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L’histoire pour le plaisir

Sébastien (comte)

jeudi 27 juillet 2023, par lucien jallamion

Sébastien (comte)

Maître de la milice de l’empire romain d’Occident

Empire romain au 4ème siècleGendre du comte Boniface. On ne connaît rien de son enfance et son histoire ne commence que par son mariage avec la fille du comte Boniface.

Sébastien est un militaire issu d’une riche famille qui épouse la fille du premier lit du comte Boniface, général de l’Afrique [1], vers 420. Lorsque son beau-père se retrouve en concurrence avec Aetius pour soutenir la régente Galla Placidia à Ravenne [2] ; il le suit en Europe.

Près de Rimini [3] en 432, Boniface, alors nommé généralissime, vainc Aetius, cependant il est blessé dans l’affrontement et meurt peu après. Galla Placidia donne alors tous les titres de Boniface à son gendre Sébastien, avec le titre de comte et de maître de la milice [4], qui continue son combat tandis qu’Aetius se retire sur ses terres puis à Rome.

Ses qualités militaires sont reconnues, mais 2 ans plus tard, en 434, Aetius, accompagné des renforts des nouveaux rois du peuple hun, Bleda et Attila, entre en Italie. Galla Placidia n’ayant pu trouver un appui du côté des Wisigoths [5] de Théodoric, Sébastien est déposé de son titre de maître de la milice au profit d’Aetius. La seconde femme de Boniface, Pélagie épouse Aetius ; le comte Sébastien se trouve alors totalement isolé à Ravenne.

Sébastien part, avec ses troupes de bucellari [6], pour la cour de Constantinople [7] mais il n’y trouve aucun soutien à sa cause. Théodose le soupçonne de vouloir prendre le pouvoir et Sébastien autorise alors ceux qui l’ont suivi en exil à pratiquer des actes de piraterie entre l’Hellespont [8] et la Propontide [9].

Selon les sources, il doit quitter Constantinople à la suite de ces actes de piraterie ou bien mal reçu à la cour, le comte la quitte pour devenir pirate dans la région. En tous les cas, ses exploits maritimes obligent Constantinople à mieux protéger son port. Il finit par quitter l’Orient pour retourner vers l’Occident à la recherche de nouveaux soutiens contre Aetius.

En 444, Théodoric 1er l’accueille à sa cour de Toulouse. Alors que le roi vandale [10] Genséric arme une flotte à l’automne 445 et remonte l’Adour [11] en prenant en otage les familles des puissants wisigoths, le château du Palestrion [12] fut attaqué et subit de nombreuses pertes dont son capitaine, Sever de Novempopulanie . Le comte Sébastien aurait reçu alors le commandement de la place en 450, où il fit construire une chapelle sur la tombe de Sever.

Le danger que représente pour tous l’arrivée des Huns [13], conduit Théodoric aux côtés d’autres chefs barbares comme Mérovée, roi des Francs saliens [14], à s’allier aux troupes d’Aetius, dernier grand chef de guerre romain. Sébastien se retrouve encore une fois isolé et quitte alors la Gaule.

En 444, Sébastien et ses troupes prennent Barcelone [15] avant d’en être rapidement chassés au bout d’un an et de se réfugier en Afrique. Ils arrivent sur Carthage [16] que le roi vandale Genséric vient de prendre en 439, mais qui se trouve alors en Sicile [17]. Genséric rentre alors à Carthage mais Sébastien ne cherche pas de conflit ; au contraire Genséric s’entend avec Sébastien qu’il reçoit à sa cour comme conseiller. Sébastien veut pousser les Vandales à attaquer l’Italie.

Cependant, Genséric ne lui fait pas totalement confiance, et souhaite tester sa fidélité. Devant toute sa cour, Genséric ordonne à Sébastien, catholique, de se convertir à l’arianisme [18], ce que Sébastien refuse. Et en 449 ou 450, Genséric le fait mettre à mort comme espion et traître. Il est alors considéré comme un martyr par les catholiques malgré le peu de religiosité dont sa vie fait part.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Renée Mussot-Goulard, Les Goths, Atlantica, Biarritz, 1999.

Notes

[1] L’Afrique ou Afrique proconsulaire, est une ancienne province romaine qui correspond à l’actuelle Nord et sud Est Tunisien, plus une partie de l’Algérie et de la Libye actuelle. La province d’Afrique est créée en 146 av. jc, après la destruction de Carthage, au terme de la 3ème guerre punique ; ayant Utique pour capitale, elle est séparée du royaume de Numidie par une ligne de démarcation, la fossa regia. En 46 av. jc, Rome annexe la Numidie avec le nom de « nouvelle province d’Afrique » (Africa Nova) pour la distinguer de la première (Africa Vetus). Vers 40-39 av. jc, les deux provinces sont réunies dans la province dite d’Afrique proconsulaire ; ayant Carthage pour capitale, elle s’étend, d’ouest en est, de l’embouchure de l’Ampsaga (auj. l’Oued-el-Kebir, en Algérie) au promontoire de l’Autel des frères Philènes (auj. Ras el-Ali, en Libye). En 303, celle-ci est divisée par Dioclétien en trois provinces : la Tripolitaine, la Byzacène et l’Afrique proconsulaire résiduelle, aussi appelée Zeugitane.

[2] Ravenne est une ville italienne de la province de Ravenne en Émilie-Romagne. Elle est considérée comme la capitale mondiale de la mosaïque. Ravenne fut une cité de première importance au tournant de l’Antiquité et du Moyen Âge. En 402, pendant le règne d’Honorius, elle fut, du fait de sa position stratégique plus favorable, élevée au rang de capitale de l’Empire romain d’Occident en lieu et place de Milan, trop exposée aux attaques terrestres des barbares. Son port de grande capacité, sur l’Adriatique, la mettait en communication aisée avec Constantinople, capitale de l’Empire romain d’Orient. La cité continua d’être le centre de l’Empire d’Occident jusqu’à la chute de celui-ci en 476. Elle devint alors la capitale du royaume d’Italie d’Odoacre, puis à partir de 493 celle du royaume des Ostrogoths, sous Théodoric le Grand, qui englobait l’Italie, la Rhétie, la Dalmatie et la Sicile. En 540, sous le règne de Justinien 1er, Ravenne fut conquise par le général de l’Empire d’orient Bélisaire ; elle fut ensuite reconquise par les Ostrogoths avant d’être à nouveau reprise par le général de l’Empire d’orient Narsès en 552. C’est pour contrer le danger né de l’invasion des Lombards en Italie à partir de 568, que Ravenne devint le siège de l’exarchat byzantin d’Italie, par décision de l’empereur Maurice. La concentration de tous les pouvoirs civils et militaires entre les mains de l’exarque, représentant personnel de l’empereur byzantin favorisa, à long terme, l’émancipation des territoires du nord de l’Italie vis-à-vis du pouvoir impérial. Ravenne fut prise en 752 par Aistolf, roi des Lombards. Deux ans après, Pépin le Bref, roi des Francs, la lui enleva et la donna au Saint-Siège.

[3] Rimini est une ville d’Italie, capitale de la province de Rimini, dans la région Émilie-Romagne. Située sur le littoral adriatique, entre l’embouchure de la Marecchia (l’Ariminus des Romains) et l’Ausa (Aprusa en latin), c’est l’une des plus grandes stations balnéaires d’Europe, grâce à ses quelque 15 km de plage sableuse et ses nombreux hôtels. Elle connut une histoire mouvementée après la chute de l’Empire romain d’occident, jusqu’au 13ème siècle où elle passa au pouvoir des princes de Malatesta qui la conservèrent jusqu’en 1528, date à laquelle elle passa au pouvoir des papes. Au 19ème siècle, Rimini s’imposa comme l’un des bastions de la cause de l’unité italienne.

[4] Le magister militum est un officier supérieur de l’armée romaine durant l’Antiquité tardive. Son nom est souvent traduit par « maître de la milice » ou « maître des milices ». À l’origine, on distinguait le magister peditum ou commandant de l’infanterie et le magister equitum ou commandant de la cavalerie. Les deux fonctions furent à l’occasion réunies et leur titulaire prit le titre de magister utriusque militiae. Le commandant des corps demeurant à la disposition de l’empereur près de la capitale fut appelé magister militum praesentales. En Orient, la fonction cessa d’exister avec la création des thèmes où le gouverneur (strategos), cumula les fonctions militaires et civiles.

[5] Les Wisigoths entrent en Gaule, ruinée par les invasions des années 407/409. En 416 les Wisigoths et leur roi Wallia continuent leur invasion en Espagne, où ils sont envoyés à la solde de Rome pour combattre d’autres Barbares. Lorsque la paix avec les Romains fut conclue par le fœdus de 418, Honorius accorda aux Wisigoths des terres dans la province Aquitaine seconde. La sédentarisation en Aquitaine a lieu après la mort de Wallia. Les Wisigoths pénétrèrent en Espagne dès 414, comme fédérés de l’Empire romain. Le royaume des Wisigoths eut d’abord Toulouse comme capitale. Lorsque Clovis battit les Wisigoths à la bataille de Vouillé en 507, ces derniers ne conservent que la Septimanie, correspondant au Languedoc et une partie de la Provence avec l’aide des Ostrogoths. Les Wisigoths installèrent alors leur capitale à Tolède pour toute la suite. En 575 ils conquièrent le royaume des Suèves situé dans le nord du Portugal et la Galice. En 711 le royaume est conquis par les musulmans.

[6] Bucellarius (au pluriel en latin Bucellarii) est un terme qui désigne une unité de soldats de la fin de l’Empire romain et de l’Empire byzantin, qui ne sont pas pris en charge par l’État mais plutôt par un particulier aisé (un général ou gouverneur) ; en cela, ils faisaient partie de « sa maison. » Les Bucellarii forment des troupes de cavalerie d’élite composées de Goths et de Romains, souvent engagées par des privés ; au début du 7ème siècle, ils constituent une division d’élite des forces terrestres de l’Opsikion placée sous l’autorité d’un domestikos.

[7] Constantinople est l’appellation ancienne et historique de l’actuelle ville d’Istanbul en Turquie (du 11 mai 330 au 28 mars 1930). Son nom originel, Byzance, n’était plus en usage à l’époque de l’Empire, mais a été repris depuis le 16ème siècle par les historiens modernes.

[8] Les anciens grecs désignaient le détroit sous le nom d’Hellēspontos qui fut latinisé en Hellespont. Le détroit des Dardanelles est un passage maritime reliant la mer Égée à la mer de Marmara. Originellement, le terme de Dardanelles et d’Hellespont désignait les régions situées de part et d’autre du détroit. Par extension, le mot désigne aujourd’hui le détroit lui-même. La possession de ce détroit, comme de celui du Bosphore, permet le contrôle des liaisons maritimes entre la mer Méditerranée et la mer Noire. Le détroit est long de 61 km, mais large de seulement 1,2 à 6 km, avec une profondeur maximale de 82 m pour une moyenne de 55 m.

[9] (l’actuelle mer de Marmara).

[10] Les Vandales sont un peuple germanique oriental. Ils conquirent successivement la Gaule, la Galice et la Bétique (sud de l’Espagne), l’Afrique du Nord et les îles de la Méditerranée occidentale lors des Grandes invasions, au 5ème siècle. Ils fondèrent également le « royaume vandale d’Afrique » (439–534) dont la capitale fut Carthage.

[11] L’Adour est un fleuve du Bassin aquitain dans le Sud-Ouest de la France. D’une longueur de 307,1 km, il prend sa source dans le massif pyrénéen du pic du Midi de Bigorre, au col du Tourmalet (Hautes-Pyrénées) et se jette dans l’océan Atlantique après Bayonne, à Tarnos (Landes) pour la rive droite et Anglet (Pyrénées-Atlantiques) pour la rive gauche.

[12] La butte de Morlanne se situe sur la commune de Saint-Sever, dans le département français des Landes. Elle est le berceau de la ville. Au pied du belvédère coule l’Adour, fleuve qui transportait hommes et marchandises jusqu’à son embouchure. Cette butte est à l’origine un oppidum protohistorique. Le site du « Mont des Lannes » est ensuite investi par les romains en 56 av. jc en raison de sa situation, constituant un excellent observatoire sur la vallée de l’Adour. On y accède par la côte de Brille, au bas de laquelle se situe une fontaine. Celle-ci porte des inscriptions latines du 4ème et du 17ème siècles invitant le voyageur à se désaltérer. Au 5ème siècle, le camp s’appelle le « Castrum Caesaris » et le palais du gouverneur, le « Palestrion ».

[13] Les Huns sont un ancien peuple nomade originaire de l’Asie centrale, dont la présence en Europe est attestée à partir du 4ème siècle et qui y établirent le vaste empire hunnique. L’origine des Huns est disputée. Les Huns ont joué un rôle important dans le cadre des grandes invasions qui contribuèrent à l’écroulement de l’Empire romain d’Occident. Sous le règne d’Attila, l’empire est unifié mais ne lui survit pas plus d’un an. Les descendants et successeurs des Huns occupent encore diverses parties de l’Europe de l’Est et d’Asie centrale entre les 4ème et 6ème siècles, et laissent encore quelques traces dans le Caucase jusqu’au début du 8ème siècle.

[14] Tribu franque d’origine germanique installée au 4ème siècle en Toxandrie, région comprise entre la Meuse et l’Escaut. Avec les Francs ripuaires, ils constituent la principale peuplade franque. Ils envahissent la Gaule au 5ème siècle sous l’impulsion de leur chef Mérovée, ancêtre des Mérovingiens. Sous le règne de Clovis, ils se rendent maîtres d’une grande partie de la Gaule et rédigent leurs coutumes dans un texte connu sous le nom de loi salique.

[15] Le comté de Barcelone est à l’origine une subdivision du royaume wisigoth en Hispanie. Conquis par les Maures à la fin du 8ème siècle, reconquis par Charlemagne en 801, il est intégré à la marche d’Espagne, province frontière face aux musulmans d’Al-Andalus. Des comtes nommés par les souverains carolingiens se succèdent à la tête de ce comté, considéré comme le plus important de la marche. À l’extinction de la dynastie carolingienne, les comtes se succèdent de façon héréditaire dans la descendance du comte Guifred, dit le Velu. Cette dynastie domine également les comtés de Girone et de Ausone, et rassemble peu à peu sous son autorité directe ou indirecte tous les comtés formant l’actuelle Catalogne : Besalú, Cerdagne, Empuries, Pallars, Roussillon et Urgell.

[16] Carthage est une ville tunisienne située au nord-est de la capitale Tunis. L’ancienne cité punique, détruite puis reconstruite par les Romains qui en font la capitale de la province d’Afrique proconsulaire, est aujourd’hui l’une des municipalités les plus huppées du Grand Tunis, résidence officielle du président de la République, regroupant de nombreuses résidences d’ambassadeurs ou de richissimes fortunes tunisiennes et expatriées. La ville possède encore de nombreux sites archéologiques, romains pour la plupart avec quelques éléments puniques,

[17] La Sicile est la plus grande île méditerranéenne. Avec une superficie de 25 708 km², c’est la région la plus étendue de l’Italie et son territoire est constitué de neuf anciennes provinces à leur tour partagées en 390 municipalités. Elle est également la seule région italienne à compter 2 des 10 villes les plus peuplées du pays : Palerme et Catane. Son chef-lieu est Palerme.

[18] L’arianisme est un courant de pensée théologique des débuts du christianisme, due à Arius, théologien alexandrin au début du 4ème siècle. La pensée de l’arianisme affirme que si Dieu est divin, son Fils, lui, est d’abord humain, mais un humain disposant d’une part de divinité. Le premier concile de Nicée, convoqué par Constantin en 325, rejeta l’arianisme. Il fut dès lors qualifié d’hérésie par les chrétiens trinitaires, mais les controverses sur la double nature, divine et humaine, du Christ (Dieu fait homme), se prolongèrent pendant plus d’un demi-siècle. Les empereurs succédant à Constantin revinrent à l’arianisme et c’est à cette foi que se convertirent la plupart des peuples germaniques qui rejoignirent l’empire en tant que peuples fédérés. Les wisigoths d’Hispanie restèrent ariens jusqu’à la fin du 6ème siècle et les Lombards jusqu’à la moitié du 7ème siècle.