A l’arrivée de Bonaparte en Egypte, une oligarchie guerrière régnait despotiquement sur le pays. A son retour en France, le jeune général en chef organisa en une compagnie quelques déserteurs d’ Ibrahim Bey et de Murad Bey auxquels il avait joint une brochette de Géorgiens, d’Arméniens et de Circassiens qui fuyaient l’esclavage. Mais ces 50 cavaliers aux oripeaux bigarrés faisaient une splendide escorte au futur conquérant. Lors de l’organisation de la Garde impériale en juillet 1804, Napoléon décréta que la compagnie de mamelouks serait attachée au régiment des chasseurs à cheval. Elle serait dotée d’un état-major français et forte de 124 hommes.
Ce nombre tomba à 102 de 1806 à 1810, puis remonta à 250 hommes en janvier 1813, date à laquelle la compagnie fut convertie en un escadron. Il va sans dire que tous les mamelouks n’étaient plus de purs fils de l’Orient ; à leur licenciement en 1814, les véritables mamelouks n’étaient plus que 18. Ils furent presque tous massacrés par la populace en rejoignant leur famille, à Marseille.
Roustam Raza , le fameux mamelouk de Napoléon, qui avait été comblé de bienfaits par son maître, l’abandonna et refusa de le suivre à l’île d’Elbe [1], s’exhiba à Londres et mourut obscurément à Dourdan [2], à l’âge de 65 ans. Contrairement à ce que l’on croit en général, cet homme, qui fut presque aussi célèbre que son maître, ne fut jamais mamelouk de la Garde !