Issu d’une des plus riches familles protestantes de Bohême, recevant une éducation sévère et austère, il est orphelin à l’âge de 12 ans. Il est pris en charge par son oncle maternel, le margrave de Burgau [1], fils cadet de l’archiduc Ferdinand du Tyrol. Ce dernier lui montre l’ampleur de la culture catholique qui le séduit, et il se convertit sans toutefois devenir vraiment un bon croyant.
Il épouse en 1609 Lucrecia Nekšová z Landek, héritière des seigneurs de Vsetín [2] qui lui apporte en dot le château et les domaines attenants.
Aimant le raffinement italien, l’art, entre autres l’architecture et la sculpture, il fait construire le splendide palais Wallenstein [3] dans Malá Strana à Prague. Féru d’astrologie au point d’en dépendre sur le plan de la prévision, il est cependant un homme d’affaires de génie. Il a sous ses ordres 300 vassaux et possède le quart des territoires de Bohême. Dans le territoire de Friedland, il force l’admiration en redressant l’économie. Des artisans italiens, des armuriers, et bien d’autres viennent enrichir cette terre qui devient convoitée.
Après avoir financé un régiment pour le futur empereur Ferdinand II, il voit plus grand et décide de créer une armée pour l’empereur en 1623.
Son armée, forte de 15 000 fantassins et 6 000 cavaliers initialement va progressivement s’agrandir pour approcher les 50 000 hommes. Elle impressionne par sa taille plus que par la qualité de ses soldats. En effet, vu la faiblesse de la solde et son irrégularité, elle n’attirait pas les meilleurs soldats.
Cette armée lui coûte cher malgré les dividendes qu’il a su tirer de ses terres. Pour parer la dissolution de son armée, il engage celle-ci dans le duché de Brunswick [4] en juillet 1625. Son espoir est de préserver ses riches terres en faisant du butin dans les territoires ennemis pour financer son armée. C’est un gestionnaire plus qu’un militaire, qui sait s’entourer de valeureux capitaines comme Von Pappenheim. Malgré quelques coups d’éclats pendant la guerre de Trente Ans [5], il fit l’erreur, à la fin de sa vie, de se retirer en Bohême, rongé par l’incertitude et les superstitions, accompagné de docteurs et d’astrologues. Dès lors il mena un jeu ambigu, négociant avec tous les belligérants, Suédois, Saxons, Français. Ses buts demeurent obscurs : se faire élire roi de Bohême ? Rétablir la paix ?
Toujours est-il qu’il s’isole de plus en plus. Il est démis de ses fonctions à la tête de l’armée le 24 janvier 1634. Le 25 février 1634, il est assassiné à Eger [6] par des officiers menés par Walter Leslie et chargés de l’arrêter.
Malgré ses erreurs, il est le véritable fondateur de l’armée autrichienne. Il finança ses opérations militaires par le système des contributions de guerre. Toutefois sa politique, incompatible avec les libertés germaniques, suscita dans l’Empire des haines mortelles qui le conduisirent à sa perte.