Lennart Torstenson ou Lennart Torstensson (1603-1651)
Homme de guerre suédois
Né à Forstena dans le Västergötland [1]. Il fut conseiller du royaume de Suède et gouverneur de province. Il était le fils de Torsten Lennartson, gouverneur de la forteresse de Älvsborg [2].
Il adapta l’usage de l’artillerie sur les champs de bataille, faisant d’elle une arme plus mobile que ce qu’on connaissait jusqu’alors. Il réussit quelques sièges très importants de la guerre de Trente Ans [3] ainsi que pendant la guerre de la Suède contre le Danemark [4] entre 1643 et 1645. L’époque de son commandement est une des plus glorieuses de l’histoire militaire de la Suède.
À 15 ans, il fut l’un des pages du jeune roi Gustave-Adolphe. Il entra dans la carrière militaire et servit dans l’armée suédoise pendant les campagnes de Prusse en 1628 et 1629.
Promu au commandement de l’artillerie suédoise en 1629, il contribua de façon décisive aux victoires acquises lors des batailles de Breitenfeld [5] en 1631 et de Rain am Lech [6] en 1632. La même année, il fut fait prisonnier par Wallenstein à Alte Veste [7] et resta incarcéré presque 1 an à Ingolstadt [8].
Sous les ordres de Johan Banér, il se rendit très utile pendant la bataille de Wittstock [9] en 1636, pendant la défense très vigoureuse de la Poméranie suédoise [10] en 1637/1638, lors de la bataille de Chemnitz [11] en 1638, enfin pendant la campagne de Bohême [12] en 1639.
La maladie le contraignit à retourner en Suède en 1641. Il fut nommé au Conseil Privé. Il revint en Allemagne en 1641, à la suite de la mort de Banér. Il fut alors nommé maréchal, généralissime des armées et gouverneur général de la Poméranie suédoise.
En 1642 il avança à travers le Brandebourg [13] et la Silésie [14] vers la Moravie [15], prenant sur sa route toutes les forteresses de quelque importance. De retour vers la Saxe [16], il écrasa l’armée impériale à la seconde bataille de Breitenfeld [17] le 23 octobre 1642.
En 1643 il fut rappelé précipitamment pour attaquer le Danemark. Son intervention rapide et inattendue permit de neutraliser la défense terrestre danoise, bien que sa propre position dans le Jutland [18] fut très peu assurée pendant quelque temps du fait de la remarquable conduite de la flotte danoise par le roi de Danemark Christian IV.
En 1644, il commanda pour la troisième fois l’armée suédoise en Allemagne, battant les impériaux de Matthias Gallas à Jüterbog [19] le 23 novembre. Début novembre 1645, il entra avec ses troupes en Bohême. Il gagna l’éclatante victoire de Jankau [20] le 6 mars au cours de laquelle les armées coalisées de l’Empire et de la Bavière furent victimes d’une tactique génialement conduite cependant que leur commandant en chef, Melchior von Hatzfeld était fait prisonnier.
Cette victoire lui ouvrait la route de Vienne d’où l’Empereur s’enfuit alors vers Prague. Au début d’avril il était aux portes de Vienne mais son armée épuisée ne put forcer le passage du Danube et fut vaincue par l’Archiduc Léopold-Wilhelm dans le quartier de Brigittenau. Torstenson, perclus par la goutte, fut obligé d’abandonner son commandement, et en décembre il retournait en Suède.
Il fut anobli comme comte en 1647. De 1648 à 1651 il fut gouverneur général des provinces occidentales. Après sa mort, il fut inhumé avec tous les honneurs dans l’église de Riddarholm qui est une sorte de Panthéon suédois.
Torstenson dut ses nombreux succès militaires à son extrême rapidité de manœuvre qui surprenait ses ennemis, bien que lui-même fut devenu impotent, par la goutte, au point de ne plus pouvoir monter à cheval et qu’il menât ses troupes depuis une litière dans laquelle il se faisait transporter. Il est considéré comme un des plus géniaux généraux d’artillerie et, plus généralement comme un des plus grands chefs de guerre de la Suède. Son fils Anders Torstenson fut gouverneur général d’Estonie [21] de 1674 à 1681.
Notes
[1] Västergötland situé dans le sud-ouest de la Suède, entre les grands lacs de Vänern et de Vättern est une des 25 provinces historiques de Suède. Une petite bande de la province s’intercale entre le Bohuslän et le Halland voisins, pour rejoindre le Cattégat, à l’endroit où se trouve la ville de Göteborg. Exception faite de deux communes (Habo et Mullsjö) dans la partie sud-est de la province, le Västergötland appartient, avec les provinces de Bohuslän et de Dalsland, au Comté de Västra Götaland.
[2] Le Fort de Nya Elfsborg est un fort bastionné établi sur un îlot de l’estuaire du Göta Älv. Il a été construit au 17ème siècle pour la défense du port de Göteborg. En été, il est relié au centre de Göteborg par bateaux.
[3] La guerre de Trente Ans est une série de conflits armés qui a déchiré l’Europe de 1618 à 1648. Les causes en sont multiples mais son déclencheur est la révolte des sujets tchèques protestants de la maison de Habsbourg, la répression qui suivit et le désir de ces derniers d’accroître leur hégémonie et celle de la religion catholique dans le Saint-Empire. Ces conflits ont opposé le camp des Habsbourg d’Espagne et du Saint-Empire, soutenus par l’Église catholique romaine, aux États allemands protestants du Saint-Empire, auxquels étaient alliées les puissances européennes voisines à majorité protestante, Provinces-Unies et pays scandinaves, ainsi que la France qui, bien que catholique et luttant contre les protestants chez elle, entendait réduire la puissance de la maison de Habsbourg sur le continent européen.
[4] La guerre de Torstenson, ou guerre d’Hannibal est un conflit qui eut lieu entre 1643 et 1645 entre l’empire de Suède et le royaume du Danemark et de Norvège à la fin de la guerre de Trente Ans. Les différents noms de ce conflit font référence au suédois Lennart Torstenson et au gouverneur-général norvégien Hannibal Sehested.
[5] La première bataille de Breitenfeld (17 septembre 1631) fut la première victoire majeure des protestants lors de la Guerre de Trente Ans, elle incita les États protestants à s’unir. Pour la première fois, la mobilité et la puissance de feu (utilisation des cartouches et pratique du feu de salve) l’ont emporté sur le nombre et la force des piques.
[6] La bataille de Rain am Lech, qui eut lieu les 14 et 15 avril 1632, est l’une des batailles les plus importantes de la guerre de Trente Ans. L’armée suédoise commandée par Gustave Adolphe s’était emparée de Nuremberg puis de Donauwörth. Elle faisait route vers Ingolstadt pour l’attaquer. Le comte de Tilly, général en chef des armées impériales et catholiques prit des dispositions pour l’en empêcher, en postant ses troupes bavaroises, numériquement inférieures, à Rain am Lech, ville commandant un passage sur le Danube.
[7] La bataille d’Alte Veste, ou de Burgstall, oppose les Suédois de Gustave II Adolphe aux Impériaux d’Albrecht von Wallenstein et Bavarois de Maximilien 1er de Bavière le 3 septembre 1632 (24 août 1632 selon le calendrier julien). Elle marque la première défaite suédoise de la guerre de Trente Ans.
[8] Ingolstadt est une ville d’Allemagne, en Bavière, située au bord du Danube.
[9] Wittstock/Dosse est une ville de l’arrondissement de Prignitz-de-l’Est-Ruppin dans le Land de Brandebourg en Allemagne. Près de cette ville a eu lieu durant la guerre de Trente Ans la célèbre bataille de Wittstock, victoire des Suédois sur les troupes de Saxe et du Saint Empire romain germanique.
[10] La Poméranie suédoise était une partie de la Poméranie qui fut une possession suédoise de 1648 à 1815 au bord de la mer Baltique. Ses villes les plus importantes étaient Stralsund, Greifswald, et jusqu’en 1720 Szczecin. L’île de Rügen faisait partie de ces territoires. Ceux-ci appartiennent désormais à l’Allemagne et à la Pologne. La Poméranie qui est terre d’Empire, c’est-à-dire appartenant au Saint Empire romain germanique, entre dans le conflit de la guerre de Trente Ans et Stettin est assiégée par les troupes impériales. Le dernier duc de Stettin et de Poméranie, Bogusław XIV de Poméranie, signe un traité en juin 1628 avec le roi de Suède, Gustave-Adolphe. Le traité de Stettin du 10 juillet 1630 étend le « pacte éternel » entre la Suède et la Poméranie. Celle-ci est occupée militairement par les Suédois à la fin de l’année et Gustave-Adolphe règne dans les faits. Un nouveau traité de Stettin signé en 1653 entérine la domination suédoise. Le 21 janvier 1720, par le traité de Stockholm, la reine de Suède, Ulrique-Éléonore, cède au roi de Prusse, Frédéric-Guillaume 1er, la ville de Stettin (aujourd’hui, Szczecin), les îles de Wollin (Wolin) et Usedom (Uznam), la Poméranie antérieure jusqu’à la Peene ainsi que les villes de (Alt-)Damm (aujourd’hui, Dąbie, quartier de Szczecin) et Gollnow (Goleniów) en Poméranie ultérieure
[11] La bataille de Chemnitz du 14 avril 1639 (4 avril du calendrier julien), pendant la Guerre de Trente Ans est une victoire des troupes suédoises contre les troupes impériales et saxonnes.
[12] La Bohême est une région historique d’Europe centrale, actuellement l’une des composantes de la République tchèque avec la Moravie et une petite fraction de la Silésie.
[13] Le Brandebourg est un Land de la République fédérale d’Allemagne. État fédéré situé à l’est du pays, il entoure entièrement la ville-Land de Berlin, avec qui il constitue la Région métropolitaine de Berlin-Brandebourg. Sa capitale est Potsdam. Il tire son nom de Brandebourg-sur-la-Havel où se trouvait le siège du pouvoir à l’époque de l’établissement de la Marche de Brandebourg.
[14] La Silésie est une région qui s’étend sur trois États : la majeure partie est située au Sud-Ouest de la Pologne, une partie se trouve au-delà de la frontière avec la République tchèque et une petite partie en Allemagne. Cette région fut au 10ème siècle l’objet d’un conflit entre la dynastie tchèque des Přemyslides et la dynastie polonaise des Piast. En 990, Mieszko 1er de Pologne achète cette région à Boleslav II de Bohême. Après avoir appartenu à la Pologne, la Silésie fut rattachée en 1335 à la couronne de Bohême, ensuite à l’Autriche qui domina la Bohême dès 1526, puis à la Prusse en 1742 par le traité de Hubertusburg qui mit fin aux guerres de Silésie.
[15] La Moravie est une région d’Europe centrale, formant aujourd’hui la partie orientale de la République tchèque. Ses villes principales sont Brno et Olomouc. Dans le premier tiers du 11ème siècle, la Moravie est rattachée à la Bohême. La Moravie est aujourd’hui entourée par la Bohême à l’ouest, l’Autriche au sud, la Slovaquie à l’est, la Silésie et la Pologne au nord.
[16] Le duché de Saxe était un des cinq duchés ethniques germaniques de la Francie orientale. Ce duché médiéval couvrait la plus grande partie du nord de l’Allemagne. Il s’étendait sur les états allemands contemporains de Basse-Saxe, Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Schleswig-Holstein, Saxe-Anhalt et des parties de la Saxe. Le duc Henri le Lion occupa la région déserte de Mecklembourg-Poméranie occidentale. Les Anglo-Saxons avaient quitté cette dernière zone pour l’Angleterre.
[17] La bataille de Leipzig (1642), aussi connue dans l’histoire comme la seconde bataille de Breitenfeld s’est déroulée les 23 et 24 octobre 1642 autour de la ville de Leipzig en Allemagne. L’armée suédoise, sous les ordres de Lennart Torstenson, y vainquit l’armée alliée des Impériaux et des Saxons dirigée par l’archiduc Léopold-Guillaume de Habsbourg et Ottavio Piccolomini.
[18] Le Jutland, est la péninsule formant la partie continentale du Danemark.
[19] Jüterbog est une ville allemande située à 70 km au sud-ouest de Berlin, dans la région de Brandebourg (Land Brandenburg), plus précisément dans la circonscription (Landkreis) de Teltow-Fläming. La ville fait partie de l’association des "Villes ayant un cœur historique" de la région de Brandebourg. Elle a été fondée en 1007.
[20] La bataille de Jankau est considérée comme une des plus sanglantes de la Guerre de Trente Ans. Elle opposa les troupes suédoises, en marche vers Prague, commandées par le général Lennart Torstenson aux troupes impériales commandées par les généraux Hatzfeld et Götz, une grande armée impériale bavaroise. Elle se déroula le 6 mars 1645 à Jankau (Jankovice) en Bohême méridionale. Les Suédois furent vainqueurs notamment grâce à l’efficacité de leur artillerie. La cavalerie des troupes impériales y fut massacrée. La ville de Vienne est laissée sans défense face aux Suédois qui vont y retourner en 1645 à l’occasion de la bataille de Nördlingen. Le général Hatzfeld y fut fait prisonnier, le général Götz y trouva la mort.
[21] L’Estonie, est un pays d’Europe du Nord et un État membre de l’Union européenne, situé sur la rive orientale de la mer Baltique et méridionale du golfe de Finlande. Le pays est bordé au nord par le golfe de Finlande, à l’ouest par la mer Baltique, au sud par la Lettonie et à l’est par la Russie. Ce pays est généralement regroupé avec la Lettonie et la Lituanie dans un ensemble géopolitique appelé pays baltes. Entre 1418 et 1562, la région forme la Confédération livonienne. Au début du 16ème siècle le pays, touché par la Réforme, opte pour le luthéranisme. Il est le théâtre de conflits qui l’opposent à des voisins de plus en plus puissants : la Russie, la Lituanie, la république des Deux Nations et la Suède. Finalement cette dernière annexe la région en 1595. Initialement, les souverains suédois ne remettent pas en cause la suprématie de la noblesse balte d’origine germanique descendante des chevaliers porte-glaives. Cette politique change avec la grande guerre du Nord. À compter de 1710 le territoire estonien devient pour deux siècles une région de l’Empire russe.