La place des femmes dans la société gauloise est, encore de nos jours, sujette à controverse. Certains historiens considèrent que la Gauloise n’eut guère d’indépendance, l’homme avait sur elle droit de vie et de mort ; mais d’autres historiens, s’appuyant tout autant sur les témoignages d’auteurs antiques que sur ceux de l’archéologie, ont été amenés à réviser leur jugement et à donner à la femme gauloise une part nettement plus importante, notamment si on la compare avec la place de la femme à Rome.
Vers 2000 avant jc, l’apparition du bronze va entraîner un premier bouleversement de l’Europe. Lorsque les épées, les faux, les marteaux ou autres haches voient le jour, les échanges commerciaux se multiplient, d’autant que l’étain et le cuivre, nécessaires à la fabrication du bronze, ne se trouvent pas partout.
On voit donc des routes commerciales se former entre la Bretagne et l’Italie, l’Europe de l’Est et la Grèce : la civilisation celte s’uniformise sur toute l’Europe et la Gaule devient un carrefour commercial de première importance. Aux 9 et 8ème siècles avant jc, c’est l’apparition de l’âge du Fer et du 8 au 6ème siècle, les sites fortifiés apparaissent, qui permettent de contrôler les voies d’échanges commerciaux, se multiplient et passent sous l’autorité de l’aristocratie princière. C’est ainsi que se définie alors la hiérarchie sociale et les cours princières, contrôlant les échanges avec l’étranger, qui non seulement s’enrichissent mais découvrent également des coutumes venant d’autres pays.
Comme on le voit déjà, l’aristocratie gauloise est loin d’être barbare et elle a laissé nombre de témoignages, notamment archéologiques, qui permettent d’avoir une idée plus juste de cette société et de la place des femmes.
En 1953, ont met au jour une nécropole à Vix [1], en Bourgogne et une jeune femme, âgée de 30 à 35 ans, morte entre 510 et 490 av. jc y est trouvée, allongée sur un char dont les roues ont été ôtées et posées sur le côté, comme c’est la coutume.
Elle-même porte sur elle une véritable fortune : sa tête est ceinte d’une sorte de diadème en or, elle porte un torque [2] en bronze, un collier d’ambre, de diorite et de serpentine, des bracelets à chaque poignet, un anneau à chaque cheville et huit fibules ornées de matières précieuses. Une richesse qui ne peut être que celle d’une personne importante. Cette jeune femme aurait également été en relation avec l’étranger, comme le suggèrent les trois bassins de bronze venant d’Étrurie [3] et le magnifique vase de facture grecque, lui aussi en bronze, que renferme sa tombe. Ce dernier est le plus grand vase grec connu à ce jour.
Place commerciale internationale, Vix voyait transiter dans son oppidum les richesses de tous les pays. On suppose donc que certains des magnifiques objets trouvés dans la tombe étaient des présents afin de remercier ou d’amadouer la dame du lieu afin d’obtenir un droit de passage.
Mais n’était-elle que l’épouse du chef ou gouvernait-elle elle-même ? L’absence, aux environs de la nécropole, de tombe masculine permet d’opter pour la seconde hypothèse. Cela n’aurait rien de saugrenu et de nombreuses preuves renforcent l’idée que la femme gauloise détenait un certain pouvoir et pouvait être, juridiquement, l’égale de l’homme.
Il apparaît en effet que les Gauloises étaient libres du choix de leur époux et que, si elles apportaient une dot, le mari devait prendre sur son bien une valeur égale, qui constituerait le douaire de la jeune femme. À la mort de leur mari, elles étaient même les premières héritières, avant les enfants.