Citoyen romain, membre de la classe équestre [1], qui, à partir de 26 sous le règne de l’empereur Tibère et durant 11 ans, a occupé la charge de préfet de Judée avant d’être renvoyé à Rome fin 36 ou au début 37 par le proconsul [2] de Syrie [3] Lucius Vitellius afin qu’il s’explique de sa gestion auprès de l’empereur. Après son arrivée à Rome, l’histoire perd sa trace.
Il est essentiellement connu pour avoir ordonné, selon les Évangiles, l’exécution et le crucifiement de Jésus de Nazareth, ce qui a conféré une notoriété exceptionnelle à un simple gouverneur de province, au nom mentionné dans les professions de foi des chrétiens.
L’absence de certitudes historiques a permis le développement de légendes à son sujet. Des traditions lui font trouver la mort à plusieurs endroits soit comme martyr à Rome, soit par suicide dans la vallée du Rhône, près de Vienne, ou à Lucerne [4] où une montagne porte son nom.
Ponce Pilate est nommé préfet en 26 sous le règne de l’empereur Tibère, sans qu’on en connaisse les motivations. Il prend la tête d’une province impériale d’un type particulier, généralement confiée à des membres de l’ordre équestre dont les gouverneurs ne reçoivent pas de l’empereur l’imperium proconsulaire comme cela se fait pour des provinces impériales plus importantes ou pour les provinces sénatoriales.
Succédant à Valerius Gratus Ponce Pilate est le 5ème des gouvernants romains qui se succèdent en Judée entre 6 et 36, tous issus de l’ordre équestre. Il est néanmoins le seul parmi eux dont la notoriété a traversé les siècles, notamment à travers les attestations de son contemporain Philon d’Alexandrie mais surtout des évangiles chrétiens et des écrits de l’historien judéo-romain Flavius Josèphe.
En qualité de Préfet, Ponce Pilate gouvernait donc une province où étaient stationnées des forces militaires.
Le poste qu’occupe Ponce Pilate, dans une région aux troubles et à l’insécurité permanents, est ingrat et redouté en même temps qu’il est sans prestige. Nombre de ses titulaires ne s’y maintiendront que très peu de temps mais certains, comme Pilate lui-même et son prédécesseur Valérius Gratus, restent plus de 10 ans, jouant des antagonismes ethniques et opposant les forces autochtones, même si la politique romaine s’appuie sur les institutions préexistantes et les élites locales pour les faire fonctionner.
L’officier romain chargé du gouvernement de la Judée dirige son administration ainsi que les troupes auxiliaires cantonnées dans sa juridiction qu’il peut, en cas de nécessité, voir augmentées par un appoint de troupes de la province de Syrie. Il détient l’autorité juridique suprême, même s’il reste une certaine autonomie aux autorités juives en matière de droit civil et de droit pénal. Il est également habilité à frapper monnaie et à collecter les impôts.
Durant les onze années de la préfecture de Pilate, on peut relever une série de 6 incidents entraînant des protestations plus ou moins graves dont l’histoire a conservé la trace. Dès 26, l’année de son arrivée, un incident concernant des images figurant l’empereur sur des enseignes romaines, un incident consécutif à la construction d’un aqueduc financé avec le trésor du Temple. Un incident concernant des pièces frappées avec un symbole cultuel païen, un épisode concernant les sacrifices sanglants galiléens [5], une affaire anodine de consécration de boucliers dorés à Jérusalem prise pour un outrage, et en 36, l’affaire mettant en scène un prophète samaritain se proclamant « Nouveau Moïse ». On peut y ajouter les arrestations et exécutions de Jean le Baptiste et de Jésus de Nazareth, voire l’arrestation du populaire Jésus Bar Abbas .
Dès sa nomination, une action de Pilate est lue comme une provocation par les Juifs, quand le préfet prend l’initiative d’introduire de nuit à Jérusalem des enseignes et des effigies de l’Empereur, alors qu’aucun autre gouverneur romain n’avait fait cela avant lui et que d’après Philon d’Alexandrie, cet interdit religieux avait été jusqu’alors respecté par les Rois et les Empereurs.
Lucius Vitellius est nommé légat [6] de Syrie par Tibère en 34. L’empereur lui confie la délicate mission de gérer le conflit arméno-parthe et de diriger “toutes les révolutions qui se préparaient en Orient”.
Celui-ci, ébranlé par les plaintes qui s’accumulent tant des Juifs que des Samaritains [7] sur les exactions de Pilate, décide de son renvoi à Rome pour qu’il s’en explique avec l’empereur.
Pilate, quitte sa charge pour Rome vers la fin de l’année 36 ou le début de l’année 37, au plus tard à la fin février quand arrive son successeur Marcellus ou Marullus