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Abd ar-Rahman ben al-Hakam dit Abd al-Rahman II

dimanche 29 mars 2015, par lucien jallamion

Abd ar-Rahman ben al-Hakam dit Abd al-Rahman II (792-852)

Quatrième émir omeyyade de Cordoue en 822

Abd ar-Rahman ben al-Hakam dit Abd al-Rahman II Quatrième émir omeyyade de Cordoue en 822Né à Tolède [1]. Il succède à son père Al-Hakam 1er et Arrière-petit-fils d’Abd el-Rahman 1er.

Son père lui laisse un état pacifié, dont il hérite à l’âge de 30 ans. Mécène et protecteur des Arts et des Lettres, il est considéré comme le chef d’état musulman le plus cultivé de son temps. Ces qualités conjuguées à la paix de l’émirat lui permettent de développer la civilisation andalouse, avec le poète et grand musicien luthiste Ziryab . Sa cour est la plus brillante d’Europe. Elle y attire les savants et les poètes de l’Orient.

En dépit de la rivalité politique qui l’oppose à Bagdad, Abd al-Rahman II envoie un grand savant en Mésopotamie, pour rechercher, acheter ou recopier des ouvrages scientifiques traduits du grec ou du persan. Il pensionne richement astronomes et médecins.

Ayant un droit de préemption sur toutes les marchandises importées, il lui arrive d’accorder audience à des marchands récemment arrivés d’Arabie ou de Constantinople, pour se voir offrir leurs livres les plus précieux. Les marchandises les plus prisées et les plus chèrement payées en Andalousie sont alors les livres rares.

Durant son règne, il impose l’apostasie [2] des enfants chrétiens nés de couples mixtes. Des chrétiens s’ouvrent donc de gré ou de force à la culture musulmane et s’arabisent, au grand dam de la hiérarchie épiscopale et des chrétiens opposants. Ces derniers n’hésitent pas à s’offrir en martyrs en semant le trouble, perturbant les prières dans les mosquées ou prenant à parti les religieux islamiques, les frappant et les insultant. Abd el-Rahman puis son fils répriment durement ces troubles.

L’essor de la civilisation andalouse n’empêche pas l’émir de réorganiser l’armée et de prendre les mesures nécessaires pour faire face aux incursions vikings. Une de leur flotte prend, pille et incendie Séville pendant sept jours. L’armée arabe réagit promptement et écrase les Normands le 11 novembre 844 au sud de la ville. Pour parer aux futurs raids, il ordonne la construction de tours de guets, de forteresses et d’une flotte de guerre.

Un nouveau raid viking est tenté en 859. Ils essayent de débarquer en Galice [3], mais ils sont repoussés, ils longent les côtes jusqu’au Guadalquivir [4], où ils se heurtent à une autre armée, franchissent le détroit de Gibraltar [5] pour rejoindre Murcie [6], où la flotte musulmane coule quarante drakkars.

Un siècle plus tard, l’échec d’un autre raid montre encore l’efficacité des dispositions prises par Abd el-Rahman.

La fin de son règne est troublée par les intrigues à propos de sa succession. Il a quarante-cinq fils, et les deux factions principales soutiennent respectivement Muhammad , le fils aîné, et Abd-Allah, le fils de la favorite, Tarub. Les conflits vont jusqu’à une tentative d’empoisonnement de l’émir. Finalement, c’est Mohammed qui lui succède.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de André Clot, L’Espagne musulmane (viiie xve siècle), Paris, Perrin,‎ 1999 (réimpr. 1999),

Notes

[1] Tolède est une ville qui se trouve dans le centre de l’Espagne, capitale de la province du même nom et de la communauté autonome de Castille-La Manche. Tolède tombe aux mains des musulmans en 712. À partir de là, la ville fait partie du Califat omeyyade, puis de l’Émirat de Cordoue (755–929), et enfin du Califat de Cordoue.

[2] L’apostasie (du grec ancien (apostasis), « se tenir loin de ») est l’attitude d’une personne, appelée apostat, qui renonce publiquement à une doctrine ou une religion.

[3] La Galice est une communauté autonome avec un statut de nation historique, située à l’extrémité nord-ouest de l’Espagne. Elle est entourée par la principauté des Asturies, la Castille-et-León, le Portugal, l’océan Atlantique et la mer Cantabrique.

[4] Le Guadalquivir est un fleuve espagnol qui se jette dans l’océan Atlantique à l’ouest du détroit de Gibraltar. Il doit son nom actuel à l’appellation arabe L’Oued-el-Kabir, qui signifie la grande vallée. Du temps de la civilisation de Tartessos, il était également appelé Tartessos. À l’époque romaine, il était connu sous le nom de Bætis, ou Betis.

[5] Le détroit de Gibraltar est situé au sud de l’Espagne, au nord du Maroc, à l’est de l’océan Atlantique, à l’ouest de la mer Méditerranée. C’est le seul passage maritime entre l’océan Atlantique et la mer Méditerranée. Il est large de 14,4 km et d’une profondeur d’environ 300 m. Le détroit est considéré comme faisant partie des eaux internationales.

[6] Murcie, est une commune du sud de l’Espagne et la capitale de la région de Murcie. Elle est située à 350 km au sud-est de Madrid et à 35 km de la mer Méditerranée.