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L’histoire pour le plaisir

Anaximène

jeudi 29 juillet 2021, par lucien jallamion

Anaximène (vers 585-vers 525 av. jc)

Philosophe grec

Fils d’Eurystrate, selon Diogène Laërce il est mort dans la 63ème olympiade (528-525 av. jc). Il fut le dernier disciple de l’école milésienne [1] fondée par Thalès. Il aurait été l’élève d’Anaximandre et lui succéda. Ses écrits, à part quelques fragments, ont disparu. Diogène Laërce nous a transmis deux lettres de lui à Pythagore. Il eut peut-être Anaxagore et Diogène d’Apollonie pour disciples.

En physique et en astronomie, il n’apporta aucun progrès décisif par rapport à ses devanciers. Il suivait ses prédécesseurs en concevant la Terre en suspension. Il la concevait plate et circulaire, recouverte d’un dôme céleste. Le Soleil et la Lune étaient aussi des disques plats qui tournaient autour de la terre. Il refusait toutefois le fait que le Soleil passe sous la Terre. La nuit, selon lui, il se dissimulait derrière l’horizon pour retourner à son point de départ matinal.

Anaximène croyait que les étoiles étaient clouées à la voûte céleste, ce qui en faisait les éléments les plus éloignés de la Terre. Un peu plus près se trouvaient les planètes, puis le Soleil et enfin la Lune. Il affirmait que l’air est à l’origine de toute chose : dilaté à l’extrême, cet air devient feu ; comprimé, il se transforme en vent ; il produit des nuages, qui donnent de l’eau lorsqu’ils sont comprimés - une compression plus forte de l’eau transforme celle-ci en terre, dont la forme la plus condensée est la pierre. Pour Empédocle, par l’action du ciel, la Terre reste tranquille par l’effet d’un tourbillon qui l’entoure ; pour Anaximène, Anaxagore et Démocrite , elle est une vaste et plate huche.

Anaximène chercha, comme tous les philosophes ioniens [2] de la nature, le principe de toutes choses, l’origine et la structure de l’Univers. Théophraste met en évidence que la doctrine de la raréfaction et condensation est due à Anaximène. Il soutenait que l’air constitue la substance première, ce qui ressemble à la cosmologie d’Anaximandre, qui avait amené le concept de l’apeiron [3].

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Lahaye (Robert), La philosophie ionienne. L’École de Milet, Ed. du Cèdre, Paris, 1966

Notes

[1] L’École milésienne est une école fondée au 6ème siècle av. jc et représentée principalement par trois philosophes de la ville ionienne de Milet, sur la côte de l’Anatolie : Thalès, Anaximandre et Anaximène. Outre la géométrie et l’astronomie, les penseurs de cette école ont apporté de nouvelles idées sur la cosmogonie (formation de l’univers), la physique et la biologie, à tel point que ce sont les philosophes de cette école qui étaient originellement appelés les Physiciens. La philosophie des Milésiens était principalement axée sur la physique, et leurs études sur la nature proposent une approche méthodologique novatrice qu’on estime être un progrès décisif dans l’histoire de la pensée occidentale. Ils utilisaient en effet, non plus simplement des mythes (fables mettant en scène des divinités), mais aussi des concepts plus rationnels (les quatre éléments, le sec et l’humide, le chaud et le froid, etc.) pour expliquer les phénomènes naturels.

[2] L’Ionie est une région du monde grec antique située à l’ouest de l’Asie mineure, entre Phocée et Milet. Elle correspond à la région située dans un rayon de 170 km autour de la ville actuelle d’Izmir. Elle emprunte son nom à Ion, ancêtre légendaire des peuples de cette région. C’est en Ionie que se sont développées les premières formes de science de la philosophie en Occident, chez les penseurs appelés Présocratiques. Les côtes ioniennes présentent beaucoup d’avantages économiques : de bons abris naturels facilitant l’établissement de ports pour le commerce avec des communications aisées vers l’arrière-pays, un climat agréable, des vallées ouvertes pour la culture des céréales et l’élevage des chevaux, des plateaux pour l’élevage des moutons, des collines pour les arbres fruitiers et les oliviers. Dans l’Antiquité, elle fédérait douze cités grecques, du continent et des îles : Chios, Éphèse, Érythrée, Clazomènes, Colophon, Lébédos, Milet, Myonte, Phocée, Priène, Samos et Téos. Halicarnasse les rejoignit après. Brillant foyer de la civilisation hellénique aux 7ème et 6ème siècle av. jc, elle appartient à une ensemble plus vaste appelé « Grèce d’Asie » ou « Grèce de l’Est ».

[3] L’apeiron est un concept philosophique présenté la première fois par Anaximandre au 6ème siècle av. jc pour désigner ce principe originel que recherchaient les tenants de l’école milésienne. Thalès voyait en l’eau le principe originel, la substance de toute chose. Pour Anaximandre, c’est l’apeiron, qui signifie « illimité, indéfini, indéterminé », qui est le principe et l’élément de tout ce qui existe. L’apeiron est inaccessible à la sensibilité, mais il doit exister. Il est nécessaire pour expliquer l’existence de tout ce que nous percevons. Il ne peut posséder de qualité déterminée et n’est désigné que négativement.