Bonaparte a fini victorieusement sa campagne d’Italie, mais l’Autriche malgré sa défaite italienne n’est pas encore à genoux, elle dispose d’une armée très puissante en Allemagne, cette armée peut si elle le désire envahir la France.
Bonaparte devenu premier consul, remet le commandement de l’armée d’Allemagne au général Moreau , celui-ci n’écoute pas les plans de Bonaparte, et se fit uniquement à son instinct, son but est clair, battre l’Autriche chez elle et l’abattre pour de bon.
Pour cela, il dispose d’une armée de 96 929 fantassins partagés en 123 bataillons, 15 478 cavaliers en 137 escadrons et 6830 artilleurs servant 116 pièces et groupés en 61 compagnies.
Kray , lui, dispose de 98 000 fantassins, 25 000 cavaliers et 7500 artilleurs. Les deux armées disposent donc de forces égales.
Moreau et ses lieutenants Lecourbe , Gouvion-St-Cyr , Decaen , Richepanse , Ney , vont remporter d’éclatantes victoires à Stockach [1], Menningen , Hochstadt , Nordlingen , Engen , Maskirch*, et enfin Hohenlinden.
Moreau, pendant cette affaire, était aux prises avec Kray, et remportait à Engen, à six lieues de Stokach, une victoire également décisive, mais beaucoup plus contestée.
Le général français, qui ne s’était décidé à livrer si promptement bataille que pour empêcher son adversaire de se masser à Engen, ignorait qu’il y eût réuni 45 000 hommes. Moreau n’avait alors avec lui, qu’environ 32 000 combattants.
Saint-Cyr se trouvait encore avec le centre à Stühlingen [2], à six lieues sur la gauche. Moreau lui envoya l’ordre de se porter en toute hâte sur Engen, en flanquant la gauche du corps de réserve ; mais, prévoyant la longueur de cette marche, il ne crut pas néanmoins devoir attendre son arrivée, et seulement avec ses 32 000 hommes de troupes disponibles, il aborda de front les positions ennemies.
Le terrain qui allait devenir le théâtre de la bataille est très boisé, couvert de villages, et raviné par les sources d’une petite rivière nommée l’Auch, ce qui le rend propre à la défensive . Kray sut profiter assez habilement de cette disposition.
Il avait posté en avant de Wetterdingen, pour couvrir le flanc gauche, une forte avant-garde, qui, ayant été rejetée par Delmas au-delà du village, s’établit sur un plateau favorable au jeu de l’artillerie. L’infanterie autrichienne garnissait un bois contigu au village de Welchingen [3].
Cette nouvelle position était dominée par la hauteur de Stüllhausen, sur laquelle, Lorges, déployé à la droite de Delmas, eut ordre de se porter. L’avant-garde autrichienne fut encore chassée du plateau où elle s’était retirée, et les troupes qui garnissaient le bois, ayant alors été chargées par Delmas et Grandjean , furent en quelques instants forcées à la baïonnette.
Le mamelon ou plutôt le plateau de Hohenhowen [4], au bas duquel s’étend la grande plaine d’Engen, était le point le plus élevé de cette position qu’il domine et dont on pouvait le regarder comme la clef.
Kray l’avait fait couvrir de retranchements à l’abri desquels se ralliait son infanterie repoussée des villages ; la force de cette position s’accroissait encore d’une masse de 15 000 chevaux déployée dans le lieu le plus découvert de la plaine.
Moreau appuya sa gauche pour se réunir le plus tôt possible à Saint-Cyr, et envelopper Engen par les hauteurs qui sont au nord . Il avait chargé le général Richepanse, avec une des trois divisions de la réserve, de tourner la position par Wettersdingen et Leipferdingen [5].
L’artillerie ennemie fit d’abord essuyer de très grandes pertes à Richepanse . Kray, pour déjouer son attaque, résolut de faire un effort par le village de Welchingen afin de se placer entre les divisions Delmas et la brigade Bastoul , de la division Leclerc , qui s’y appuyaient, l’une par la droite, l’autre par la gauche.
Moreau, sans cesser son mouvement oblique vers sa gauche, et pour déconcerter la manœuvre du général autrichien, qui eut un commencement de succès, fit attaquer vivement le village d’Ehingen qui servait de pivot à la gauche de l’ennemi, et par où celui-ci pouvait être tourné. Une brigade de carabiniers et 5 bataillons de la division Lorges, conduits par le général Bontems , marchèrent sur ce point où s’engagea une lutte acharnée.
Ils s’emparèrent du village, malgré le feu de 12 pièces qui les prenaient de front et en écharpe. Kray y dirigea aussitôt 8 bataillons de grenadiers et toute sa cavalerie. Le choc de cette masse fut si impétueux, que les français se vinrent forcés d’abandonner Ehingen.
Le désordre où ils étaient leur aurait fait essuyer une grande perte, si Moreau n’était accouru avec la moitié de la division Leclerc et la réserve de cavalerie d’ Hautpoul . Il rallia les fuyards, rétablit le combat et reprit en partie le village. Le jour était alors sur son déclin.
Le combat continuait néanmoins sur tous les points. On entendait à la droite de l’ennemi, derrière Hohenhöven, le feu de Richepanse dont la gauche n’avait pas cessé d’être à découvert et sans appui. L’ennemi avait en vain fait des efforts inouïs pour l’envelopper.
Saint-Cyr, qui s’était mis en marche à 5 heures, avait été constamment harcelé par Nauendorf , et avait eu à livrer de rudes combats à la chapelle Sainte-Ottilie, au défilé de Zolham et sur les hauteurs en arrière de Riedeschigen. le général Nauendorf, repoussé sur les hauteurs de Leipfertingen [6], s’y réunit au prince Fernidand, dont le corps, formé de 20 bataillons et de 14 escadrons, avait la droite à l’Ostrach, la gauche au bois de Stetten, et enfilait avec une batterie le ravin où les français devaient passer.
Saint-Cyr, ayant été renforcé par la division Ney, restée d’abord en arrière, força les autrichiens à se retirer dans la direction de Stetten. Sa jonction avec la réserve pu dès lors s’effectuer. La division Baraguey-d’Hilliers se porta aussitôt, par la lisière du bois, en soutien de Richepanse.
La brigade Roussel, arrivée la première en ligne, attaqua impétueusement la droite du corps autrichien que Richepanse avait en tête. Le combat fut longtemps indécis, à cause des troupes fraîches que Kray ne cessait d’envoyer sur ce point ; mais Richepanse, rassuré sur sa gauche, fit un nouvel effort contre Hohenhöwen, qu’il parvint enfin à emporter.
Delmas concourut à cette attaque, après laquelle Moreau forma sa ligne, adossée aux bois sur les revers du coté d’Engen, Kray, quoique ses deux ailes fussent rompues, défendit vigoureusement jusqu’à 22 heures sa dernière position.
La nouvelle de l’échec du prince de Lorraine à Stokach acheva d’abattre le moral des autrichiens, qui ne combattaient plus que pour assurer leur retraite, et accrut le courage des français. Lecourbe, après avoir isolé l’aile gauche ennemie du reste de l’armée, se dirigeait sur Moeskirch pour couper la communication des autrichiens : Kray se hâta d’y prévenir. L’archiduc Fernidand se replia sur Tutlingen [7].
Le gros de l’armée impériale prit la direction de Liptingen et de Moeskirch, afin de s’y réunir au prince Vaudémont qui avait rétrogradé sur ce point par la route de Pfullendorf [8].
La division Tharreau , détachée par Saint-Cyr du coté de Blumberg [9], n’avait eu qu’un engagement sans importance avec Ignácz Gyulay , qui se réunit pendant la nuit au corps du prince Fernidand.
Cette bataille coûta la perte de 6000 soldats tués ou blessés. Les autrichiens, battu, perdirent 6000 soldats tués ou blessés et 7000 prisonniers.
Mais un des plus importants résultats de la victoire fut de relever le moral des troupes, abattu par la retraite de 1799.