Élevée en France, elle fut la belle-mère de l’empereur Joseph 1er du Saint Empire et une correspondante de Leibniz .
Fille de la frondeuse, Anne de Gonzague de Clèves et d’ Édouard prince Palatin , petit-fils maternel de Jacques 1er d’Angleterre et fils de Frédéric V du Palatinat, le "roi d’un hiver" qui fut mis au ban de l’Empire en 1620, elle fut élevée à Paris au couvent de la Visitation, où s’était notamment retirée Louise de La Fayette. Elle est également la nièce maternelle de la reine de Pologne Louise-Marie de Gonzague qui n’ a pas d’enfant.
Son père Edouard meurt dès 1663 mais sa mère Anne, particulièrement active, marie la même année sa fille cadette Anne de Bavière à un prince du sang, Henri Jules de Bourbon Condé, à qui l’on a fait miroiter une possible succession au trône de Pologne. Le mariage est particulièrement brillant pour une princesse en exil mais humainement désastreux, le prince de Condé étant un mari et un père particulièrement violent.
La princesse Louise-Marie du Palatinat , aînée des 3 filles mais quelque peu contrefaite ne peut prétendre à une union aussi brillante. Elle épousera en 1671 Charles Théodore de Salm , souverain d’une minuscule principauté à cheval sur les Vosges aux confins du Duché de Lorraine [1] occupé par les troupes françaises et de l’Alsace, mais gouverneur du fils aîné de l’empereurLéopold 1er, l’archiduc Joseph, et bientôt premier ministre.
Quant à la princesse Bénédicte Henriette, elle fut mariée à l’âge de 16 ans le 30 novembre 1668 à Hanovre au duc Jean-Frédéric de Brunswick-Calenberg qui en avait 43 mais s’était converti au catholicisme en 1651. Ils eurent 4 filles
Elle fait souffler un esprit français à la Cour de Hanovre [2]. Des courtisans français sont accueillis, et en ville des artistes et artisans français. Bonne musicienne et mélomane, elle raffolait de l’opéra italien.
À la mort de son époux en 1679, âgée de 27 ans, elle retourna vivre à Paris près de sa sœur la princesse de Condé, et paraissait à la Cour, où vivait sa cousine germaine, la princesse Palatine, Madame, duchesse d’Orléans et belle-sœur du roi Louis XIV. Elle confia l’éducation de ses filles aux religieuses de l’Abbaye de Maubuisson [3] dont sa tante, Louise Hollandine du Palatinat, était abbesse. Elle fut en correspondance avec Leibniz, que son mari avait reçu à Hanovre. Elle se rendit aussi plus tard à Modène [4], où vivait sa fille Charlotte-Félicité de Brunswick-Calenberg , mais ne s’entendant pas avec son gendre, elle retourna vivre à Paris.
En 1701, la Guerre de succession d’Espagne [5] embrase l’Europe. La duchesse de Calenberg a de proches parents dans les deux camps. Sa fille, la duchesse de Modène fuit devant les troupes Françaises tandis que l’électeur de Brandebourg, cousin par alliance de la duchesse de Calenberg, profitant du chaos, se proclame roi de Prusse. La même année, le parlement anglais exclut de la succession au trône britannique les 57 princes et princesses catholiques qui pourraient y prétendre.
A 71 ans, l’électrice douairière de Hanovre née Sophie de Hanovre , tante paternelle et belle-sœur de la duchesse Bénédicte-Henriette, devient l’héritière de la couronne anglaise. Elle mourra en 1714 peu de temps avant la reine Anne de Grande-Bretagne et c’est son fils qui, devenant la roi Georges 1er de Grande-Bretagne, sera le premier souverain britannique issu de la Maison de Hanovre qui régnera sur la Grande-Bretagne et son empire jusqu’en 1901.
Le roi de France Louis XIV meurt en 1715. Son successeur est un enfant. Le duc d’Orléans, cousin de la duchesse de Calenberg, assume la régence. Sa fille, Charlotte-Aglaé d’Orléans , compromise par une vie frivole, épouse en 1720 le prince-héritier de Modène, petit-fils de la duchesse.
Le mariage ne sera guère harmonieux et "Madame de Modène", qui s’ennuie dans son petit duché, dédaignant la gentillesse de sa belle-famille, reviendra vivre en France.
La duchesse de Calenberg mourut à Asnières [6] où vivait sa sœur. Ses entrailles sont inhumées en l’église Sainte-Geneviève d’Asnières [7].