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L’histoire pour le plaisir

Jean de Nikiou

jeudi 18 février 2021, par ljallamion

Jean de Nikiou

Lettré égyptien-Membre du haut clergé-Évêque et moine à la fin du 7ème siècle

Il est l’auteur d’une chronique universelle [1] écrite à l’origine, pour l’essentiel, en grec. La principale source sur cet auteur est l’Histoire des patriarches de l’Église d’Alexandrie [2] attribuée à Sévère d’Achmounein .   Jean de Nikiou, appartenant à l’Église copte orthodoxe [3], vivait au temps des patriarches Jean III , Isaac et Simon 1er, soit entre 40 et 60 ans après le début de l’invasion arabe de l’Égypte. Il est alors évêque de Nikiou, en Basse Égypte [4], recteur des évêques de Haute Égypte, puis, en 696, administrateur général des monastères. Ayant fait châtier trop durement un moine fautif qui en mourut, il est démis de ses fonctions et réduit à l’état de simple moine par le patriarche Simon 1er.   Sa Chronique, composée sans doute avant sa destitution, raconte l’histoire du monde depuis Adam jusqu’à la fin de la conquête musulmane du 7ème siècle. Pour ce qui précède le 7ème siècle, ce n’est essentiellement qu’un démarquage des chroniques byzantines antérieures, notamment celles de Jean Malalas et de Jean d’Antioche.   Il apporte des informations propres sur le règne de l’empereur Phocas et sur la prise du pouvoir par Héraclius. Mais la partie la plus précieuse de son texte est celle qui a trait à la conquête musulmane de l’Égypte à partir de 640-641 et qui décrit en particulier la prise par Amr ibn al-As de Babylone d’Égypte [5] et d’Alexandrie [6], détrônée au profit de la nouvelle capitale, le camp militaire de Fostât [7].   Décrivant ces événements tragiques d’un point de vue de monophysite [8], il considère, selon la psychologie et la culture d’un évêque de son époque, que la conquête islamique de son pays est une punition divine à cause de Chalcédoine, dont l’hérésie selon lui s’est répandue dans tout l’Empire romain d’Orient.   En conclusion de sa Chronique, il raconte le désespoir des habitants d’Alexandrie vaincue par les troupes arabes.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du livre de Alfred-Louis de Prémare, Les Fondations de l’islam. Entre écriture et histoire, Éditions du Seuil, 2002. Notice sur Jean de Nikiou.

Notes

[1] Une chronique est un récit historique dans lequel « les faits sont simplement enregistrés dans l’ordre de leur succession » et « dont l’auteur est au moins pour partie contemporain », mais « il ne s’astreint pas à distinguer les faits année par année, comme fait l’annaliste ». Selon l’historien français Louis Bréhier, « la Chronique universelle est née de la nécessité d’introduire l’histoire sacrée, celle du peuple juif, d’après l’Ancien Testament, et celle de l’Église, dans l’histoire du monde, en établissant des synchronismes entre les chronologies des États de l’Antiquité, archontes d’Athènes, fastes consulaires, etc., avec celle de la Bible et du christianisme »

[2] L’Histoire des patriarches de l’Église d’Alexandrie, en fait à l’origine Biographies de la Sainte Église (Siyar al-Bī’ah al-Muqaddasah), est un ouvrage historiographique majeur de la tradition de l’Église copte. Il s’agit de l’équivalent pour le patriarcat copte de ce qu’est le Liber Pontificalis pour la papauté romaine : un recueil des biographies de tous les patriarches successifs, rédigées, puis compilées, à différentes époques. Ces biographies sont toutes en arabe. Le recueil nous est parvenu dans deux recensions divergentes, l’une désignée par les spécialistes comme « recension primitive », l’autre comme « vulgate ». La tradition d’ajouter des biographies au recueil a été poursuivie jusqu’au 20ème siècle.

[3] L’Église copte orthodoxe est une Église antéchalcédonienne et autocéphale. Elle fait partie de l’ensemble des Églises des trois conciles qui rassemble environ 15/20 millions de baptisés (principalement en Égypte). Son chef porte le titre de pape d’Alexandrie et patriarche de la Prédication de saint Marc et de toute l’Afrique, avec résidence au Caire.

[4] L’Égypte se définit essentiellement par rapport au Nil. La Basse Égypte est donc « basse » par référence au sens de l’écoulement du fleuve (du sud, plus haut, vers le nord, en aval) et donc à son altitude. Son relief est également peu accusé. C’est la partie la plus au nord de l’Égypte, depuis la Méditerranée, avec le delta du Nil, jusqu’à la région du Fayoum avec Le Caire.

[5] Dès l’époque d’Auguste, la forteresse romaine de Babylone du Caire est construite près de la rive orientale du Nil, face à l’île de Rhoda. Élargie à l’époque de l’empereur Trajan et fortifiée par Arcadius, elle est constituée de tours rondes et de bastions reliés par un mur en briques. Située à un emplacement stratégique de première importance, la forteresse de Bâbalyûn permet de contrôler le delta tout en dominant le point de passage le plus commode pour traverser le Nil, à la jonction entre la Haute et la Basse Égypte. Lors de la conquête de l’Égypte, par le général arabe ’Amr ibn al-’As en 639, la forteresse est intégrée à la ville de Fostat tout en gardant son indépendance. Les dynasties musulmanes suivantes, les Abbassides et les Toulounides, fondent ensuite Al-Askar et Al-Qataï avant que l’ensemble, agrandi, prenne le nom d’Al-Qahira. Fostat et el-Qahira sont unifiées et réunies dans une seule enceinte, gardée par une citadelle, par le monarque ayyoubide Salah ed-Dîn en 1173. Fostat forme aujourd’hui le Vieux Caire.

[6] Alexandrie est une ville en Égypte. Elle fut fondée par Alexandre le Grand en -331 av. jc. Dans l’Antiquité, elle a été la capitale du pays, un grand centre de commerce (port d’Égypte) et un des plus grands foyers culturels hellénistiques de la mer Méditerranée centré sur la fameuse bibliothèque, qui fonda sa notoriété. La ville d’Alexandrie est située à l’ouest du delta du Nil, entre le lac Maréotis et l’île de Pharos. Cette dernière était rattachée à la création de la ville par l’Heptastade, sorte de digue servant aussi d’aqueduc, qui a permis non seulement l’extension de la ville mais aussi la création de deux ports maritimes.

[7] aujourd’hui Le Caire

[8] c’est-à-dire du point de vue de chrétiens n’ayant pas accepté le concile de Chalcédoine de 451