Bienvenue sur mon site historique. Bon surf

L’histoire pour le plaisir

Accueil du site > Histoire du 18ème siècle en France > Déclaration d’indépendance des Corses à Orezza

Déclaration d’indépendance des Corses à Orezza

lundi 27 mai 2024, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 15 juillet 2013).

Déclaration d’indépendance des Corses à Orezza

Sud Province de Bastia 1764 Bellin

A peine moins peuplée qu’aujourd’hui, avec près de 200.000 habitants, la Corse avait vécu pendant de nombreux siècles dans une certaine autonomie, sous la souveraineté théorique de Gênes [1], qui en avait chassé les musulmans au 11ème siècle.

Cette société de pasteurs et de paysans avait forgé son esprit de résistance en luttant contre les pirates barbaresques venus de la côte nord-africaine. Le drapeau de la Corse perpétue ce souvenir avec le profil d’un prisonnier maure.

La Corse avait aussi du résister aux représentants de l’Office Saint-Georges, une compagnie parapublique qui avait reçu de Gênes délégation pour exploiter le pays.

Sous la Renaissance, certaines parties de l’île, comme le pays de l’En-deça des Monts avaient pu conserver une démocratie locale héritée du Moyen Âge à l’image des montagnards suisses, tandis que les grands États européens s’orientaient vers la monarchie absolue.

A noter que, dans ces communautés, les femmes corses participaient aux débats publics. Ce droit de vote leur sera confirmé par la Constitution de 1735, au 18ème siècle.

A l’orée du « siècle des Lumières », Gênes est au plus mal. Le port est même bombardé par la flotte française d’Abraham Duquesne. Fait sans précédent, le doge [2] doit s’agenouiller humblement devant Louis XIV, le Roi-Soleil.

Les Corses ne supportent plus leur allégeance à la République gênoise. Ils s’insurgent en 1729 et le général Hyacinthe Paoli prend bientôt la tête du mouvement.

Le 30 janvier 1735, une assemblée corse, la Consulta d’Orezza, rejette la domination de Gênes et donne une Constitution à l’île. La Constitution du Royaume de Corse introduit la souveraineté du peuple et la séparation des pouvoirs. Elle prévoit un exécutif de 3 Primats et une Assemblée populaire la Consulta formée par les élus des 90 pièvi [3].

Rédigée par l’avocat ajaccien Sebastianu Costa , cette Constitution, la première de l’Histoire, n’entra jamais vraiment en application mais elle inspira quelques décennies plus tard les Insurgents d’Amérique [4] et les révolutionnaires de Paris.

Par la même occasion, les insurgés corses se donnent un hymne national. C’est le “Dio vi Salvi Régina”.

Sans le savoir, ils travaillent pour la France ! Celle-ci ambitionne de prendre pied sur l’île et d’en chasser la Sérénissime République de Gênes qui l’administre tant bien que mal depuis un demi millénaire.

A l’orée du Siècle des Lumières, la République de Gênes n’est plus que l’ombre d’elle-même. Les Corses ne supportent plus leur allégeance à la République Sérénissime. C’est le début d’une Guerre de 40 ans.

Une première révolte éclate le 27 décembre 1729 lorsqu’un magistrat prétend soutirer une pièce à un berger du village du Boziu [5] sous prétexte d’impôt. Un an plus tard, la révolte paysanne est relayée par les notables. Une assemblée ou consulta désigne 3 d’entre eux à la tête de l’insurrection.

Il s’agit de Luigi Giafferi , Andrea Ceccaldi et l’abbé Marc-Aurèle Raffaelli. Gênes fait appel à l’archiduc d’Allemagne Charles VI qui lui envoie 8000 hommes sous le commandement du baron de Wachtendonck [6]. Grâce à ces renforts, Gênes soumet les notables corses et les amadoue avec de belles promesses.

Le répit est de courte durée. Dès 1734, la guerre reprend à l’initiative du général Giacinto ou Hyacinthe Paoli. L’assemblée d’Orezza se donne une Constitution et rejette la souveraineté génoise. Elle se met par ailleurs en quête d’un monarque et offre la couronne de Corse au roi d’Espagne. Mais celui-ci la refuse.

Le 20 mars 1736, un curieux personnage débarque à Aléria [7] d’un bateau anglais. Le baron Théodore von Neuhoff amène avec lui quantité d’armes et de bottes. Il met sa fortune au service des insurgés et reçoit d’eux, en récompense, la couronne qu’avait dédaignée le roi d’Espagne. Mais quelques mois plus tard, découragé par les disputes intestines et par la contre-offensive diplomatique de Gênes, le roi Théodore reprend le bateau pour le continent, en quête de soutiens diplomatiques.

Seuls les Anglais se montrent intéressés à aider les insurgés. C’est qu’ils veulent tirer parti de l’insurrection pour prendre pied en Corse. Mais le Premier ministre français, le cardinal Fleury , riposte en apportant son aide aux Gênois en 1737. Les troupes françaises entrent en lice en 1738, sous le commandement du comte de Boissieux puis du Jean-Baptiste Desmarets de Maillebois dit le maréchal de Maillebois .

Battus, les insurgés reprennent les armes un peu plus tard, en 1743. Le marquis de Cursay pacifie l’île et les Français se retirent enfin 10 ans plus tard.

Pasquale ou Pascal Paoli âgé de 30 ans prend la relève de son père et soulève le peuple. Il est proclamé général en chef à la consulta de 1755.

Une nouvelle Constitution est votée la même année à Corte [8]. Elle établit la séparation des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire. Elle accorde aussi le droit de vote aux citoyens et citoyennes de plus de 25 ans. Les circonstances ne permettront pas de l’appliquer intégralement.

Pasquale Paoli repousse les Gênois sur la côte, modernise les institutions de l’île et demande même au philosophe Jean-Jacques Rousseau , qui vient de publier le Contrat social, un nouveau projet de constitution pour la Corse en 1765. Il fait assécher les marais, fonde l’Ile Rousse [9], ouvre une Université à Corte [10].

Lasse de la guerre, Gênes cède provisoirement ses droits sur la Corse à la France par le traité de Versailles du 15 mai 1768 [11].

La France convient de restituer l’île dès que la Sérénissime République lui aura versé 40 millions de livres en rémunération de son intervention contre les rebelles. Le remboursement se faisant toujours attendre, le duc de Choiseul veut offrir aux nobles français une occasion de guerre et une revanche après l’humiliant traité de Paris qui a mis fin à la guerre de Sept Ans [12]. Il veut aussi offrir à la France une base stratégique en Méditerranée pour faire front aux Anglais, présents à Minorque [13] et surtout à Gibraltar [14]. Il veut enfin détourner les esprits des problèmes intérieurs qui minent la France sous le règne finissant de Louis XV. Les privilégiés et les parlementaires repoussent toute réforme de l’État cependant que la haute noblesse accapare les évêchés et les commandements militaires.

Pas moins de 20.000 hommes débarquent en Corse pour soumettre les Corses sous le commandement du lieutenant général Bernard-Louis Chauvelin , puis du comte de Vaux Noël Jourda de Vaux .

Le 9 mai 1769, au terme d’une bataille de plusieurs jours, les indépendantistes corses sont défaits par l’armée française à Ponte-Novo [15], entre Corte et Bastia [16].

La bataille se déroule près d’un pont qui franchit le fleuve du Golo [17], sur la route de Corte à Bastia. Elle met aux prises plusieurs dizaines de milliers de combattants. Les Corses laissent sur le terrain 4324 morts et plus de 6000 blessés.

C’en est fini d’une guerre de 40 ans qui a mis aux prises le peuple corse avec la République de Gênes puis le roi de France.

Pasquale Paoli gagne la côte et s’embarque sur un navire à destination de Livourne [18], en Italie, avec 300 fidèles.

Parmi les partisans qui l’accompagnent jusqu’à la côte figure son aide de camp, un avocat d’Ajaccio du nom de Charles Buonaparte . Sa jeune épouse, Laetitia âgée de 18 ans est alors enceinte de 7 mois. Après une fuite dans la montagne corse, elle donnera le jour à un petit Napoléon .

Les Français établissent en Corse un Conseil supérieur comme dans leurs colonies des Antilles, sous le gouvernement de Charles Louis de Marbeuf .

Ils invitent les nobles à faire enregistrer leurs quartiers de noblesse. Seules 86 familles se résoudront à cette démarche. Parmi elles, la famille Bonaparte, ce qui permettra au jeune Napoléon d’obtenir plus tard une bourse pour entrer dans une école militaire réservée à la noblesse.

Pasquale Paoli reviendra en Corse au début de la Révolution pour gouverner celle-ci au nom de l’Assemblée Législative avec le titre de lieutenant général. Mais bientôt déçu par les députés jacobins [19] de la Convention [20], il livrera la Corse aux Anglais.

Il appartiendra au général Napoléon Bonaparte d’organiser la reconquête de l’île à partir de 1796.

Sous le Premier Empire, la pacification sera confiée au général Charles Antoine Morand . Elle prendra un tour extrêmement brutal.

Notes

[1] La République de Gênes est l’une des grandes républiques maritimes italiennes (ou thalassocratie) qui a duré près de 8 siècles, du milieu du 11ème siècle à 1797, après l’abdication du dernier doge de Gênes, Giacomo Maria Brignole.

[2] Le doge de Gênes est le dirigeant de la république de Gênes.

[3] cantons

[4] Les hommes politiques américains révoltés, puis, en guerre contre leur métropole britannique durant la guerre d’indépendance, nommés Insurgents par les Britanniques, Patriots du point de vue américain et Bostoniens du point de vue français.

[5] Bozio (en corse Boziu) est une ancienne piève de Corse. Située dans le centre-est de l’île, elle relevait de la province de Corte sur le plan civil et du diocèse d’Aléria sur le plan religieux. Sise dans le Cortenais en rive gauche de la moyenne vallée du Tavignano, la piève de Bozio fut un foyer insurrectionnel récurrent dans l’Histoire de la Corse sous la domination génoise, notamment au 14ème siècle sous l’égide de Sambucuccio d’Alando.

[6] Wachtendonk est une commune allemande située dans l’arrondissement de Clèves, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie.

[7] Aléria est une commune française située dans la circonscription départementale de la Haute-Corse. Implantée sur une butte au cœur de la Plaine orientale, à mi-chemin entre Bastia et Porto-Vecchio, Aléria tire l’essentiel de ses ressources de la culture fruitière et viticole intensive et du tourisme. La ville se trouve à proximité immédiate de l’embouchure du Tavignano, second fleuve de Corse, et de l’étang de Diane, principal pôle conchylicole de l’île. La cité d’Aléria fut fondée au 6ème siècle av. jc sur le littoral oriental de la Corse. Sa situation face à la côte latine en fit le chef-lieu de la Corse romaine et une cité antique prospère, dont les vestiges constituent aujourd’hui un site archéologique majeur.

[8] Corte est une commune située dans la circonscription départementale de la Haute-Corse. La ville appartient à la piève de Talcini dont elle est historiquement le chef-lieu. Occupant une position centrale dans l’île, Corte est la capitale historique et culturelle de la Corse. La « cité paoline » fut en effet choisie par Pascal Paoli comme capitale de la Corse indépendante (entre 1755 et 1769).

[9] L’Île-Rousse est une commune française située dans le département de la Haute-Corse. La ville appartient à la piève d’Aregno, en Balagne. L’Île-Rousse comporte un port de commerce qui est le 3ème de Corse par l’importance du trafic de marchandises et passagers après Bastia et Ajaccio. Devant sa façade maritime se situe l’île de la Pietra et l’île de Saletta, reliées à la terre par un comblement rocheux construit au milieu du 19ème siècle, l’Île-Rousse fut créée en 1758 et fondée en 1765 sous la République corse par Pascal Paoli selon les plans de Don Gregorio Salvini, d’où son surnom de « cité paoline »

[10] L’université de Corse-Pascal-Paoli est un établissement français d’enseignement supérieur. Il s’agit de la seule université présente en Corse. L’université ouvre ses portes le 3 janvier 1765 à la suite du décret de la dernière consulta de 1763. Le premier recteur est le frère Mariani, qui est aussi professeur en droit civil, droit canon et éthique ; également présent Bonfiglio Guelfucci, qui fut nommé professeur de théologie et d’histoire ecclésiastique ; Leonardo Grimaldi pour la philosophie et les mathématiques. À la suite de la défaite de Ponte Novu et à l’exil de Paoli l’université doit fermer ses portes le 25 juin 1769. Dans les années 1970, les nationalistes font pression pour créer une université en Corse et l’installer à Corte. L’université est créée en 1975 avec des statuts dérogatoires, elle prend des statuts de droit commun en 1982

[11] Le traité de Versailles, dit de « Conservation de l’isle de Corse à la République de Gênes » est un traité signé dans la ville de Versailles le 15 mai 1768, entre le royaume de France, représenté par Étienne-François de Choiseul, principal ministre de Louis XV ainsi que secrétaire d’État aux affaires étrangères, et la république de Gênes, représentée par Agoslino-Paoli-Domenico Sorba. Selon le traité, la souveraineté partielle sur la Corse est temporairement cédée au roi de France jusqu’à ce que la Sérénissime, à condition d’être en mesure de s’acquitter des dépenses engagées par la France pour y rétablir la domination génoise contre la République corse de Pascal Paoli, en réclame la restitution. La réaction est immédiate en Corse, où Paoli réunit une consulte extraordinaire le 22 juin à Corte

[12] La guerre de Sept Ans (1756-1763) est un conflit majeur du 18ème siècle, la première guerre à être mondiale car la première à mêler plusieurs puissances regroupées dans deux alliances antagonistes et à se dérouler simultanément sur plusieurs continents et dans de nombreux théâtres d’opérations : Europe, Amérique du Nord, Inde, Philippine. Elle est considérée comme préfiguratrice des futures guerres mondiales.

[13] Minorque est l’une des quatre îles Baléares habitées, cet archipel étant situé en mer Méditerranée. Elle se place au nord-est de Majorque et est voisine de l’îlot de l’Aire. En 1231, après la reconquête de Majorque par les chrétiens, Minorque reste un État musulman indépendant, quoique tributaire au roi Jacques 1er d’Aragon. L’île est d’abord gouvernée par Abû ’Uthmân Sa’îd ibn Hakam al Qurashi, puis après sa mort par son fils, Abû ’Umar ibn Sa’îd, d’Abû’Umar. Une invasion aragonaise, menée par Alphonse III intervient le 17 janvier 1287, date désormais célébrée comme jour national à Minorque. La plupart des habitants musulmans de l’île sont asservis et vendus sur les marchés aux esclaves d’Ibiza, de Valence et de Barcelone. Jusqu’en 1344, l’île appartient au royaume de Majorque, membre de la Couronne d’Aragon, puis est annexée par le royaume d’Aragon, lui-même intégré plus tard au royaume unifié d’Espagne.

[14] Gibraltar est un territoire britannique d’outre-mer, situé au sud de la péninsule Ibérique, en bordure du détroit de Gibraltar qui relie la Méditerranée à l’océan Atlantique. Il correspond au rocher de Gibraltar et à ses environs immédiats et est séparé de l’Espagne par une frontière de 1,2 kilomètre. Gibraltar est possession du Royaume-Uni depuis 1704. Au début du 8ème siècle, dans le cadre de la conquête musulmane de l’Espagne wisigothique, le chef Tariq ibn Ziyad y établit une tête de pont en Europe, donnant son nom au rocher. Le site est conquis, en 1309, par le royaume de Castille, puis repris par le général mérinide Abd-el-Melek en 1333 expulsant les Castillans. En 1374, les Mérinides cèdent le rocher au royaume de Grenade. Gibraltar est définitivement reconquis par Ferdinand V en 1492.

[15] La bataille de Ponte-Novo, qui eut lieu du 8 au 9 mai 1769, est le point final des affrontements entre les troupes de Pascal Paoli composées de Corses et de mercenaires allemands et suisses et les armées du roi de France, Louis XV, aidées de soldats corses du parti français. Ouvrant aux grenadiers français la route de Corte, capitale de la République corse, cette bataille marque la fin de la seconde et dernière phase de la conquête de la Corse par la France.

[16] Bastia est une commune située dans le département de la Haute-Corse. Elle est la préfecture du département depuis 1976. En 1764, la ville fait partie des cinq villes que Gênes demande à la France d’occuper dans le cadre du second traité de Compiègne. Quatre ans plus tard, le Traité de Versailles est signé et l’année suivante, l’île est annexée par la France. Là encore, Bastia est utilisée pour le débarquement des troupes françaises. La non maîtrise maritime fut donc fatale à la Corse indépendante. La citadelle de Bastia est reconstruite durant le règne de Louis XVI. Bastia conserve sa position de capitale de l’île dans le décret qui organise la France en départements. Elle est la préfecture de l’île, qui est alors un département unique. Cependant, la situation ne dure pas. En 1792, Pascal Paoli, alors président du Conseil général, décide de transférer l’exécutif local à Corte. Après sa mise hors la loi par la Convention nationale, l’île se détache progressivement de la République et se rapproche de la Grande-Bretagne. Le député Christophe Saliceti, proche de la famille Bonaparte notamment de Napoléon, obtient de la Convention nationale la bi-départementalisation. Bastia est alors choisie pour être la préfecture du département du Golo. La décision devient effective en 1796 après l’épisode de l’éphémère Royaume anglo-corse où Londres imposa à Paoli le choix de Bastia comme capitale. La ville subit d’ailleurs un siège qui dure presque deux semaines en mai 1794.

[17] Le Golo est le plus grand fleuve de Corse. Il se jette dans la mer Tyrrhénienne.

[18] Livourne est une ville d’Italie, située en Toscane. Livourne était à son origine un petit village de pêcheurs, sur la côte Tyrrhénienne, dans une petite baie naturelle, à quelques kilomètres au sud de l’embouchure de l’Arno et de la ville de Pise. Il faudra attendre 1500 et l’arrivée des Médicis, Grand-duc de Toscane, pour assister à l’explosion démographique et commerciale de Livourne. En 1587, Ferdinand 1er, frère de François 1er de Médicis et fils de Cosme 1er, prend la charge de grand-duc. C’est à lui que la ville doit son statut de port franc, et dès lors, les échanges commerciaux connurent une augmentation vertigineuse.

[19] Le 30 avril 1789, les députés bretons aux états généraux notamment Le Chapelier, Lanjuinais et Glezen, avocats au barreau de Rennes fondent, à Versailles le Club breton, bientôt ouvert à d’autres députés patriotes. Après les journées des 5 et 6 octobre et le transfert de l’Assemblée constituante à Paris, à la suite du roi, ce club se reconstitue sous le nom de « Société des amis de la Constitution » et s’installe au couvent des Jacobins, nom qui va faire sa célébrité. L’objet du club est à l’origine de préparer les séances à l’Assemblée, en discutant d’avance les textes qui doivent y être débattus et de travailler à l’établissement et à l’affermissement de la Constitution. Le succès est rapide : 200 adhérents à sa création, déjà plus d’un millier en décembre 1789. Le recrutement désormais n’est plus réservé aux seuls députés, mais une cotisation (24 livres) et la nécessité d’être présenté par cinq parrains confèrent à la société un caractère fermé. On y trouve toutes les têtes du parti patriote, de Mirabeau à Robespierre, de La Fayette à Pétion, en passant par le triumvirat Duport, Barnave et Lameth. Très vite, le club s’entoure en province de sociétés filiales à qui il donne une investiture.

[20] La Convention nationale est une assemblée constituante élue en septembre 1792, au cours de la Révolution française, à la suite de la chute de Louis XVI le 10 août 1792 et de l’échec de la monarchie constitutionnelle. Cette assemblée, qui succède à l’Assemblée législative, est élue pour la première fois en France au suffrage universel masculin, et est destinée à élaborer une nouvelle constitution. Elle reste en place du 21 septembre 1792, date de la proclamation de la République, au 26 octobre 1795, date de la promulgation de la constitution de l’an III, qui met en place le régime du Directoire.