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Domenico del Barbieri ou Dominique Florentin

mercredi 26 juin 2024, par lucien jallamion

Domenico del Barbieri ou Dominique Florentin (1501/1506-vers 1570)

Sculpteur italien de la Renaissance

Actif principalement en France au 16ème siècle. Dominique Florentin serait né à Florence [1] ou sa région.

Cet artiste italien, polyvalent, connu comme stucateur, graveur, peintre, architecte et sculpteur, a influencé l’Art de la Renaissance à Troyes [2]. Sa réputation fut telle que lui fut attribuée la majeure partie des œuvres classiques restées anonymes ou non attribuées à d’autres.

Les premières mentions connues de la présence en France de Dominique Florentin sont contenues dans les comptes des bâtiments du roi, sur le chantier de Fontainebleau [3]. Il y est présent entre 1537 et 1540 et y effectue plusieurs campagnes. Pour constituer des équipes de travail, Rosso Fiorentino et Le Primatice avaient fait appel à un certain nombre de leurs compatriotes, sans doute parmi lesquels Dominique Florentin, renforcés d’équipes françaises, dont un contingent des meilleurs artistes et artisans de Troyes, avec lesquels il se lia d’amitié.

À Troyes, Dominique Florentin figure pour la première fois dans les archives en 1541. C’est à partir de 1543 que l’on trouve la preuve de sa domiciliation à Troyes. Dominique Florentin habite une maison qui lui vient de sa femme dans le quartier Saint-Pantaléon, rue de Montpellier. Ce n’est qu’à partir de 1548 qu’il figure dans les registres d’imposition de la ville. Il avait épousé Colette Valone ou Valon, à une date indéterminée, entre 1537 et 1543. Elle était veuve de Maurice Favreau, maître maçon à Troyes.

À Fontainebleau Dominique Florentin aurait travaillé aux fresques de la Galerie François 1er dont la décoration était sous la responsabilité de Rosso Fiorentino. Tous deux sont originaires de la même région.

À la mort du Rosso, en 1540, Dominique Florentin intègre l’équipe du Primatice. Il est mentionné comme peintre et imagier, et travaille à la décoration de bâtiments extérieurs du château. Il est aussi connu en tant que remarquable graveur au burin. C’est sans doute là qu’il exécute la plupart de ses estampes.

Par ses estampes, avec Jacques Androuet du Cerceau et Marc Duval, il participe à la diffusion d’une esthétique créée sur le chantier royal, l’École de Fontainebleau. Il a répandu en particulier des modèles de grotesques de type italien et que l’on retrouve dans la décoration murale et l’art textile.

Au cours de l’année 1545, le Florentin séjourne à Rome, envoyé par François 1er et accompagné de Vignole . Le roi les chargea de réaliser des moulages en plâtre de plusieurs statues antiques destinées à être coulées en bronze pour Fontainebleau. À cette occasion, les deux artistes sont les hôtes de Raffaello da Montelupo , ancien collaborateur de Sansovino et de Michel-Ange. L’influence de cet architecte et la relation établie avec Vignole, excellent connaisseur de Vitruve et de l’architecture antique se retrouvera dans ses réalisations troyennes.

Après ce voyage, il travaille de façon moins régulière à Fontainebleau. D’une part la mort de François 1er, en 1547, a ralenti considérablement les travaux du chantier, d’autre part, Fontainebleau ne sera plus le principal chantier royal. Dominique Florentin est encore quelquefois signalé à Fontainebleau, la mention la plus importante étant en 1561. Cette année-là, il y réalise 9 des 24 figures en bois pour le jardin de la reine.

Dominique Florentin allait travailler aux monuments funéraires d’Henri II, entre 1559 et 1565. Sur le dessin de Primatice, il réalisa le piédestal et le vase de cuivre pour le monument du cœur de Henri II, au couvent des Célestins de Paris [4], en collaboration avec Germain Pilon qui sculpta le groupe des Trois Grâces. Il fit aussi le modèle en terre de la statue en cuivre du tombeau de Henri II à Saint-Denis, cette dernière réalisée par Germain Pilon. Le roi, à genoux, prie sur la plate forme du monument funéraire.

L’achèvement de la galerie François 1er à Fontainebleau et des principaux ensembles décoratifs du château allait laisser au Primatice et à Dominique Florentin un peu plus de temps pour répondre à des commandes privées. Au début des années 1540, Dominique Florentin conçut dans l’église de Montiéramey [5] un autel, aujourd’hui disparu. Cette abbaye était tenue par François II de Dinteville, évêque d’Auxerre [6].

Dès 1543, il est présent au château de Polisy [7], aux côtés du Primatice. Ce château fut érigé par Jean de Dinteville, ambassadeur pour François 1er en Angleterre, devenu paralytique et impotent. Ce dernier avait décidé de quitter la Cour et de se retirer dans ses terres. C’est dans ce château qu’il exposa le très célèbre tableau que Hans Holbein fit de lui, “Les Ambassadeurs”. Dominique Florentin travailla au château à différentes dates entre 1544 et 1552. En 1552, 1553 et 1555, il acheta des terres à Montiéramey dont le payement s’était fait par l’intermédiaire de l’abbé, dirigée successivement par François II de Dinteville et son cousin Joachim. Ainsi, Dominique Florentin s’établit en propriétaire terrien hors de la ville de Troyes mais sous la protection de ses mécènes.

Alors que Fontainebleau était dans sa plus grande période d’activité, Claude de Lorraine, duc de Guise [8], faisait édifier le château du Grand Jardin de Joinville [9], véritable petit palais de la Renaissance. Les travaux furent réalisés en deux campagnes entre 1533 et 1550. Le 12 avril 1550, mourait le duc. Un véritable service funèbre royal lui fut rendu, à l’imitation de celui de François 1er. Le tombeau allait prendre cette dimension royale, s’inspirant des sépultures des souverains français. Sa réalisation en fut confiée au Primatice qui en fit les dessins. Ces principaux collaborateurs, Dominique Florentin et Jean Picard, assurèrent la réalisation des sculptures. Le monument funéraire fut achevé avant la fin de l’année 1552.

L’année suivante, il répondait à la plus importante commande des Guise, la grotte du château de Meudon [10]. C’était un vaste édifice abritant plusieurs fontaines, orné de sculptures, stucs et plafonds peints, ouvert de nombreuses arcades sur les jardins que dominait le château de Meudon. Lieux où l’on pouvait trouver la fraîcheur l’été, c’était aussi le musée privé du cardinal de Lorraine où il exposait ses collections antiques rapportées d’Italie, dont des bustes d’empereurs romains. D’après Vasari, c’est Dominique Florentin et Poncio Jacquio dit Ponce Jacquio qui exécutèrent les sculptures, l’essentiel de celles-ci réalisées sans doute entre 1556 et 1557.

C’est à Troyes que l’artiste s’affirme en tant qu’artiste indépendant, se libérant de la tutelle de Primatice. Les premiers travaux qu’on puisse lui attribuer dans la ville sont éphémères. Il dirige en 1548 les ouvrages réalisés pour l’entrée de Henri II à Troyes. Il conçut pour l’occasion et dirigea la réalisation de tous les décors qui ornaient les rues dans lesquelles le roi devait passer. Pour la première fois pour une entrée royale à Troyes furent érigés des arcs de triomphe, ornés de sculptures. C’est à nouveau à Dominique Florentin que fait appel la municipalité pour réaliser les décors de l’entrée de Charles IX. Il y travaille de novembre 1563 à mars 1564.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Boudon-Machuel, Marion, « Dominique Florentin : l’œuvre sculptée en Champagne », catalogue de l’exposition Le Beau XVIe siècle. Chef-d’œuvre de la sculpture en Champagne, Hazan-Conseil Général de l’Aube, 2009

Notes

[1] Florence est la huitième ville d’Italie par sa population, capitale de la région de Toscane et siège de la ville métropolitaine de Florence. Berceau de la Renaissance en Italie, capitale du royaume d’Italie entre 1865 et 1870

[2] La vicomté de Troyes était le titre et le fief alors situé à Troyes dans la Champagne, où elle avait son siège. Au 13ème siècle le fief était partagé entre la famille comtale, Jeanne de Plancy, Jean II de Dampierre. Le siège de la vicomté était à Troyes entre la porte de Croncel et l’église Saint-Nicolas de Troyes. Les revenus provenaient des halles de Châlons, le minage des grains, le forage des vins, des droits de tonlieu sur la porte de Croncels et de Saint-Jacques à Troyes. La plupart des terres étaient à Villechétif

[3] Le château royal de Fontainebleau est un château de styles principalement Renaissance et classique, jouxtant le centre-ville de Fontainebleau (Seine-et-Marne), à une soixantaine de kilomètres au sud-est de Paris. Haut lieu de l’histoire de France, le château de Fontainebleau a été l’une des demeures des souverains français depuis François 1er (qui en fit sa demeure favorite) jusqu’à Napoléon III.

[4] Le couvent des Célestins de Paris était un ancien couvent de l’ordre des Célestins aujourd’hui disparu. Fondé au 14ème siècle dans l’actuel 4e arrondissement de Paris, il était situé à proximité de la place de la Bastille, dans le quartier de l’Arsenal. C’était la deuxième plus importante nécropole royale, après la basilique Saint-Denis, puisque nombre de princes y furent inhumés.

[5] L’abbaye de Montiéramey est une abbaye pour hommes fondée au 9ème siècle à Montiéramey dans l’Aube, en France. Elle a été l’un des plus anciens et l’un des plus gros établissements religieux du diocèse de Troyes, et a profondément marqué ses environs

[6] Le diocèse d’Auxerre est un ancien diocèse de l’Église catholique en France. Érigé vers le milieu du 3ème siècle, il est un des diocèses historiques de la Bourgogne. Son siège était la cathédrale Saint-Étienne d’Auxerre et il était suffragant de l’archidiocèse de Sens. Supprimé en 1801, il n’a pas été rétabli mais, depuis 1823, le titre d’évêque d’Auxerre est relevé par l’archevêque de Sens.

[7] Le château est situé sur la commune de Polisy, dans le département français de l’Aube au confluent de la Seine et de la Laignes

[8] La terre de Guise est érigée en comté vers 1420 au profit de René d’Anjou.

[9] Le château du Grand Jardin est situé à Joinville, en Haute-Marne. Entre 1533 et 1546, Claude de Lorraine, 1er duc de Guise, fait bâtir le château du Grand Jardin, grand pavillon de plaisance, fleuron de l’architecture de la Renaissance. Il vient alors en complément du château-fort situé sur les hauteurs de Joinville, le château d’En-Haut, demeure des seigneurs de Joinville, vendu et détruit à la Révolution. Situé sur un terrain plat en contrebas, le château du Grand Jardin reçoit également la dénomination de château d’En-Bas, mais la luxuriance de son grand jardin fait rapidement sa réputation et son nom.

[10] Le château de Meudon, dit château royal de Meudon, ou palais impérial de Meudon, est un château situé à Meudon dans le département des Hauts-de-Seine. Il fut notamment la résidence de la duchesse d’Étampes, du cardinal de Lorraine, d’Abel Servien, de Louvois ainsi que de Monseigneur, dit le Grand Dauphin, qui lui adjoignit en annexe le château de Chaville. Incendié en 1795 (Château-Vieux) et en 1871 (Château-Neuf), le Château-Neuf, dont la démolition avait été envisagée, est conservé pour sa majeure partie, et transformé à partir de 1878 en observatoire servant de réceptacle à une lunette astronomique, avant d’être rattaché à l’Observatoire de Paris en 1927.