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Ambrosius Aurelianus ou Ambroise Aurélien

jeudi 5 août 2021, par ljallamion

Ambrosius Aurelianus ou Ambroise Aurélien

Chef de guerre breton du Haut Moyen Âge

Il apparaît dans les sources, comme actif de 435 à après 460. Il galvanise et organise la défense des troupes bretonnes [1] face à l’invasion saxonne [2] à partir des années 450.

Cet officier, issu de l’aristocratie bretonne romanisée et formé aux techniques militaires romaines, entame une guerre marquante contre les Saxons, conflit qui donne à son successeur, Uther Pendragon (père du roi Arthur), la notoriété qu’il a aujourd’hui.

Il aurait été parent d’ Aurelius Conanus et de Pol Aurélien, l’évangélisateur du Léon [3] en Bretagne armoricaine [4]. Il pourrait aussi être à l’origine du personnage d’Arthur par son titre théorique de Riothamus, roi des rois.

Ce sont les chroniqueurs latins de la Bretagne qui, les premiers, mentionneront l’individu entre le 6ème et le 11ème siècle. D’un récit à l’autre, le rôle et les caractéristiques du personnage évolueront et il sera, tour à tour, chef de guerre, prophète et prince romain.

Dans plusieurs légendes et traditions à son sujet, Ambroise apparaît lié tantôt à la région du Dyfed [5], tantôt du Glywysing [6], s’il n’en est originaire ; c’est une zone romanisée, où les chefs déisis latinisent leur noms et s’intègrent sans heurts.

Pour ce qui est de l’identité de son épouse ou de ses descendants, les sources restent muettes.

L’œuvre de Gildas le Sage, De Excidio et Conquestu Britanniae [7], jette les bases d’un récit qui entoure le personnage d’Ambroise. Les Bretons, aux prises avec les Pictes [8] et les Scots [9], suivront les conseils de Gurthrigern ou Vortigern et s’allieront à des mercenaires saxons.

Ceux-ci les trahirent et plusieurs Bretons s’enfuirent dans les montagnes galloises où ils se rallieront autour d’un chef de nationalité romaine qui mènera alors la résistance. Cet homme sera victorieux à la bataille du mont Badon [10]. Plus précisément, Gildas affirme qu’Ambroise Aurélien est le dernier homme de nationalité romaine encore vivant en Bretagne, et qu’il est très probablement chrétien. Il précise que ses parents auraient mérité de porter la pourpre, c’est-à-dire qu’ils avaient des charges importantes au sein de la société romaine. Le général, voire généralissime Ambroise, défenseur des valeurs et de la culture romaines traditionnelles et catholiques, aurait fait un excellent point de ralliement pour les bretons de toutes origines, qui auraient pu se rassembler autour de lui comme d’un symbole de pouvoir apte à leur redonner foi.

Des années 420/430 jusqu’à la fin des années 450, le chef Vortigern organise selon Gildas un conseil des cités bretonnes pour assurer une cohésion centralisée du pouvoir. Il en prend le commandement, bien qu’Ambrosius l’ancien semble être son principal opposant comme leader de la faction pro-romaine et catholique, comme le sous-entendrait Nennius selon certains chercheurs.

Le destin d’Ambrosius l’ancien, au pouvoir remarquable, est connu : il serait mort dans la terreur saxonne, soit la rébellion des mercenaires germains contre leurs employeurs suivie de la peste. La date de cet événement est confuse, mais elle est traditionnellement datée dans les années 440 à 450. Par la suite, le règne de Vortigern se faisant de plus en plus désastreux face aux Saxons, Ambrosius le jeune, réfugié traditionnellement en Armorique/pays de Galles, aurait pris le relais dans les années 460.

Selon la Chronique anglo-saxonne [11] et Geoffroy de Monmouth, la mort du chef de guerre coïncide avec une comète aperçue en Gaule vers 497, ce qui donnerait une idée assez précise de sa véritable date de décès.

Après le récit de Geoffroy de Monmouth, le personnage d’Ambroise disparut de la légende pendant quelque temps. Il apparaît parfois dans les récits sous le nouveau nom de Pendragon

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Mike Ashley The Mammoth Book of British Kings & Queens Robinson (Londres 1998) (ISBN 1-84119-096-9)

Notes

[1] Le nom Bretons désigne d’abord les habitants de l’île de Bretagne, ou Bretagne insulaire (en latin : Britannia), ou plus exactement habitant la partie de l’île limitée au nord par les fleuves Clyde et Forth (en Écosse aujourd’hui).

[2] Les Saxons sont un peuple germanique, rattaché sur le plan ethnolinguistique au rameau occidental. Ils sont mentionnés pour la première fois par le grec Ptolémée sur la carte Germania Magna au 2èmr siècle de l’ère chrétienne. Il situe alors leurs terres au sud-ouest du Jutland, ce qui correspond à peu près à l’actuel Holstein, d’où ils semblent s’être étendus au sud et à l’ouest. Une partie d’entre eux, ainsi que des Angles, des Jutes et des Frisons, envahirent la Grande-Bretagne au début du Moyen Âge.

[3] Le Léon ou pays de Léon, est une ancienne principauté de Basse-Bretagne, patrie des Léonards, Leoniz en léonard. Il forme la pointe nord-ouest du Finistère, dont Brest. Il doit à sa géographie d’avoir conservé un particularisme linguistique et culturel.

[4] Armorique est un nom propre d’origine gauloise qui désigne depuis l’Antiquité classique le territoire d’une large région côtière atlantique de la Gaule, recouvrant les parties ouest et nord de la péninsule de Bretagne sans y inclure le pays de Vannes ni celui de Nantes, ainsi que le Cotentin et une partie de la Basse Normandie. Les auteurs de la fin de la République et du début de l’Empire romain la présentent comme peuplée par sept tribus gauloises dont Jules César donne la liste. Les Armoricains pourraient avoir constitué une confédération de peuples rivale de celle des Vénètes. Après la conquête, l’empire romain n’a pas repris cette division dans son découpage provincial (Belgique, Lyonnaise, Aquitaine) de la Gaule. Mais au 4ème siècle, face aux menaces venues de la mer, est créé un secteur militaire, le Tractus armoricanus comprenant les territoires littoraux de l’embouchure de la Somme à celle de la Loire.

[5] Le Dyfed est un comté préservé du pays de Galles.

[6] Le Glywysing est un ancien royaume gallois au sud-est du pays de Galles, constitué par la partie ouest du Gwent. Le royaume de Glywysing est créé vers 490 dans la partie ouest du Gwent par le roi éponyme Glywys, époux de Gwawl, une fille de Ceredig ap Cunedda, et donc beau-frère de Teithfallt ap Nynniaw, roi de Gwent. L’histoire des deux petits états demeure par la suite très liée et les souverains souvent communs.

[7] De excidio et conquestu Britanniæ ac flebili castigatione in reges, principes et sacerdotes (Sur la ruine et la plainte de la Bretagne et les reproches éplorés contre les rois, les nobles et les prêtres), ou simplement De excidio Britanniænote, est un sermon latin en trois parties composé au 6ème siècle par le moine breton Gildas le Sage. La première partie retrace l’histoire de l’île de Bretagne de la conquête romaine jusqu’à l’époque de Gildas. La deuxième partie fustige cinq rois pour leurs péchés, et la troisième partie s’en prend tout aussi violemment au clergé breton. C’est un texte important pour l’histoire de la Grande-Bretagne aux 5ème et 6ème siècles, car il s’agit de l’un des rares textes d’époque encore existants.

[8] Les Pictes étaient un peuple établi principalement dans les Lowlands de l’Écosse. Les migrations Pictes s’installent entre les différentes vagues de migrations goïdeliques (gaëliques) et gallo-britonniques. Leurs ancêtres seraient venus du continent à la fin de la préhistoire, peut-être au cours du 1er millénaire avant jc. Leur première mention est due à l’orateur breton Eumenius, en 297, ce dernier les cite aux côtés des Hibernii (les Irlandais) comme ennemis des Bretons.

[9] Les Scots sont un peuple celte originaire de l’est de l’Irlande qui commença à s’établir dans l’île de Bretagne entre les rivières Clyde et Solway aux 3ème et 4ème siècles de l’ère chrétienne. L’Écosse actuelle leur doit son nom (Scotland). Les premiers Scots affrontèrent les Britto-romains lors de raids qui se transformèrent en établissements durables, profitant sans doute d’un dépeuplement précoce des régions où ils effectuaient leur piraterie. Peu avant 500, ces Scots s’établirent sur les côtes du Devon et du pays de Galles, mais ils n’y établirent pas d’ensembles politiques durables. On leur doit toutefois l’introduction de l’écriture oghamique sur l’île. Plus au nord, les Scots devinrent dans un premier temps les voisins immédiats et les rivaux occidentaux des Pictes, les anciens habitants de la Calédonie. Cette région, qui n’avait jamais été conquise par Rome, passa progressivement sous leur contrôle du 6ème au 9ème siècle. Dès le 6ème siècle, les Scots durent cependant résister aux Anglo-Saxons, établis durablement au sud du Forth avant 500, contrairement aux Bretons, les Scots nouèrent de nombreux contacts avec ces nouveaux venus, surtout à l’est avec le royaume septentrional de Northumbrie. Au 7ème siècle, les Scots chrétiens jouèrent en particulier un rôle important dans l’évangélisation des Anglo-Saxons, rôle qui fut ensuite éclipsé par Rome.

[10] La bataille du mont Badon est une bataille remportée par les Bretons sur les Anglo-Saxons vers l’an 500, lors de la conquête anglo-saxonne de la Bretagne.

[11] La Chronique anglo-saxonne est un ensemble d’annales en vieil anglais relatant l’histoire des Anglo-Saxons. Le manuscrit original est probablement rédigé dans le royaume de Wessex sous le règne d’Alfred le Grand, à la fin du 9ème siècle. De multiples copies sont distribuées aux monastères d’Angleterre et ensuite mises à jour indépendamment les unes des autres.