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Eustache Le Sueur ou Lesueur

mardi 28 décembre 2021, par lucien jallamion

Eustache Le Sueur ou Lesueur (1616-1655)

Peintre et dessinateur français de style baroque

Considéré comme l’un des fondateurs de la peinture française classique et parfois surnommé “le Raphaël français”.

Fils d’un tourneur sur bois nommé Cathelin Le Sueur, il devient, à partir de 1632, l’élève de Simon Vouet, premier peintre du Roi, le plus réputé et apprécié des peintres parisiens de l’époque. Au cours de la dizaine d’années qu’il passe dans l’atelier de Vouet où sont également élèves Charles Le Brun et Pierre Mignard, il apprend le métier de peintre et de décorateur.

Contrairement à ses condisciples, il n’a pas l’opportunité de se rendre en Italie pour parfaire sa formation, comme c’était alors la coutume pour les peintres qui entendaient acquérir un solide métier et faire carrière. C’est donc par la fréquentation des grands palais royaux tels que Fontainebleau [1] et de collections privées parisiennes riches en peintures italiennes du 16ème siècle que le jeune Le Sueur a l’occasion d’étudier les grands peintres de la Renaissance et du début du 17ème siècle.

Ses premiers tableaux sont exécutés d’après des dessins de son maître Simon Vouet et sous sa direction. On y décèle déjà son talent et l’élaboration d’un style personnel. Il peint avec une facilité empreinte de lyrisme des compositions caractérisées par une rigueur et un dépouillement toujours plus marqués au fur et à mesure qu’il se détache de l’influence de son maître.

En 1645, il entreprit son premier ouvrage conséquent, l“e cycle de la Vie de saint Bruno”, commande de 22 tableaux sur la vie du saint destinés à décorer le cloître de la chartreuse de Paris [2]. Ces œuvres, achetées par Louis XVI , firent leur entrée dans les collections royales en 1776 et sont aujourd’hui conservées au musée du Louvre. Cette grande commande l’occupa, lui et quelques aides, pendant 3 années. C’est avec ce cycle religieux que son style évolue vers plus de sévérité, les personnages de ses tableaux adoptant des attitudes nobles dans des scènes aux compositions très calculées. Les coloris s’éclaircissent et la perspective est particulièrement travaillée. C’est cette orientation, inspirée de l’exemple classique de Poussin qui a travaillé à Paris de 1640 à 1642, avant de regagner Rome, qui se retrouve dans sa production ultérieure.

Dans les années 1640-1650, Le Sueur fut l’un des membres fondateurs ainsi que l’un des premiers professeurs de l’Académie royale de peinture et de sculpture [3], alors que le nouveau style classique s’impose dans la peinture parisienne de l’époque. Au même moment, Le Sueur travaille également pour la riche clientèle parisienne privée, décorant plusieurs hôtels particuliers de la capitale. Toutes ces œuvres sont aujourd’hui conservées au Louvre.

Avec la fin de la Fronde en 1653 et le retour de l’ordre, les commandes royales reprennent et Le Sueur participe à la rénovation du palais du Louvre. Il travaille dans l’appartement des bains d’Anne d’Autriche et à la chambre de Louis XIV, alors tout jeune roi de France. Des allégories à caractère politique qu’il réalise pour ces décors, il ne reste que quelques tableaux, dispersés entre divers musées.

Son art reflète une volonté de dépouillement fort rare pour l’époque, afin, sans doute, de marquer la différence entre peinture décorative et académisante de ses contemporains.

Il est aujourd’hui considéré comme un des peintres les plus personnels du 17ème siècle, un de ceux qui surent échapper, du moins en partie, à l’empire de l’académisme issu du baroque italien.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Barbara Brejon de Lavergnée, Alain Mérot, Serge Lemoine, Laurent Salomé, Eustache Le Sueur. Musée de Grenoble, 19 mars - 2 juillet 2000, 2000, éd. RMN

Notes

[1] Le château royal de Fontainebleau est un château de styles principalement Renaissance et classique, jouxtant le centre-ville de Fontainebleau (Seine-et-Marne), à une soixantaine de kilomètres au sud-est de Paris. Haut lieu de l’histoire de France, le château de Fontainebleau a été l’une des demeures des souverains français depuis François 1er (qui en fit sa demeure favorite) jusqu’à Napoléon III.

[2] La chartreuse de Paris, dite chartreuse de Vauvert, est une chartreuse fondée en 1257 à Vauvert sous l’impulsion de Saint Louis, et démolie de 1796 à 1800. La nouvelle entrée du monastère des Chartreux de Paris, construite après 1617 par le maître-maçon Jean Autissier consécutivement à un agrandissement de l’enclos, était avant sa démolition située au no 46 de la rue d’Enfer (à l’emplacement de l’actuel no 64 du boulevard Saint-Michel). Une allée plantée d’arbres menait aux bâtiments conventuels qui se trouvaient en partie à l’emplacement de l’actuel jardin du Luxembourg, l’autre partie ayant fait place aux actuelles voies nommées rue Auguste-Comte et avenue de l’Observatoire. L’enclos occupait à la veille de la Révolution française un vaste terrain délimité à l’ouest par la rue Notre-Dame-des-Champs, à l’est par la rue d’Enfer (actuelle rue Henri-Barbusse et partie du boulevard Saint-Michel) et empiétait, au nord, sur l’actuel jardin du palais du Luxembourg.

[3] L’Académie royale de peinture et de sculpture est une ancienne institution d’État chargée en France, de 1648 à 1793, de réguler et d’enseigner la peinture et la sculpture en France durant l’Ancien Régime. L’acte créant l’Académie royale de peinture et de sculpture date du 20 janvier 1648, jour de la requête au Conseil du roi de Louis XIV (alors enfant) par l’amateur d’art Martin de Charmois, conseiller d’État originaire de Carcassonne où il possède un cabinet de curiosité remarquable. Cette institution est ainsi fondée sur mandat royal, sous la régence d’Anne d’Autriche, à l’instigation d’un groupe de peintres et de sculpteurs réunis par Charles Le Brun, qui avait pris la première initiative.