincu les Optimates [4], lors de la bataille de Thapsus [5]. Arabion a réussi à s’échapper et rejoindre les partisans de Pompée en Hispanie [6].

Le royaume de son père fut rompu, et accordé aux alliés de César : la partie occidentale au roi de Maurétanie [7], Bocchus II , et la partie orientale, y compris Cirta [8], àPublius Sittius, un capitaine mercenaire romain, pour être gouverné en principauté autonome.

En 44 av. jc, probablement peu avant ou après l’assassinat de César, Arabion revint en Afrique à la demande du fils de Pompée, Sextus Pompée. De l’Afrique, il a renvoyé des hommes en Hispanie pour l’entraînement militaire. Il a récupéré le royaume de son père avec une facilité relative, forçant Bocchus à l’exil, et a alors réussi à assassiner Sittius via un stratagème.

La nouvelle de ses conquêtes avait atteint Rome, le 14 juin 44, lorsque Cicéron le mentionne dans une lettre à Atticus. Arabion a réussi à se maintenir dans son royaume pendant 4 ans. Malgré son affinité pour les pompéiens, il a soutenu le second triumvirat [9] après sa création en novembre 43 av. jc.

Lors de la guerre qui éclata en 42 av. jc entre Quintus Cornificius , gouverneur d’Afrique proconsulaire [10], et Titus Sextius, gouverneur d’Africa Nova [11], il prit le parti de Sextius pour gagner la faveur des triumvirs, en particulier d’Auguste. Selon Dion Cassius, il prit d’abord le parti de Cornificius, en tant que Pompéien loyal, mais il était définitivement du côté de Sextius quand leurs armées alliées forcèrent Laelius à abandonner le siège de Cirta. Dans la bataille qui s’ensuivit près d’Utica [12], Cornificius fut tué et Laelius se suicida. Cela a permis à Sextius de prendre le contrôle des deux provinces de l’Afrique.

En 40 av. jc, pendant la guerre de Pérouse [13], Sextius a refusé de céder la province d’Africa Vetus à Caius Fuficius Fango, à qui les triumvirs avaient accordé les deux provinces. Arabion soutenait activement son ancien allié ou refusait d’intervenir pour aider Fango. En tout cas, il fut traité comme un ennemi par ce dernier. Après être arrivé en Africa Nova, il a envahi le royaume d’Arabion et l’a forcé à fuir. Avec la cavalerie qui avait fui avec lui, Arabion a armé Sextius en Africa Vetus [14], Sextius a expulsé Fango et réaffirmé son autorité sur les deux provinces.

Peu de temps après sa victoire, Sextius commença à soupçonner la loyauté d’Arabion et le fit tuer. Après la mort d’Arabion, l’ouest de la Numidie et Cirta ont finalement été incorporés dans l’Empire romain, vraisemblablement dans la province d’Africa Nova [15].

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Gabriel Camps, « Les derniers rois numides Massinissa II et Arabion », Bulletin archéologique du Comité des travaux historiques et scientifiques, vol. 17b,‎ 1984

Notes

[1] Les Massæsyles (ou parfois Massæssyles ou Masæsyles) sont un peuple libyque. C’était, avec les Massyles, l’un des deux peuples numides qui vivaient dans l’actuelle Algérie jusqu’au fleuve Moulouya.

[2] La guerre civile de César, appelée aussi guerre civile romaine de 49 av. jc ou guerre civile entre César et Pompée, est un des derniers conflits intérieurs de la République romaine, et fait partie de la liste des nombreuses guerres civiles romaines. Elle a consisté en une série de heurts politiques et militaires entre Jules César, ses alliés politiques et ses légions d’une part, et la faction conservatrice du Sénat romain, appelée aussi optimates, épaulée par les légions de Pompée d’autre part.

[3] La Numidie est d’abord un ancien royaume berbère, qui alterna ensuite entre le statut de province et d’état vassal de l’Empire romain. Elle est située sur la bordure nord de l’Algérie moderne, bordé par la province romaine de Maurétanie, de nos jours l’Algérie et le Maroc, à l’ouest, la province romaine d’Afrique, la Tunisie, à l’est, la mer Méditerranée vers le nord , et le désert du Sahara vers le sud. Ses habitants étaient les Numides.

[4] Optimates, tendance politique aristocratique et conservatrice qui marqua le dernier siècle de la République romaine, par son opposition aux populares. Ce ne fut pas un parti politique au sens moderne, mais un clivage majeur dans les luttes politiques et sociales romaines, permettant aux acteurs politiques de se situer face au réformisme et au populisme des populares au sein d’alliances personnelles souvent mouvantes.

[5] La bataille de Thapsus se déroule le 6 février 46 av. jc près de Thapsus (aujourd’hui Rass Dimass, en Tunisie). L’armée du parti conservateur (les Optimates), conduite par Metellus Scipion et de son allié Juba 1er de Numidie, se bat contre les forces de Jules César, qui finissent par avoir le dessus. Avec cette victoire, César brise les résistances contre son pouvoir en Afrique et s’approche encore plus du pouvoir absolu.

[6] L’Hispanie est le nom donné par les Romains à la péninsule Ibérique. Depuis le 15ème siècle l’Hispanie est l’hôte des États modernes espagnol et portugais. Au début les Carthaginois installent des comptoirs commerciaux sur la côte, sans pousser plus profondément à l’intérieur de l’Hispanie. En 501 av.jc, ils s’emparent de Gadès (Cadix), une ancienne colonie phénicienne. Après la première Guerre punique, les Carthaginois s’étendent rapidement dans le Sud, sous la conduite des Barcides. Ils y exploitent des mines d’or et redonnent à Carthage sa puissance économique et commerciale. En 230, ils fondent Carthagène, la nouvelle Carthage (Cartago Nova). En 218 av.jc, Hannibal forme une puissante armée qui comprend un contingent d’Ibères, et commence la deuxième Guerre punique en prenant Sagonte, puis en marchant vers l’Italie. Les Romains ne peuvent l’intercepter en Gaule, et dirigent une partie des leurs forces sur l’Hispanie, qui devient un théâtre d’opération de cette guerre. Après divers affrontements, Scipion l’Africain prend Carthagène en 209, et en 207, Hasdrubal mène les dernières forces carthaginoises de l’Hispanie vers l’Italie. En 202, la capitulation de Carthage livre officiellement l’Hispanie carthaginoise à Rome. En 197 av.jc, les Romains divisent l’Hispanie en deux provinces : Hispanie citérieure, donnant sur la Méditerranée, et Hispanie ultérieure (car plus éloignée de Rome), comprenant le Sud et tournée vers l’océan.

[7] La Maurétanie désigne le territoire des Maures dans l’Antiquité. Il s’étendait sur le Nord-ouest et central de l’actuelle Algérie, et une partie du nord Marocain. Sous Rome, le territoire fut divisé en provinces :
- Maurétanie Césarienne, qui correspond à l’Algérie centrale et occidentale. La capitale était Caesarea (actuelle Cherchel ou Cherchell).
- Maurétanie Sitifienne , créée par Dioclétien pour la partie orientale de la Maurétanie Césarienne avec Sitifis (actuelle Sétif en Algérie) comme capitale.
- Maurétanie Tingitane, qui correspond à peu près au Nord du Maroc actuel. Les villes principales sont Volubilis, Sala, Lixus, Banasa, Ceuta, Melilla et Tingis (actuelle Tanger) qui en était le chef-lieu. Elle fut attachée administrativement à la province d’Espagne (la Bétique) Le nom a donné aujourd’hui Mauritanie, qui est un État d’Afrique de l’ouest, situé au sud du Sahara, adhérant à la Ligue arabe.

[8] Cirta fut capitale du royaume de Numidie, puis romaine pour laisser place à la ville actuelle de Constantine. Cirta au temps de Massinissa prend une importance stratégique de par sa position géographique.

[9] Le second triumvirat est une alliance politique de la Rome antique scellée à Bologne le 11 novembre 43 av. jc rassemblant Marc Antoine, Lépide et Octave-Auguste.

[10] L’Afrique ou Afrique proconsulaire, est une ancienne province romaine qui correspond à l’actuelle Nord et sud Est Tunisien, plus une partie de l’Algérie et de la Libye actuelle. La province d’Afrique est créée en 146 av. jc, après la destruction de Carthage, au terme de la 3ème guerre punique ; ayant Utique pour capitale, elle est séparée du royaume de Numidie par une ligne de démarcation, la fossa regia. En 46 av. jc, Rome annexe la Numidie avec le nom de « nouvelle province d’Afrique » (Africa Nova) pour la distinguer de la première (Africa Vetus). Vers 40-39 av. jc, les deux provinces sont réunies dans la province dite d’Afrique proconsulaire ; ayant Carthage pour capitale, elle s’étend, d’ouest en est, de l’embouchure de l’Ampsaga (auj. l’Oued-el-Kebir, en Algérie) au promontoire de l’Autel des frères Philènes (auj. Ras el-Ali, en Libye). En 303, celle-ci est divisée par Dioclétien en trois provinces : la Tripolitaine, la Byzacène et l’Afrique proconsulaire résiduelle, aussi appelée Zeugitane.

[11] l’ancien royaume de Juba

[12] Utique est un site archéologique localisé à l’emplacement d’une ancienne cité portuaire fondée par les Phéniciens dans l’Antiquité. Il est situé au nord de l’actuelle Tunisie, à une trentaine de kilomètres au nord-ouest de Carthage, dans le gouvernorat de Bizerte.

[13] La guerre de Pérouse (conflit aussi appelé guerre civile fulvienne) est une guerre civile qui se déroule en 41 et 40 av. jc. Elle oppose l’épouse de Marc Antoine, Fulvie, et son frère, Lucius Antonius, à son ennemi politique, Octavien, et aux généraux de celui-ci, Quintus Salvidienus Rufus et Marcus Vipsanius Agrippa.

[14] La province romaine est formée par le territoire autour de Carthage après la troisième guerre punique

[15] une province créée par César à partir de l’ancien royaume de Numidie