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L’Egypte au temps de Ramsès II de vers 1300-1213 av. jc

dimanche 3 avril 2022, par ljallamion

L’Egypte au temps de Ramsès II de vers 1300-1213 av. jc

Il n’existe pas, dans toute l’histoire des rois de l’ancienne Egypte, un souverain qui ait montré, tout au long de son règne, un souci aussi évident d’exalter sa gloire.

Il ne se contente pas seulement, à l’image de ses prédécesseurs, d’énumérer les événements phares d’un règne conduit pour le bien-être du pays. Il ne se borne pas davantage à s’inspirer de la relative discrétion de Thoutmôsis III, en évoquant les multiples expéditions de ce réel guerrier, dans les régions du Proche-Orient. En revanche, toutes les actions de ce fils de Séthi 1er sont présentées, la plupart du temps, comme miraculeuses.

Cette réputation particulière du grand Ramsès s’associe à son exceptionnelle longévité : il décède en effet vers l’âge de 90 ans, après 67 années de règne, alors que ses contemporains ne dépassent pas généralement la quarantaine ! Pendant toute son existence, il ne cesse de faire édifier d’illustres monuments : temples et chapelles, bâtiments administratifs ; des tombes rupestres sont aménagées à sa gloire et à celle des membres de sa famille (mère, grandes épouses royales, filles et fils au nombre incalculable) ; il fait aussi ériger nombre de fondations et surtout une nouvelle capitale de rêve chantée par les poètes. Le programme architectural du roi couvre toute l’Egypte et la Nubie [1].

Cependant le grand événement du règne commence lorsque le jeune souverain, en l’an V, s’oppose à la redoutable coalition de ses voisins orientaux, organisée par son puissant ennemi, Mouwatalli II , le roi hittite [2]. Ramsès rassemble ses quatre corps d’armée, bien entraînés, à la tête desquels il part escorté d’une lourde intendance. Il s’arrête imprudemment aux environs de la citadelle de Qadesh [3], sur l’Oronte [4], naguère en possession de Touthmôsis III et qui était tombé aux mains des Hittites. En pleine bataille, éloigné du gros de ses troupes, cerné par d’adversaire, Ramsès est sauvé par la manœuvre de ses deux chevaux et la supplique adressée à son dieu Amon. Le soir du combat, Ramsès déclare l’arrêt des hostilités, suivi des pourparlers avec son ennemi valeureux.

Désormais les écrits vont être enrichis par les exploits du souverain, les murs des temples reproduisent textes et images spectaculaires comme autant de propagande sur les étapes du miracle dont Ramsès est le héros.

Les conséquences de cette bataille se prolongeront tout au long du règne pendant lequel Ramsès et le roi hittite, puis son successeur, Hattusili III , s’engagent en de longs entretiens épistolaires et par divers ambassadeurs. Jusqu’au jour où un nouveau miracle survient : le premier traité de paix échangé entre deux souverains au 2ème millénaire avant notre ère. Traité assorti de tout le travail bureaucratique et diplomatique propre à faire régner l’ordre et le calme au Proche-Orient.

Si ce n’est encore qu’un tout jeune roi qui monte sur le trône vers 1279 av. jc. Il a déjà acquis une solide expérience militaire en accompagnant son père, Séthy 1er, quand il a fallu remettre de l’ordre aux frontières du royaume et endiguer certaines prétentions étrangères sur des comptoirs commerciaux alors sous contrôle de l’Egypte. Mais c’est surtout par une œuvre de bâtisseur que commence le long règne de Ramsès II. Depuis le delta jusqu’à la lointaine Nubie, il n’y a pas un monument sur lequel le roi n’aura voulu laisser son souvenir.

Si nous lui devons la restauration d’un bon nombre de monuments, il a également été le promoteur de grandioses chantiers [5]. Il sait s’entourer pour cela des meilleurs artistes, qu’ils soient architectes, conducteurs de travaux ou sculpteurs.

Dans la période difficile du début de son règne, il sait protéger l’Egypte contre toute ambition étrangère. Même si l’empire bâti par Thoutmosis III disparaît après le désastre causé par l’épisode amarnien [6].

La guerre menée contre les Hittites à Qadesh est avant tout l’occasion de redéfinir les frontières, mais de renforcer une économie solide et qui est menacée, Ramsès II sort de ce conflit en héros, dont le dénouement aboutit au traité de paix signé en l’an 21 de son règne, qui rétablit pour des décennies une conciliation sur le monde oriental.

A peine sorti de la guerre il s’atèle à une réorganisation du royaume en nommant aux postes clés les meilleures fonctionnaires, des élites qui sont souvent des amis d’enfance auxquels il accorde une confiance totale. Des carrières et des mines sont ouvertes ou ré ouvertes, notamment celles qui produisent l’or en Nubie.

À l’étranger, il délègue un certain nombre d’émissaires pour surveiller les colonies sous tutelle et stimuler la production de denrées dont l’Egypte à besoin. Il n’est pas rare que des Syriens [7], des Cananéens [8] ou des Hourrites [9] s’installent dans la vallée du Nil. Certains y feront de fulgurantes carrières dans les rouages de l’administration royale.

De surcroît le roi s’intéresse à la culture régénère la langue et la pensée et impose de nouvelles techniques artistiques.

Un jour en visite à Thèbes, bien que le Nil ait commencé sa décrue, il fait encore chaud le long de la vallée du Nil. Bientôt les semailles se feront dans les champs limoneux car l’inondation fut exceptionnelle. Tout en regardant au loin les étendues fertiles gorgées de cette boue grasse nourricière de l’Egypte, Ramsès pense qu’il lui faudra bientôt aller à Eléphantine [10] remercier le dieu Khnoum gardien des sources du Nil et maître de la crue à l’occasion d’un prochain voyage en Nubie. En effet, Heqanakht son vice roi de Kouch [11] l’a récemment invité à venir constater l’avancement des chantiers en cours, notamment sur son domaine de Ramsès-Meryamon [12] ou il a décidé de faire creuser 2 majestueux spéos [13], le premier pour lui, le second pour Néfertari sa 1ère épouse.

Pacer son vizir [14] du sud et l’un des hommes les plus influents du pays l’accueil. Les projets de Ramsès sont nombreux du nord au sud de l’Egypte et jusqu’au fin fond de la Nubie. Le roi ne cesse de penser à des agrandissements, des rénovations, des constructions de sanctuaires, si bien que lui Pacer à du mal à suivre. Rien qu’à Thèbes [15], il doit lui faire visiter les chantiers du grand temple d’Amon et du temple d’Opet sur la rive Est, sans compter les travaux à l’Ouest, sa tombe et celle de Nefertari et surtout son château d’Ousermaâtra Setepenrâ qui s’unit à Thèbes dans le domaine d’Amon le Ramesseum [16], utilisé comme temple funéraire du roi et comme centre religieux et économique de toute première importance sous son règne.

Paser prévoit une longue journée pour le lendemain. Ramsès inspectera minutieusement structures et décors pour que tout soit parfait. Le vizir sait qu’il sera particulièrement attentif au rendu de la bataille de Qadesch [17], figurée sur les pylônes d’entrée de différents sanctuaires, chaque détail de l’assaut, chaque visage des vils Asiatiques sera scruté.

En l’honneur de Ramsès, Paser a organisé un banquet avec les plus hauts fonctionnaires de Thèbes et des environs. En fin d’après midi les invités arrivent. Respectueusement, ils salent le roi puis la reine, installés sur des trônes délicatement marquetés. Des serviteur s’affairent, distribuant guirlandes de fleurs et fruits. A coté de chaque convive se dresse un guéridon sur lequel s’amoncelle la nourriture. Devant l’assemblée, musiciennes chanteuses et danseuses animent le repas.

Puis, le couple royal se retire dans ses appartements privés. Il fait encore nuit lorsque Ramsès est tirer de son sommeil. Encore un peu somnolent, Ramsès se dirige vers la maison du Matin, où se déroule le cérémonial de la toilette et de l’habillage.

En tant que représentant des dieux sur terre et premier prêtre d’Egypte, Pharaon se doit d’assurer, là ou il se trouve, le culte divin journalier.

Une fois le rituel achevé, Ramsès se dirige vers les salles d’audience, ou l’attend Paser en présence des plus hautes autorités de la région. On y traite des affaires intérieures et extérieures, de même qu’on « évoque tout dysfonctionnement susceptible d’entraver la bonne marche du pays.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de histoire de L’Egypte au temps de Ramsès II/ Historia n° 55/ septembre/octobre 2020 et de Christiane Desroches Noblecourt

Notes

[1] La Nubie est aujourd’hui une région du nord du Soudan et du sud de l’Égypte, longeant le Nil. Dans l’Antiquité, la Nubie était un royaume indépendant dont les habitants parlaient des dialectes apparentés aux langues couchitiques. Le birgid, un dialecte particulier, était parlé jusqu’au début des années 1970 au nord du Nyala au Soudan, dans le Darfour. L’ancien nubien était utilisé dans la plupart des textes religieux entre les 8ème et 9ème siècles.

[2] Les Hittites sont un peuple ayant vécu en Anatolie au 2ème millénaire av. jc. Ils doivent leur nom à la région dans laquelle ils ont établi leur royaume principal, le Hatti, situé en Anatolie centrale autour de leur capitale, Hattusan. À partir de la seconde moitié du 17ème siècle avant notre ère, les rois du Hatti construisent un des plus puissants royaumes du Moyen-Orient, dominant l’Anatolie jusqu’aux alentours de 1200 av. jc. À partir du 14ème siècle avant notre ère, ils réussissent à faire passer la majeure partie de la Syrie sous leur coupe, ce qui les met en rivalité avec d’autres puissants royaumes du Moyen-Orient : l’Égypte, le Mitanni et l’Assyrie.

[3] Qadesh ou Kadesh est une ville de la Syrie antique. Elle correspond au site actuel de Tell Nebi Mend, situé à 24 km au sud-ouest d’Homs, en amont du lac Qattina ou lac de Homs, sur la rive ouest de l’Oronte à proximité de la frontière libanaise. Elle fut le lieu de batailles dont la plus célèbre, qui eut lieu au début du 13ème siècle avant notre ère, opposa deux grandes puissances de l’époque : les armées de l’empire hittite menées par Muwatalli II et de l’Égypte menées par Ramsès II.

[4] L’Oronte ou l’Assi est un fleuve du Proche-Orient. Il prend sa source au centre du Liban, traverse la Syrie occidentale et se jette dans la Méditerranée près du port de Samandağ, dans la région du Hatay, au sud-est de la Turquie (région revendiquée par la Syrie). Il est long de 571 km et son débit naturel (au nord de la plaine de la Bekaa) est de 420 millions de m3/an (1 100 millions de m3/an au niveau de son embouchure).

[5] Karmak, Louxor, Thèbes ou Abylos en Nubie

[6] La période amarnienne désigne la période durant laquelle le pharaon Akhenaton régna dans sa nouvelle capitale, Akhetaton. Sur le plan religieux, cette période est marquée par un ensemble de réformes uniques dans l’histoire de l’Égypte ancienne : « le roi hérétique » proclame la suprématie du dieu solaire Aton, ferme les temples du dieu thébain Amon, interdit le culte des dieux traditionnels et confisque les biens du clergé au profit de l’État. En même temps, il abandonne Thèbes, la capitale religieuse, et édifie sa nouvelle capitale plus au nord, dans un lieu désertique de la Moyenne-Égypte, à Amarna. La cour, de même que la chancellerie royale, déménagent à Akhetaton et les notables qui suivent le roi dans sa nouvelle capitale se font creuser leurs sépultures dans les falaises entourant le site. Construite à la hâte et en grande partie en briques crues, la ville ne résiste pas à l’épreuve du temps, ni à la hargne des successeurs d’Akhenaton qui ont cherché à effacer toute trace de l’hérésie amarnienne. Dans le domaine de l’art aussi, la période amarnienne est en rupture avec le passé : l’art amarnien se caractérise par une représentation des personnages, surtout de la famille royale, qu’on a qualifiée d’expressionniste ou de caricaturale. Cette représentation contraste avec une figuration délicate de la nature, un naturalisme où abondent les plantes, les fleurs et les animaux.

[7] La Syrie fut occupée successivement par les Cananéens, les Phéniciens, les Hébreux, les Araméens, les Assyriens, les Babyloniens, les Perses, les Grecs, les Arméniens, les Romains, les Nabatéens, les Byzantins, les Arabes, et partiellement par les Croisés, par les Turcs Ottomans et enfin par les Français à qui la SDN confia un protectorat provisoire pour mettre en place, ainsi qu’au Liban, les conditions d’une future indépendance politique.

[8] Canaan désigne une région du Proche-Orient ancien située le long de la rive orientale de la mer Méditerranée. Cette région correspond plus ou moins aujourd’hui aux territoires réunissant les territoires disputés, l’État d’Israël, l’ouest de la Jordanie, le sud du Liban et l’ouest de la Syrie.

[9] Les Hourrites ou Hurrites ou Hari, Khurrites, Hourri, Churri, Hurri, Hurriter, sont un peuple habitant l’Asie Mineure durant l’Antiquité. Ils fondent le royaume du Hourri ou Hari d’où découle plus tard le Mitanni, au début du second millénaire, dans une région jouxtant le Nord de la Mésopotamie.

[10] L’île Éléphantine est une île d’Égypte située sur le Nil, en face du centre-ville d’Assouan dont elle fait partie. Elle constitue une des nombreuses îles et rochers qui forment la première cataracte du Nil. Dans l’Égypte antique, l’île était une ville, capitale du premier nome de Haute Égypte, celui « du Pays de l’arc » ou « du Pays de Nubie » (tA-sty).

[11] Le royaume de Koush est l’appellation que les Égyptiens antiques donnèrent au royaume qui s’établit au sud de leur pays dès l’Ancien Empire. Ce royaume eut une longévité peu commune et trouve ses origines dans les cultures néolithiques qui se développèrent dans le couloir nilotique du Soudan actuel et de la Nubie égyptienne. On a longtemps considéré cette culture à l’aune de la civilisation égyptienne et de ce fait peu d’études eurent lieu à son sujet, la reléguant alors soit au stade d’une principauté dépendante du royaume des pharaons ou encore à celui d’un avatar de cette civilisation, ne lui reconnaissant donc aucune spécificité voire une valeur relative.

[12] Abou Simbel

[13] des sanctuaires creusé dans la roche

[14] Le mot persan vizir, désigne un fonctionnaire de haut rang, ayant un rôle de conseiller ou de ministre auprès des dirigeants musulmans (califes, émirs, maliks, padishah ou sultans).

[15] Thèbes (aujourd’hui Louxor) est le nom grec de la ville d’Égypte antique Ouaset (« Le sceptre » ou « La Puissante »), appartenant au quatrième nome de Haute Égypte. D’abord obscure capitale de province, elle prend une importance nationale à partir de la XIème dynastie. Elle est en effet la ville d’origine des dynastes de la famille des Antef, qui fondent la XIème dynastie avec Montouhotep 1er et Montouhotep II, liquidateurs de la Première Période Intermédiaire et rassembleurs des Deux Terres, c’est-à-dire de la Haute Égypte et de la Basse Égypte.

[16] Le Ramesséum est le temple des millions d’années de Ramsès II, faisant aussi office d’université, situé dans la nécropole thébaine, en face de Louxor, en Égypte. La superficie de ce temple est d’environ dix hectares. Vaste domaine, ceint d’un haut mur d’enceinte, en son centre se trouvait le temple, entouré de bâtiments pour les célébrations des fêtes, des bureaux administratifs, maisons de prêtres, atelier, entrepôts et un palais où résidait Ramsès lors de sa venue sur le site. Important centre économique, culturel et religieux, le château de millions d’années était un point de convergence intellectuelle et de réflexion théologique.

[17] La bataille de Qadesh (ou Kadech) est une bataille qui a eu lieu aux environs de 1274 av. jc et qui a opposé deux des plus grandes puissances du Moyen-Orient : l’empire hittite de Muwatalli, dont le centre était en Anatolie centrale, et le Nouvel Empire égyptien de Ramsès II. Cette bataille s’est déroulée aux abords de Qadesh, dans le Sud de l’actuelle Syrie. Son résultat est discuté parce qu’il semble indécis. Bien qu’ayant commencé à l’avantage des Hittites, elle se solde par un renversement de situation en faveur des Égyptiens, mais il est parfois considéré que les Hittites sont vainqueurs si on tient compte des gains territoriaux obtenus après le conflit.