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Hugues IX de Lusignan dit le Brun

jeudi 18 mars 2021, par ljallamion

Hugues IX de Lusignan dit le Brun (mort en 1219)

Sire de Lusignan-Comte de la Marche-Seigneur de Château-Larcher et de Couhé de 1190 à sa mort

Fils d’ Hugues de Lusignan dit "le Brun" et d’Aurengarde ou Orenjard dite "Ala", héritière probable des seigneuries d’Exoudun [1], de la Mothe [2] et de Fontblanche, petit-fils et successeur d’ Hugues VIII de Lusignan dit "le vieux" .

Dans une de ses chartes, il a mentionné le départ de son grand-père pour la Terre Sainte. Hugues IX était certainement mineur lorsque son père mourut.

On le retrouve en Sicile [3] dans l’entourage du roi Richard en 1190. Il joue un rôle important dans la 3ème croisade [4], et visite le roi Richard quand celui-ci était prisonnier en Allemagne. Il sert ce monarque fidèlement tout au long de son règne.

Après 1189 et vers 1194, Hugues IX épouse en secondes noces Mathilde d’Angoulême , fille unique de Vulgrin III d’Angoulême dit Taillefer, comte d’Angoulême [5], et d’Isabelle d’Amboise.

Héritière du comté d’Angoulême, Mathilde est spoliée et entièrement dépossédée par ses oncles Guillaume VII Taillefer, comte d’Angoulême puis Aymar comte d’Angoulême . Longtemps protégée par le roi Richard en personne, Mathilde d’Angoulême ne recouvrera cependant jamais ses possessions.

À l’époque de Richard Plantagenêt, les Lusignan seront un soutien indéfectible à la cause du souverain anglais en Aquitaine et en Normandie. Les Lusignan bénéficieront d’une politique avantageuse et cette période leur sera profitable.

En 1199, dans la période de confusion après la mort de Richard, Hugues IX se fait remettre le comté de la Marche [6] par la reine Aliénor. Revendiqué par les Lusignan depuis l’alliance de leur aïeul Hugues V avec Almodis de La Marche, le comté de la Marche restera leur possession jusqu’aux derniers descendants de la lignée. Le 28 janvier 1200, Hugues IX prête hommage au roi Jean d’Angleterre pour le comté de la Marche. Hugues IX est désormais à la tête d’un puissant réseau familial et féodal.

En août 1200, il est décidé d’une grande union entre les Lusignan et les Taillefer. Le futur Hugues X "le Brun" doit épouser Isabelle Taillefer ou Isabelle d’Angoulême héritière du comté d’Angoulême. Marche et Angoumois [7] seront donc dans la même main, donnant naissance à l’une des plus importantes possession territoriale du centre ouest de la France. Jean Sans Terre, qui voit le danger de cette union, enlève et épouse la jeune femme.

Les Lusignan, floués, font alors appel au roi de France pour obtenir justice. Comme Jean sans Terre refuse de se présenter à son suzerain pour répondre de ses actes, Philippe Auguste prononce la commise [8] des biens des Plantagenêts [9] en France.

À partir de cet événement, les Lusignan seront hostiles à la politique des souverains Plantagenêts en Aquitaine et se tourneront vers les Capétiens.

En 1218, Hugues IX cède ses terres à son fils Hugues X, et part finir ses jours en Terre sainte où il meurt à Damiette [10] le 5 novembre 1219.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du livre de Nicholas Vincent, « Isabella, suo jure countess of Angoulême (c.1188–1246) », Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, janvier 2006.

Notes

[1] Exoudun est une commune française, située dans le département des Deux-Sèvres

[2] La Mothe-Saint-Héray est une commune française, située dans le département des Deux-Sèvres. La seigneurie de La Mothe appartenait aux Lusignan, notamment à la branche des comtes d’Eu, sires d’Exoudun

[3] La Sicile est la plus grande île méditerranéenne. Avec une superficie de 25 708 km², c’est la région la plus étendue de l’Italie et son territoire est constitué de neuf anciennes provinces à leur tour partagées en 390 municipalités. Elle est également la seule région italienne à compter 2 des 10 villes les plus peuplées du pays : Palerme et Catane. Son chef-lieu est Palerme.

[4] La troisième croisade, qui débuta en 1189 et s’acheva en 1192, est une série d’expéditions menées par Frédéric Barberousse, empereur germanique, Philippe Auguste, roi de France, et Richard Cœur de Lion, roi d’Angleterre, dans le but de reprendre Jérusalem et la Terre sainte à Saladin. Cette croisade a permis la reprise d’un certain nombre de ports de Terre sainte, mais n’a pas permis la reconquête de l’arrière-pays, ni la reprise de Jérusalem. Cependant, la libre circulation à Jérusalem fut autorisée aux pèlerins et marchands chrétiens.

[5] Lorsque le comté était un fief qui eut sa propre maison, puis qui appartint à la maison de Valois, puis des ducs d’Angoulême qui furent créés dans la famille de Bourbon. Ce fief était à peu près équivalent à l’Angoumois. Il fut joint, lors de l’origine du système féodal, au comté de Périgord. Le comté d’Angoulême est réuni à la couronne en 1308, promis en 1328 (confirmé par le traité de Villeneuve-lès-Avignon du 14 mars 1336), à Philippe d’Évreux, mais jamais remis, enfin confisqué au fils (Charles le Mauvais) de ce dernier, il est finalement donné au connétable Charles de La Cerda en 1350, et revient à la couronne en 1354. Par le traité de Brétigny, il est ensuite cédé aux Anglais en toute souveraineté en 1360, mais repris en partie en 1372 et dans les années suivantes. Il devient ensuite l’apanage de Louis, duc d’Orléans, fils de Charles V et frère de Charles VI, à l’origine de la branche des Valois-Angoulême.

[6] La Marche est une région historique et culturelle française, correspondant à une ancienne province et dont la capitale est Guéret. La Marche fut aussi un comté. Ses frontières ont fluctué tout au long de son histoire et ce, depuis le Moyen Âge, époque de sa création. Dans ses limites du 18ème siècle, la province correspondait au département actuel de la Creuse mais regroupait aussi une bonne part de la Haute-Vienne (arrondissement de Bellac) ainsi que des paroisses de l’Indre, de la Vienne et de la Charente. Rattachée à la couronne de France par Philippe le Bel, elle revient à Charles IV le Bel en 1309 et devient duché-pairie en 1317. En 1327 elle est échangée contre le comté de Clermont-en-Beauvaisis. Elle revient ensuite aux Bourbon, et en 1527 François 1er la confisque. Après quelques apanages, elle est définitivement réunie au domaine royal vers 1531 et gouvernée par les Foucault de Saint Germain-Beaupré entre 1630 et 1752.

[7] L’Angoumois est une ancienne province française, située entre le Limousin à l’est, le Périgord au sud, la Saintonge à l’ouest, et le Poitou au nord. Il correspond à la partie centrale de l’actuel département de la Charente. Il comportait également quelques paroisses de l’actuel département des Deux-Sèvres (Pioussay, Hanc et Bouin, issues du marquisat de Ruffec), de la Haute-Vienne (Oradour-sur-Vayres, Cussac, Dournazac, entre autres) ainsi que de la Dordogne (La Tour-Blanche).

[8] Au Moyen Âge, la commise désignait, en droit féodal, la confiscation du fief du vassal par le seigneur. On disait que le fief était alors tombé en commise.

[9] Les Plantegenêts sont dans la lignée directe de la maison de Gâtinais-Anjou, branche cadette de la maison de Châteaudun ; ils ne sont pas de la lignée des Ingelgériens mais s’y rattachent en ligne féminine ; ils sont en effet issus du mariage d’Ermengarde d’Anjou, fille de Foulque III Nerra, comte d’Anjou, avec Geoffroy II du Gâtinais. Geoffroy III, Foulque IV, Geoffroy IV, Foulque V poursuivirent leur œuvre. On désigne parfois ces comtes sous le nom de Plantegenêt pour signifier qu’il s’agit d’une seule et même lignée agnatique, bien que ce surnom n’apparaisse qu’avec leur descendant Geoffroy V. Les Plantegenêts, successeurs des Ingelgériens, constituent la deuxième maison des comtes d’Anjou. Les Plantegenêt étant, par les mâles, une branche de la maison de Châteaudun, on considère généralement qu’ils sont issus de la famille franque des Rorgonides, possiblement liée aux premiers Robertiens. Par leur branche maternelle de la première maison des comtes d’Anjou, les Plantegenêts sont issus cognatiquement de la noblesse franque, les Ingelgériens.

[10] Damiette est un port du gouvernorat du même nom, en Égypte, dans le delta du Nil, à environ 200 kilomètres au nord-est du Caire. Dans l’Égypte ancienne, la cité était nommée Tamiat, mais elle perdit de l’importance durant la période grecque après la construction d’Alexandrie. Damiette reprit de l’importance durant les 12ème et 13ème siècles dans le cadre des Croisades. En 1169 une flotte du Royaume de Jérusalem, avec des soutiens de l’Empire byzantin attaqua le port, mais fut défaite par Saladin. Durant les préparations de la cinquième croisade en 1217, il fut décidé que Damiette serait la cible de l’attaque. Le contrôle de Damiette impliquait le contrôle du Nil, et les croisés pensaient pouvoir conquérir l’Égypte à partir de là. Après l’Égypte ils pourraient attaquer la Palestine et reprendre Jérusalem. Le port fut assiégé et occupé par des croisés de Frise en 1219, mais en 1221 les croisés furent vaincus devant Le Caire et chassés d’Égypte. Damiette fut aussi la cible de la septième croisade, menée par Saint Louis. Sa flotte arriva en 1249 et s’empara rapidement du fort. Il refusa de le rétrocéder au roi de Jérusalem, à qui il avait été promis durant la cinquième croisade. Toutefois à la suite de nouvelles défaites militaires, les croisés furent contraints de rendre la ville. Saint Louis donna aux remparts d’Aigues-Mortes la forme qu’avaient ceux de la ville égyptienne. Du fait de son importance pour les croisés, le sultan Mamelouk Baybars détruisit la ville et la reconstruit quelques kilomètres plus loin avec de meilleures fortifications. Aujourd’hui un canal la relie au Nil, ce qui en fait de nouveau un port important.