Né à Nancy, Jean est le premier fils de René 1er d’Anjou, roi titulaire de Naples, duc de Bar, duc d’Anjou et de Lorraine, comte de Provence et d’Isabelle de Lorraine, fille de Charles II, duc de Lorraine et de Marguerite de Bavière.
En 1435, son père, déjà duc de Bar et de Lorraine hérite de son frère, mort sans descendance, le trône de Naples. Jean reçoit à ce moment-là le titre de duc de Calabre réservé aux héritiers de la couronne napolitaine.
Il est élevé dans le giron de la chevalerie, au milieu des tournois où rapidement il excelle. Il a dû épouser Marie de Bourbon, nièce du duc de Bourgogne pour compléter la rançon de son père, puis s’établit en Provence, probablement en 1437.
Dès le 1er juillet 1445, son père lui confie le gouvernement du duché de Lorraine qu’à la différence de ses autres terres, il tient du chef de sa femme et dont Jean est l’héritier. À cette même période, il hérite de son frère Louis le titre de marquis de Pont-à-Mousson, qui est celui de l’héritier du duché de Bar.
Lorsque les hostilités reprirent entre la France et l’Angleterre, il vint combattre avec d’autres princes en Normandie en 1449. Il participa aux sièges de Rouen, d’Harfleur, de Caen en 1450, de Falaise et de Cherbourg.
En 1453, à la mort de sa mère, il lui succède au duché de Lorraine, mais continue de seconder son père dans ses ambitions italiennes. Il combattit ensuite en Lombardie en 1453 où son père était allé secourir son allié François Sforza, attaqué par les Vénitiens et le roi d’Aragon.
Le 7 février 1454, il arrive à Florence avec tous les honneurs dus à son rang. C’est à cette occasion que se situe la première apparition publique de Lorenzo de Medici, le futur Laurent le Magnifique.
Le 22 février, La Signoria [1] l’engage pour 3 ans comme capitaine général de ses armées. Le 26 janvier 1455, le roi d’Aragon adhère à la paix de Lodi [2], amorcée le 9 avril 1454 entre Milan et Venise, puis suivie par Florence, le 23 avril. Désormais en paix, Florence "libère" son condottiere de ses obligations et Jean de Calabre quitte Florence dans l’été 1455.
Ce dernier prend le chemin de Milan, et s’installe au château de Ceva [3] en Piémont, près de l’état de Gênes, où on le repère dès le 18 août 1455. En dehors de quelques voyages en Provence, il y reste jusqu’en mai 1456, où il rejoint la cour de France.
Le 20 août 1456, Charles VII le nomme son lieutenant-général à Gênes, qui s’était alors placé sous le protectorat de la France. Après quelques missions dans le Piémont, supplié par Fregoso, doge de Gênes [4], Jean de Calabre entre dans le port de Gênes, début mai 1458, et le 15 mai le doge Fregoso remet le "Castelletto" au duc de Calabre, gouverneur de Gênes.
Alphonse V d’Aragon, qui s’était emparé du royaume de Naples aux dépens de René d’Anjou, meurt le 27 juin 1458 et une partie de l’aristocratie napolitaine fait appel au duc de Calabre. Malgré quelques succès face au roi Ferdinand , fils d’Alphonse V, Jean de Calabre apprend la défection de Louis XI durant l’hiver 1463.
Découragé, il gagne Florence en mars 1464, puis se résigne à rentrer en France durant l’été.
En 1465, il prend part à la Ligue du Bien public [5] dirigée contre le roi de France Louis XI qui, au traité de Saint-Maur [6] du 29 octobre 1465 mettant un terme à cette fronde des grands féodaux, lui attribue les villes de Mouzon, Sainte-Menehould et Neufchâteau.
Après la mort de Don Pedro du Portugal , roi d’Aragon, choisi en 1463 par les Catalans, le 29 juin 1466, ces derniers offrent la couronne à René, qui descend des rois d’Aragon par sa mère Yolande. Le 27 août 1466, René d’Anjou accepte la cause catalane. Le duc Jean, son fils, ajoute à ses titres, celui de "primogenit" d’Aragon et prince de Gérone.
Parti de Lyon le 8 mars 1467, il fait son entrée à Barcelone, le 31 août. Un an plus tard, le duc Jean est contraint de repasser les Pyrénées pour représenter le roi de France, Louis XI, lors de la signature du traité d’Ancenis [7], qui fut une capitulation de François II de Bretagne face à la Couronne de France.
Le duc Jean repart en Catalogne au printemps 1469, entre dans Gérone, le 1er juin avec Dunois, lieutenant du roi de France, Louis XI. Cette campagne catalane s’acheva avec la mort brutale du duc, frappé d’une attaque d’apoplexie foudroyante, à Barcelone le 16 décembre 1470, au retour d’un pèlerinage à Notre-dame de Montserrat [8].