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L’histoire pour le plaisir

Paul Orose

samedi 5 juillet 2025, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 12 avril 2013).

Paul Orose (mort vers 418)

Prêtre et apologiste du 5ème siècle

Paul Orose Prêtre et apologiste du 5ème siècle (Miniature tirée d'un manuscrit de Saint-Epure)Né à Bracara Augusta [1]. En 414, il quitte l’Hispanie [2], occupée par les Suèves [3] depuis 409 pour rejoindre saint Augustin à Hippone [4] en Afrique. Il souhaitait le consulter au sujet de l’hérésie du priscillianisme [5].

Ce dernier l’envoya en Palestine [6] vers 415, pour seconder Jérôme dans son combat contre le pélagianisme [7]. Orose participa au synode de Jérusalem [8] en juillet 415 et publia contre cette hérésie “l’Apologeticus de arbitrii libertate”. La mission fut toutefois un échec, puisque les évêques orientaux ne condamnèrent pas Pélage.

De retour à Hippone, il rapportait avec lui un volumineux courrier pour les évêques d’Afrique et de Numidie [9], ainsi qu’un fragment des reliques du protomartyr Étienne, que Lucien de Kaphar Gamala avait découvertes à Jérusalem pendant la tenue du concile de Diospolis. Il rédige alors une Histoire contre les païens [10], car, en 414, Augustin d’Hippone lui avait demandé un dossier historique pour compléter les livres I-V de la Cité de Dieu.

En 414, Augustin d’Hippone demande à Orose de composer un recueil des malheurs du temps. En effet, dans la Cité de Dieu, l’évêque d’Hippone cherchait à prouver que le sac de Rome par Alaric en 410 n’était pas la conséquence de l’abandon du paganisme. Il fallait donc prouver que les hommes n’étaient pas plus heureux avant l’époque chrétienne.

Mais Orose, s’il conserve le “praeceptum augustinianum”, c’est-à-dire l’idée de raconter les malheurs du monde depuis son origine jusqu’à son époque, va détourner le projet augustinien en lui donnant trois axes méthodologiques originaux. Il intègre l’histoire des peuples orientaux, il associe, conformément au postulat d’Eusèbe de Césarée, l’histoire de l’Empire romain et celle du christianisme. En effet, comme le mal serait la conséquence du péché des hommes, plus le christianisme progresse moins l’homme subit les malheurs de l’histoire. Il situe les invasions barbares dans le cadre d’une eschatologie millénariste fondée sur des parallèles chronologiques entre Babylone [11], Rome, Carthage [12] et la Macédoine [13]. D’après son exégèse du livre de Daniel [14], il reste 2 siècles avant la fin du monde.

Pour lui ces 2 siècles seront des temps chrétiens [15] basés sur la concorde dans le cadre d’une christianisation universelle, notamment des Germains.

Bien que destinataire de la dédicace, Augustin d’Hippone ne pouvait approuver l’œuvre d’Orose pour plusieurs raisons. Orose confond la cité terrestre et la cité céleste, il affirme l’existence d’une action providentielle dans l’histoire politique, il associe l’histoire de l’Empire Romain à celle du Christianisme et il spécule sur la fin du monde.

C’est pourquoi, en 425 dans le livre XVIII de la Cité de Dieu, il réfute les idées historiques d’Orose.

Il est probablement mort vers 418, alors qu’il retournait dans la péninsule ibérique. On sait qu’il aborda aux Baléares [16] et, la saison étant déjà bien tardive pour naviguer, il avait sans doute le projet de gagner Tarragone [17] par mer, puis de finir son voyage jusqu’à Bracara Augusta par voie de terre. Il séjourna quelque temps à Minorque [18] à la fin de 417, ne pu passer en Hispanie comme il l’espérait, et décida de revenir en Afrique. Avant d’embarquer, il confia à l’évêque Sévère les reliques d’Étienne qui se révélèrent miraculeuses.

À partir de là, les traces d’Orose se perdent ; on n’a plus aucun témoignage de son existence, et il est probable qu’il disparut dans un naufrage au cours de la traversée.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Paul Orose/ Portail de l’histoire/ Écrivain romain du Ve siècle

Notes

[1] actuellement Braga

[2] L’Hispanie est le nom donné par les Romains à la péninsule Ibérique. Depuis le 15ème siècle l’Hispanie est l’hôte des États modernes espagnol et portugais. Au début les Carthaginois installent des comptoirs commerciaux sur la côte, sans pousser plus profondément à l’intérieur de l’Hispanie. En 501 av.jc, ils s’emparent de Gadès (Cadix), une ancienne colonie phénicienne. Après la première Guerre punique, les Carthaginois s’étendent rapidement dans le Sud, sous la conduite des Barcides. Ils y exploitent des mines d’or et redonnent à Carthage sa puissance économique et commerciale. En 230, ils fondent Carthagène, la nouvelle Carthage (Cartago Nova). En 218 av.jc, Hannibal forme une puissante armée qui comprend un contingent d’Ibères, et commence la deuxième Guerre punique en prenant Sagonte, puis en marchant vers l’Italie. Les Romains ne peuvent l’intercepter en Gaule, et dirigent une partie des leurs forces sur l’Hispanie, qui devient un théâtre d’opération de cette guerre. Après divers affrontements, Scipion l’Africain prend Carthagène en 209, et en 207, Hasdrubal mène les dernières forces carthaginoises de l’Hispanie vers l’Italie. En 202, la capitulation de Carthage livre officiellement l’Hispanie carthaginoise à Rome. En 197 av.jc, les Romains divisent l’Hispanie en deux provinces : Hispanie citérieure, donnant sur la Méditerranée, et Hispanie ultérieure (car plus éloignée de Rome), comprenant le Sud et tournée vers l’océan.

[3] Dans le cadre des Grandes Invasions, les Suèves se sédentarisent dans la région correspondant à l’actuelle Galice et au nord du Portugal au début du 5ème siècle. Ce royaume suève prend Bracara Augusta, actuelle Braga, comme capitale et existe de 410 à 584, année de son effondrement devant l’armée du royaume wisigoth dirigée par le roi Léovigild.

[4] Hippone est le nom antique de la ville d’Annaba, se trouvant au Nord-Est de l’Algérie. Elle devint l’une des principales citées de l’Afrique romaine. Saint Augustin fut évêque de la ville de 396 jusqu’à sa mort en 430. Au 5ème siècle, Hippone est devenue le foyer du christianisme sous l’épiscopat de Saint Augustin évêque de la ville de 396 jusqu’à sa mort en 430. Hippone est ensuite prise par les Vandales en 431 puis par les Byzantins en 533.

[5] Le priscillianisme est une des premières hérésies condamnées par la jeune Église de Rome. Certains la rapprochent de celle des pauliciens.

[6] Le nom Palestine désigne la région historique et géographique du Proche-Orient située entre la mer Méditerranée et le désert à l’est du Jourdain et au nord du Sinaï. Si le terme « Palestine » est attesté depuis le 5ème siècle av. jc par Hérodote, il est officiellement donné à la région par l’empereur Hadrien au 2ème siècle, désireux de punir les Juifs de leur révolte en 132-135. Elle est centrée sur les régions de la Galilée, de la Samarie et de la Judée. Ses limites sont au nord la Phénicie et le mont Liban et au sud la Philistie et l’Idumée. À l’époque des croisades, le Pérée au nord-est de la mer Morte, la Batanée et la Décapole au-delà du Jourdain y étaient attachés. La Palestine peut désigner le territoire situé uniquement à l’ouest du Jourdain. Historiquement, elle correspond à Canaan, à la Terre d’Israël et fait partie de la région de Syrie (Syrie-Palestine). Les Arabes, qui ont conquis la Palestine sur les Byzantins dans les années 630, divisent la province d’al-Sham en cinq districts (jund), dont l’un garde le nom de « Palestine » et s’étend du Sinaï jusqu’à Akko (connue par les Chrétiens sous le nom de Saint-Jean-d’Acre) ; son chef-lieu est d’abord Ludd (Lod) puis, dès 717, ar-Ramlah (Ramla) et plus tard Jérusalem. Les autres villes les plus importantes sont Rafah, Gaza, Jaffa, Césarée, Naplouse et Jéricho. Ce district de « Palestine » était bordé au nord et à l’est par celui de « Jordanie », al-Urdunn, qui avait pour capitale Tibériade et incluait Akko et Tyr. Les frontières entre ces deux districts ont plusieurs fois varié au cours de l’histoire. À partir du 10ème siècle, cette division a commencé à tomber en désuétude, pour faire place finalement au royaume chrétien de Jérusalem. Sous le gouvernement des Croisés, est fondé en 1099, le royaume latin de Jérusalem ; Jérusalem redevient capitale d’un État. Après la défaite et le départ des Croisés, aux 12ème et 13ème siècles, les jund (districts) arabo-musulmans sont réintroduits, mais leurs frontières sont sans cesse redéfinies.

[7] Le pélagianisme est le courant considéré comme hérétique par l’Église catholique, issu de la doctrine du moine Pélage. Pélage minimisait le rôle de la grâce et exaltait la primauté et l’efficacité de l’effort personnel dans la pratique de la vertu. Il soutenait que l’homme pouvait, par son seul libre arbitre, s’abstenir du péché, niait la nécessité de la grâce, le péché originel, les limbes pour les enfants morts sans baptême. En effet, pour le moine breton les hommes ne doivent pas supporter le péché originel d’Adam dans leurs actions et ne doivent donc pas se rédimer à jamais. Trois conciles s’étaient opposés à cette doctrine : ceux de Carthage, 415 et 417, et celui d’Antioche en 424. Le Concile oecuménique d’Éphèse, en 431, condamna cette hérésie en dépit des correctifs que Pélage inséra dans ses apologies. Le pélagianisme subsista jusqu’au 6ème siècle. Il fut surtout combattu par saint Augustin qui a tout fait pour que Pélage soit excommunié car il le considérait comme un disciple du manichéisme. En 426, l’Église catholique romaine excommunie Pélage.

[8] Ville du Proche-Orient que les Israéliens ont érigée en capitale, que les Palestiniens souhaiteraient comme capitale et qui tient une place centrale dans les religions juive, chrétienne et musulmane. La ville s’étend sur 125,1 km². En 130, l’empereur romain Hadrien change le nom de Jérusalem en « AElia Capitolina », (Aelius, nom de famille d’Hadrien ; Capitolina, en hommage au dieu de Rome, Jupiter capitolin) et il refonde la ville. Devenue païenne, elle est la seule agglomération de la Palestine à être interdite aux Juifs jusqu’en 638. Durant plusieurs siècles, elle est simplement appelée Aelia, jusqu’en 325 où Constantin lui redonne son nom. Après la conquête musulmane du calife Omar en 638, elle devient Iliya en arabe, ou Bayt al-Maqdis (« Maison du Sanctuaire »), équivalent du terme hébreu Beit ha-Mikdash (« Maison sainte »), tous deux désignant le Temple de Jérusalem, ou le lieu du voyage et d’ascension de Mahomet, al-Aqsa, où se situait auparavant le temple juif

[9] La Numidie est d’abord un ancien royaume berbère, qui alterna ensuite entre le statut de province et d’état vassal de l’Empire romain. Elle est située sur la bordure nord de l’Algérie moderne, bordé par la province romaine de Maurétanie, de nos jours l’Algérie et le Maroc, à l’ouest, la province romaine d’Afrique, la Tunisie, à l’est, la mer Méditerranée vers le nord , et le désert du Sahara vers le sud. Ses habitants étaient les Numides.

[10] Historiae contra paganos

[11] Babylone était une ville antique de Mésopotamie. C’est aujourd’hui un site archéologique majeur qui prend la forme d’un champ de ruines incluant des reconstructions partielles dans un but politique ou touristique. Elle est située sur l’Euphrate dans ce qui est aujourd’hui l’Irak, à environ 100 km au sud de l’actuelle Bagdad, près de la ville moderne de Hilla. À partir du début du 2ème millénaire av. jc, cette cité jusqu’alors d’importance mineure devient la capitale d’un royaume qui étend progressivement sa domination à toute la Basse Mésopotamie et même au-delà, sous le règne de Hammurabi dans la première moitié du 18ème siècle av. jc.

[12] Carthage est une ville tunisienne située au nord-est de la capitale Tunis. L’ancienne cité punique, détruite puis reconstruite par les Romains qui en font la capitale de la province d’Afrique proconsulaire, est aujourd’hui l’une des municipalités les plus huppées du Grand Tunis, résidence officielle du président de la République, regroupant de nombreuses résidences d’ambassadeurs ou de richissimes fortunes tunisiennes et expatriées. La ville possède encore de nombreux sites archéologiques, romains pour la plupart avec quelques éléments puniques,

[13] Le royaume de Macédoine est un État antique situé au nord de la Grèce correspondant aujourd’hui principalement à la Macédoine grecque. Il est centré sur la partie nord-est de la péninsule grecque, bordé par l’Épire à l’ouest, la Péonie au nord, la Thrace à l’est et la Thessalie au sud. Royaume périphérique de la Grèce aux époques archaïque et classique, il devient l’État dominant du monde grec durant l’époque hellénistique. L’existence du royaume est attestée au tout début du 7ème siècle av. jc avec à sa tête la dynastie des Argéades. Il connaît un formidable essor sous le règne de Philippe II qui étend sa domination sur la Grèce continentale en évinçant Athènes et la ligue chalcidienne pour ensuite fonder la Ligue de Corinthe. Son fils Alexandre le Grand est à l’origine de la conquête de l’immense empire perse et de l’expansion de l’hellénisme en Asie à la fin du 4ème siècle av. jc. Après sa mort, la Macédoine passe brièvement sous la tutelle des Antipatrides dans le contexte des guerres des diadoques. En 277, la royauté échoit à Antigone II Gonatas qui installe la dynastie des Antigonides qui règne jusqu’en 168, date à laquelle la Macédoine est conquise par les Romains. En 146 la Macédoine devient une province romaine.

[14] Le Livre de Daniel, écrit en hébreu et en araméen, fait partie de la Bible hébraïque (Tanakh) (plus précisément des Ketouvim) et de la Bible chrétienne (plus précisément des Prophètes de l’Ancien Testament). Le texte de la Bible chrétienne contient une partie supplémentaire appelée partie deutérocanonique, et écrite en grec. Le livre décrit des événements se déroulant de la captivité du peuple juif à Babylone sous Nabuchodonosor II, le roi de Babylone entre 605 et 562 av. jc, jusqu’à l’époque séleucide sous Antiochos IV, entre 175 et 163 av. jc.

[15] Les tempora christiana sont une expression d’Augustin d’Hippone

[16] Les îles Baléares sont l’une des communautés autonomes d’Espagne. Il s’agit d’un archipel situé en mer des Baléares qui comprend cinq îles principales, dont quatre habitées, ainsi que de nombreux îlots

[17] Tarragone est une ville et une municipalité du sud de la Catalogne, en Espagne, capitale de la province de Tarragone et de la région du Tarragonès

[18] Minorque est l’une des quatre îles Baléares habitées, cet archipel étant situé en mer Méditerranée. Elle se place au nord-est de Majorque et est voisine de l’îlot de l’Aire. En 1231, après la reconquête de Majorque par les chrétiens, Minorque reste un État musulman indépendant, quoique tributaire au roi Jacques 1er d’Aragon. L’île est d’abord gouvernée par Abû ’Uthmân Sa’îd ibn Hakam al Qurashi, puis après sa mort par son fils, Abû ’Umar ibn Sa’îd, d’Abû’Umar. Une invasion aragonaise, menée par Alphonse III intervient le 17 janvier 1287, date désormais célébrée comme jour national à Minorque. La plupart des habitants musulmans de l’île sont asservis et vendus sur les marchés aux esclaves d’Ibiza, de Valence et de Barcelone. Jusqu’en 1344, l’île appartient au royaume de Majorque, membre de la Couronne d’Aragon, puis est annexée par le royaume d’Aragon, lui-même intégré plus tard au royaume unifié d’Espagne.