Il est fait roi du royaume latin de Jérusalem, au lendemain de la prise de la ville en 1099. Fils de l’héritière des ducs de Brabant et d’Eustache II, comte de Boulogne-sur-Mer, au royaume de France. Il appartient à une famille de haute noblesse qui prétendait compter Charlemagne parmi ses ancêtres, et qui possédait des biens de la mer du Nord au Rhin ; l’essentiel de sa puissance s’établissait en pays wallon, en Belgique actuelle, avec, en particulier, le château de Bouillon [1], dont il prit le nom.
En 1076, son oncle Godefroi III le Bossu, duc de Basse Lorraine, sans héritier, lui lègue en 1076 le comté de Verdun et la Marche d’Anvers. Il soutient le parti de l’empereur contre le pape Grégoire VII et, en 1084, il participe à l’expédition italienne de Henri IV. Touché par le comportement du jeune homme et pour le récompenser de ses fidèles et loyaux services, l’empereur germanique le reconnaît en 1089 duc de Basse Lorraine qui s’étend sur la rive gauche du Rhin et qui comprend l’Ardenne, le Hainaut, le Brabant, le pays de Liège.
En 1095, il est l’un des premiers à répondre à l’appel de Urbain II. Avec ses frères Baudouin et Eustache, il prend la croix ; il rassemble ses vassaux, vend une partie de ses biens, dont la seigneurie de Bouillon, et part à la tête d’une armée de chevaliers des Pays-Bas et du nord de la France. Parti de Vézelay [2] avec une suite nombreuse, il passe par Ratisbonne [3], Vienne, Belgrade et Sofia, arrive à Constantinople, et se heurte aussitôt à Alexis Comnène.
Rejoint par les autres armées de la croisade, il traverse l’Asie Mineure.
Après la prise d’Antioche, lassé de la querelle interminable qui oppose Bohémond de Tarente et Raymond IV de Toulouse, il se retire temporairement chez son frère Baudouin à Édesse, d’où il rejoint les Croisés lorsqu’ils reprennent enfin la route pour Jérusalem.
Il pénètre le premier à Jérusalem, lors de l’assaut donné le 15 juillet 1099.
Personnalité effacée, esprit conciliateur, il est élu seigneur de Jérusalem par les barons, le 17 juillet, parce qu’on ne le craignait pas. Sous la pression du parti clérical qui ne veut pas qu’un souverain laïc soit paré du prestige de l’onction royale à Jérusalem, il ne prend que le titre d’avoué du Saint-Sépulcre désireux avant tout de protéger les intérêts de l’Église dans l’État latin en formation. Son règne sera court. Quelques semaines plus tard, il livre à Ascalon [4] un combat victorieux, décisif pour l’avenir de l’État latin, contre les Égyptiens.
Il meurt le 18 Juillet 1100, d’une flèche empoisonnée, pendant qu’il dirigeait les opérations du siège d’Acre [5]. Il est inhumé au Saint-Sépulcre. Ses vassaux firent appel pour lui succéder à son frère Baudouin, qui avait conquis le comté d’Édesse, et l’imposèrent comme roi de Jérusalem malgré les prétentions théocratiques du légat du pape, Daimbert, et l’opposition des croisés normands.