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Claude Saumaise ou Claudius Salmasius

mardi 28 décembre 2021, par lucien jallamion

Claude Saumaise ou Claudius Salmasius (1588-1653)

Humaniste et philologue français

Né le 15 avril à Semur-en-Auxois [1]. D’origine bourguignonne, protestant de religion, il refusa toutes les propositions de s’installer à Paris. En revanche il accomplit de nombreux voyages à l’étranger, en particulier à Heidelberg [2] et à Leyde [3], où il occupa la chaire laissée par André Rivet, lequel succédait à Joseph Juste Scaliger.

Ses nombreux ouvrages d’érudition et ses polémiques lui ont valu une renommée universelle. La plupart des ouvrages d’érudition conservés à la bibliothèque de Bourgogne, sont écrits en latin et n’ont pas fait l’objet d’une traduction.

Son père voulut lui enseigner le latin et le grec. À 16 ans, il fut envoyé à Paris pour y compléter ses études, et c’est là que commencent ses liaisons avec Isaac Casaubon , dont l’influence fit incliner bientôt le jeune savant au protestantisme.

Recommandé par ce grand helléniste à Denis Godefroy et à Jean Gruter , Saumaise court, malgré son père, à l’université de Heidelberg, abjure les croyances catholiques, et, impatient de faire marcher de front avec l’étude du droit celle des antiquités grecques et romaines, il s’enferme avec Gruter dans la bibliothèque Palatine [4], la plus riche en manuscrits qui fût en Allemagne, mais tombe malade d’épuisement avant d’avoir publié son premier ouvrage.

Cet ouvrage était les deux livres de Nil Cabasilas , archevêque de Thessalonique [5], et celui du moine Barlaam sur la primauté du pape, l’un et l’autre enrichis de corrections et de notes et dédiés à l’avocat général Servin, dont la bienveillance avait été précieuse à Saumaise lorsqu’il étudiait à Paris.

On le voit dès lors correspondre avec Joseph Juste Scaliger, qui le comblait de louanges, et résoudre les doutes des plus habiles sur les difficultés sans nombre qu’offraient à cette époque les manuscrits où s’étaient conservés les classiques d’Athènes et de Rome. En 1610, il consent, par déférence pour son père, à s’inscrire au nombre des avocats au parlement de Dijon. Mais il ne parut pas au barreau, préoccupé du désir de compléter l’Anthologie grecque.

Le 5 septembre 1623, il épouse Anne Mercier, dont le père était une des colonnes du parti de la Réforme en France ; quant à sa femme, son caractère impérieux et tracassier rappelait l’humeur de la femme de Socrate. Ce mariage fixa Saumaise pour quelques années dans une maison de campagne voisine de Paris, et c’est là qu’il acheva son grand ouvrage sur Solin , ou plutôt sur l’Histoire naturelle de Pline [6].

Cependant son père, appuyé par le Parlement, essayait vainement de lui résigner sa charge. Le garde des sceaux Marillac fut inflexible, et toute la réputation de Saumaise ne put vaincre les scrupules du magistrat sur le danger de faire asseoir un protestant sur les fleurs de lys.

On ne sait si les refus de Marillac contribuèrent à son exil volontaire à Venise [7], Londres, La Haye [8] l’appelaient depuis longtemps. Il préféra la Hollande, et accepta à l’université de Leyde la place que Joseph Juste Scaliger y avait occupée au-dessus des professeurs.

Des craintes de peste le ramenèrent un moment en France ; toutes les séductions furent épuisées pour l’y retenir. Le titre de conseiller d’État, le collier de St-Michel, alors le second des ordres français, la promesse d’une pension égale à celle dont avait joui Grotius, ne purent balancer longtemps les espérances qu’il avait fondées sur ses coreligionnaires des Provinces-Unies.

Richelieu fit une deuxième tentative lorsque Saumaise revint, en 1640, recueillir la succession paternelle. Une pension de 12 000 livres lui fut offerte, s’il voulait écrire la vie du cardinal.

Saumaise répondit qu’il ne savait pas flatter, et il partit pour la Bourgogne. Richelieu mourut, et Mazarin s’efforça à son tour encore de fléchir la résistance du savant. Une pension de 6 000 livres fut accordée à Saumaise, et le brevet lui en fut expédié sans autre condition que son retour en France. Pour toute réponse à cette haute faveur, il fit imprimer son livre De primatu papa, qui souleva contre lui l’assemblée du clergé de France et fut dénoncé par elle à la reine mère et au parlement.

La reine de Bohême avait brigué l’honneur de sa correspondance, et Christine de Suède le pressait depuis longtemps de se rendre auprès d’elle. Le prince des commentateurs, entraîné par sa femme, accourut à la voix d’une souveraine qui lui écrivait en latin des lettres de sept pages et qui l’assurait qu’elle ne pouvait vivre contente sans lui. Mais, dans son second voyage, il ne tarda pas à être réclamé par les curateurs de l’académie de Leyde, qui écrivirent à leur tour à la reine que le monde ne pouvait pas se passer de la présence du soleil, ni leur université de celle de Saumaise, et Christine se laissa persuader.

À son retour, Saumaise fut admis par le roi de Danemark à sa table et reconduit à ses frais, comblé de présents, jusqu’aux frontières du royaume ; mais sa constitution, ne put se relever des fatigues de ce voyage. Il suivit en vain sa femme aux eaux de Spa [9]. Il mourut auprès d’elle, entre les bras d’un théologien calviniste, le 6 septembre 1653.

Christine lui fit faire une oraison funèbre et se chargea de l’éducation de son troisième fils. La mort de Claude Saumaise fut un événement en Europe. Son immense érudition, qui faisait dire hyperboliquement à Guez de Balzac que ce qui avait échappé à un tel homme manquait à la science et non à son génie, sa vaste correspondance, l’ardente persévérance de ses recherches avaient fait de son cabinet le centre des travaux de la philologie contemporaine.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Claudius Salmasius

Notes

[1] Semur-en-Auxois (prononcé est une commune française située dans le département de la Côte-d’Or. Place forte de l’Auxois, Semur est fidèle aux ducs de Bourgogne, au point de s’opposer à l’autorité royale. Une position qu’elle paie au prix fort quand, en 1478, les troupes françaises de Louis XI investissent la ville et l’occupent. Durant les Guerres de Religion, Semur-en-Auxois reste fidèle au roi. Jusqu’en mars 1589, la ville est aux mains des ligueurs. A cette date, les royalistes, menés par Guillaume de Saulx, fils du maréchal de Tavannes, mettent le siège devant la ville. Le maire Blanot, chargé de la défense de la ville, se rend rapidement aux armées royalistes. Quant à la garnison du donjon, commandée par le capitaine Laplume, elle cède le lendemain. Henri IV, dans une ordonnance de 1602, décide le démantèlement des fortifications.

[2] Heidelberg est une ville située sur les deux rives du Neckar, dans le Land de Bade-Wurtemberg au sud-ouest de l’Allemagne. Heidelberg a été l’un des foyers de la réforme protestante et a accueilli Martin Luther en 1518. La ville est l’ancienne résidence du comte palatin, l’un des sept princes électeurs du Saint Empire romain germanique. Elle a été en partie détruite par l’armée française de Louis XIV lors de la dévastation du Palatinat en 1689 (guerre de la Ligue d’Augsbourg) et son célèbre château fut dévasté à cette époque.

[3] L’université de Leyde est la plus ancienne des universités néerlandaises. Située à Leyde, elle est très réputée et a été fréquentée par plusieurs membres de la famille royale des Pays-Bas.

[4] La Bibliothèque palatine à Heidelberg était une des plus importantes bibliothèques de la Renaissance en Allemagne. En 1622, à la suite de la conquête de la ville par Tilly et la ligue catholique, ses ouvrages ont été pour la plupart transférés à la Bibliothèque apostolique vaticane de Rome, où ils forment depuis une collection spéciale.

[5] Thessalonique ou Salonique est une ville de Grèce, chef-lieu du district régional du même nom, située au fond du golfe Thermaïque. Aujourd’hui, elle est la capitale de la périphérie (région) de Macédoine centrale en Macédoine grecque mais aussi celle du diocèse décentralisé de Macédoine-Thrace.

[6] L’Histoire naturelle (en latin Naturalis Historia) est une œuvre en prose de 37 livres de Pline l’Ancien, qui souhaitait compiler le plus grand nombre possible d’informations et de culture générale indispensables à l’homme romain cultivé. Publiée vers 77, du vivant de son ami l’empereur Vespasien, elle est dédiée à son camarade de camp Titus, Pline étant alors un officier de cavalerie.

[7] Venise est une ville portuaire du nord-est de l’Italie, sur les rives de la mer Adriatique. Elle s’étend sur un ensemble de 121 petites îles séparées par un réseau de canaux et reliées par 435 ponts. Située au large de la lagune vénète, entre les estuaires du Pô et du Piave, Venise est renommée pour cette particularité, ainsi que pour son architecture et son patrimoine culturel

[8] La Haye a été fondée en 1248 par Guillaume II, comte de Hollande et roi d’Allemagne, puis du Saint Empire romain germanique. À cette date il a ordonné la construction d’un château dans une forêt près de la mer en Hollande, dans lequel il avait l’intention de s’installer après son couronnement. Guillaume II mourut dans une bataille avant celui-ci, stoppant ainsi la construction avant la fin. Aujourd’hui le château est appelé le « Ridderzaal » (littéralement : « salle des Chevaliers ») et est encore utilisé pour des événements politiques. Par la suite, La Haye a été le centre administratif des comtes de Hollande. De puissantes villes hollandaises comme Leyde, Delft et Dordrecht s’accordèrent pour choisir la petite et peu importante ville de La Haye comme leur centre administratif. Cette situation n’a jamais été remise en cause, ce qui fait aujourd’hui de La Haye le siège du gouvernement, mais pas la capitale officielle des Pays-Bas qui est Amsterdam.

[9] Spa est une ville francophone de Belgique située dans la province de Liège en Région wallonne. Elle est connue pour ses eaux thermales. Spa était une destination de villégiature thermale particulièrement fréquentée dans la deuxième moitié du 18ème siècle par toute la noblesse européenne.