Fils de Bermude 1er, roi des Asturies [1], roi de Léon [2] de 788 à 791, mais aussi diacre [3], et de Ozenda ou Ursinda, qui serait selon certains auteurs une fille de Flavio Ataúlfo, magnat galicien [4], lequel serait lui-même petit-fils de Wittiza, roi wisigoth [5] d’Espagne régnant de 698/702 à 709/710.
Cousin et successeur d’Alphonse II le Chaste, qui lui confie le gouvernement dès 835. Après une rébellion, il règne en tant que roi des Asturies, de 842 à 850. Ramire vit dans une période de guerre continuelle contre les musulmans. Il bat les Maures [6] à la bataille de Clavijo [7], victoire qui vaut aux Wisigoths des Asturies Calahorra [8] et ses environs.
Pour prévenir les troubles qui presque toujours accompagnent l’élection d’un souverain, les rois des Asturies prennent la précaution de nommer leur successeur, et de faire approuver leur choix par les grands. C’est ainsi qu’Alphonse avait assuré la couronne à Ramire1er, en vain.
Ramire Ier, désigné successeur d’Alphonse II le Chaste, parti se marier, est absent lorsque le roi meurt en 842. Il est dans la famille de sa seconde femme, Paterna de Castille , dans le comté de Bardulia. Népotien, le principal officier de la cour, profite de l’absence de Ramire, et usurpe la couronne.
C’est la première des rébellions fomentées par des groupes montants de l’aristocratie courtisane et par des grands propriétaires, qui sur la base du développement économique de la région, tentent de supplanter la famille régnante des descendants de Pélage le Conquérant.
Cette importante rébellion de Népotien fait partie de ce processus de transformation économique, politique, sociale et culturelle du royaume asturien qui aura lieu entre le 8ème siècle et le 9ème siècle. Le soulèvement de Népotien trouve un soutien dans quelques régions asturiennes et chez les Basques. Des Galiciens s’unissent à la cause de Ramire 1er. Le roi, avec une rare vigueur de décision, rassemble près de Lugo [9] une forte armée, et entre dans les Asturies, où il met tout à feu et à sang.
Népotien marche au-devant de lui. Les deux armées se rencontrent près de la Narcea, à l’ouest d’Oviedo [10]. Mais à l’approche de Ramire, au pont de Cornellana, Népotien est abandonné par ses troupes, et prend la fuite. Il est arrêté et conduit à Ramire, qui le relègue dans un monastère, après lui avoir fait arracher les yeux. Ramire 1er est élu roi, après cette guerre civile, par les “alto omes”.
Ramire emploie la tactique dont Alphonse s’était déjà servi plusieurs fois avec succès. Il profite pour s’agrandir des divisions qui règnent parmi les Maures ; souvent même il favorise les rebelles par des secours d’armes, de vivres et d’argent. Il construit à Logroño [11] l’église Santiago et crée le premier ordre de chevalerie.
En 844, une flotte normande apparaît sur la côte de Gijón [12]. Les guerriers qui débarquent ne sont pas stoppés et pénètrent jusqu’au lieu que les chroniques appellent le Phare de Brigantio* ( [13]). Au bruit des excès commis par ces ennemis nouveaux, Ramire rassemble ses gens, marche contre les pirates, en tue un grand nombre et brûle des bateaux. Il les force à abandonner leur butin et à fuir sur les bateaux restants, qui seront ultérieurement dispersés par la tempête. Selon d’autres chroniques, les Normands poursuivent leurs incursions vers Al Andalus [14].
En 844, Ramire, subit une sévère défaite à Albelda, face à l’armée de Abd al-Rahman II.
Selon la légende, s’étant retiré sur la proche colline de Clavijo pour passer la nuit, saint Jacques lui apparaît en songe, l’encourage à reprendre les armes le lendemain et l’assure de sa protection. Au cours de ce nouveau combat, il mène à la victoire, et libère du tribut des cent vierges que l’émir percevait chaque année depuis le règne de Mauregat, 7ème roi des Asturies.
Le 25 mai 844, en signe de gratitude, le roi Ramire institua le Voto de Santiago, un tribut dû à la cathédrale de Compostelle [15], renouvelable chaque année, sur les céréales, par les agriculteurs du nord de l’Espagne. Il ne sera aboli qu’en 1812 par les Cortès de Cadix [16].
L’an 845, les Maures prennent, pillent et brûlent la ville de León [17].
En 846, Ramire, voulant reconquérir les territoires détenus par les musulmans fait une irruption dans la Vieille-Castille [18]. Abd al-Rahman II, leur roi, se met à la tête de ses troupes, et rencontre l’ennemi dans la plaine d’Alvéda, une place forte. Le combat est sanglant. La nuit seule sépare les combattants. Ramire voyant son armée considérablement diminuée, profite des ténèbres pour se retirer sur un coteau voisin. Cette retraite fait croire aux Sarrasins [19] qu’ils sont vainqueurs. Ils attendent le jour en célébrant leur triomphe, lorsque tout à coup les Chrétiens, animés par le désespoir aux premiers rayons de lumière, les pressent, les accablent et les mettent en fuite à leur tour. La prise d’Alvéda et de Calahorra est le fruit de cette victoire
D’autres révoltes viennent encore troubler ce règne agité. Elles prouvent que la royauté des Asturies vaut déjà la peine d’être convoitée. Un grand du palais Aldrete ou Aldroïtus, ayant conspiré contre son souverain, a aussi les yeux crevés, aux termes de la loi gothique. En 848, il découvre une conjuration formée contre lui, et punit de mort Piniola, qui en était le chef, et ses 7 fils.
Ramire 1er meurt âgé, d’une fièvre aiguë, le 1er février 850 dans son palais de Naranco [20] édifié sur la colline du même nom, aujourd’hui église, qui domine la ville d’Oviedo, après avoir régné l’espace de 7 ans. Il est inhumé au panthéon des rois des Asturies, à Oviedo, à côté de sa femme, Paterna de Castille, morte en 848