Il naît en Sicile, à Palerme [1], d’une famille de musiciens ; son père, le ténor Pietro Scarlata (la forme « Scarlatti » n’est utilisée qu’à partir de 1672), et sa mère, Eleonora d’Amato, pratiquent tous deux la musique à Palerme.
Deuxième de huit enfants, dont cinq deviennent musiciens, le jeune garçon semble avoir entamé ses études musicales auprès de son oncle maternel, Vincenzo d’Amato , maître de chapelle [2] de la cathédrale [3] et de Marc’Antonio Sportonio, castrat [4] et compositeur originaire de Bologne [5], élève de Carissimi. Il avait chanté dans “L’Orfeo” [6] de Luigi Rossi à Paris en 1647.
Il épouse Antonia Maria Vittoria Anzaloni de Rome, le 12 avril 1678 et le jeune couple loge dans un appartement du palais de Gian Lorenzo Bernini dit Le Bernin . Le 11 janvier 1679, Filippo Bernini, fils de l’architecte, est le parrain du premier né des 10 enfants, Pietro. La sœur d’Alessandro, Anna Maria, épouse un « clerc » et le scandale retombe sur le jeune musicien, avec l’hostilité de la curie romaine.
Alessandro est le père de Domenico Scarlatti .
Celui que ses contemporains surnommaient l’Orphée italien partage sa carrière entre Naples [7] et Rome, où il reçoit sa formation, une part importante de sa production s’y destine.
Il est souvent considéré comme le fondateur de l’école napolitaine d’opéra [8], alors qu’il en est seulement le plus illustre et plus fécond représentant : son apport, son originalité et son rayonnement, son influence sérieuse et durable, sont essentiels, tant en Italie qu’en Europe.
Particulièrement connu pour ses opéras (115 titres), il mène à terme la tradition dramatique italienne, commencée par Monteverdi au début du 17ème siècle et poursuivie par Cesti, Cavalli, Carissimi et Stradella, donnant la forme définitive de l’aria da capo [9], diffusée ainsi dans toute l’Europe.
Il inaugure l’ouverture à l’italienne en trois mouvements, ancêtre lointain de la symphonie. Tous ces modèles deviennent des références pour le théâtre musical de son temps, comme l’évoque la production italienne de Haendel .
Éclectique, Scarlatti touche en outre à tous les autres genres pratiqués à son époque, de la sonate au concerto, le motet, la messe, l’oratorio et la cantate de chambre, dont il est un maître incontesté, avec plus de 620 titres attribués avec certitude et des centaines qui peuvent s’y ajouter. Il peut être considéré comme un précurseur direct de Mozart .
La représentation à Rome au teatro Capranica [10] de son opéra, “Gli equivoci nel sembiante” [11] le 8 février 1679 lui amène la protection de la reine Christine de Suède exilée à Rome, qui protège déjà Stradella, Pasquini et Corelli. Chose rare à l’époque, l’opéra est rejoué dans plusieurs villes. Elle lui commande “L’honestà negli amori” en 1680, son opéra suivant, et elle le fait maître de chapelle. Selon Geminiani, Scarlatti admirait Corelli en tant que violoniste et chef d’orchestre, plus que comme compositeur.
En novembre 1682, il quitte son poste de “San Giacomo”, pour être nommé maestro di cappella [12] à San Girolamo della Carità [13]. Six opéras sont joués à Rome de 1679 à 1683, signe de son succès. L’arrivée du pontife Innocent XI , qui interdit les spectacles sauf pendant le carnaval, confine ces représentations dans le cercle privé de la noblesse qui les commandite. Il est probable que c’est dans cette situation que le duc Maddaloni convainc le musicien de retourner à Naples
Alors qu’une de ses sœurs chanteuse d’opéra est la maîtresse d’un noble napolitain influent, le secrétaire de justice du vice roi, elle intrigue pour faire nommer son frère maître de chapelle du vice-roi de Naples, en février 1684. Le poste revenant de droit au second maître de chapelle, le septuagénaire, Francesco Provenzale , celui-ci démissionne avec six autres musiciens, entraînant un scandale.
Le secrétaire de justice est révoqué, mais Scarlatti conserve son poste. Les musiciens sont immédiatement remplacés par les musiciens romains qui ont suivi Scarlatti. Cependant, à peine dix ans plus tard, lorsque le compositeur est souvent éloigné pour superviser la création de ses opéras, c’est Provenzale qui le remplace comme vice-maître de chapelle.
À Naples, le musicien produit une grande série d’opéras pour le teatro San Bartolomeo [14] et le théâtre du palais royal, ainsi que d’autres musiques pour des cérémonies officielles de l’État.
Il compose avec une abondance et une facilité extrêmes. En 1701, Domenico, compose sa première pièce sacrée et est admis en tant qu’organiste surnuméraire. Alessandro tente d’obtenir un poste plus important auprès de Ferdinand de Médicis, en vain. Pas même un voyage en Toscane [15] ne réussi à placer un aigle dont les ailes ont poussé, selon une lettre d’Alessandro au souverain. En revanche cinq opéras sont montés au théâtre Pratolino [16]
À la mort de Charles II, la guerre de Succession d’Espagne [17] amenuise les revenus de commandes du musicien. Il demande un congé de quatre mois et quitte Naples en juin 1702. Il n’y retourne pas avant que la couronne autrichienne ne remplace celle de l’Espagne. Pendant cette période, il est sous le patronage de Ferdinand III de Médicis à Florence [18], pour le théâtre privé duquel il compose des opéras, puis sous celui du cardinal Pietro Ottoboni , qui le fait maître de chapelle, et lui procure un poste similaire à la basilique Sainte-Marie-Majeure de Rome [19]. En 1706, il est le 3ème musicien avec Pasquini et Corelli, alors que les statuts à l’origine n’autorisent que les poètes et les nobles à adhérer à l’Académie d’Arcadie [20], sous le nom de “Terpandro Politeio”. En 1716, il est fait Cavaliere [21].
Après avoir visité Venise [22] et Urbino [23] en 1707, il reprend sa charge à Naples en 1708, et y reste jusqu’en 1717. À partir de ce moment-là, Naples semble se lasser de sa musique ; les Romains l’appréciaient mieux, et c’est au Teatro Capranica de Rome qu’il produisit ses meilleurs opéras [24], quelques intermèdes pleins de verve comique, ainsi que de remarquables œuvres de musique religieuse, parmi lesquelles une messe pour chœur et orchestre, composée en l’honneur de sainte Cécile pour le cardinal Francesco Acquaviva d’Aragona en 1720. Sa dernière œuvre de grande envergure est une sérénade pour le mariage du prince de Stigliano, “Erminia” en 1723. Au conservatoire, il forme Azzolino della Ciaja , Carlo Cotumacci , Francesco Geminiani , Francesco Mancini et Domenico Zipoli .
Il meurt à Naples et est inhumé dans une chapelle de l’église Santa Maria di Montesanto de Naples [25]. Le 30 octobre 1725, six jours après sa mort, “la Gazzetta di Napoli” publie une courte notice nécrologique