Né à Damas. Avant d’être consacré patriarche, il était un moine et un théologien, ardent défenseur de l’orthodoxie telle qu’elle avait été définie au concile de Chalcédoine [1] lors de la controverse dogmatique sur la nature essentielle de Jésus et de ses actes délibérés. Peu de temps avant sa mort, il avait obtenu du calife [2] Omar qu’il rentre dans la cité sainte en pèlerin et non en conquérant.
Doué de talents poétiques, il fait de brillantes études et devient sophiste [3]. Il accomplit le pèlerinage en Terre sainte dans le but de vénérer les Lieux saints et de s’entretenir avec des ascètes vivant dans les monastères et dans les déserts. Il se rend en Judée [4] dans le monastère de saint Théodose [5] où il rencontre son père spirituel et aîné Jean Moschus , un moine syrien comme lui qui lui dédicaça “le Pré spirituel” [6].
Ils s’opposèrent à la doctrine du monothélisme [7] défendue par l’empereur Héraclius, et prirent le parti des apôtres de Chalcédoine. Sophrone écrivit une anthologie des écrits des Pères du Désert [8], aujourd’hui disparue.
En 578, les deux hommes décident de se rendre à Alexandrie pour y compléter leur formation philosophique et pour y rencontrer de saints ascètes. Ils visitent de nombreux monastères, entre 578 et 584 ils arrivent en Égypte.
Sophrone devient le disciple d’ Étienne d’Alexandrie et l’ami de Théodore le Philosophe. C’est à cette époque que Sophrone est touché par une maladie des yeux dont il est guéri par l’intercession des saints anargyres [9] Cyr et Jean.
Plus tard, accompagné de son ami chroniqueur, Sophrone voyage à travers l’Asie Mineure, l’Égypte et l’Afrique du Nord, cherchant à convertir les différentes communautés monophysites [10] qui y vivaient. Il se rend également en pèlerinage à Rome en 620, où son compagnon Moschus meurt. À ce moment Sophrone craint que le pape Honorius 1er ne soit tenté de prendre une position neutre et dangereuse pour la doctrine catholique. Il lui envoie Étienne de Dora alors qu’au même moment, en 634, il succède à Modeste en qualité de nouveau patriarche de Jérusalem, quelques années après les destructions et les massacres perpétrés par les Perses.
Témoin de la prise de Jérusalem par les troupes du calife Omar en 637, il tient un rôle important dans l’établissement du traité de paix avec les vainqueurs notamment en négociant un statut pour les populations chrétiennes, juives et zoroastriennes. Selon les versions, il serait mort à Jérusalem en 638, ou aurait été obligé de fuir de la ville à Alexandrie où il meurt en 639.
Sophrone a laissé de nombreux textes liturgiques, des homélies des textes théologiques, hagiographiques et poétiques. Dans les Poèmes anacréontiques, il traduit les sentiments que lui inspirait Jérusalem lors de l’un de ses nombreux périples. À travers ses poésies, on peut suivre en filigrane les circuits des lieux les plus sacrés de Jérusalem à la fin du 6ème siècle, âge d’or de la chrétienté en Terre sainte.