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Guillaume Dubois dit l’abbé Dubois ou le cardinal Dubois

vendredi 3 juin 2022, par ljallamion

Guillaume Dubois dit l’abbé Dubois ou le cardinal Dubois (1656-1723)

Ecclésiastique et homme politique français

Né à Brive-la-Gaillarde [1], il fut le principal ministre de l’État sous la Régence de Philippe d’Orléans.

Très mal connue, en l’absence d’archives substantielles, la jeunesse du cardinal Dubois a fait l’objet d’innombrables anecdotes généralement malveillantes.

Le jeune Guillaume aurait été, selon ses ennemis, le fils d’un apothicaire. Il est le fils de Jean Dubois et de Marie de Joyet. Son père est en réalité docteur en médecine.

Éduqué par les frères de la Doctrine Chrétienne [2], il reçoit la tonsure. En 1672, à 16 ans, il obtient une bourse et part, sans doute par la protection du lieutenant général du Limousin [3], le marquis Jean de Pompadour, pour Paris, poursuivre sa formation au collège Saint-Michel*,  [4].

Il est vite remarqué par l’abbé Antoine Faure, directeur de l’établissement, qui obtient pour son compatriote le poste envié de précepteur du neveu du roi, le jeune Philippe, duc de Chartres, futur duc d’Orléans, né en 1674.

En 1692, sous l’insistance acharnée de Louis XIV, mais face à l’opposition irréductible de sa mère, la princesse palatine, le duc de Chartres épouse Mademoiselle de Blois, fille naturelle légitimée que le roi avait eu de Madame de Montespan. Dubois est appelé à la rescousse pour vaincre les hésitations du jeune duc et obtient par la suite l’abbaye de Saint Just en Picardie [5].

En 1698, au service de la maison d’Orléans [6] en même temps que l’abbé de Saint-Pierre Charles-Irénée Castel de Saint-Pierre , Dubois effectue une mission diplomatique en Angleterre. Il y découvre une nation capitaliste et libérale en plein essor, visite Oxford [7], rencontre les exilés français tels Saint-Évremond et noue sans doute d’utiles relations dans l’entourage de la Cour de Saint-James [8].

De retour au Palais Royal, Dubois devient dans l’entourage des Orléans un spécialiste de la diplomatie secrète. Il y croise l’abbé de Saint-Pierre, théoricien de la paix universelle.

Le début de la Régence en 1715 marque le début d’un bref mais flamboyant apogée dans la carrière de Dubois.

Devenu conseiller du Régent, il exerce une influence croissante. Il oriente la France vers l’alliance britannique, aidé en cela des renseignements de sa maîtresse en titre,Madame de Tencin qui, par son fameux salon littéraire et politique, était au fait du dessous des cartes de la politique anglaise.

Les Orléans et les Hanovre [9] devant faire face à de vives oppositions intérieures, il s’efforce de maintenir la paix qui, seule, peut permettre de maintenir la stabilité du régime et l’économie française, bien malmenée par la longue guerre de Succession d’Espagne [10] qui vient à peine de se terminer.

Face aux projets du Cardinal Alberoni en Espagne, il négocie la Triple Alliance [11] en 1717 avec George 1er. En 1719, une guerre limitée contre l’Espagne force Philippe V à renvoyer Alberoni.

Il obtient ensuite, après avoir reçu les ordres mineurs et le sous-diaconat le 24 février 1720 et annulé son mariage, l’archevêché de Cambrai [12] le 9 juin 1720, un des plus riches du pays, qui lui fournit également le titre prestigieux de prince du Saint Empire romain germanique. Le 16 juillet 1721, après l’élection d’Innocent XIII, il reçoit enfin la pourpre cardinalice, alors qu’il ne sait pas célébrer une messe. Il n’ira jamais dans son diocèse, l’essentiel de ses préoccupations allant à la politique. Il devint abbé commendataire de l’abbaye de Cercamp [13], le 29 juillet 1721.

Il meurt à Versailles en 1723, suivi de près par son ancien élève, le duc d’Orléans. Il fut inhumé dans la collégiale Saint-Honoré à Paris [14], mais celle-ci fut détruite en 1792 lors de la Révolution. La tombe du Cardinal Dubois fut transportée quelque temps après dans l’église Saint-Roch à Paris [15] où elle se trouve toujours.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de A.Dupilet, Le Cardinal Dubois, Le génie politique de la Régence, Tallandier Paris 2015

Notes

[1] Brive-la-Gaillarde, couramment appelée simplement Brive, est une commune du Sud-Ouest de la France, sous-préfecture de la Corrèze. La localité fut christianisée au 5ème siècle par Martin dit l’Espagnol, martyrisé en 407, sur la tombe duquel Rorice 1er, évêque de Limoges, construisit une basilique à la fin du 5ème siècle. Au 6ème siècle, elle fut le théâtre d’une révolte des notables d’Aquitaine qui, refusant de tomber sous la coupe du roi d’Austrasie Childebert II aidé par son oncle Gontran, roi de Bourgogne, se réunirent à Brive et portèrent sur le pavois Gondovald, un bâtard de Clotaire, lui-même fils de Clovis, en 584. Mais ce « roi de Brive » fut assassiné en 585 à Saint-Bertrand-de-Comminges. La basilique fut incendiée en 584 par l’armée de Gontran Boson et le Limousin, rattaché à l’Austrasie. Saint Ferréol, évêque de Limoges, fit reconstruire la basilique et s’appuya sur une communauté de chanoines pour la diffusion de l’Évangile. Vers l’an mil, Brive était devenue un bourg canonial avec la collégiale Saint-Martin et doté de plusieurs lieux de culte : église Saint-Pierre, église Saint-Sernin, etc.

[2] Les prêtres de la doctrine chrétienne ou doctrinaires constituent une congrégation cléricale de droit pontifical. Il ne faut pas les confondre avec la congrégation des Frères de la doctrine chrétienne. Après la lecture du catéchisme promu par le concile de Trente, César de Bus décide de former un institut de catéchistes pour enseigner la religion aux enfants et aux pauvres. Il rassemble quelques prêtres et fonde les doctrinaires le 29 septembre 1592 à L’Isle-sur-la-Sorgue. Mgr Francesco Maria Tarugi, archevêque d’Avignon leur donne le monastère de Sainte-Praxède d’Avignon. L’institut est approuvé par Clément VIII par le bref Exposcit debitum du 23 décembre 1597. À la mort du fondateur en 1607, il y a trois maisons : Avignon, Toulouse et Brive la Gaillarde. Par le bref du 9 avril 1616, Paul V les unit aux clercs réguliers de Somasque les transformant en religieux de vœux solennels, une fraction des doctrinaires se sépare en 1619 « parce qu’on avait voulu changer les constitutions primitives de la société en y introduisant des vœux » et se réunit aux prêtres de la congrégation de l’Oratoire. Innocent X rétabli la congrégation le 30 juillet 1647. Le droit d’ouvrir des écoles et d’enseigner la grammaire, la rhétorique et la philosophie est confirmé le 19 avril 1658 par Alexandre VII. Au début du 18ème siècle et jusque vers 1745, la congrégation se rallie au cartésianisme avant de revenir vers une métaphysique plus traditionnelle. Le 28 septembre 1725, Benoît XIII unit les pères de la doctrine chrétienne avec la congrégation éponyme de Naples fondée à Laurito le 2 décembre 1617 par Gianfilippo Romanelli Andrea Brancaccio et Pompeo Monfort. En 1726, Benoît XIII leur confie l’église Santa Maria in Monticelli de Rome. En 1747 ils absorbent l’archiconfrérie de la doctrine chrétienne ou agatistes fondé par Marco Sadi Cusani le 10 août 1560 pour enseigner le catéchisme près de la basilique Sant’Apollinare à Rome et érigé en confrérie par Paul V le 6 octobre 1607. Après la suppression de la Compagnie de Jésus, ils reprennent un certain nombre de leurs établissements dont le collège des jésuites de Bourges. Les prêtres de la doctrine chrétienne sont dispersés en 1792

[3] Le Limousin est une ancienne région administrative, issue d’une région historique et culturelle française et qui était composée des trois départements de la Corrèze (19), de la Creuse (23) et de la Haute-Vienne (87). Elle est située en totalité dans la partie nord-ouest du Massif central. Ses frontières sont à peu de chose près les mêmes que celles de la cité gallo-romaine des Lémovices. Faisant intégralement partie de l’Occitanie historique dont elle constitue une bordure septentrionale, la région administrative Limousin était principalement issue du regroupement des anciennes provinces du Limousin et de la Marche, mais elle correspondait surtout à l’ancien diocèse de Limoges, lui-même calqué sur la cité des Lémovices. L’ancien comté carolingien de Limoges occupait aussi le même espace. La province fut, de l’Antiquité au 12ème siècle, une composante essentielle de l’Aquitaine.

[4] aujourd’hui disparu, mais dont il reste quelques vestiges rue de Bièvre (5e arrondissement)

[5] La Picardie fut entre 1477 et 1790, une province du royaume de France, en même temps qu’un territoire géographique et culturel, situé au nord-ouest de la France et bordé par la Manche. La province de Picardie n’émergea réellement qu’à la fin du Moyen Âge (fin du 15ème iècle), lorsqu’elle devint la marche frontière entre les Pays-Bas bourguignons et le royaume de France. Un gouvernement de Picardie fut alors créé, qui disparut à la Révolution française.

[6] Le terme de « maison d’Orléans », qui tire son nom de l’apanage du duché d’Orléans, désigne quatre branches de la maison royale de France (deux des Valois et deux des Bourbons).

[7] L’université d’Oxford est la plus ancienne université britannique. Elle figure parmi les plus prestigieuses universités du Royaume-Uni et du monde. La date de sa fondation n’est pas connue précisément. Les traces les plus anciennes d’une activité d’enseignement à Oxford datent de 1116 environ avec l’arrivée de l’écolâtre Thibaud d’Étampes. L’université a en fait vraiment commencé à se développer à partir de 1167, lorsque Henri II interdit aux étudiants anglais de suivre les cours de l’université de Paris.

[8] Le palais Saint James est l’un des plus vieux palais de Londres. Il est situé entre Pall Mall et The Mall, juste au nord de St James’s Park. Bien que les souverains britanniques n’y résident plus depuis 1837, date de l’accession au trône de la reine Victoria, il reste la résidence administrative officielle de la Couronne, toujours appelée Court of St. James’s.

[9] La maison de Hanovre est une dynastie royale allemande qui a régné sur le duché de Brunswick-Lunebourg, le royaume de Hanovre, le royaume de Grande-Bretagne, puis du Royaume-Uni. Elle succède à la maison Stuart sur le trône britannique en 1714 et s’y maintient jusqu’à la mort de Victoria en 1901. Elle est parfois appelée maison de Brunswick-Lüneburg.

[10] La guerre de Succession d’Espagne est un conflit qui a opposé plusieurs puissances européennes de 1701 à 1714, dont l’enjeu était la succession au trône d’Espagne à la suite de la mort sans descendance du dernier Habsbourg espagnol Charles II et, à travers lui, la domination en Europe. Dernière grande guerre de Louis XIV, elle permit à la France d’installer un monarque français à Madrid : Philippe V, mais avec un pouvoir réduit, et le renoncement, pour lui et pour sa descendance, au trône de France, même dans le cas où les autres princes du sang français disparaîtraient. Ces conditions ne permettaient pas une union aussi étroite que celle qui était espérée par Louis XIV. La guerre de succession donna néanmoins naissance à la dynastie des Bourbons d’Espagne, qui règne toujours aujourd’hui.

[11] La Triple-Alliance est le nom donné à l’alliance signée à La Haye le 4 janvier 1717, conclue entre les états généraux des Provinces-Unies, Georges 1er, roi de Grande-Bretagne, et Philippe d’Orléans, le régent du royaume de France. Cette alliance a été scellée contre les projets ambitieux du ministre d’Espagne Albéroni qui voulait revenir sur les traités d’Utrecht, de Baden et de Rastatt et rendre à l’Espagne la totalité de ses anciennes possessions. La France s’engage à soutenir la succession en Angleterre de l’électeur de Hanovre.

[12] Le diocèse puis archidiocèse de Cambrai est une circonscription de l’Église catholique romaine en France. De sa création à 1559, l’évêché comprenait toute la rive droite de l’Escaut jusqu’à son embouchure dans la mer du Nord. Il était bordé au nord et à l’est par le diocèse de Liège, au sud par les diocèses de Laon et de Noyon et à l’ouest par les diocèses d’Arras, réuni à Cambrai jusqu’en 1094, et de Tournai. Il était un des trois diocèses de Basse Lotharingie, avec ceux de Liège et d’Utrecht et comptait six archidiaconés : Cambrai, Brabant, Bruxelles, Hainaut, Valenciennes et Anvers, recouvrant approximativement l’ancien territoire des Nerviens. C’est en 1094, à l’initiative d’Urbain II, au cours de la querelle des Investitures, que l’ancien diocèse d’Arras, uni pendant longtemps à celui de Cambrai, en fut séparé et considéré comme un ressort distinct

[13] L’abbaye Notre-Dame de Cercamp était une abbaye cistercienne fondée au 12ème siècle par Hugues III de Campdavaine, à Frévent dans le hameau de Cercamp. Rattachée à l’ordre cistercien, elle était fille de Pontigny. Elle a été fermée à la Révolution française et ses bâtiments ont été en grande partie ruinés au 19ème siècle. L’abbaye se trouvait dans la vallée de la Canche qui baignait, au nord, les murs du monastère au moyen d’un canal creusé de main d’hommes. Ce canal amenait l’eau dans les jardins de l’abbaye.

[14] La collégiale Saint-Honoré est une ancienne église collégiale de Paris, aujourd’hui disparue. L’édifice se trouvait dans l’actuel 1er arrondissement. Le site est occupé par des immeubles abritant des services du ministère de la culture, rue Saint-Honoré.

[15] L’église Saint-Roch, située au 296 rue Saint-Honoré, dans le 1er arrondissement de Paris, a été bâtie entre 1653 et 1722 sur les plans initiaux de Jacques Le Mercier. Longue de 126 mètres, de style essentiellement baroque, c’est l’une des plus vastes de Paris.