Il n’existe pas, dans toute l’histoire des rois de l’ancienne Egypte, un souverain qui ait montré, tout au long de son règne, un souci aussi évident d’exalter sa gloire.
Il ne se contente pas seulement, à l’image de ses prédécesseurs, d’énumérer les événements phares d’un règne conduit pour le bien-être du pays. Il ne se borne pas davantage à s’inspirer de la relative discrétion de Thoutmôsis III, en évoquant les multiples expéditions de ce réel guerrier, dans les régions du Proche-Orient. En revanche, toutes les actions de ce fils de Séthi 1er sont présentées, la plupart du temps, comme miraculeuses.
Cette réputation particulière du grand Ramsès s’associe à son exceptionnelle longévité : il décède en effet vers l’âge de 90 ans, après 67 années de règne, alors que ses contemporains ne dépassent pas généralement la quarantaine ! Pendant toute son existence, il ne cesse de faire édifier d’illustres monuments : temples et chapelles, bâtiments administratifs ; des tombes rupestres sont aménagées à sa gloire et à celle des membres de sa famille (mère, grandes épouses royales, filles et fils au nombre incalculable) ; il fait aussi ériger nombre de fondations et surtout une nouvelle capitale de rêve chantée par les poètes. Le programme architectural du roi couvre toute l’Egypte et la Nubie [1].
Cependant le grand événement du règne commence lorsque le jeune souverain, en l’an V, s’oppose à la redoutable coalition de ses voisins orientaux, organisée par son puissant ennemi, Mouwatalli II , le roi hittite [2]. Ramsès rassemble ses quatre corps d’armée, bien entraînés, à la tête desquels il part escorté d’une lourde intendance. Il s’arrête imprudemment aux environs de la citadelle de Qadesh [3], sur l’Oronte [4], naguère en possession de Touthmôsis III et qui était tombé aux mains des Hittites. En pleine bataille, éloigné du gros de ses troupes, cerné par d’adversaire, Ramsès est sauvé par la manœuvre de ses deux chevaux et la supplique adressée à son dieu Amon. Le soir du combat, Ramsès déclare l’arrêt des hostilités, suivi des pourparlers avec son ennemi valeureux.
Désormais les écrits vont être enrichis par les exploits du souverain, les murs des temples reproduisent textes et images spectaculaires comme autant de propagande sur les étapes du miracle dont Ramsès est le héros.
Les conséquences de cette bataille se prolongeront tout au long du règne pendant lequel Ramsès et le roi hittite, puis son successeur, Hattusili III , s’engagent en de longs entretiens épistolaires et par divers ambassadeurs. Jusqu’au jour où un nouveau miracle survient : le premier traité de paix échangé entre deux souverains au 2ème millénaire avant notre ère. Traité assorti de tout le travail bureaucratique et diplomatique propre à faire régner l’ordre et le calme au Proche-Orient.
Si ce n’est encore qu’un tout jeune roi qui monte sur le trône vers 1279 av. jc. Il a déjà acquis une solide expérience militaire en accompagnant son père, Séthy 1er, quand il a fallu remettre de l’ordre aux frontières du royaume et endiguer certaines prétentions étrangères sur des comptoirs commerciaux alors sous contrôle de l’Egypte. Mais c’est surtout par une œuvre de bâtisseur que commence le long règne de Ramsès II. Depuis le delta jusqu’à la lointaine Nubie, il n’y a pas un monument sur lequel le roi n’aura voulu laisser son souvenir.
Si nous lui devons la restauration d’un bon nombre de monuments, il a également été le promoteur de grandioses chantiers [5]. Il sait s’entourer pour cela des meilleurs artistes, qu’ils soient architectes, conducteurs de travaux ou sculpteurs.
Dans la période difficile du début de son règne, il sait protéger l’Egypte contre toute ambition étrangère. Même si l’empire bâti par Thoutmosis III disparaît après le désastre causé par l’épisode amarnien [6].
La guerre menée contre les Hittites à Qadesh est avant tout l’occasion de redéfinir les frontières, mais de renforcer une économie solide et qui est menacée, Ramsès II sort de ce conflit en héros, dont le dénouement aboutit au traité de paix signé en l’an 21 de son règne, qui rétablit pour des décennies une conciliation sur le monde oriental.
A peine sorti de la guerre il s’atèle à une réorganisation du royaume en nommant aux postes clés les meilleures fonctionnaires, des élites qui sont souvent des amis d’enfance auxquels il accorde une confiance totale. Des carrières et des mines sont ouvertes ou ré ouvertes, notamment celles qui produisent l’or en Nubie.
À l’étranger, il délègue un certain nombre d’émissaires pour surveiller les colonies sous tutelle et stimuler la production de denrées dont l’Egypte à besoin. Il n’est pas rare que des Syriens [7], des Cananéens [8] ou des Hourrites [9] s’installent dans la vallée du Nil. Certains y feront de fulgurantes carrières dans les rouages de l’administration royale.
De surcroît le roi s’intéresse à la culture régénère la langue et la pensée et impose de nouvelles techniques artistiques.
Un jour en visite à Thèbes, bien que le Nil ait commencé sa décrue, il fait encore chaud le long de la vallée du Nil. Bientôt les semailles se feront dans les champs limoneux car l’inondation fut exceptionnelle. Tout en regardant au loin les étendues fertiles gorgées de cette boue grasse nourricière de l’Egypte, Ramsès pense qu’il lui faudra bientôt aller à Eléphantine [10] remercier le dieu Khnoum gardien des sources du Nil et maître de la crue à l’occasion d’un prochain voyage en Nubie. En effet, Heqanakht son vice roi de Kouch [11] l’a récemment invité à venir constater l’avancement des chantiers en cours, notamment sur son domaine de Ramsès-Meryamon [12] ou il a décidé de faire creuser 2 majestueux spéos [13], le premier pour lui, le second pour Néfertari sa 1ère épouse.
Pacer son vizir [14] du sud et l’un des hommes les plus influents du pays l’accueil. Les projets de Ramsès sont nombreux du nord au sud de l’Egypte et jusqu’au fin fond de la Nubie. Le roi ne cesse de penser à des agrandissements, des rénovations, des constructions de sanctuaires, si bien que lui Pacer à du mal à suivre. Rien qu’à Thèbes [15], il doit lui faire visiter les chantiers du grand temple d’Amon et du temple d’Opet sur la rive Est, sans compter les travaux à l’Ouest, sa tombe et celle de Nefertari et surtout son château d’Ousermaâtra Setepenrâ qui s’unit à Thèbes dans le domaine d’Amon le Ramesseum [16], utilisé comme temple funéraire du roi et comme centre religieux et économique de toute première importance sous son règne.
Paser prévoit une longue journée pour le lendemain. Ramsès inspectera minutieusement structures et décors pour que tout soit parfait. Le vizir sait qu’il sera particulièrement attentif au rendu de la bataille de Qadesch [17], figurée sur les pylônes d’entrée de différents sanctuaires, chaque détail de l’assaut, chaque visage des vils Asiatiques sera scruté.
En l’honneur de Ramsès, Paser a organisé un banquet avec les plus hauts fonctionnaires de Thèbes et des environs. En fin d’après midi les invités arrivent. Respectueusement, ils salent le roi puis la reine, installés sur des trônes délicatement marquetés. Des serviteur s’affairent, distribuant guirlandes de fleurs et fruits. A coté de chaque convive se dresse un guéridon sur lequel s’amoncelle la nourriture. Devant l’assemblée, musiciennes chanteuses et danseuses animent le repas.
Puis, le couple royal se retire dans ses appartements privés. Il fait encore nuit lorsque Ramsès est tirer de son sommeil. Encore un peu somnolent, Ramsès se dirige vers la maison du Matin, où se déroule le cérémonial de la toilette et de l’habillage.
En tant que représentant des dieux sur terre et premier prêtre d’Egypte, Pharaon se doit d’assurer, là ou il se trouve, le culte divin journalier.
Une fois le rituel achevé, Ramsès se dirige vers les salles d’audience, ou l’attend Paser en présence des plus hautes autorités de la région. On y traite des affaires intérieures et extérieures, de même qu’on « évoque tout dysfonctionnement susceptible d’entraver la bonne marche du pays.