Robert 1er de Naples ou Robert d’Anjou (1277-1343)
Roi de Naples-Comte de Provence de 1309 à 1343
Fils de Charles II d’Anjou et de Marie de Hongrie . Titré duc de Calabre [1], il fut envoyé en Sicile auprès de Jacques II dans son combat contre Frédéric II de Sicile. Il remporta plusieurs succès, mais son frère Philippe ayant été battu, et Frédéric adoptant une tactique de harcèlement, il renonça et négocia la paix en 1302. Il soutint ensuite les Guelfes [2] de Florence contre les Gibelins [3] en 1306.
À la mort de son père, il se fit couronner roi de Naples au détriment de son neveu Charobert, qui devint par la suite roi de Hongrie. Cette usurpation est à l’origine de la brouille entre Jeanne 1ère et son mari André de Hongrie. Son couronnement fut possible grâce à l’abdication de son frère Louis d’Anjou qui rentra dans les ordres et fut évêque de Toulouse.
Robert était alors le prince le plus puissant d’Italie et le pape le nomma vicaire pontifical. En 1318, il libéra Gênes assiégé par Marco Visconti et les Gibelins.
En 1333, par le biais du frère franciscain Ruggero Garini, Robert d’Anjou, roi de Naples, et son épouse la reine Sancia, négocièrent avec le sultan d’Égypte l’achat du Cénacle à Jérusalem [4] et l’obtention du droit de célébrer certains rites au Saint Sépulcre [5]. En 1338, il fit une dernière tentative pour reconquérir le royaume de Sicile [6], mais sans succès.
Son long règne est une période de paix et de prospérité pour le royaume de Naples. Robert est réputé pour son amour des lettres. Il administre son royaume de manière habile et ferme, et attire à sa cour les poètes, les lettrés et les artistes, dont Pétrarque, Giotto et Simone Martini, qui jouissent de la protection que leur accorde le roi.
Il fut enterré dans un grandiose monument funéraire sculpté par les frères Bertini dans la basilique Santa Chiara de Naples [7], vaste édifice gothique voulu par sa femme.
Notes
[1] Le titre de duc de Calabre apparaît à la fin du 13ème siècle pour l’héritier du Royaume de Naples. Il est par ailleurs adopté par certaines familles affichant leurs prétentions sur la couronne du royaume.
[2] Les guelfes et les gibelins sont deux factions (parti ou, plus souvent, brigate ou sette) médiévales qui s’opposèrent militairement, politiquement et culturellement dans l’Italie des Duecento et Trecento. À l’origine, elles soutenaient respectivement deux dynasties qui se disputaient le trône du Saint Empire : la pars Guelfa appuyait les prétentions de la dynastie des « Welf » et de la papauté, puis de la maison d’Anjou, la pars Gebellina, celles des Hohenstaufen, et au-delà celles du Saint Empire. Conflit en apparence limité au Saint Empire, l’opposition entre Guelfes et Gibelins va se transporter dans diverses parties d’Europe, principalement dans les villes de la péninsule italienne. Dans cette bipolarisation, parfois surestimée, les allégeances dynastiques sont parfois secondaires, les adhésions fluctuantes, et il faut attendre le règne de Frédéric II pour que papauté et empire deviennent des symboles forts de ralliement et que se construise une véritable division antithétique. Ce clivage trouve des manifestations dans le domaine civique et religieux et cristallise les tensions entre les villes italiennes, au sein de leurs élites et parfois entre la ville et son contado. L’écho du conflit se manifeste à des époques ultérieures, en revêtant de nouveaux caractères et en stigmatisant des oppositions idéologiques nouvelles.
[3] Les gibelins (la pars gebellina), soutiennent la dynastie des Hohenstaufen, au-delà, celles du Saint Empire romain germanique.
[4] Le Cénacle de Jérusalem serait la « chambre haute » dont parlent les Évangiles et les Actes des Apôtres (Ac. 1:13), où auraient eu lieu le dernier repas de Jésus avec ses apôtres (la Sainte Cène), la Pentecôte et d’autres événements importants des premiers temps de l’Église. Un bâtiment de deux étages (englobé dans un ensemble plus important) situé au sommet du Mont Sion à proximité de l’abbaye de la Dormition est présenté comme le Cénacle.
[5] Le Saint-Sépulcre est, selon une tradition chrétienne, le tombeau du Christ, c’est-à-dire le sépulcre (maintenant englobé dans l’église du Saint-Sépulcre, à Jérusalem) où le corps de Jésus de Nazareth aurait été déposé au soir de sa mort sur la Croix.
[6] Le royaume de Sicile, également appelé royaume normand de Sicile, est créé en 1130 par Roger II sur l’île de Sicile, la Calabre, les Pouilles, et Naples. Ce royaume traverse plusieurs phases marquées par les dominations successives des Normands, des Souabes (autre nom pour la dynastie des Hohenstaufen, descendants de Frédéric de Souabe), des Angevins et des Aragonais.
[7] La basilique Santa Chiara est une basilique de Naples, consacrée à sainte Claire. Elle possède en annexe un monastère double. Les deux édifices ont été construits entre 1310 et 1340 à l’emplacement de thermes romains. Commencée en 1310 et achevée en 1328, la basilique est le plus grand monument gothique de la ville. C’est ici que se trouve la tombe gothique du roi Robert et que le corps de son épouse Sancia a été déposé. Ils y ont été rejoints au début du 19ème siècle par les rois de Naples et de Sicile qui en ont fait leur lieu de sépulture pour eux et la famille royale.