Fils de Niall Noigiallach ancêtre des dynasties Uí Néill [1]. L’hagiographe [2] du 7ème siècle Tírechán fixe son règne de la période 427 à 463 mais beaucoup des dates associées à Lóegaire sont basées sur la construction chronologique artificielle liée à la venue de Patrick d’Irlande en 432 et l’on estime désormais qu’il est mort à la fin de la décennie 480.
Lóegaire mac Néill est associé avec 3 éléments de la mythologie irlandaise : l’arrivée de Patrick, le tribut en bétail [3] et la Fête de Tara [4].
Selon l’hagiographe de Muirchú moccu Mactheni, qui écrit vers 700, Lóegaire un grand roi, féroce et païen, un empereur des barbares dominait l’Irlande à l’époque de l’arrivée de Patrick. Une nuit, alors que le roi célèbre une fête païenne à Tara, et qu’il est interdit à quiconque d’allumer un feu avant lui, comme c’est aussi la veille de Pâques, Patrick allume un feu sur une colline qui est visible de Tara. Les druides de Loégairé prédisent au roi que l’autre feu doit être éteint cette nuit là car autrement il ne pourra plus jamais l’être.
Loégairé convoque Patrick qui couvre de honte les druides et les conseillers du roi par une série de miracles spectaculaires et violents. Plusieurs tentatives de meurtres à son encontre sont faites par le roi et ses suivants mais Patrick avertit Loégairé qu’il doit accepter la foi nouvelle ou mourir.
Ayant pris le conseil de son peuple, le roi se soumet, et Patrick lui déclare Puisque tu as résisté à mon enseignement et été offensant envers moi, les jours de ton propre règne se poursuivront, mais aucun membre de ta postérité ne sera jamais roi. Cette malédiction est une explication a posteriori du statut marginal du Cenél Lóegairi [5].
Le récit de Muirchú diffère de celui de Tírechán, qui dit que Lóegaire reste païen en dépit des miracles de Patrick. Il aurait reçu l’ordre de son défunt père ne pas accepter la foi, mais de recevoir une sépulture de guerrier sur la colline de Tara, en gardant les bras, le visage tourné vers le Leinster [6].
L’hostilité de Loégairé envers le royaume de Leinster est également relevé par les chroniques d’Irlande [7], qui relèvent que ses activités militaires concernent principalement cette province. Dans son testament Niall Noigiallach lègue divers attributs de la royauté à ses fils et Loégairé hérite juste de la guerre.
Loégairé intervient dans le domaine juridique de deux façons notables : Tírechán le montre agissant en tant que juge avec Patrick dans un différend au sujet d’un héritage, et le prologue du code de lois dit Senchas Már précise que Loégairé convoque conjointement les meilleurs hommes d’Irlande, dont Patrick, afin de discuter de l’harmonisation de leurs lois.
La royauté Loégairé est reconnue par les chroniques d’Irlande, qui indiquent qu’il tenait la fête de Tara. C’est probablement à l’origine un rituel païen célébré uniquement par le roi de Tara, un rite qui plus tard au Moyen Âge sera considéré comme une proclamation d’un droit à la Royauté d’Irlande. Loégairé est universellement reconnu comme roi d’Irlande par toutes les listes royales, mais à une date tellement précoce que ni lui ni aucun autre souverain ne peut avoir exercer une telle autorité. Loégairé doit avoir régné sur le Connacht [8], car d’après Tírechán, c’est dans la résidence royale de Rathcroghan [9] que Patrick rencontre les filles du roi.
Selon la tradition, Loégaire succède à son cousin-germain Dathi mac Fiachra comme ard ri Érenn [10] d’Irlande en 428 ou en 445 ou 454/456 et il règne environ 30 ans. La fête païenne de Tara est célébrée en 454. Les Annales d’Ulster [11] précisent que le roi serait mort 7 ans 7 mois et 7 jours après cette cérémonie.
La saga médiévale du Bóroma [12], raconte le lourd tribut que doit payer le Leinster à l’ard ri Érenn en réparation d’une ancienne trahison. Loégairé envahit le Leinster afin d’exiger l’hommage et il est capturé après sa défaite à la bataille de Áth Dara. Il est cependant libéré sur la promesse d’abandonner l’hommage et invoque les éléments comme caution de son serment. Cependant 3 ans plus tard il revient au Leinster et saisit le bétail. En conséquence de quoi, il meurt tué par les éléments [13]. Il existe d’autres versions de sa mort : un récit indique qu’il meurt à la suite d’une malédiction de Patrick alors qu’un autre précise qu’une prophétie annonce sa mort entre l’Irlande et la Bretagne. Ainsi, pour se soustraire à son sort, il ne va jamais en mer, mais la prophétie se réalise quand il meurt entre deux collines nommées Eiriu et Albu.
Selon les généalogies, Lóegaire mac Néill eut trois épouses : Angas, fille de Tassach Uí Liathain puis Ne, fille de Scoth Noe (Breton) et Muirecht, fille d’Eochu Muinremar de Dal Riata [14].