Sous la régence du duc d’Orléans, la noblesse, trop longtemps bridée, prend sa revanche. Elle remplace les bourgeois au gouvernement et s’arc-boute sur ses privilèges. Elle impose que lui soient réservées les hautes charges de l’armée et de l’Église.
En octobre 1715 est instauré la Polysynodie [1].
Le royaume a été ruiné par le règne de Louis XIV. Le ministre Law tente une audacieuse réforme avec l’introduction de la monnaie papier.
Le 2 mai 1716 Law fonde la Banque générale qui sera bientôt banque royale [2]. Pour mettre fin à la crise financière que cause la dette publique et le manque de numéraire, le régent Philippe d’Orléans fait appel à ce banquier écossais aventureux. Law ouvre une banque de dépôts, de charge et d’escompte qui émet des billets acceptés par les caisses royales. Elle suscite la spéculation et se termine par le premier krach de l’Histoire et en banqueroute pour le royaume.
La Régence reste dans les mémoires comme une époque de renaissance et de liberté retrouvée, tant au niveau de la politique, de l’économie, que des mœurs et des arts.
Le 21 avril 1717 Pierre le Grand est reçu à Versailles en grandes pompes par le régent Philippe d’Orléans et Louis XV .
Mais, les Espagnols fomentent une insurrection à Paris pour affaiblir le Régent. La France entre alors dans la guerre aux côtés de l’Angleterre, l’Empire et les Province Unies.
Le 4 décembre 1718, la banque générale de Law est déclarée Banque royale. Le système du crédit mis en place par la Banque générale de l’Ecossais John Law donne des résultats au-delà des plus folles espérances. Des fortunes colossales se sont faites en quelques heures. On a vu un abbé gagner dix-huit millions de livres. On a même vu un mendiant en gagner soixante-dix. Depuis 1716, le commerce et l’industrie profitent de cette manne. La Compagnie d’Occident et du Mississipi [3] créée en 1717, qui a reçu le monopole du commerce avec la Louisiane, est une autre garantie du succès de la Banque générale, qui en ce jour devient, grâce au soutien du régent, Banque royale.
En juin 1719, le roi Philippe V d’Espagne a des prétentions au trône de France. Pour les déjouer, le régent Philippe d’Orléans met en scène un attentat contre sa personne. L’attentat aurait été fomenté dans l’entourage de l’ambassadeur d’Espagne, ce qui tient lieu de prétexte à l’entrée en guerre.
Le 20 janvier 1720 a lieu la Convention de Madrid. Philippe V renonce définitivement à ses droits sur la couronne de France.
Le 22 mars 1720 Fermeture de la Bourse rue de Quincampoix et panique boursière.
Le 29 avril 1720. Emeute à Paris contre les archers du guet
La colère parisienne couve depuis plusieurs semaines, voire depuis plusieurs mois, avant d’éclater ce lundi 29 avril 1720. Des centaines d’artisans, de portefaix, de domestiques, de commerçants se rassemblent aux carrefours armés de bûches, pavés, bâtons, outils et épée pour leur servir d’armes. La chasse aux archers du guet et aux exempts de l’armée est ouverte. Le gibier devient chasseur. Dès que l’un d’eux est attrapé, il est massacré. À la fin du jour, une dizaine de représentants de la loi font déjà la queue devant saint Pierre. Et bien davantage encore s’échappent, heureux de n’être que blessés par la foule en colère. La rue Saint-Antoine et le pont Notre-dame ont connu les plus sanglantes échauffourées.
Voici la raison de l’émeute parisienne. La Compagnie des Indes ou encore Compagnie du Mississippi appartenant au financier John Law a besoin de centaines, de milliers de colons. Or, l’appel au volontariat ne donne pas grand-chose. La Compagnie a beau soudoyer les journalistes de son temps pour publier des articles vantant la vie de colon, le rêve américain ne prend pas.
Ami de Philippe d’Orléans, régent de France, John Law obtient la publication de l’ordonnance royale du 10 mars 1720 prescrivant l’arrestation de tous les pauvres hères de la capitale sans domicile fixe. Ils sont des dizaines de milliers dans ce cas ! Les archers du guet ne savent plus où donner de la tête. Mais cela ne suffit pas. Le 28 mars, une nouvelle ordonnance menace les domestiques, les gens sans aveu et les artisans qui agiotent rue Quincampoix d’être expédiés, eux aussi, en Louisiane et dans le Mississippi s’ils continuent à spéculer en bas du domicile de Law. Il faut dire qu’une spéculation effrénée se déroule dans la rue où les esprits enfiévrés par l’espoir d’un gain d’argent achètent et vendent les actions de la Compagnie des Indes. En une journée, des domestiques deviennent bien plus riches que leur maître, tandis que d’autres spéculateurs sont ruinés. Pour stimuler l’ardeur des archers et exempts, la Compagnie des Indes offre une pistole par personne livrée outre leur solde quotidienne de vingt sols. Inutile de dire que les arrestations se multiplient. Et tant qu’à faire, autant attraper des gosses pour ménager sa peine. D’où la colère des Parisiens.
Le mardi 30 avril, les émeutes reprennent. Des archers sont pris à partie rue du Roi-de-Sicile. L’un est tué et les autres blessés. Le procureur général du roi se rend dare-dare au Parlement pour expliquer aux magistrats que les archers et les exempts avaient reçu l’ordre "d’arrêter les vagabonds et gens sans aveu, dont le nombre augmentait tous les jours dans la capitale". Il admet aussi que des arrestations arbitraires ont pu être faites. Du coup, un projet d’ordonnance royale est rédigé à la hâte pour permettre aux personnes victimes d’une arrestation arbitraire d’être entendues dans leur prison par un commissaire ou officier de police, tous les jours à midi. Et c’est le garde des Sceaux, en personne, qui statuera sur le bien-fondé de la plainte. L’ordonnance prévoit aussi une réorganisation des conditions d’arrestation par les archers. Le lieutenant de police demande également aux corps des artisans et des marchands de Paris de lui fournir la liste exacte des "enfants, des garçons de boutique et des apprentis" afin d’éviter toute erreur lors des arrestations à venir. Ces décisions font revenir le calme dans Paris. Mais cela ne fait que déplacer le problème, car les archers et les exempts se mettent alors à écumer les campagnes ceinturant la capitale pour continuer à alimenter les colonies. Le 15 juin, une nouvelle ordonnance "portant défense d’arrêter et d’inquiéter les habitants de la campagne et gens de profession" est publiée.
Le 12 décembre 1720, Law fuit en Hollande.
L’Espagne, qui a tant été rabaissée lors de l’accession au trône de son roi Philippe V, veut prendre sa revanche et récupérer ses possessions européennes. Elle déclenche donc une guerre.