Né à Livourne [1] en Italie, tirant toutefois ses origines d’Allemagne, il est l’un des premiers à faire connaître son instrument en France.
Il est fils du négociant Giovanni-Giacomo Stuck et de Barbera Hellerbech. Le début de sa vie reste mal connu mais on sait qu’il est au service de la comtesse de Lemos à Naples [2] en 1702. Il participe également à la refonte de “L’inganno innocente”, opéra de Tomaso Albinoni composé en 1701, représenté au théâtre San Bartolimeo de Naples [3] sous le nouveau titre de “Rodrigo in Algieri” le 10 décembre 1702.
Stuck semble être arrivé à Paris peu de temps après car l’un de ses airs est présent dans l’un des recueils de Ballard pour l’année 1701 mais seulement publié en 1705. S’exerçant dans l’entourage du prince de Carignan Emmanuel-Philibert de Savoie-Carignan , il intègre le cercle du futur Régent Philippe d’Orléans, en devenant officiellement ordinaire de la musique du duc d’Orléans en 1707.
Il y développe la musique italienne que ce prince affectionne et publie son premier livre de cantates [4] françaises en septembre 1706, quelques mois après Jean-Baptiste Morin. Comme lui, Stuck dédie le recueil à son protecteur, Philippe d’Orléans. Deux ans plus tard, son second livre verra le jour, puis deux opéras, “Méléagre” en 1709 et “Manto la fée”, donnés tous deux en 1711, sans grand succès. C’est son “Polidore” en 1720 qui lui offrira une certaine reconnaissance grâce à sa reprise en 1739.
Stuck édite entre-temps son troisième puis son quatrième livre de cantates et semble avoir toujours été en contact avec sa ville natale car, en 1715, son opéra “seria Il Gran Cid” est joué à Livourne. On lui prête même un séjour chez l’électeur de Bavière en 1714 avant de revenir en France et d’épouser, le 17 novembre 1727, l’une des filles de Jean Bérain, dessinateur du Cabinet et de la Chambre du Roy, Bonne-Françoise Bérain. Il devient ainsi l’ami et le beau-frère de Pascal Collasse , également uni à l’une des filles Bérain... Son amitié avec André Campra est aussi attestée.
Une précision, sous le titre de “L’Amour vengé”, révèle qu’elle avait été écrite sur un texte de Monsieur de Seré Jean de Serré de Rieux. Stuck était également proche du compositeur Jean-Baptiste Morin, très lié avec le poète. Le texte de la cantate suivante, “Diane”, de Louis Fuzelier, a été mis en musique par les deux musiciens et “Philomèle” publiée par Stuck dans son premier livre en 1706 l’avait été par les deux hommes, vers 1704.
Naturalisé français en 1733, il est ordinaire de la musique du roi dès 1715.
Il se consacre dès lors à sa carrière de concertiste et est présent au Concert Spirituel où sont jouées quatre de ses cantates ainsi que son divertissement “L’Union de la musique italienne et française”, reprenant à son compte le vœu de Couperin. Les 24 et 25 décembre 1728, il s’illustre dans un trio aux côtés du violoniste Jean-Pierre Guignon et du flûtiste Michel Blavet .
À la mort de sa femme, sans enfants, il connaît quelques déboires financiers mais son inventaire après décès témoigne de sa culture et de ses goûts : aux côtés de 178 tableaux et de 320 livres on note des partitions italiennes notamment, des cantates et opéras manuscrits, un violoncelle avec son archet dans un étui de bois peint, un autre violoncelle également avec son archet ainsi qu’une basse de violon et quatre violons.