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Un roi passionné par les grandes découvertes

dimanche 4 mai 2025, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 23 juillet 2013).

Un roi passionné par les grandes découvertes

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Louis XVI donnant ses instructions à La Pérouse

Féru de géographie, le roi prend directement en main les préparatifs du voyage de La Pérouse dans le Pacifique.

A la différence de son grand-père Louis XV , le jeune Louis XVI s’intéresse passionnément aux découvertes géographiques et aux questions maritimes. De tous les rois de France, il est sans doute celui qui se soucie le plus de sa marine, qu’il entreprend de développer.

Les 3 voyages autour du monde effectués sous la direction de James Cook entre 1768 et 1779 ont été suivis avec la plus grande attention par le roi, qui souhaite voir un marin français suivre l’exemple des Anglais et apporter une nouvelle contribution à la reconnaissance du Grand Océan. Encore une fois, la conjoncture internationale retarde l’accomplissement des désirs royaux. De 1778 à 1783, la guerre d’Indépendance américaine absorbe toutes les forces vives de la marine royale, laquelle apporte une contribution décisive à la victoire de la jeune République.

Dès le retour de la paix, Louis XVI décide donc la préparation d’un voyage scientifique destiné à explorer les régions encore mal connues du Pacifique.

A l’inverse du voyage de Bougainville , en 1766, qui a souffert de l’inexpérience des bureaux de la marine, celui de La Pérouse ou Lapérouse, près de 20 ans plus tard, sera très minutieusement préparé sous la direction personnelle du roi, qui en fixe l’itinéraire et annote de sa main les instructions remises au marin. On y reconnaît, en particulier, les soucis humanitaires du souverain dans les recommandations insistantes sur les soins à prendre quant à la santé des équipages et aussi sur la délicate question des relations avec les populations des pays visités.

Cette expédition représente un progrès considérable par rapport à celle de Bougainville. D’abord par le choix des officiers. Jean-François de Galaup de La Pérouse, capitaine de vaisseau de 44 ans, qui vient de se distinguer en Amérique, est un des meilleurs officiers de sa génération. Très ouvert aux techniques nouvelles, il incarne le type accompli du navigateur de l’époque des Lumières. Le commandant du second navire, Paul Fleuriot de Langle, mathématicien et astronome, lui aussi capitaine de vaisseau et membre de l’Académie de marine [1], est le modèle même de l’officier savant. Le choix des navires est également judicieux. “La Boussole” et “l’Astrolabe” sont de robustes vaisseaux aux vastes cales capables d’affronter une longue campagne. Alors que Bougainville n’avait emmené avec lui que 3 spécialistes un astronome, un médecin botaniste et un ingénieur géographe, La Pérouse est accompagné de 14 savants, comprenant, selon le désir du roi, astronomes, naturalistes, jardiniers, dessinateurs.

Pour mener à bien ses travaux, l’expédition se voit dotée des instruments les plus modernes, en particulier des chronomètres permettant de calculer avec précision la longitude. Certains sont prêtés par la Royal Society de Londres [2], ce qui prouve la naissance d’un premier essai de coopération scientifique.

Disposant de tous les atouts, La Pérouse quitte Brest [3] le 1er août 1785 pour gagner le Pacifique [4] par le cap Horn [5]. Après une escale au Chili [6], il passe par l’île de Pâques [7] et les îles Sandwich [8] avant d’arriver en Alaska [9] où un premier drame survient. Deux chaloupes de reconnaissance chavirent, entraînant la mort d’une vingtaine d’hommes.

Descendant ensuite le long de la côte américaine, La Pérouse fait escale à San Francisco [10], alors petit village de 800 habitants, et traverse le Pacifique pour arriver à Canton [11]. Après un passage à Manille [12], il remonte vers le nord pour explorer les eaux japonaises et coréennes, alors inconnues des Européens. Du Kamtchatka [13], il redescend vers le sud pour atteindre les îles Samoa [14], où l’attend une nouvelle tragédie. A l’occasion d’une corvée d’eau douce, Fleuriot de Langle et 11 hommes sont massacrés par les habitants.

Le navigateur poursuit néanmoins sa route jusqu’en Australie, où une expédition anglaise vient de s’établir à Botany Bay [15], sur le site de l’actuelle ville de Sydney [16]. Il en repart en février 1788 pour rentrer en Europe en passant par la Nouvelle-Calédonie [17]. Il cesse alors de donner de ses nouvelles et sa disparition restera mystérieuse pendant 40 ans : il faut attendre 1826 et 1828 pour que Peter Dillon, puis Dumont d’Urville reconnaissent le site du naufrage sur l’île de Vanikoro [18] dans l’archipel de Santa Cruz [19], retrouvant des vestiges qui ne laissent aucun doute.

Louis XVI, qui a suivi les étapes du voyage avec la plus grande attention, se montre très affecté par cette fin dramatique.

Malgré les pertes subies et la catastrophe finale, le bilan du voyage est loin d’être négatif. La contribution du marin français à l’exploration des régions nord du Pacifique, en Alaska et au Kamtchatka, les observations recueillies par les savants, celles de La Pérouse lui-même, pleines de sagacité, sur les habitants des régions visitées, font de lui un des principaux découvreurs de cet océan Pacifique si longtemps mystérieux.

P.-S.

Source : Monique Hermite Historia mensuel - 01/01/2006 - N° 709, Hérodote, Dictionnaire le Petit mourre, encyclopédie Imago Mundi, Wikipédia, Louis XV de François Bluche....

Notes

[1] L’Académie de marine désigne 2 institutions différentes, dont la seconde est héritière de la première. Une Académie de marine est créée par Louis XV à Brest en 1752. Devenue Académie royale de marine, elle se réunit à Brest jusqu’à sa suppression en 1793. Une nouvelle Académie de marine, perpétuant la mission de l’Académie royale ayant existé à Brest au 18ème siècle, est fondée à Paris en 1921

[2] La Royal Society, dont le nom officiel est Royal Society of London for the Improvement of Natural Knowledge et que l’on peut traduire littéralement par « Société royale de Londres pour l’amélioration des connaissances naturelles », est une institution fondée en 1660 siégeant au Carlton House Terrace à Londres et destinée à la promotion des sciences. Cette société savante est l’équivalent de l’Académie des sciences en France.

[3] Brest est une commune française, chef-lieu d’arrondissement du département du Finistère. C’est un port important, deuxième port militaire en France après Toulon, situé à l’extrémité ouest de la Bretagne. En 1593, Henri IV donne à Brest le titre de ville et en 1631, Richelieu fait de Brest un port militaire. Il crée alors le port et les arsenaux, sur les rives de la Penfeld. Ces constructions nécessitèrent une main-d’œuvre abondante qu’il fallut loger. Brest est avec Toulon, le seul port capable d’accueillir des grands vaisseaux de guerre au 17ème siècle. Ces derniers, qui sont de plus en plus lourds à cause du poids de plus en plus élevé de leur artillerie, nécessitent des tirants d’eau de plus en plus importants, soit 7 m après 1680. Le site est cependant sous dominante de vents d’ouest, ce qui rend difficile la sortie des escadres, problème qui ne sera résolu qu’avec l’apparition de la vapeur, au 19ème siècle.

[4] L’océan Pacifique est l’océan le plus vaste du globe terrestre. Le Pacifique fait partie de l’océan mondial et il comporte deux océans : le Pacifique Nord et le Pacifique Sud. Le Pacifique s’étend sur une surface de 165 250 000 km2, soit environ un tiers de la surface totale de la Terre. Sa superficie est également supérieure à celle de l’ensemble des terres émergées de la planète. Il comprend la Polynésie et la Micronésie dans leur totalité. Avec ses mers bordières, il baigne la Mélanésie tandis que ses propres eaux bordent des îles et archipels qui font traditionnellement partie de l’Asie insulaire (Honshū, Hokkaidō et les Kouriles). Plusieurs de ses mers bordières baignent l’Insulinde pendant que d’autres espaces maritimes, comme la mer de Tasman, la mer de Corail et l’océan Indien, bordent l’Australasie.

[5] Le cap Horn est un cap situé à l’extrémité sud de l’île Horn, dans la partie chilienne de l’archipel de la Terre de Feu. Ce point est généralement considéré comme étant le plus austral de l’Amérique du Sud. Le cap Horn est également le plus au sud des grands caps et marque la limite nord du passage de Drake. Pendant de nombreuses années, il a été un point de passage crucial des routes commerciales entre l’Europe, l’Amérique et l’Asie. Elles étaient empruntées par les voiliers pour transporter les marchandises tout autour du globe, et ce bien que les eaux océaniques autour du cap présentent de nombreux dangers : tempêtes fortes et fréquentes avec une mer très grosse, courant circumpolaire antarctique et présence possible d’icebergs voire de vagues scélérates.

[6] Le Chili, est un pays d’Amérique du Sud partageant ses frontières avec le Pérou et la Bolivie au nord et avec l’Argentine au nord-est, à l’est et au sud-est. Tout son territoire forme une étroite bande continentale allant du désert d’Atacama, au nord, jusqu’au cap Horn, au sud, étant exclusivement bordé par l’océan Pacifique sur sa façade ouest. L’île de Pâques, située à 3 000 km à l’ouest de Valparaíso dans l’océan Pacifique, fait partie du Chili depuis 1888. De même, le Chili possède depuis 1935 l’archipel Juan Fernández situé à environ 700 kilomètres à l’ouest du pays abritant la célèbre île Robinson Crusoé. La superficie totale du pays est de 756 102 km2. La capitale du Chili est Santiago. Les autres villes importantes sont le grand port maritime de Valparaíso, Punta Arenas est la plus grande ville des terres australes du continent américain.

[7] L’île de Pâques est une île polynésienne appartenant au Chili, de forme triangulaire, d’environ 24 km de longueur et qui couvre 164 km2, célèbre pour ses statues monumentales (les moaï) et son écriture océanienne unique (le rongorongo). Située dans le Sud-Est de l’océan Pacifique, elle se trouve à 2 075 km à l’est de l’île Pitcairn, site habité le plus proche, éloignement qui en fait un des lieux habités les plus isolés du monde au même titre que l’archipel Tristan da Cunha. Elle est éloignée de 2 829 km à l’ouest-nord-ouest de l’île Alejandro Selkirk, dans l’archipel Juan Fernández, ou encore à 3 525 km à l’ouest des côtes chiliennes de la région du Biobío (Concepción) et à 4 193 km à l’est-sud-est de Tahiti.

[8] Hawaii

[9] L’Alaska est le 49ème État des États-Unis, dont la capitale est Juneau et la plus grande ville Anchorage, où habite environ 40 % de la population de l’État. Avec une superficie totale de 1 717 854 km2, il est l’État le plus étendu et le plus septentrional du pays, mais l’un des moins peuplés. Comme Hawaï, l’Alaska est séparé des États-Unis contigus. Il se situe au nord-ouest du Canada. Bordé par la mer de Beaufort au nord, la mer des Tchouktches au nord-ouest, la mer de Béring au sud-ouest, par l’océan Pacifique le long des côtes méridionales d’une partie des Aléoutiennes (depuis l’île d’Unimak jusqu’à l’île d’Attu), par le golfe d’Alaska au sud, ce territoire est séparé de l’Asie par le détroit de Béring, la mer de Béring et la mer des Tchouktches. L’Alaska du Sud-Est est baignée par les eaux côtières de l’Alaska du Sud-Est et de la Colombie-Britannique. En outre, ses divisions administratives se distinguent du reste des États-Unis puisqu’elles ne sont pas des comtés mais des boroughs.

[10] San Francisco est une ville des États-Unis et l’un des comtés de l’État de Californie. Vallonnée, la cité est située à l’extrémité nord de la péninsule de San Francisco, entre l’océan Pacifique à l’ouest et la baie de San Francisco à l’est. Le Golden Gate Bridge relie le nord de la péninsule à la municipalité de Sausalito. Fondée en 1776 par des Espagnols au sein de la vice-royauté de la Nouvelle-Espagne, la ville est nommée en l’honneur de saint François d’Assise. Elle fait partie du territoire mexicain jusqu’en 1848 et sa prise par les Américains et prend son essor lors de la ruée vers l’or et son prolongement, l’embellissement de San Francisco par les millionnaires du Nevada. Puis elle devient le berceau du jeans avec la fondation de Levi Strauss & Co. Les années 1950 voient la naissance de la Beat Generation et la ville est dans la décennie 1960 l’épicentre du mouvement hippie.

[11] Canton ou Guangzhou est la capitale de la province du Guangdong dans le sud de la Chine. Elle a le statut administratif de ville sous-provinciale de la république populaire de Chine. Canton est depuis l’Antiquité la plus grande ville du Sud de la Chine. Elle forme avec les villes voisines de Shenzhen, Foshan, Dongguan, Zhongshan et Jiangmen, Hong Kong et Macao, la mégalopole chinoise du delta de la Rivière des Perles, grande agglomération s’étirant sur près de 20 000 km2 et rassemblant plus de 65 millions d’habitants (soit l’équivalent de la population française).

[12] Manille, officiellement la Ville de Manille est la capitale des Philippines, et l’une des seize villes de l’aire métropolitaine de Manille, l’une des plus peuplées au monde. Cette dernière, qui se trouve sur la côte ouest de l’île de Luçon, constitue le Grand Manille Elle se trouve sur la rive orientale de la baie de Manille. Les villes voisines sont Navotas et Caloocan au nord, Quezon au nord-est, San Juan et Mandaluyong à l’est, Makati au sud-est et Pasay au sud. Manille est la deuxième ville des Philippines, par sa population, après la ville de Quezon. Cette population, concentrée sur une superficie d’à peine 38,55 km2, fait de Manille la ville la plus densément peuplée au monde

[13] Le Kamtchatka est une péninsule volcanique de 1 380 km de long située en Extrême-Orient russe qui s’avance dans l’océan Pacifique. Son nom provient de son principal cours d’eau, le fleuve Kamtchatka. La Russie est établie dans la péninsule du Kamtchatka depuis le 17ème siècle. Ivan Kamtchaty, Simon Dejnev, le Cosaque Ivan Rubets et d’autres explorateurs russes partent explorer cette région dans le milieu des années 1600 et en reviennent avec des récits décrivant une terre de feu (à cause des volcans), riche en poissons et en fourrures. La fondation de Petropavlovsk-Kamtchatski en 1740 par l’explorateur danois Vitus Béring constitue le début d’une ouverture significative du Kamtchatka vers l’extérieur, d’autant plus que le gouvernement en place commence à y envoyer des déportés. Le gouvernement russe encourage l’installation des nouveaux venus en leur offrant des terres. En septembre 1787, La Boussole et L’Astrolabe de l’expédition de La Pérouse font relâche à Petropavlovsk-Kamtchatski. Barthélemy de Lesseps y débarque avec des documents qu’il ramène en France par voie terrestre.

[14] Les îles Samoa ou îles samoanes forment un archipel de 3 030 km2, situé en Océanie, dans la région de la Polynésie, et partagé entre les Samoa dans sa partie occidentale et les Samoa américaines dans sa partie orientale.

[15] Botany Bay est une baie située à Sydney en Nouvelle-Galles du Sud (Australie), à quelques kilomètres au sud du centre de la ville de Sydney. Cette baie fut le théâtre du débarquement de Cook et son équipage qui naviguait sur l’Endeavour.

[16] Sydney est la ville la plus peuplée d’Australie et du continent océanien, ainsi que la capitale de l’État de Nouvelle-Galles du Sud (mais n’est cependant pas la capitale de l’Australie, qui est Canberra). Elle est située dans le sud-est du pays, sur les rives de la mer de Tasman.

[17] La Nouvelle-Calédonie est un ensemble d’îles et d’archipels, faisant partie de la Mélanésie et de l’Océanie lointaine. Située en mer de Corail, une mer bordière de l’océan Pacifique sud, sa superficie terrestre totale est de 18 575,5 km2, et son île principale, la Grande Terre, est longue de 400 km et large de 64 km. Sa principale commune est Nouméa, seule grande ville de l’archipel.

[18] Vanikoro est un groupe d’îles[ du sud de l’archipel des îles Santa Cruz, la partie la plus orientale des îles Salomon, en mer de Corail. Vanikoro fait partie du petit archipel connu traditionnellement sous le nom de Santa Cruz, aujourd’hui souvent nommé « Temotu », d’après le nom officiel de la province la plus orientale de la République des îles Salomon. Vanikoro se trouve très éloignée de la principale chaîne d’îles des Salomon, et beaucoup plus proche géographiquement des îles nord du Vanuatu. Elle est composée de 2 îles principales : Banie, l’île principale, d’une superficie de plus de 193 km2 ; le point culminant, le mont Banie, est un ancien volcan. Teanu ou Tevai, sa petite voisine et de 2 petits îlots

[19] Les îles Santa Cruz sont un groupe d’îles appartenant à l’État des Salomon, dans la mer de Corail. Elles sont situées à environ 400 kilomètres au sud-est de l’archipel des Salomon et à environ 750 km au sud-est de la capitale Honiara. Elles constituent du point de vue géographique un petit archipel indépendant. Combinées à d’autres îles situées plus au nord et à l’est (îles Reef, Duff, Tinakula, Anuta, Fatutaka et Tikopia), les îles Santa Cruz composent la province administrative de Temotu, la plus orientale de l’archipel des Salomon.