Henri le jeune (1155-1183)
Roi d’Angleterre
Deuxième des 5 fils d’Henri II d’Angleterre et d’Aliénor d’Aquitaine. Il tient son surnom de son couronnement anticipé du vivant de son père.
En 1158, il est fiancé à Marguerite de France , première fille de Louis VII et de son épouse Constance de Castille . Le 2 novembre 1160, après l’obtention d’une dispense accordée par le pape Alexandre III, le mariage des 2 jeunes enfants est célébré.
Le 14 juin 1170, il est sacré roi d’Angleterre à Westminster [1] par Roger de Pont-l’évêque , archevêque d’York [2]. Thomas Becket, archevêque de Cantorbéry [3] et primat [4] d’Angleterre, seul habilité à sacrer le roi, trouve là matière à excommunier les évêques ayant consenti à célébrer cette cérémonie. Ce prétexte sera utilisé pour justifier l’assassinat de Becket.
Devenu gendre du roi de France, ce dernier n’aura de cesse d’attiser les ambitions du jeune Henri, en lui faisant remarquer que bien que roi, il n’exerce aucun pouvoir.
En 1173, Henri le Jeune proteste contre le fait que son père envisage de donner des territoires à son frère Jean sans Terre à l’occasion de ses fiançailles avec Alix de Savoie ou Alix de Maurienne, fille du comte Humbert III de Savoie et de Maurienne , alors que lui n’en a aucun.
Aliénor d’Aquitaine pousse alors son fils aîné à se révolter contre son père et lui conseille de se réfugier auprès de Louis VII en France, où il est bientôt rejoint par ses frères Richard et Geoffroy.
Le jeune Henri se créa des alliés puissants en promettant des terres et des revenus en Angleterre à Philippe d’Alsace, comte de Flandre [5], et à son frère Mathieu comte de Boulogne.
Louis VII en profita pour tenter de diminuer l’emprise des Plantagenêts [6] sur le royaume de France. Pendant qu’Henri II bataillait en France, le jeune Henri, avec l’aide de Philippe d’Alsace, projetait de porter la guerre en Angleterre, le retour rapide d’Henri II en Angleterre les en empêcha. Il retourna en France et empêcha la prise de Rouen [7] par les troupes rebelles.
Louis VII retira son soutien au jeune Henri, et celui-ci sollicita une trêve à son père qui fut conclue à Montlouis [8] et pendant un temps obéit à son père. Il l’aida notamment à réprimer une révolte de seigneur de Châteauroux [9] en prenant Déols [10], Châteauroux et Issoudun [11].
En 1177, son épouse lassée d’un mari capricieux et inconstant le quitte et retourne à la cour de France. Cela n’empêche pas à Henri le Jeune d’assister au sacre de Philippe Auguste en tant que vassal du roi de France et de rejoindre sa femme au grand plaisir de Philippe Auguste, très inquiet de la puissance de Henri II.
En 1182 Henri le Jeune exige de son père en bien propre la Normandie [12] mais celui-ci refuse. Entre temps Richard Cœur de Lion, frère d’Henri le Jeune réclame aussi des terres en propres et entre en conflit avec Henri le Jeune.
Une jalousie très importante existe entre les 2 frères, attisée par le soutien net de leur mère pour Richard. En raison du droit féodal cette querelle entre les 2 frères risque de faire intervenir le roi de France, ce que ne veut à aucun prix Henri II, mais celui-ci fut obligé d’intervenir contre ses fils. Alors qu’Henri défiait ouvertement son père en refusant de lui céder Limoges [13], une dysenterie l’emporta subitement le 11 juin 1183 à Martel [14].
Notes
[1] L’abbaye de Westminster est l’un des édifices religieux les plus célèbres de Londres. Sa construction date pour l’essentiel du 13ème siècle, sous Henri III. C’est le lieu de sépulture d’une partie des rois et reines d’Angleterre et aussi des hommes et des femmes célèbres. Le « Coin des poètes » fait honneur aux écrivains du royaume. La quasi-totalité des couronnements des monarques anglais a eu lieu dans cette abbaye.
[2] L’archevêque d’York est le troisième personnage de l’Église d’Angleterre, après le gouverneur suprême de l’Église d’Angleterre (c’est-à-dire le monarque) et l’archevêque de Cantorbéry (le primus inter pares de tous les primats anglicans).
[3] L’archevêque de Cantorbéry est, après le Gouverneur suprême de l’Église d’Angleterre (c’est-à-dire le monarque du Royaume-Uni), le chef de l’Église d’Angleterre et de la Communion anglicane.
[4] La primatie est la dignité d’un « primat », évêque qui possède une suprématie, au moins honorifique, sur tous les évêques et archevêques d’une région. Le terme désigne aussi l’étendue du ressort de la juridiction ecclésiastique du primat, et le siège de cette juridiction. L’église cathédrale du primat reçoit le titre de « primatiale ».
[5] Le comté de Flandre a été un pagus carolingien, puis l’une des principautés du royaume de France, particulièrement impliquée dans les conflits franco-anglais, aux frontières et à l’influence durement disputées depuis sa création au 9ème siècle jusqu’en 1384, date de la mort du comte Louis de Male. Le comté, possédé par la Maison de Flandre de 863 jusqu’à la mort de la dernière comtesse, Marguerite de Constantinople, en 1280, puis par la Maison de Dampierre-Flandre, puis devenu l’une des possessions de la Maison capétienne de Bourgogne en 1385, devint alors l’un des principaux centres des États bourguignons. Après la Guerre de succession de Bourgogne il fut ensuite progressivement intégré aux Pays-Bas bourguignons et fut finalement détaché du royaume de France par le Traité de Madrid en 1526 en faveur des Habsbourg d’Espagne. Louis XIV en reconquit une partie sur les Espagnols. Le comté cessa d’exister en 1795 après la conquête des Pays-Bas autrichiens par les Français. Le territoire de ce comté correspond approximativement aux provinces belges actuelles de Flandre-Occidentale et de Flandre-Orientale, à l’ouest de la province de Hainaut (arrondissements de Tournai et Mouscron), plus la partie de la province d’Anvers située à l’ouest de l’Escaut, la Flandre zélandaise et la région historique de Flandre française (région de Lille, Dunkerque, Hazebrouck, Douai,…).
[6] Les Plantagenêts sont une maison royale issue de la première maison d’Anjou avec le mariage en 1127 de Geoffroy V dit Plantagenet, fils de Foulques V d’Anjou, comte d’Anjou et du Maine, avec Mathilde l’Emperesse, fille d’Henri 1er Beauclerc, duc de Normandie, comte de Bretagne et roi d’Angleterre. Ils sont rois d’Angleterre de 1154 à 1485, ducs de Normandie et d’Aquitaine, comtes de Poitou et de Nantes, seigneurs d’Irlande (très brièvement comtes de Bretagne), seigneurs de Chypre, etc. Les maisons de Lancastre et d’York sont deux des branches des Plantagenêts, qui ont cessé de régner en 1485 à la mort du roi Richard III. Quoi qu’il en soit, la maison Plantagenêt est éteinte en ligne légitime depuis l’exécution d’Édouard Plantagenêt en 1499 par Henri VII.
[7] Rouen est une commune du Nord de la France traversée par la Seine. Préfecture du département de la Seine-Maritime. À partir de 841, les Vikings ont effectué de fréquentes incursions en vallée de Seine et ont, en 841, ravagé Rouen. Rouen, attaquée à nouveau par les Nortmanni en 843, est devenue la capitale du duché de Normandie après que Rollon, chef viking, eut obtenu une région équivalente en taille à l’ancienne Haute-Normandie (Seine-Maritime et Eure), du roi de France Charles III, par le traité de Saint-Clair-sur-Epte en 911. Il a été fait comte de Rouen, au sens carolingien du terme, mais les textes de l’époque parlent plus fréquemment de « prince » (princeps). En 949, le duc de Normandie Richard 1er, dit « Sans Peur », a battu, lors du siège de Rouen, une grande coalition réunissant le roi de France Louis IV d’Outremer, l’empereur germanique Othon le Grand et le comte de Flandre. Cette victoire a été décisive pour l’avenir de la Normandie ; une plaque est apposée sur une maison de la place de la Rougemare, en souvenir de cet événement sanglant. En 1007, un pogrom décime une partie de la population juive de Rouen. L’œuvre de Guillaume le Conquérant permet à la Normandie de devenir la province la plus puissante d’Europe. S’il installe la capitale politique à Caen, Rouen reste la capitale économique et religieuse. C’est d’ailleurs à Rouen que Guillaume mourra en 1087.
[8] Montlouis-sur-Loire est une commune française située dans le département d’Indre-et-Loire près de Tours. C’est à Montlouis que fut signée, le 30 septembre 1174 la paix entre le roi d’Angleterre Henri II et ses fils révoltés
[9] Châteauroux est une commune française, préfecture du département de l’Indre. Le château et le bourg furent pris par Philippe Auguste en 1188. À cette époque, la ville connaissait déjà une activité drapière importante, avec un moulin à foulon depuis quelques décennies. Toute l’activité textile se concentrait le long de l’Indre, qui apportait sa force motrice, et une baronnie régie par ses propres coutumes se créa. Cette production fut réglementée contre les fraudes externes et internes et vendue lors de la grande foire annuelle
[10] Déols est une commune française située dans le département de l’Indre
[11] Issoudun est une commune française située dans le département de l’Indre. Au 11ème siècle, les seigneurs d’Yssoudun, princes de Déols et sire de Château-Raoul nommés Raoul, Ebbe(s) ou Eudes, frappaient leur propre monnaie. À la fin du 12ème siècle, avec l’extinction de la famille des seigneurs de Châteauroux-Déols, Issoudun, comme leur héritière Denise de Déols, est ballottée entre les couronnes de France et d’Angleterre : française au traité d’Azay-le-Rideau de 1189, anglaise en 1195 au traité de Gaillon, Issoudun échoit à Philippe Auguste en 1200 au traité du Goulet. Les deux premiers maris de Denise ont en fait été choisis par les rois d’Angleterre Plantagenêts, comtes de Poitiers et ducs d’Aquitaine (et par là suzerains du Berry occidental ou Bas-Berry). Par son second époux, André de Chauvigny, s’accomplit la succession des seigneurs de Châteauroux et d’Issoudun, avec leur fils Guillaume 1er de Chauvigny, père de Guillaume II de Chauvigny. Mais les Capétiens rachètent progressivement les titres des ayants droit, par exemple en 1221 et 1243. À la mort du comte de Poitiers Alphonse en août 1271, Issoudun est définitivement rattachée au domaine royal.
[12] Le duché de Normandie est un état féodal qui a existé de 911 à 1469, d’abord comme principauté largement autonome, puis, après sa conquête par le roi de France en 1204, comme partie du domaine royal ou comme apanage. Louis XI supprime le duché en 1469. Toutefois, il subsiste pour sa partie insulaire (les îles Anglo-Normandes) comme dépendance de la couronne britannique. Le duché de Normandie fait partie, comme l’Aquitaine, la Flandre ou la Catalogne, de ces principautés qui émergent au milieu du Moyen Âge avec l’affaiblissement du pouvoir royal carolingien. En 911, débordé par les raids des Vikings, le roi des Francs Charles le Simple confie à l’un de leurs chefs, Rollon, les pays autour de la Basse-Seine. Cette concession est l’embryon du duché de Normandie.
[13] À partir du 12ème siècle, Limoges, lieu de couronnement traditionnel des ducs d’Aquitaine, est l’une des principales villes de la dot d’Aliénor d’Aquitaine. La majeure partie de son histoire médiévale se calque sur celle des guerres entre Plantagenêts et Capétiens. Richard Cœur de Lion est couronné duc d’Aquitaine lors de deux cérémonies tenues successivement à Poitiers, puis, dans la grande tradition des monarques d’Aquitaine, à Limoges en 1172. À la tête de l’empire Plantagenêt, le roi-chevalier meurt en avril 1199 à Châlus, place-forte défendant l’accès sud-ouest de Limoges, lors d’une expédition punitive contre son vicomte, Adémar V de Limoges. Au 14ème siècle, les affrontements entre rois de France et rois d’Angleterre, détenteurs du duché d’Aquitaine dont relève Limoges, culminent à l’occasion de la guerre de Cent Ans. Entre deux événements guerriers, Limoges doit faire face aux pillages des routiers et brabançons désœuvrés. Constituant toujours une « ville double », partagée entre la Cité et le Château, les bourgeois (par leurs consuls), évêques et vicomtes de Limoges jouent des alliances et protections, chacun selon les opportunités du moment. Ainsi, en 1370, la Cité ouvre ses portes aux troupes du roi de France, alors que le Château reste fidèle au roi anglais. Cet événement sera d’ailleurs l’occasion, pour le Prince Noir, de mettre à sac la Cité.
[14] Martel est une commune française, située dans le nord du département du Lot. Appelée la ville aux sept tours depuis le 17ème siècle, Martel est une cité médiévale du Quercy fondée au 11ème siècle autour d’un marché de dispersion du sel organisé par l’abbaye bénédictine de Souillac à un croisement d’anciennes routes sur des terres appartenant au Vicomte de Turenne et au Vicomte de Brassac. Riche cité marchande avant la guerre de Cent Ans, Martel fut durant plus de 5 siècles la capitale de la partie quercynoise de la vicomté de Turenne, le siège d’une sénéchaussée royale du 15ème siècle à la Révolution