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Flavius Eugenius dit Eugène

mercredi 8 juin 2016, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 19 août 2011).

Flavius Eugenius dit Eugène (mort en 394)

Rhéteur et grammairien - Proclamé empereur en 392 contre Théodose 1er

Silique (petite monnaie romaine d'argent) représentant Eugène avec les insignes impériaux.Il professait la rhétorique à Vienne en Dauphiné. Sa compétence fut remarquée par le franc Richomer. Celui-ci le recommanda à son neveu, le général Arbogast, qui le nomma secrétaire dans l’administration de Valentinien II. Lorsque le jeune Valentinien II est trouvé mort dans sa chambre en mai 392, Arbogast craint d’être accusé de ce décès, l’usurpation du pouvoir est sa seule issue, mais ses origines franques lui interdisent l’accès au titre impérial. Il proclame donc Eugène au titre d’Auguste, en août 392, à Vienne [1] ou à Lyon.

Dans un premier temps, Eugène cherche l’entente avec Théodose 1er, qui règne à Constantinople. Mais Théodose refuse ces propositions, probablement influencé par son épouse Galla, sœur de Valentinien II, et par le préfet du prétoire Rufin, qui déteste Arbogast.

En Italie même, l’évêque Ambroise de Milan, autorité morale de l’époque, lui refuse son soutien. En revanche le comte Gildon qui gère l’Afrique romaine, précédemment révolté contre Valentinien, reprend ses livraisons de ravitaillements à Rome, mais ne le reconnaît pas comme empereur. Quand en novembre 392 ou en janvier 393, Théodose élève son fils Honorius au rang d’Auguste d’Occident, l’affrontement est inévitable.

Eugène et Arbogast assurent d’abord leurs arrières sur le limes du Rhin par des accords de paix avec les Francs [2] et les Alamans [3]. Début 393, ils marchent sur l’Italie avec une armée de fédérés francs et alamans. A Milan, Ambroise persiste dans son attitude de refus, mais l’aristocratie sénatoriale de Rome, dirigée par Symmaque et Nicomaque Flavien, leur fait bon accueil, dans le contexte de réaction païenne face à l’interdiction du paganisme promulguée fin 392 par Théodose 1er. Eugène, chrétien modéré, rend aux sénateurs païens les biens qu’on leur avait confisqués, tout en laissant aux églises les biens pris aux temples. L’autel de la Victoire que Gratien avait fait enlever en 382 est replacé dans la Curie, tandis que se multiplient les cérémonies aux cultes anciens.

En Orient, Théodose prépare longuement son expédition et quitte Constantinople en mai 394, avec une armée commandée par Stilicon et Gaïnas, constituée en majorité de Wisigoths [4], renforcée de contingents de Huns [5]. La rencontre a lieu le 6 septembre 394, à la bataille de la Rivière Froide [6] près d’Aquilée [7]. Malgré un succès initial, Arbogast et Eugène sont trahis par la défection d’une unité franque et vaincus. Eugène est décapité. Arbogast se donne la mort, ainsi que Nicomaque Flavien.

Cette bataille marque la fin des tentatives pour rétablir le paganisme dans l’empire romain, qui se voit réunifié pour quelque mois sous le pouvoir de Théodose, qui meurt peu après en janvier 395 à Milan.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de histoire de Eugene (Flavius eugenius) - Empereurs romains

Notes

[1] Isère)

[2] Les Francs constituent un peuple germanique apparaissant sous la forme d’une confédération de tribus au moment des grandes invasions. Une partie d’entre eux joue un rôle central dans l’histoire de France, celle des Pays-Bas, celle de la Belgique, celle du Luxembourg et celle de l’Allemagne à compter de leur sédentarisation en Gaule romaine.

[3] Les Alamans ou Alémans étaient une confédération de tribus germaniques principalement suèves établis d’abord sur le cours moyen et inférieur de l’Elbe puis le long du Main. Apparaissant pour la première fois dans les textes romains en 213, ils conquirent les Champs Décumates en 260 pour se répandre ensuite sur un territoire couvrant une partie de l’Helvétie (la Suisse), la Décumanie (le pays de Bade) et une partie de la Séquanaise (l’Alsace) où ils contribuèrent à la germanisation de ces régions précédemment romanisées. En 496, les Alamans furent vaincus par le Franc Clovis, qui annexa leur territoire à son royaume. Après le traité de Verdun, ces territoires firent partie de la Francie orientale avant de constituer le duché de Souabe du 10ème au 13ème siècle

[4] Les Wisigoths ou Tervinges étaient un peuple germanique issu des Goths. Les Wisigoths sont ceux qui, migrant depuis la région de la mer Noire, s’installèrent vers 270-275 dans la province romaine abandonnée de Dacie (actuelle Roumanie), au sein de l’Empire romain, alors que les Ostrogoths s’installèrent, pour leur part, en Sarmatie (actuelle Ukraine). Les Wisigoths migrèrent à nouveau vers l’ouest dès 376 et vécurent au sein de l’Empire romain d’Occident, en Hispanie et en Aquitaine.

[5] Les Huns sont un ancien peuple nomade originaire de l’Asie centrale, dont la présence en Europe est attestée à partir du 4ème siècle et qui y établirent le vaste empire hunnique. L’origine des Huns est disputée : bien que dès le 18ème siècle, l’orientaliste français Joseph de Guignes les ait reliés aux Xiongnu, voisins septentrionaux des Chinois jusqu’au 1er siècle et que de nombreuses études ultérieures se soient attachées à démontrer ou infirmer cette parenté, aucun consensus n’a encore été établi sur le sujet. Les Huns ont joué un rôle important dans le cadre des grandes invasions qui contribuèrent à l’écroulement de l’Empire romain d’Occident. Sous le règne d’Attila, l’empire est unifié mais ne lui survit pas plus d’un an. Les descendants et successeurs des Huns occupent encore diverses parties de l’Europe de l’Est et d’Asie centrale entre les 4ème et 6ème siècles, et laissent encore quelques traces dans le Caucase jusqu’au début du 8ème siècle.

[6] La bataille de la rivière froide ou bataille du Frigidus a eu lieu du 5 au 6 septembre 394 et a vu s’affronter les troupes de l’Empire romain d’Orient alliées aux Wisigoths, et commandées par l’empereur romain Théodose 1er et le roi des Wisigoths Alaric, aux troupes coalisées de l’Empire romain d’Occident et des Francs, sous le commandement d’Eugène et d’Arbogast.

[7] Aquilée, en italien Aquileia, est une commune de la province d’Udine dans la région du Frioul-Vénétie julienne en Italie. Historiquement, la ville, fondée en 181 av. jc fut, à son apogée, une des villes les plus importantes de l’Empire romain. Aquilée a également été un grand foyer du christianisme, puisqu’elle a été entre le 4ème siècle et le 15ème siècle, le siège du patriarcat d’Aquilée.

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