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Réginald de Dunstanville ou Renaud de Donstanville

lundi 17 août 2015, par lucien jallamion

Réginald de Dunstanville ou Renaud de Donstanville (vers 1110-1175)

1er comte de Cornouailles-Shérif du Devon

Blason de CornouaillesFils illégitime de Henri 1er Beauclerc et de Sybille Corbet, fille de Robert Corbet, un propriétaire terrien du Shropshire [1], il fut un baron anglo-normand qui choisit le parti de sa demi-sœur Mathilde l’Emperesse dans la guerre civile pour le trône d’Angleterre qui opposa cette dernière à Étienne d’Angleterre.

En 1136, il fait partie des barons qui rendent hommage à Étienne d’Angleterre. Mais peu après il rejoint le parti de sa demi-sœur Mathilde l’Emperesse à Argentan en Normandie. Il est possible qu’il rejoigne la Normandie pour suivre son ami et allié Baudouin de Reviers, qui est exilé par le roi. Durant l’hiver 1137/1138 les deux hommes militent dans le Cotentin pour le parti de l’Emperesse, jusqu’à ce que Baudouin soit capturé par Enguerrand de Say.

En 1140, il épouse Béatrice, fille et héritière du baron des Cornouailles [2] Guillaume FitzRichard, lord de Cardinham. Guillaume de Malmesbury relate que peu après, Réginald de Dunstanville est créé comte de Cornouailles [3] par Robert, le comte de Gloucester. Celui-ci agit alors sans doute pour le compte de leur demi-sœur Mathilde l’Emperesse.

Son beau-père ayant déjà rejoint le parti de l’Emperesse, les deux hommes tentent d’y rallier les autres barons du comté. Il s’ensuit une intense et féroce campagne dans laquelle Réginald commet l’erreur de s’aliéner les ecclésiastiques locaux en leur imposant une taxe. Il est finalement excommunié.

Étienne envoie alors Alain le Noir, le comte de Richmond, en Cornouailles mener une contre campagne qui trouve un certain soutien. Réginald se retrouve isolé et ne contrôle plus qu’un territoire limité à un seul château probablement celui de Launceston [4].

Alain le Noir réussit à maintenir dans sa nouvelle position de comte de Cornouailles et tient même une cour de justice à Bodmin [5]. Le 2 février 1141, le roi Étienne est capturé à la bataille de Lincoln [6], et quelques jours plus tard, c’est au tour d’Alain le Noir d’être fait prisonnier par Ranulph de Gernon , le comte de Chester [7]. Ces événements permettent à Réginald de reprendre le contrôle du comté, et il le gardera jusqu’à sa mort. Il a alors le contrôle des châteaux royaux et des shérifs [8].

D’après le chroniqueur Florence de Worcester , en septembre 1141 il est présent à la bataille de Winchester [9], et suite à la déroute de son camp il mène l’escorte qui conduit l’Emperesse en sécurité. Il agit aussi en tant qu’intermédiaire entre son parti et Étienne en 1146. Son neveu Philippe de Gloucester, qui a rejoint le camp d’Étienne, le capture lui et sa suite alors qu’il effectue cette mission d’intermédiaire. Le roi oblige peu après son partisan à le libérer, car il lui avait donné un sauf-conduit.

Réginald est donc un membre actif du parti de Mathilde l’Emperesse, et après son retrait d’Angleterre, il rallie la cause de son fils Henri, le duc de Normandie. En 1149-1150, il apporte son soutien à la campagne anglaise de ce dernier. À Pâques 1152, il est envoyé en Normandie pour requérir la venue en Angleterre du duc, mais sans succès. Henri vient finalement en 1153, et Réginald rejoint son armée et participe à la suite de ses campagnes. Il est présent aussi à ses côtés lors des négociations du traité de Winchester [10] par lequel Étienne d’Angleterre adopte Henri et le désigne héritier du royaume. Après le retour du duc en Normandie, en avril 1154, Réginald devient son représentant en Angleterre.

Sous le règne de son neveu Henri II, Réginald de Dunstanville est l’un de ses plus proches conseillers laïcs avec Robert III de Beaumont et Richard de Lucy . Les chroniqueurs contemporains le reconnaissent comme le plus puissant baron du royaume avec le comte de Leicester. Sa position dans les Cornouailles n’est pas remise en question par le roi, alors que celui-ci a pour politique de réduire autant que possible les pouvoirs des barons de son royaume. Le roi lui laisse contrôler son territoire comme un apanage. Il est virtuellement indépendant, les shérifs du comté ne répondant que de lui. Il détient la troisième baronnie du royaume en termes de richesse.

Il n’a pas de fonction officielle dans l’administration, mais son influence est aussi importante que celle du comte de Leicester. Son contrôle s’étend aussi dans le comté voisin du Devon [11] où ses alliés de la famille de Reviers sont comtes. À partir de 1162, il a la garde du comté du Devon pour le compte de son petit-fils Baudouin.

Réginald de Dunstanville joue un rôle dans les grandes crises du règne d’Henri II. Avec le comte Robert de Beaumont, il agit comme intermédiaire entre le roi et Thomas Becket, notamment à Northampton [12] en 1164. Durant la révolte de 1173/1174, menée par Henri le Jeune le fils et successeur couronné d’Henri II, il mène des campagnes en Angleterre contre les rebelles. Fin juillet 1173, avec Richard de Lucy il assiège la ville de Leicester, quand le comte Robert se joint à la révolte. Le siège échoue toutefois. En octobre, il se joint à d’autres barons et comtes loyaux au roi pour combattre le comte de Leicester et son armée de mercenaires en Est-Anglie [13]. Il ne semble toutefois pas être présent à la défaite de Robert III de Beaumont près de Bury St Edmunds [14].

Après sa mort, Henri II intervient en Cornouailles et reprend le comté, ne permettant pas à ses filles et héritières de se le partager, à part quelques seigneuries.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Réginald de Dunstanville/ Portail du Moyen Âge central/ Comte de Cornouailles

Notes

[1] Shropshire est un comté anglais des West Midlands, région d’Angleterre. Il portait le nom anglo-normand de comté de Salopesberie d’où l’abréviation de Salop.

[2] Les Cornouailles ou la Cornouailles est un comté d’Angleterre et une nation celtique situé à l’extrémité sud-ouest du pays. Sa capitale est Truro. Limité à l’est par le fleuve Tamar, il a une superficie de 3 563 km²

[3] Le titre de comte de Cornouailles a été créé plusieurs fois dans la pairie d’Angleterre avant 1337. Il a ensuite été remplacé par le titre de duc de Cornouailles, qui fut alors porté par les héritiers présomptifs du trône d’Angleterre.

[4] Le château de Launceston se trouve dans la ville anglaise de Launceston, située dans les Cornouailles. Le château est un château en terre à motte castrale, de style roman, construit par Robert de Mortain, demi-frère de Guillaume le Conquérant, peu de temps après la conquête normande de l’Angleterre, peut-être dès 1067. Certains attribuent sa fondation à Brien de Bretagne, bien qu’il ne restât qu’environ cinq ans en Angleterre après la conquête. Il devint le siège administratif des puissants comtes de Cornouailles, d’où ils pouvaient contrôler les vastes propriétés qu’ils possédaient dans toute la région. Le château fut peu modifié, à l’exception de l’ajout d’un donjon, au 12ème siècle. Au cours du 13ème siècle, Richard de Cornouailles, frère cadet de Henri III commença à reconstruire le château en pierre.

[5] Bodmin est une ville du comté des Cornouailles, en Angleterre.

[6] La bataille de Lincoln ou première bataille de Lincoln se déroule le 2 février 1141. Cet événement est un épisode important d’une période sombre de l’Histoire de l’Angleterre, la guerre civile entre Étienne d’Angleterre et Mathilde l’Emperesse. À l’issue de cette bataille, le roi Étienne est capturé, puis emprisonné et déposé.

[7] Le titre de comte de Chester fut l’un des plus puissants titre de l’Angleterre médiévale. Le Cheshire appartenait aux comtes, ainsi que les honneurs de Chester, des terres et des places dans toute l’Angleterre. En 1237, après la mort de John le Scot, le titre est racheté aux sœurs de Ranulf de Blondeville, gendre de Conan IV de Bretagne, par le roi Henri III, qui le donna à son fils Édouard. Depuis 1301, le titre est généralement donné à l’héritier désigné du trône d’Angleterre. Depuis 1399, il est donné conjointement avec le titre de prince de Galles.

[8] La fonction de shérif est originaire de l’Angleterre prénormande. Le terme est né d’une contraction des mots anglo-saxons Shire reeve, désignant respectivement : pour le Shire, une circonscription administrative similaire au comté ; pour le reeve, un officier, agent d’un seigneur féodal (très proche du concept du bailli) qui faisait appliquer l’ordre parmi les serfs du domaine. En définitive, le shérif était un grade supérieur de cette fonction de Reeve, correspondant littéralement à celle d’un « bailli du comté ». Après la conquête de l’Angleterre par Guillaume le Conquérant, la fonction perdura, dans le cadre de vicomté. Elle reprit finalement l’appellation de shérif, tandis que vicomte devint un titre héréditaire de pairie.

[9] La déroute de Winchester ou parfois bataille de Winchester se déroule le 14 septembre 1141. Cet événement est un épisode important d’une période sombre de l’Histoire de l’Angleterre. Le parti royal d’Étienne d’Angleterre parvient à la suite de la débâcle du camp angevin adversaire à capturer Robert de Gloucester. Il peut ainsi l’échanger contre le roi Étienne qui a été capturé lors de la bataille de Lincoln, quelques mois plus tôt.

[10] Le traité de Wallingford est un accord conclu le 6 novembre 11531 entre le roi Étienne d’Angleterre et Henri Plantagenêt, duc de Normandie, comte d’Anjou et du Maine, fils de Mathilde l’Emperesse et futur Henri II d’Angleterre. Le traité mit fin à la guerre civile créée par la dispute pour la couronne d’Angleterre qui durait depuis 1135. Il est parfois aussi appelé traité de Winchester ou traité de Westminster, car bien qu’initié à Wallingford, il a été formellement écrit à Winchester (Angleterre) et finalisé à l’abbaye de Westminster.

[11] Le Devon est un comté du sud-ouest de l’Angleterre, encadré par les Cornouailles à l’ouest et le Dorset et le Somerset à l’est. C’est le quatrième plus grand comté d’Angleterre.

[12] Northampton est une ville du Northamptonshire dans les Midlands de l’Est, en Angleterre située sur la rive nord de la rivière Nene. La ville est située à 108 km au nord de Londres et à 80 km au sud-est de Birmingham. Il ne subsiste que peu de chose du Northampton d’avant 1675, la ville ayant été détruite cette année-là par un incendie.

[13] L’Est-Anglie est une région d’Angleterre de l’Est. Son nom vient du peuple germanique des Angles, originaires de la péninsule d’Angeln, sur la côte orientale du Schleswig-Holstein, à l’extrême nord de l’actuelle Allemagne. En histoire, il peut également désigner l’ancien royaume d’Est-Anglie, au temps de l’Angleterre anglo-saxonne.

[14] Bury St Edmunds est un bourg traditionnel du comté de Suffolk, chef-lieu de la circonscription (borough) de St Edmundsbury. Cette ville est renommée pour son abbaye en ruines près du centre-ville.