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L’histoire pour le plaisir

Jean-Philippe Rameau

dimanche 5 décembre 2021, par ljallamion

Jean-Philippe Rameau (1683-1764)

Il naît à Dijon [1] au 5, rue Vaillant, Jean Rameau, son père était organiste [2] à Dijon et Jean-Philippe fut sensibilisé à la musique dès l’enfance qu’il apprit même avant de savoir lire !

Théoricien éminent et l’un des plus grands musiciens français. Son père, organiste de l’église Saint-Étienne de Dijon [3], a peut-être été son premier maître. Mais nous ne savons presque rien de l’enfance et de l’adolescence de Jean-Philippe.

Il fit ses études chez les jésuites [4] mais d’une façon assez distraite : il écrivait de la musique pendant les cours de latin, chantant au milieu des cours. Il quitte assez vite le collège sans vraiment maîtriser le français et sans connaître le latin. Il ne complètera jamais cette instruction insuffisante et c’est dommage, car ces lacunes le gêneront dans l’élaboration de ses œuvres théoriques.

Lorsqu’il quitte le collège, il va perfectionner sa pratique de l’orgue, du violon et travaillera la composition.

Son père voudrait qu’il devienne magistrat : lui-même décide d’être musicien. Son plus jeune frère, Claude Rameau , précocement doué pour la musique finit par exercer lui aussi cette profession.

A 17 ans il décide d’embrasser la carrière paternelle, en compagnie de son frère Claude et de sa sœur Catherine et prend des leçons de musique chez quelques célébrités de la capitale bourguignonne.

En 1701, sur les conseils de son père, il part pour l’Italie pour parfaire sa formation mais il ne s’intéresse pas à la musique italienne et retourne très vite en France, avec une troupe de comédiens dont il est le violoniste.

En janvier 1702, on le trouve organiste intérimaire à la cathédrale d’Avignon [5] dans l’attente du nouveau titulaire, Jean Gilles. Le 30 juin 1702, il signe un contrat de 6 ans pour le poste d’organiste à la cathédrale de Clermont-Ferrand [6]. La musique profane l’intéresse plus que la musique d’église. Il écrit son premier livre de pièces pour clavecin.

En 1705, il essayera de trouver une autre place d’organiste à Paris il obtient deux petits emplois d’organiste. Mais il ne réussit pas à s’y faire une situation intéressante, malgré la publication en 1706 de son Premier livre de pièces de clavecin le désignant comme organiste des jésuites de la rue Saint-Jacques et des Pères de la Merci. Selon toute vraisemblance, à cette époque, il fréquente Louis Marchand, ayant loué un appartement près de la chapelle des Cordeliers dont ce dernier est organiste titulaire. D’ailleurs, Marchand était précédemment organiste des jésuites de la rue Saint-Jacques et Rameau y est donc son successeur.

En septembre 1706, il postule à la fonction d’organiste de l’église Sainte-Marie-Madeleine-en-la-Cité [7] laissée vacante par François d’Agincourt qui est appelé à la cathédrale de Rouen. Choisi par le jury, il refuse finalement le poste qui est attribué à Louis-Antoine Dornel , à la suite d’un chagrin d’ordre sentimental.

Il retourne à Dijon, pour y prendre, le 27 mars la succession de son père comme organiste de Notre-Dame de 1708 à 1713.

En juillet 1713, Rameau est à Lyon, comme organiste de l’église des Jacobins. Il fait un court séjour à Dijon lors de la mort de son père en décembre 1714, il assiste au mariage de son frère Claude en janvier 1715 et retourne à Lyon puis à Montpellier.

Il retourne à Clermont-Ferrand dès le mois d’avril, muni d’un nouveau contrat à la cathédrale, pour une durée de 29 ans. Il y reste en fait que 8 ans, pendant lesquelles sont probablement composés ses motets [8] et ses premières cantates [9] ainsi que rassemblées les idées qui donnent lieu à la publication de son Traité de l’harmonie réduite à ses principes naturels. Il le fait publier à Paris en 1722. Celui-ci suscite de nombreux échos dans les milieux scientifiques et musicaux, en France et au-delà des frontières et restera pendant 2 siècles la référence des musiciens.

Après de nouveaux voyages, il retourne à Paris, en 1722, Rameau s’installe définitivement à Paris, sa réputation de théoricien et d’organiste étant assurée, il veut se tourner vers le théâtre.

Organiste des Jésuites, la publication de son Traité de l’harmonie et de son Deuxième livre de clavecin en 1724 et son Nouveau Système de musique théorique qui définit les principes sur lesquels allait reposer toute l’harmonie moderne attire l’attention sur lui et lui vaut peu à peu d’être considéré comme le meilleur maître de la capitale. Mais seule lui est encore acquise une réputation de théoricien et de pédagogue.

Le 25 février 1726, il épouse en l’église Saint-Germain l’Auxerrois [10] la jeune Marie-Louise Mangot qui a 19 ans. L’épouse est d’une famille de musiciens lyonnais ; elle est une bonne musicienne et chanteuse, participe à l’interprétation de certaines œuvres de son mari. Ils auront ensemble deux fils et deux filles. Malgré la différence d’âge et le caractère difficile du musicien, il semble que le ménage ait mené une vie heureuse. Son premier fils, Claude-François est baptisé le 8 août 1727 en cette même église Saint-Germain l’Auxerrois. Le parrain est son frère, Claude Rameau, avec qui il conserve tout au long de sa vie de très bonnes relations.

Pendant ces premières années parisiennes, Rameau poursuit ses recherches et ses activités d’éditeur avec la publication du Nouveau système de musique théorique, qui vient compléter le traité de 1722. Alors que celui-ci était le fruit de réflexions cartésiennes et mathématiques, le nouveau livre fait une place importante aux considérations de nature physique, Rameau ayant pris connaissance des travaux du savant acousticien Joseph Sauveur qui étayent et confirment sur le plan expérimental ses propres considérations théoriques antérieures.

Pendant cette même période, il compose sa dernière cantate : Le Berger fidèle (1727 ou 1728), publie son troisième et dernier livre de clavecin en 1728, concourt sans succès au poste d’organiste de l’église Saint-Paul [11]. C’est Louis-Claude Daquin qui lui est préféré par le jury dont fait partie, entre autres, Jean-François Dandrieu . Il songe enfin à se faire un nom au théâtre lyrique en recherchant un librettiste [12] susceptible de collaborer avec lui.

Antoine Houdar de La Motte aurait pu être ce librettiste. Poète établi, il connaît le succès depuis de nombreuses années dans sa collaboration avec André Campra, André Cardinal Destouches, Marin Marais . Rameau lui adresse, le 25 octobre 1727, une lettre restée célèbre par laquelle il tente de lui faire valoir ses qualités de compositeur propre à traduire fidèlement dans sa musique ce que le librettiste exprime dans son texte. Houdar de la Motte ne répond pas, semble-t-il, à l’offre.

Au cours de la décennie 1729-1739, Rameau, au côté d’Alexis Piron et Louis Fuzelier, fait partie des convives de la Société du Caveau [13]. Plusieurs de ses membres seront plus tard ses librettistes.

C’est selon toute vraisemblance c’est par l’entremise de Piron que Rameau entre en relation avec le fermier général [14] Alexandre Le Riche de La Pouplinière qui sera son protecteur pendant 20 ans, qui lui fit connaître Voltaire , qui lui donnera 4 livrets, et c’est grâce à lui que Rameau trouvera un librettiste Simon-Joseph Pellegrin dit l’abbé Pellegrin.

On suppose que, dès 1731, Rameau dirige l’orchestre privé, de très grande qualité, financé par La Pouplinière. Il conserve ce poste pendant 22 ans. Il est également professeur de clavecin de Thérèse Des Hayes , la maîtresse de La Pouplinière à partir de 1737 et qui finit par l’épouser en 1740. Madame de La Pouplinière est d’une famille d’artistes, liée par sa mère au richissime banquier Samuel Bernard , bonne musicienne elle-même, et d’un goût plus sûr que son mari. Elle se révèle comme l’une des meilleures alliées de Rameau avant sa séparation d’avec son mari, en 1748 l’un comme l’autre étant fort volages.

En 1732, les Rameau ont un deuxième enfant, Marie-Louise, qui est baptisée le 15 novembre.

Rameau anime en musique les fêtes données par La Pouplinière dans ses hôtels particuliers, d’abord rue Neuve des Petits-Champs, puis à partir de 1739, en l’hôtel Villedo rue de Richelieu ; mais aussi celles organisées par certains des amis du fermier-général, par exemple en 1733 pour le mariage de la fille du financier Samuel Bernard, Bonne Félicité, avec Mathieu-François Molé  : il tient à cette occasion l’orgue de l’église Saint-Eustache [15], les claviers lui ayant été prêtés par son titulaire et reçoit 1 200 livres du riche banquier pour sa prestation.

Rameau a 50 ans. Théoricien rendu célèbre par ses traités sur l’harmonie, c’est aussi un musicien de talent apprécié à l’orgue, au clavecin, au violon, à la direction d’orchestre. Cependant, son œuvre de compositeur se limite à quelques motets et cantates et à trois recueils de pièces de clavecin dont les 2 derniers sont remarqués pour leur aspect novateur.

L’abbé Simon-Joseph Pellegrin fréquente la maison de la Pouplinière. Il y fait la connaissance de Rameau alors qu’il a déjà écrit, depuis 1714, plusieurs livrets d’opéras ou d’opéras ballets. Il va lui fournir celui d’une tragédie en musique, “Hippolyte et Aricie”, qui installe d’emblée le compositeur au firmament de la scène lyrique en France.

La pièce est montée en privé chez La Pouplinière dès le printemps 1733. Après les répétitions à l’Académie royale de musique à partir de juillet, la première représentation a lieu le 1er octobre.

Cette œuvre dérangera "les Lullistes" ; ils seront perturbés par l’harmonie trop savante, la musique trop élaborée pour un opéra. Fidèles à l’opéra de Lully, les musiciens conservateurs s’élèvent contre les audaces harmoniques, l’importance de l’orchestre et les "italianismes" qu’ils découvrent dans l’œuvre de Rameau.

L’opposition des deux camps est d’autant plus étonnante que, toute sa vie, Rameau professe à l’égard de Lully un respect inconditionnel qui ne laisse d’ailleurs pas de surprendre. Avec 32 représentations en 1733, cette œuvre installe définitivement Rameau à la première place de la musique française ; elle sera reprise 3 fois à l’Académie royale du vivant du compositeur.

Pendant 7 ans, de 1733 à 1739, Rameau donne toute la mesure de son génie et semble vouloir rattraper le temps perdu en composant ses œuvres les plus emblématiques. Ce qui ne l’empêche pas de poursuivre ses travaux théoriques : en 1737, son traité sur la Génération harmonique reprend et développe les précédents traités. L’exposé, destiné aux membres de l’Académie des sciences, débute par l’énoncé de 12 propositions et la description de 7 expériences par lesquelles il entend démontrer que sa théorie est fondée en droit car provenant de la nature, thème cher aux intellectuels du siècle des Lumières.

Maintenant célèbre, il peut ouvrir, à son domicile, une classe de composition.

Après ces quelques années où il produit chef-d’œuvre après chef-d’œuvre, Rameau disparaît mystérieusement pour 6 ans de la scène lyrique et même presque de la scène musicale, à part une nouvelle version de “Dardanus” en 1744.

On ne connaît pas la raison de ce soudain silence ; probablement Rameau se consacre-t-il à sa fonction de chef d’orchestre de La Pouplinière. Sans doute a-t-il déjà abandonné toute fonction d’organiste. Aucun écrit théorique non plus ; seules restent de ces quelques années les Pièces de clavecin en concerts, unique production de Rameau dans le domaine de la musique de chambre, issues probablement des concerts organisés chez le fermier-général.

Son 3ème enfant, Alexandre, naît en 1740. Son parrain est La Pouplinière mais l’enfant meurt avant 1745.

La dernière fille, Marie-Alexandrine naît en 1744. À partir de cette même année, Rameau et sa famille ont un appartement dans le palais du fermier général rue de Richelieu ; ils en disposent pendant 12 ans, en conservant probablement leur appartement de la rue saint-Honoré. Ils passent aussi tous les étés au château de Passy acheté par La Pouplinière ; Rameau y tient l’orgue.

Rameau réapparaît sur la scène lyrique en 1745 et va, cette année-là, quasiment la monopoliser avec 5 nouvelles œuvres. “La Princesse de Navarre”, comédie-ballet dont le livret est dû à Voltaire, est représentée à Versailles le 23 février à l’occasion du mariage du Dauphin Louis de France . “Platée”, comédie lyrique d’un style inédit, est créée à Versailles le 31 mars ; dans le registre comique, c’est le chef-d’œuvre de Rameau qui a même acheté les droits du livret pour pouvoir au mieux l’adapter à ses besoins.

Les “Fêtes de Polymnie”, opéra-ballet, est créé à Paris le 12 octobre sur un livret de Louis de Cahusac , librettiste rencontré chez La Pouplinière ; c’est le début d’une longue et fructueuse collaboration qui ne s’arrêtera que par la mort du poète en 1759. Le  [16], opéra-ballet dont le livret est à nouveau de Voltaire, est représenté à Versailles le 27 novembre. Enfin, “Les Fêtes de Ramire”, acte de ballet, est représenté à Versailles le 22 décembre.

En 1745, il est nommé “Compositeur de la Musique de la Chambre de Sa Majesté” et reçoit une pension annuelle de 2 000 livres.

Il écrit alors ses plus grands chefs-d’œuvre, “Les Indes Galantes, Castor et Pollux, Dardanus”. Mais, alors qu’il est au faîte de la gloire, il est précipité dans la querelle des Bouffons [17], qui éclate à l’occasion des représentations, à Paris, de La Serva padrona de Pergolèse . Rameau est alors l’objet des attaques furieuses des partisans de l’opéra italien, Rousseau et les Encyclopédistes en tête.

le rythme de production du compositeur va ensuite se ralentir, mais Rameau va produire pour la scène, de façon plus ou moins régulière, jusqu’à la fin de sa vie, et sans abandonner ses recherches théoriques ni, bientôt, ses activités polémiques et pamphlétaires : ainsi, il compose en 1747 “Les Fêtes de l’Hymen et de l’Amour” et, cette même année, sa dernière œuvre pour le clavecin, une pièce isolée, “La Dauphine” ; en 1748, “la pastorale Zaïs, l’acte de ballet Pygmalion, l’opéra-ballet Les Surprises de l’amour ; en 1749, la pastorale Naïs, et la tragédie lyrique Zoroastre” où il innove en supprimant le prologue qui est remplacé par une simple ouverture ; enfin en 1751, l’acte de ballet “La Guirlande et la pastorale Acanthe et Céphise”.

C’est probablement pendant cette période qu’il entre en contact avec d’ Alembert , intéressé par l’approche scientifique de son art par le musicien. Il encourage Rameau à présenter le résultat de ses travaux à l’Académie des Sciences : en 1750, peut-être aidé de Diderot , il publie son traité intitulé “Démonstration du principe de l’harmonie”, que l’on considère comme le mieux écrit de tous ses ouvrages théoriques. D’Alembert fait l’éloge de Rameau, rédigera en 1752 les Éléments de musique théorique et pratique selon les principes de M. Rameau et retouche en sa faveur des articles de l’Encyclopédie écrits par Rousseau.

En 1748, La Pouplinière et son épouse se séparent : Rameau perd chez son mécène la plus fidèle alliée. Il approche des 70 ans : son activité prodigieuse qui laisse peu de place à la concurrence en agace plus d’un et joue certainement un rôle dans les attaques qu’il subit pendant la fameuse Querelle des Bouffons. Mais l’âge ne l’a rendu ni plus souple, ni moins attaché à ses idées…

En 1752, cependant, l’année où paraissent “ses Nouvelles Réflexions”, la Querelle des Bouffons le précipite dans l’arène malgré lui. Il sert de cible aux partisans de la musique italienne lui qui avait été accusé d’italianisme quelques années plus tôt, dont les porte-parole sont Friedrich Melchior Grimm et Rousseau, soutenus par les Encyclopédistes.

Mais il eut la maladresse de dénoncer les inexactitudes ou les niaiseries de l’Encyclopédie sur le chapitre de la musique, ce qui eut pour effet de renforcer l’animosité de ses adversaires. Ceux-ci, furent en grande partie responsables de ce que, 15 ans après sa mort, aucun de ses opéras ne figurait plus au répertoire, malgré des succès confirmés par la multiplicité des reprises jusqu’en 1775.

Le 1er août 1752, une troupe itinérante italienne s’installe à l’Académie royale de musique pour y donner des représentations d’intermezzos et d’opéras bouffes. Ils débutent avec la représentation de “La serva padrona” [18] de Pergolèse. La même œuvre avait déjà été donnée à Paris en 1746, sans attirer quelque attention. Cette fois, c’est un scandale qui éclate : l’intrusion dans le temple de la musique française de “ces bouffons” divise l’intelligentsia musicale parisienne en deux clans. Entre partisans de la tragédie lyrique, royale représentante du style français, et sympathisants de l’opéra-bouffe, truculent défenseur de la musique italienne, naît une véritable querelle pamphlétaire qui animera les cercles musicaux, littéraires, philosophiques de la capitale française jusqu’en 1754.

En 1753, il compose la pastorale héroïque “Daphnis et Églé”, une nouvelle tragédie lyrique (Linus), la pastorale Lysis et Délie ainsi que l’acte de ballet Les Sybarites. En 1754 sont encore composés deux actes de ballet : La Naissance d’Osiris [19] et Anacréon, ainsi qu’une nouvelle version de Castor et Pollux.

En 1753, La Pouplinière prend comme maîtresse une musicienne intrigante, Jeanne-Thérèse Goermans, fille du facteur de clavecins Jacques Goermans . Celle qui se fait appeler Madame de Saint-Aubin est mariée à un profiteur qui la pousse dans les bras du riche financier. Elle fait le vide autour d’elle, cependant que La Pouplinière engage Johann Stamitz  : c’est la rupture avec Rameau qui d’ailleurs n’a plus besoin du soutien financier de son ancien ami et protecteur.

Rameau poursuit ses activités de théoricien et de compositeur jusqu’à sa mort. Il vit avec sa femme et ses 2 enfants dans son grand appartement de la rue des Bons-Enfants [20] d’où il part, chaque jour, perdu dans ses pensées, faire sa promenade solitaire dans les jardins tout proches du Palais-Royal [21] ou des Tuileries [22]. Il y rencontre parfois le jeune Michel Paul Guy de Chabanon qui écrit plus tard son éloge funèbre et qui y recueille quelques-unes de ses rares confidences désabusées.

Le 11 mai 1761, il est reçu à l’Académie de Dijon [23], sa ville natale ; cet honneur lui est particulièrement sensible.

Rameau qui est anobli au printemps 1764 garde toute sa tête et compose, à plus de 80 ans, sa dernière tragédie en musique, “Les Boréades”, œuvre d’une grande nouveauté, mais d’une nouveauté qui n’est plus dans la direction que prend alors la musique. Les répétitions commencent au début de l’été 1764 mais la pièce ne sera pas représentée. il meurt à Paris le 22 septembre d’une typhoïde compliquée de scorbut à l’âge de 81 ans. En 1764 : Il a pu entendre le jeune Mozart venu à Paris avec son père. Il est inhumé le 13 septembre 1764, en l’église Saint-Eustache à Paris.

Plusieurs cérémonies d’hommage ont lieu, dans les jours qui suivent, à Paris, Orléans, Marseille, Dijon, Rouen.

Sa musique de scène continue, comme celle de Lully, d’être exécutée jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, puis disparaît du répertoire pendant plus d’un siècle.

Il laisse de nombreuses compositions caractérisées par la richesse de l’harmonie.

Rameau a composé de la musique de chambre, des motets, des cantates, des opéras-ballets et des pastorales, il a laissé une douzaine de livres et plusieurs articles sur la théorie musicale.

Rameau fut un novateur, et ses opéras constituent un renouveau total de l’opéra classique français, dans un style beaucoup plus audacieux et varié que celui de Lully, en particulier dans l’importance donnée à l’orchestre, avec l’introduction de véritables pièces de musique descriptive.

Si sa musique religieuse, encore que d’une grande beauté, peut paraître un peu plus conventionnelle, sa musique instrumentale est tout aussi intéressante. Les pièces de clavecin en concert, par le caractère virtuose donné à l’instrument soliste, annoncent le traitement qu’en feront Haydn et Mozart.

Enfin, l’influence de Rameau théoricien de la musique, fut considérable, notamment dans le domaine de l’harmonie, dont il a fondé les bases de l’enseignement.

Ami de Voltaire, patronné par un représentant puissant de la nouvelle bourgeoisie, c’était un homme nouveau que les progressistes d’alors eurent la folie de ne pas reconnaître. Ses opéras particulièrement les chefs-d’œuvre créés entre 1733 et 1745 représentent sur le plan musical un renouveau de l’opéra classique français, en dépit de sujets et de mises en scènes conventionnels qui les rattachent aux "pompes versaillaises".

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de histoire de Jean-Philippe Rameau (1683-1764) - Musicologie.org/ Jean-Philippe Rameau/ Wikipédia/ Biographie Jean-Philippe Rameau/ L’Internaute

Notes

[1] Dijon est une commune française, préfecture du département de la Côte-d’Or. Elle se situe entre le bassin parisien et le sillon rhodanien, sur l’axe Paris-Lyon-Méditerranée, à 310 kilomètres au sud-est de Paris et 190 kilomètres au nord de Lyon. Capitale historique du duché de Bourgogne, ville aux cent clochers sous l’Ancien Régime, héritière d’un riche patrimoine historique et architectural, Dijon est une cité touristique dont l’attrait est renforcé par la réputation gastronomique de la région. Le parlement de Bourgogne, transféré de l’Hôtel des ducs de Bourgogne de Beaune à Dijon, fait de la cité une ville parlementaire, où la noblesse de robe édifie des hôtels particuliers. Dijon subit des troubles religieux, de 1530 à 1595. Après la Contre-réforme, de nouvelles églises et chapelles de monastères sont construites.

[2] L’orgue est un instrument à vent multiforme dont la caractéristique est de produire les sons à l’aide d’ensembles de tuyaux sonores accordés suivant une gamme définie et alimentés par une soufflerie. L’orgue est joué majoritairement à l’aide d’au moins un clavier et le plus souvent d’un pédalier.

[3] L’abbaye Saint-Étienne de Dijon est une ancienne abbaye de chanoines réguliers située dans le centre sauvegardé de Dijon. Elle fut d’abord une collégiale et devint abbaye au commencement du 12ème siècle jusqu’en 1611 quand le pape Paul V, la rendit de nouveau séculière ou collégiale. Lorsqu’on scinda le diocèse de Langres en créant le diocèse de Dijon en 1731, elle en devint brièvement le siège du chapitre cathédral, avant la cathédrale Saint-Bénigne.

[4] La Compagnie de Jésus est un ordre religieux catholique masculin dont les membres sont des clercs réguliers appelés « jésuites ». La Compagnie est fondée par Ignace de Loyola et les premiers compagnons en 1539 et approuvée en 1540 par le pape Paul III.

[5] Avignon est une ville du Sud de la France, située au confluent du Rhône et de la Durance. Surnommée la « cité des papes » en raison de la présence des papes de 1309 à 1423, elle est actuellement la plus grande ville et la préfecture du département de Vaucluse. C’est l’une des rares villes françaises à avoir conservé ses remparts et son centre historique, composé du palais des papes, de l’ensemble épiscopal, du rocher des Doms et du pont d’Avignon.

[6] Clermont ou Clairmonta est une ville en Auvergne, dont la fusion avec la cité voisine et rivale de Montferrand décidée par Louis XIII lors de l’Édit de Troyes du 15 avril 1630 et confirmée un siècle plus tard sous Louis XV en 1731, par Daniel-Charles Trudaine, (second Édit d’union) donne naissance à la capitale auvergnate de Clermont-Ferrand, titre auparavant réservé à Clermont. En 1120, à la suite des crises successives qui opposent les comtes d’Auvergne aux évêques, qui règnent sans partage sur la ville de Clermont, et pour contrecarrer leur pouvoir, le comte d’Auvergne Guillaume VI décide de construire, sur une butte voisine propice aux fortifications, une ville rivale. C’est ainsi que la cité de Montferrand voit le jour, sur le modèle des bastides du Sud-Ouest, ces villes nouvelles du Midi, construites entre le 12ème et le 13ème siècles. Pendant tout le Moyen Âge et jusqu’à l’époque moderne, Clermont et l’actuel quartier de Montferrand restent deux villes distinctes : Clermont est la cité épiscopale, Montferrand la cité comtale.

[7] L’église de la Madeleine-en-la-Cité est une ancienne église de Paris située dans l’Île de la Cité. C’était à l’origine une synagogue construite au 9ème siècle, qui mesurait 31 mètres de long et 8 mètres de large. Après l’expulsion des juifs du royaume de France en 1182, et la confiscation de leurs biens, par Philippe Auguste, Maurice de Sully, évêque de Paris transforma, en 1183, la synagogue en église qui fut érigée en paroisse, la dernière créée dans l’Île de la Cité entre celles de Saint-Martial et de Saint-Pierre aux Bœufs dans le cadre de la réorganisation paroissiale par Maurice de Sully. Elle s’étendait sur la rue de la Juiverie et la rue des Marmousets

[8] Un motet est une composition musicale apparue au 13ème siècle, à une ou plusieurs voix, avec ou sans accompagnement musical, courte et écrite à partir d’un texte religieux ou profane. Ce genre musical à deux voix atteignit son apogée à la fin du 12ème siècle, avec l’école de Notre Dame de Paris et ses maîtres, Léonin et Pérotin. Le motet a remplacé le conduit. Au début du 16ème siècle, le motet s’enrichit grâce à Josquin Desprez et atteint son apogée avec Palestrina. Le nombre des voix était le plus souvent de quatre, mais pouvait atteindre six, huit, et même douze. À l’extrême, le motet Spem in alium de Thomas Tallis ne compte pas moins de 40 voix indépendantes. En France, le motet fut illustré, notamment, par Henry Du Mont et Pierre Robert, sous-maîtres de la Chapelle de Louis XIV ; sous l’égide de Louis XIV, Lully, puis Delalande, inaugurèrent le « grand motet » ou « motet à grand chœur », équivalent de l’antienne (anthem) des Anglais et de la cantate des Allemands.

[9] Une cantate est une composition vocale et instrumentale qui comporte plusieurs morceaux. Elle porte généralement sur un thème qui peut être profane (cantata da camera) ou sacré (cantata da chiesa), mais à la différence de l’opéra, elle ne comporte aucun aspect théâtral ni dramatique.

[10] L’église Saint-Germain-l’Auxerrois est une église située dans l’actuel 1er arrondissement de Paris. Elle fut également appelée église Saint-Germain-le-Rond. Depuis l’Ancien Régime, elle est connue comme la « paroisse des artistes ». Saint-Germain-l’Auxerrois est nommée en l’honneur de l’évêque saint Germain d’Auxerre.

[11] église aujourd’hui disparue et qu’il ne faut pas confondre avec l’église Saint-Paul-Saint-Louis

[12] Le librettiste est l’auteur d’un livret dans un opéra, un opéra-comique, une opérette, une cantate, un oratorio ou un ballet.

[13] La société du Caveau, appelée en abrégé le Caveau, est le nom sous lequel a été connue une célèbre société bachique, chantante et littéraire parisienne créée en 1729 à Paris par Pierre Gallet et qui se réunissait deux fois par mois dans la salle basse d’un cabaret rue de Buci. Elle a compté des personnalités comme Piron et le Comte de Caylus. Elle disparaît en 1739, mais son nom est repris par plusieurs autres sociétés différentes, jusqu’en 1939.

[14] La Ferme générale est la jouissance d’une partie des revenus du roi de France, consentie par ce dernier, sous certaines conditions, à un adjudicataire dont les cautions forment la Compagnie des fermiers généraux. Créée par Louis XIV, à l’initiative de Colbert en 1680, l’institution avait pour vocation de prendre en charge la recette des impôts indirects, droits de douane, droits d’enregistrement et produits domaniaux

[15] L’église Saint-Eustache est une église de Paris. Elle est située 146, rue Rambuteau dans le 1er arrondissement, au cœur du quartier des Halles

[16] Temple de la Gloire

[17] La querelle des Bouffons ou guerre des Coins est une controverse parisienne qui a opposé au cours des années 1752/1754 les défenseurs de la musique française groupés derrière Jean-Philippe Rameau (coin du Roi) et les partisans d’une ouverture vers d’autres horizons musicaux, réunis autour du philosophe et musicologue Jean-Jacques Rousseau (coin de la Reine), partisans de l’italianisation de l’opéra français.

[18] la Servante Maîtresse

[19] pour célébrer la naissance du futur Louis XVI

[20] La rue des Bons-Enfants est une rue située dans le premier arrondissement de Paris, proche du Palais-Royal et du Louvre.

[21] Le Palais-Royal, ensemble monumental (palais, jardin, galeries, théâtre) au nord du palais du Louvre dans le 1er arrondissement de Paris, est un haut lieu de l’histoire de France et de la vie parisienne. Construit par Richelieu en 1628, le Palais-Cardinal, donné au roi Louis XIII en 1636, sert de résidence à Louis XIV enfant pendant les troubles de la Fronde et devient le Palais-Royal.

[22] Le palais des Tuileries est un ancien palais parisien, aujourd’hui détruit, dont la construction commença en 1564 sous l’impulsion de Catherine de Médicis, à l’emplacement occupé auparavant par l’une des trois fabriques de tuiles établies en 1372 à côté de l’hôpital des Quinze-Vingts, non loin du vieux Louvre. Agrandi au fil du temps et unifié avec le palais du Louvre en 1860, il disposait d’une immense façade (266 mètres de long pour le palais disparu, et environ 328 mètres si on compte les pavillons de Flore et de Marsan qui subsistent) et il était le point focal du grand axe historique de Paris conçu à partir de ce palais. Il a été la résidence royale à Paris de nombreux souverains (Henri IV, Louis XIV, Louis XV, Louis XVI mais aussi Louis XVIII, Charles X puis Louis Philippe), et impériale (Napoléon 1er puis Napoléon III). Entretemps il a aussi été le siège de la Première République et du Consulat. Son rôle de siège officiel du pouvoir français fut interrompu par sa destruction par un incendie volontaire le 23 mai 1871, allumé par les communards Jules-Henri-Marius Bergeret, Victor Bénot et Étienne Boudin. Les ruines du palais des Tuileries furent abattues en 1883, les présidents de la Troisième République étant alors installés dans le palais de l’Élysée.

[23] L’Académie de Dijon a été fondée par Hector-Bernard Pouffier, doyen du Parlement de Bourgogne, en 1725. Elle reçut grâce à l’appui des princes de Condé, Louis-Henri puis Louis-Joseph de Bourbon, gouverneurs de Bourgogne, ses lettres patentes enregistrées au Parlement de Dijon le 30 juin 1740. Les Académiciens, tous savants et tous natifs du duché de Bourgogne, devaient être 24 dont, 6 honoraires, 12 pensionnaires (4 pour la physique, 4 pour la morale et 4 pour la médecine), qui n’étaient pas tous pensionnés mais auxquels la récompense des prix était réservée, enfin 6 associés ou « aspirans » (2 dans chaque discipline).