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Du 7 juin 1807 à la bataille de Friedland

jeudi 19 octobre 2023, par lucien jallamion

Du 7 juin 1807 à la bataille de Friedland

Le 7 juin 1807 : Blocus des ports de France par l’Angleterre.

Les échecs français en Espagne ont permis aux Anglais de reprendre pied sur le continent. Ils en profitent pour bloquer les ports de France et décrètent aussi le blocus de ses colonies.


14 juin 1807 Bataille de Friedland

Quelques mois après la sanglante et indécise bataille d’Eylau, Napoléon ordonna à son armée de repasser la rivière de la Passarge [1]. La position acquise alors se révèle capitale pour couvrir le siège de Dantzig [2] que l’Empereur se refuse de laisser derrière lui.

Après une résistance de quelques semaines, le port prussien se rend, offrant vivres et munitions à la Grande Armée. Napoléon peut maintenant prendre en main les opérations. C’est plus de 170 000 hommes, en comptant les réserves, qui se portent à la rencontre des russes, très affaiblis depuis Eylau.

Ceux-ci se trouvent au nombre de 90 000, avec 100 pièces de canon alors que Napoléon en aligne plus de 200. La domination française est donc indiscutable, mais il faut se méfier de cette armée russe motivée par des officiers fanatisés et des cosaques particulièrement redoutables.

Après avoir été battue à Heilsberg [3], l’armée russe de Levin August von Bennigsen se replie sur Koenigsberg [4]. De plus, le général Dmitri Lobanov-Rostovski est en route avec un renfort de 25 000 soldats et 5000 cavaliers.

Le 10 juin, l’Empereur fait manœuvrer sur l’Alle [5], où Ney reçoit l’ordre d’attaquer le commandant russe Bennigsen.

Napoléon met alors en place un plan : il fait en sorte d’attirer l’armée du Tsar à franchir à son tour la Passarge pour ensuite l’écraser. Bennigsen est un bon combattant, et ses défaites précédentes l’ont amené à être prudent. Il s’engage néanmoins et commence à subir les assauts destructeurs des corps de Soult et Bernadotte . Il décide alors de se replier sur Heilsberg, poursuivi par les cavaliers de Murat .

Napoléon envoie Lannes à Friedland, afin de reconnaître les positions russes. Lannes bivouaque à 4 kilomètres de Friedland. Il envoie le 9ème hussards en reconnaissance dans la ville. Ce régiment aperçoit, au lever du soleil, une grande partie de l’Armée russe de l’autre côté de l’Alle.

Le 13 juin 1807, Benningsen avait fait marcher son armée de Schippengeil à Friedland qu’il approche par la rive est de l’Alle.

Il aperçoit les positions de Lannes. Il décide de traverser la rivière à Friedland et d’écraser ce corps français isolé, avant de reprendre sa route vers Koenigsberg.

Dès le matin, Benningsen avait établi de grosses batteries sur la rive droite de l’Alle. Il fait d’abord franchir la rivière à Dmitri Vladimirovitch Golitsyne et Doctorov, avec l’avant-garde de Bagration. Lannes dispose de 10 000 hommes contre 30 000 Russes qui ont passé la rivière.

Lannes est au prise avec l’ennemi à Friedland. Napoléon, qui se trouve à Eylau, part en toute hâte en direction de Friedland. Il semble heureux de livrer une bataille à l’Armée russe : C’est aujourd’hui un jour heureux, l’anniversaire de Marengo, dit-il et il envoie à son secours les carrés de Ney, Victor et Mortier, faisant même donner la Garde...

La position de Lannes devient de plus en plus difficile. Benningsen pensant qu’il n’avait devant lui qu’un seul corps d’armée fait franchir l’Alle à toute son armée par 4 ponts. Quatre divisions d’infanterie sous le commandement de Andreï Ivanovitch Gortchakov et la cavalerie de Ouvarov se placent à Heirichdorf pour constituer la droite de l’Armée russe. 2 divisions, dont la Garde et des détachements de cavalerie, s’installent sur l’aile droite en face du ruisseau du Moulin. Ces forces sont appuyées par la cavalerie de la Garde. Toute l’aile gauche est commandée par le prince Piotr Ivanovitch Bagration . Les deux ailes sont reliées par 4 ponts de bateaux jetés sur l’Alle.

Les Russes ont fait passer quelques 200 canons sur la rive gauche. L’ensemble des troupes russes est fort d’environ 75 000 hommes.

Lannes est renforcé par la division Nansouty. Il dispose alors de 26 000 hommes, face aux 70 000 Russes. Les Russes attaquent sur le village de Heirichdorf et le prennent. Lannes envoie la division Grouchy qui reprend le village.

Le 14 juin au matin, l’offensive française est lancée. Bennigsen, ignorant totalement le regroupement français, envisage de prendre Napoléon à revers. Il se heurte dans sa manœuvre au corps d’armée de Lannes qui, éprouvé par les combats de la veille, n’a plus que 10 000 hommes sous son commandement. Il donne alors l’illusion à Bennigsen que c’est le double de soldats qu’il rencontre en faisant donner son artillerie au maximum. Ce dernier tombe dans le piège, et tarde dans sa manœuvre initiale, ce qui laisse le temps aux renforts français de se mettre en place. La cavalerie de Grouchy s’élance avec fougue, brisant les lignes de fantassins russes, tandis que les canons français jettent des pluies d’éclairs et de feu sur les cosaques. Pendant ce temps, Mortier boucle le secteur de Königsberg. Le plan est en place, les russes sont cernés de toute part...

Napoléon arrive vers 11h. Il dispose en tout des 7 500 hommes de la Garde, des 20 000 hommes du corps de Lannes, dont la division des grenadiers d’Oudinot. Le corps de Ney est fort de 14 000 hommes. Le corps de Mortier dispose de 10 000 hommes. Le corps de Victor comprend 22 000 hommes. La cavalerie est constituée de la division de cuirasiers Nansouty, des dragons de Grouchy, ceux de La Houssaye et de Latour-Maubourg , et des éléments de cavalerie légère de Beaumont et de Colbert, soit un total de 81 000 hommes pour les forces françaises.

Les Russes, qui pensent maintenant avoir à faire à des forces supérieures, ralentissent leur attaque. Ils n’ont pas réussi à dépasser le village de Posthenen [6].

L’état-major, considérant que la journée était trop avancée, indique qu’il faudrait attaquer le lendemain. Non, non, on ne surprend pas deux fois l’ennemi en pareille faute, répond Napoléon.

Il donne l’ordre au corps de Ney de s’installer entre Posthenen et Sortlack afin d’appuyer Oudinot. Lannes reste au centre, de Heirichdorf à Posthenen. Lannes doit redéployer ses divisions, se placer sur deux lignes. La gauche est constituée du corps de Mortier, de Henrichsdorf à la route de Koenigsberg.

La cavalerie du général Jean Louis Brigitte Espagne et les dragons de Grouchy sont installés à la gauche pour déborder les Russes. Les réserves sont constituées du corps de Victor et de la Garde.

Napoléon veut lancer une attaque par la droite pour prendre les ponts, avant d’écraser les russes contre l’enclume de gauche. Il donne ses ordres à Ney en le prenant par le bras : « Voilà le but ; marchez sans regarder autour de vous ; pénétrez dans cette masse épaisse, quoi qu’il puisse vous en coûter ; entrez dans Friedland, prenez les ponts, et ne vous inquiétez pas de ce qui pourra se passer à droite, à gauche ou sur vos arrières. L’Armée et moi sommes là pour y veiller ». Le signal de l’attaque sera donné par une salve de 20 canons.

A 17 heures, trois salves tirés par la Garde indique le refermement du piège, le début de la fin pour les russes de Bennigsen. Ney prend le village de Sortlack et fond sur les soldats de Gortchakov.

17h30 : Napoléon donne l’ordre de lancer l’attaque. L’artillerie française ouvre le feu. L’artillerie russe riposte et un duel d’artillerie a lieu au centre de la ligne de combat. Ney lance l’assaut, mais dans la confusion du combat, une division s’écarte de la ligne de marche, laissant la cavalerie du duc Constantin charger dans les intervalles. Ney pousse les hommes sur les batteries russes, avant d’ordonner un tir de mousquetterie qui décime les servants.

Les Russes contre-attaquent en faisant charger des cosaques appuyés par de la cavalerie régulière. Une division de Ney, qui arrive au pont de Friedland, est ramenée par une contre-attaque russe. La division Dupont, du corps de Victor, vient appuyer cette division, permettant à Ney de reformer ses troupes et de repartir en avant. La cavalerie de Latour-Maubourg appuie également l’attaque de l’infanterie française.

L’artillerie russe, installée sur la rive gauche de l’Alle, ajuste ses feux contre les régiments français qui progressent sur la rive droite. Voyant cela, Napoléon donne l’ordre au général Alexandre-Antoine Hureau de Sénarmont d’avancer 36 pièces pour contre-battre les pièces russes. Les 36 canons de Sénarmont, concentrés en batterie unique, bat les positions russes et progresse par bond. Après avoir appuyé la division Dupont, Sénarmont fait effectuer une conversion de front à ses pièces pour arrêter une charge de la cavalerie russe. En 3 heures, les canons de cette batterie ont tiré 2 600 coups, dont 400 à la mitraille.

Benningsen voit alors la faute qu’il a commise. Il tente de se replier. Les troupes russes commencent à se retirer, mais elles sont prises à partie par l’artillerie du 1er corps qui tire sur les ponts.

Les russes, détruits, se battent avec un courage qui forcent l’admiration, mais en vain. Leur retraite est impossible, Mortier est là. Reste un passage par Friedland. Bennigsen investit la ville, et entreprend la contre-offensive. Un regain d’optimisme se fait sentir : les troupes regagnent du terrain

Napoléon ordonne alors à son centre et à son aile gauche de lancer une attaque. Les deux corps poussent contre Gortchakow. Ce dernier attaque alors Friedland pour tenter de reprendre les ponts et s’échapper. Mais il est repoussé par Ney. Encerclé, le corps se défend contre l’ensemble des forces françaises.

Vers 19h, Ney est de nouveau dans les faubourg de Friedland. Benningsen et Bagration ont réussi à repasser les ponts avec une partie de l’aile droite russe.

La bataille prend fin vers 22h. Les pertes russes sont de 25 000 hommes et 80 canons, contre 7 000 Français. La victoire est totale pour Napoléon qui lave ainsi l’affront d’Eylau. Bennigsen a perdu près de 17 000 hommes.

Notes

[1] Rivière du nord de la Pologne, affluent de l’estuaire de la Vistule et qui donc, indirectement, se jette dans la mer Baltique. Avec un cours de 169 km, c’est la 23ème plus longue rivière de Pologne et son bassin hydrographique, d’une superficie de 2 294 km2, est entièrement situé en Pologne. Elle irrigue la ville de Braniewo.

[2] Gdańsk

[3] La bataille d’Heilsberg eut lieu le 10 juin 1807 entre l’armée française commandée par Napoléon et l’armée russe commandée par Bennigsen, à proximité de la ville d’Heilsberg, actuellement Lidzbark Warmiński.

[4] Koenigsberg ou Königsberg in Preussen est le nom de l’ancienne ville disparue qui se trouvait avant 1945 au bord de la mer Baltique à l’emplacement de l’actuelle ville russe de Kaliningrad, qui en conserve quelques vestiges. Capitale de la Prusse-Orientale, elle fut d’abord la capitale du duché de Prusse, avant de devenir l’une des principales villes du royaume de Prusse puis de l’Empire allemand. Presque totalement détruite durant la Seconde Guerre mondiale, fuie par ses habitants et vidée du peu qu’il en restait, elle est repeuplée de Russes et devient Kaliningrad après son annexion par les Soviétiques immédiatement après la guerre.

[5] L’Alle est une rivière au nord-est de l’actuelle Pologne baignant aussi l’oblast de Kaliningrad en Russie. C’est un affluent du fleuve Pregolia (qui se jette dans la mer Baltique). Elle a une longueur totale de 264 km (190 km en Pologne et 74 km en Russie). Elle couvre une aire de 7 126 km2 dont 5 719 km2 en Pologne. Elle fut un élément important de la victoire napoléonienne de la Bataille de Friedland.

[6] Peredovoïe (en allemand Postehnen) est une localité rurale (selo) du raïon de Pravdinsk, dans l’oblast de Pravdinsk, dans l’oblast de Kaliningrad, en Russie.