Après avoir été clerc pour Ranulf Flambard, l’évêque de Durham [1] et ancien ministre du roi d’Angleterre Guillaume le Roux. Il est possible que l’évêque se soit attaché ses services lors de son exil forcé en Normandie en 1101, et qu’il l’ait ramené avec lui en Angleterre et semble être le tuteur de ses enfants illégitimes probablement entre 1107 à 1109.
Après avoir étudié la théologie sous la direction d’Anselme de Laon entre 1107 et 1112, il devient chanoine à la chapelle royale libre Saint-Martin de Douvres [2]. Vers 1116, il est clerc pour Ralph d’Escures dit Raoul d’Escures , archevêque de Cantorbéry [3], avec lequel il se rend à Rome en 1116-1117 quand Ralph entre en conflit avec Thurstan, l’archevêque d’York [4], quant à la primauté de Cantorbéry.
En 1118, Guillaume devient un chanoine régulier au prieuré de la Sainte-Trinité d’Aldgate [5], un établissement de chanoines plus que de moines. En 1121, il aspire à une vie religieuse plus rigoureuse et devient prieur augustin de St Osyth [6] nommé par Richard de Beaumais, évêque de Londres, son fondateur.
Après la mort de Ralph d’Escure en octobre 1122, le roi Henri 1er décide de convoquer un concile à Gloucester [7] en février 1123 et d’autoriser la tenue d’une élection libre, au cours de laquelle le nouvel archevêque serait choisi par les grandes personnalités ecclésiastiques et laïques, du royaume.
Il se dégage deux grands partis durant cette élection. Tout d’abord, les moines du chapitre cathédrale de Cantorbéry revendiquent leur droit à choisir qui sera le nouvel archevêque, et veulent élire un moine ; s’oppose à eux un parti puissant constitué par les évêques dépendants de la province ecclésiastique de Cantorbéry, Roger de Salisbury en tête. Ils sont fermement contre ces deux propositions, et veulent élire un clerc [8]. Ils revendiquent avoir leur mot à dire dans cette élection. Le débat dure 2 jours, les barons du royaume soutenant la position des moines, et le roi celle des évêques.
Finalement, un compromis est trouvé et le roi décide que les moines doivent faire leur choix parmi quatre candidats sélectionnés par les évêques. Sans grande surprise, la liste ne comporte aucun moine. Le 4 février, Guillaume de Corbeil est choisi, probablement parce que bien que non moine, au moins, il vit sous une règle [9]. De plus, d’après Siméon de Durham , les moines le connaissent bien, car il était un ami de l’archevêque de Cantorbéry, et savent qu’il est bon et bien éduqué.
Il succède à Ralph d’Escures et devient le premier archevêque de Cantorbéry post-conquête normande à n’avoir jamais été moine.
Guillaume, comme tous les autres archevêques de Cantorbéry depuis Lanfranc, soutient fermement l’idée selon laquelle Cantorbéry doit dominer l’ensemble des diocèses de Grande-Bretagne, y compris l’archevêché d’York. De son côté, Thurstan réclame son indépendance, et refuse de consacrer Guillaume car celui-ci lui demande de reconnaître au préalable la primauté de Cantorbéry sur York.
Le pape décide, comme solution temporaire, de nommer Guillaume légat [10] du pape en Angleterre, ce qui lui octroie des pouvoirs supérieurs à ceux d’York. Il perd sa fonction de légat à la mort d’Honorius en février 1130, mais il est renouvelé à ce poste par son successeur Innocent II en 1132.
Guillaume porte une grande attention à la morale du clergé, et préside trois conciles légatins qui, entre autres, condamnent la recherche du profit ou du sacerdoce et réprimandent fortement les membres du clergé qui s’écartent de la vie en célibat. Il est également connu comme un bâtisseur. Il est notamment à l’origine de la construction du donjon du château de Rochester [11].
En 1127, Henri Ier, n’ayant plus d’héritier légitime mâle, demande à tous ses barons et ses évêques anglais de lui prêter serment de reconnaître sa fille comme son héritière et successeur. Il exige d’autres serments d’allégeance à Mathilde et à elle seule en 1131 puis en 1133. Guillaume de Corbeil, comme les autres ecclésiastiques du royaume a fait ces serments.
Pourtant, après la mort d’Henri 1er, le 1er décembre 1135, probablement sous la pression de Henri de Blois , l’évêque de Winchester [12] et de Roger, l’évêque de Salisbury, il accepte de couronner à sa place Étienne de Blois, le 22 décembre 1135, malgré le serment qu’il avait fait à Henri 1er, de couronner sa fille, Mathilde l’Emperesse. Bien que plusieurs chroniqueurs le considèrent comme un traître lors de la montée d’Étienne sur le trône, aucun ne doute de sa piété.
Guillaume ne survit pas très longtemps à Henri 1er. Il meurt probablement à Cantorbéry le 21 novembre 1136. Il est enterré dans le transept nord de sa cathédrale.