Héritier d’une des plus importantes baronnies anglo-normandes. Fils aîné de Robert 1er comte de Gloucester [1], fils illégitime du roiHenri 1er d’Angleterre, et de Mabel fille et héritière de Robert FitzHamon, le conquérant de Glamorgan [2].
Il hérite de sa mère des terres en Normandie mais son frère cadet Richard obtient l’honneur [3] de Creully [4]. Toujours par sa mère, il obtient l’honneur de Gloucester en Angleterre, et la seigneurie du sud des marches galloises de Glamorgan.
Son père lui confie le château de Wareham [5], dans le Dorset [6], mais celui-ci est pris par Étienne d’Angleterre en 1142. Avant sa mort, son père était le capitaine militaire et le chef charismatique du parti angevin de Mathilde l’Emperesse, sa demi-sœur, dans la guerre civile contre les partisans du roi Étienne d’Angleterre, qui avait usurpé le trône de celle-ci.
Il hérite de son titre de comte de Gloucester, mais dans ses toutes premières années de comte, sa mère exerce conjointement l’autorité. Le comte organise la gestion de son patrimoine en faisant de Cardiff [7], Torigni-sur-Vire [8] et Bristol [9] les sièges respectifs de ses domaines gallois, normands et anglais. Son siège de commandement principal est Bristol, jusqu’en 1175.
Avant 1150, il épouse Hawise, une fille deRobert de Beaumont, 2ème comte de Leicester [10], un influent baron anglo-normand, l’un des principaux soutiens du roi. Ce mariage permet de renforcer un traité de non-agression conclut avec le comte de Leicester et ses alliés. Le but de ce traité privé est d’établir la paix dans leurs régions et de circonvenir les problèmes posés par la guerre civile. Dans cette guerre civile parfois qualifiée d’anarchie, le pouvoir territorial est aux mains des grands barons, et les enjeux de la guerre civile passent au second plan face à leurs propres intérêts.
Il conclut aussi un traité avec son voisin et allié Roger FitzMiles , le 2ème comte d’Hereford [11], qui a repris le commandement du parti angevin en Angleterre. Son voisin avait été une menace pour les intérêts familiaux avant la mort de son père, et le traité permet de faire la paix et de le reconnaître comme le principal baron du sud des marches galloises.
Quand Henri Plantagenêt, le fils aîné de l’Emperesse, et donc son cousin germain, débarque en Angleterre en 1149 puis en 1153 pour disputer la couronne à Étienne, Guillaume de Gloucester est bien évidemment à son service et l’accompagne dans sa campagne. Avant que ne soit signé le traité de Wallingford [12] qui met fin à la guerre civile, fin décembre 1153, il est devenu l’un de ses plus proches compagnons. Son nom est le plus souvent mentionné en premier dans la liste des témoins des actes juridiques d’Henri Plantagenêt.
Toutefois, après le couronnement d’Henri sous le nom d’Henri II en 1154, il n’est plus autant en faveur. L’honneur d’ Eudes le Sénéchal , qui lui avait été promis en janvier 1154 pour son fils Robert, est finalement donné à un autre. Il avait toujours droit à une place d’honneur à la cour royale, mais Henri II semble être mal à l’aise avec lui et ne pas lui faire confiance. Cela est peut-être dû à la rébellion de son frère Richard en Normandie en 1154, mais plus probablement à son attitude durant la fin de la guerre civile quand il passait des traités privés avec ses ennemis. Après que la fin de la guerre civile fut signée, Henri Plantagenêt ne pouvait pas deviner que Étienne mourait si rapidement. Il avait donc tout intérêt à ménager tous ses éventuels soutiens au cas où Étienne changerait d’avis où qu’un nouveau concurrent pour le trône se présenterait.
Guillaume de Gloucester est toujours exempté des impôts comme les autres membres de la famille royale, mais il n’a aucune influence sur le plan politique. Il sert en tant que juge royal, et en 1163 son frère Roger obtient même le siège épiscopal de Worcester [13], qui couvre la majeure partie de ses terres en Angleterre.
Les mariages de ses filles lui permettent aussi de tisser des alliances avec les familles influentes du royaume et du duché. Mais ses relations avec le roi sont tendues, et il existe même des preuves que celui-ci avait envisagé de ne pas l’exempter du geld [14]. Son fils unique Robert meurt de maladie en 1166. Le couple n’a pas d’autre fils dans les 10 années suivantes, et Guillaume de Gloucester doit se résoudre à accepter la requête du roi de fiancer sa fille Isabelle à son benjamin Jean. Il est aussi forcé de reconnaître Jean comme l’héritier de l’honneur de Gloucester, même si un fils venait à naître.
Ses relations avec le roi s’envenime sur la question de la tenure par le comte de la ville de Bristol. Bien qu’Henri II ait promis au comte de le laisser jouir des possessions que ses parents lui avaient léguées, peu avant la révolte de ses fils en 1173, il s’empare du château de la ville et y installe une garnison qui lui est loyale. Le roi avait déjà essayé auparavant, par divers moyens, d’acquérir quelque autorité sur Bristol, mais en vain.
Le comte décide de ne pas se laisser faire, et expulse la garnison royale. Il est amené devant la cour et obligé à rendre la garde du château au roi en 1175. Pourtant, il est resté loyal pendant la révolte dans le royaume et le duché, et a même combattu son beau-frère Robert III de Beaumont, le comte de Leicester, à Fornham. Mais Henri II semble avoir tellement peu confiance en lui qu’en 1183, alors qu’une nouvelle révolte baronniale se fomente, il l’arrête, ainsi que plusieurs de ses proches, et le garde à résidence jusqu’à sa mort quelques mois plus tard, le 23 novembre, le jour de son anniversaire. Il est inhumé à l’abbaye de Keynsham [15] qu’il avait fondée après la mort de son fils
Guillaume de Gloucester est considéré par les chroniqueurs contemporains comme faible et peu doué pour les affaires militaires. Non seulement il est incapable de défendre Wareham en 1142, mais en 1158, sa femme et lui sont faits prisonniers dans leur propre château de Cardiff par le seigneur gallois de Senghenydd [16], alors que celui-ci a une garnison.
Il semble d’un autre côté avoir été particulièrement brutal avec ses vassaux, mutilant l’un de ses tenants gallois et emprisonnant un homme libre.
Il fonde l’abbaye de Keynsham vers 1172, et est patron de diverses maisons ecclésiastiques, notamment l’abbaye familiale de Tewkesbury.