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L’histoire pour le plaisir

Louis XI

mercredi 10 octobre 2012, par lucien jallamion

Louis XI (1423-1483)

Roi de France de 1461 à 1483

Louis XI Roi de France de 1461 à 1483

Louis XI naît le 3 juillet 1423, dans le palais épiscopal de Bourges. Fils de Charles VII et de Marie d’Anjou, c’est un enfant rebelle, ayant des rapports tendus avec son père. Physiquement disgracieux et de personnalité complexe, il attisa, sous le règne de son père, l’opposition de la haute noblesse.

Éloigné de Bourges pour des raisons de sécurité vers 1426, Louis passa ses années d’enfance au château de Loches, puissante forteresse où il fut confié aux soins de sa marraine, Catherine de L’Isle Bouchard, l’une des têtes du parti bourguignon. À partir de 1429, il fut placé sous la tutelle d’un précepteur, Jean Majoris, maître ès arts, licencié en droit et théologien, ami du chancelier de l’université de Paris, Jean Gerson, qui traça le programme de l’éducation du prince. Outre le latin, il apprendra l’art d’écrire, dans lequel il allait bientôt s’illustrer. Il reçu son éducation militaire et sportive de Guillaume d’Avaugour bailli de Touraine, qui en fera un cavalier chevronné. Il sera d’ailleurs l’un des rois qui sillonnera le plus son royaume à cheval. A 11 ans, Charles VII l’envoie vivre à Amboise avec sa mère.

Le 25 juin 1436, à Tours, il épousa en premières noces Marguerite d’Écosse, fille du roi Jacques 1er, alors âgée de onze ans. Cette union visait à rapprocher la France de l’Écosse, son alliée traditionnelle contre l’Angleterre. Mais il fut toujours en désaccord avec son père, auquel il reprocha notamment sa liaison avec Agnès Sorel.

En juillet 1437, Louis se distingua en prenant Château-Landon, ainsi que Montereau. Charles VII le nomma gouverneur général du Languedoc en mai 1439 mais choisissant ses conseillers. Il restaura les finances royales dans la province et négocia, grâce aux subsides obtenus, le départ des écorcheurs, compagnies de soldats licenciés qui mettaient la région à feu et à sang. Il participa, à l’âge de 17 ans, à la Praguerie, qui fut un échec. Pardonné il reçoit le gouvernement du Dauphiné. En 1446, il tenta encore de soulever l’Agenais contre son père. Banni, il fut assigné à résidence dans son gouvernement du Dauphiné, où il se montra un remarquable administrateur. Pendant 10 ans, Louis administra soigneusement celui-ci et y fit son apprentissage de roi. Il s’y remaria en épousant sans le consentement de son père, en 1451, à Chambéry, une enfant de douze ans, la fille du duc de Savoie, Charlotte. Par-delà ce mariage apparaît pour la première fois le mirage italien. Mais ses intrigues ne cessèrent pas. À deux reprises, Charles VII envoya des troupes menacer son fils. La seconde fois, Louis, pris de panique, se mettra a l’abri à Génappe, en Brabant, sous la protection du duc de Bourgogne, Philippe le Bon d’où il apprendra la mort de son père en 1461. Les obsèques de Charles VII furent célébrées le 8 août 1461. Louis XI n’y assistera pas.

Sacré à Reims le 15 août 1461 de la même année, le nouveau roi fit son entrée dans Paris. A son arrivée au pouvoir en 1461, la France était un ensemble de fiefs qui doivent hommage au roi. La Bretagne et la Bourgogne représentant des dangers pour l’unité française. Louis XI voulu abattre ces fiefs, voulant restaurer le pouvoir royal. Il restaura la perception d’impôts réguliers que sont la Taille, l’Aide, la Gabelle.

Il se sépara immédiatement des conseillers de son père en septembre 1461 qu’il remplaça par ses anciens compagnons d’exil. Il taxa davantage les nobles, augmenta les impôts, remercia les collecteurs du Pape et contrôla les revenus ecclésiastiques.

Simple, profondément superstitieux, avare et méfiant, passionné de chasse et de politique, Louis XI entretient une réelle proximité avec le peuple et n’hésitera jamais, à se dresser contre les grands féodaux.

Soucieux d’étendre les frontières de son royaume, il lança dès 1462 une campagne en Catalogne contre Jean II d’Aragon. Le12 avril 1462 Louis XI signa le traité d’Olite avec Jean II d’Aragon et le 9 mai il lui apporta son soutien pour lutter contre les catalans. C’est le 10 juin 1462 que sera mis en place le parlement de Bordeaux et le 21 juillet 1462 l’armée du roi attaqua Barcelone, mais cela fut un échec. Le 9 janvier 1463 Louis XI conquerra Perpignan et le 16 juin 1463 le Roussillon et la Cerdagne rejoignirent le royaume. Le 20 juillet 1463 Louis XI ordonna aux clercs de déclarer leurs biens et le 22 décembre 1463 il céda Gênes au duc de Milan. Il racheta les villes de la Somme que son père avait cédées à Philippe de Bourgogne au grand mécontentement du futur Charles le Téméraire fils de Philippe de Bourgogne, qui devint son ennemi implacable. Une coalition seigneuriale, la ligue du Bien public, s’étant formée contre lui avec à sa tête son frère Charles de France, il la démantela par des négociations après la bataille indécise de Montlhéry en 1465.

Le 15 juillet 1467 Louis XI s’allia une nouvelle fois avec la ville de Liège et en raison du soutien que secrètement il accorda à la révolte, Louis XI fut gardé prisonnier en 1468 par Charles le Téméraire qui l’oblige à signer un traité qu’il s’empressa, à peine libéré à ne pas respecter. En août 1469 Louis XI établit l’ordre de Saint Michel. En novembre 1470 il exposa ses griefs contre Charles le Téméraire.

Des épisodes dramatiques, où le roi s’était révélé impitoyable, ont marqué sont règne. Ainsi l’abaissement de la maison d’Armagnac s’était réalisé par l’assassinat du duc Jean V à Lectoure et l’emprisonnement de son fils Charles à la Bastille en 1470. Il envahit la Picardie et la Bourgogne. Mais en 1471 une nouvelle coalition se forma contre le roi. L’échec des opérations militaires de Charles le Téméraire, la mort de Charles de France le 24 mai 1471, l’élimination des grands seigneurs hostiles, (Armagnac, Alençon, Bourbon) l’exécution du connétable de Saint-Pol en place de Grève scelleront une éphémère réconciliation entre Louis et Charles le Téméraire. Le 31 octobre 1471 Louis XI conclura un concordat avec le pape Sixte IV et le 3 novembre 1471 il signe une trêve avec le duc de Bourgogne à Senlis. En juillet 1475, Henri IV d’Angleterre débarqua à Calais. Cependant Louis XI convaincra l’émissaire du roi d’Angleterre qu’il était temps de mettre fin à ce long conflit commencé en 1337. Les négociations commencèrent en août 1475, Louis XI acceptant les exigences anglaises. La signature intervint le 29 août à Picquigny. Ce traité mit un terme à la guerre de cent ans et confirmait la renonciation par les Anglais à la couronne française.

Charles le Téméraire, de plus en plus isolé, attaque la Lorraine. Mais il se heurta aux suisses venus aider Louis XI à Granson et à Morat en 1476. Le 8 septembre 1476 Louis XI maria sa fille Jeanne à Louis d’Orléans (le futur Louis XII).

A la mort de Charles le Téméraire devant Nancy le 5 janvier 1477, au mépris des droits de Marie de Bourgogne, seule héritière, Louis, quoique battu à Guinegatte en 1479 par Maximilien 1er d’Autriche, époux de Marie de Bourgogne, Louis XI s’empara de la Picardie, du Boulonnais, du duché de Bourgogne, de l’Artois et de la Franche-Comté, acquisition que lui sera confirmé par le traité d’Arras en 1482. Ces évènements eurent pour conséquence l’affermissement de la monarchie française, débarrassée pratiquement pour toujours de la triple menace anglaise, bourguignonne et féodale.

Il châtiera durement les villes (destruction des murailles d’Arras en 1477 et exil en 1479 de tous les habitants de la ville rebaptisée Franchise) et fit exécuter le duc de Nemours. Louis XI, qui avait constamment et efficacement joué, dans ses intrigues italiennes, contre les Angevins, recevait entre 1480 et 1481, en héritage de son oncle René 1er le Bon l’Anjou, le Maine et la Provence. Mais il ne put empêcher le reste des Pays-Bas de passer aux mains de Philippe, fils de Marie et de Maximilien d’Autriche. Les Habsbourg furent installés aux frontières les plus vulnérables du royaume.

Son règne fut notamment marqué par la limitation des pouvoirs des grands corps politiques et administratifs, de la mise au pas du clergé et de la noblesse. Il poursuivit la réorganisation de l’armée royale, entreprise par Charles VII. La renaissance du royaume après la guerre de Cent Ans fut surtout absorbée par la diplomatie et la guerre, mais Louis XI perçut toutefois l’importance de la prospérité économique pour la puissance des États. Il incita, sans succès, les nobles à répudier le préjugé de dérogeance et à pratiquer industrie et surtout commerce. Il favorisa l’introduction de nouvelles activités économiques en France (la soie à Lyon et Tours) et le développement des foires (Lyon contre Genève). Il voulut mettre une monnaie assainie au service de l’économie française en créant en 1475, une monnaie forte. Il chercha aussi à renforcer l’infrastructure de l’unité du royaume en essayant l’uniformisation des coutumes (ordonnance de Moutils-lès-Tours en 1454) et mit en place le service des Postes. Il su montrer beaucoup de souplesse dans la levée des impôts, l’attitude à l’égard des villes, le comportement vis-à-vis de l’Église rompant ainsi avec la politique agressivement gallicane de son père.

Vers 1475 s’acheva « la première restauration rurale. La spécialisation agricole fit des progrès (lin dans le Nord, chanvre dans l’Ouest, pastel en Languedoc). La draperie se répandit dans les petites villes et les campagnes et une ordonnance royale la réglemente en 1469, pour tout le royaume. De même, la France fut gagnée par l’imprimerie (Paris en 1470 ; Lyon en 1473) et si en architecture le gothique flamboyant demeura le style dominant, la Renaissance, à l’instar de l’Italie, s’instaura lentement.

Louis XI, fut longtemps malmené par les chroniqueurs, les historiens et l’opinion publique. De son vivant ou au lendemain de sa mort, les partisans de son père, comme Thomas Basin, évêque de Lisieux, ceux de son grand adversaire le duc de Bourgogne, Charles le Téméraire, de ses ennemis, grands seigneurs humiliés tel son beau-fils le duc d’Orléans, le futur Louis XII, le dépeignirent comme un tyran cruel et sans foi. Son conseiller Commynes ne corrigea que partiellement ce portrait, car s’il reconnaît au roi de grandes qualités, le sens de la sagesse et la vertu ou force d’âme, il ne cacha pas les défauts du roi qu’il présenta comme un personnage désacralisé, « un homme parmi d’autres, un roi dur dans un monde dur ». Louis XI eu le sens de l’État, de la raison d’État. À la munificence et à la fréquentation des grands, il préféra la parcimonie, les petits moyens et les petites gens et se plaisait dans la compagnie de personnes plutôt humbles comme son médecin Coictier, le prévôt Tristan l’Hermite ou son barbier Olivier le Daim qui furent ses préférés. Il comprit que l’économie faisait la force principale des États et s’intéressa à l’« intendance ». Il crut que la fin justifiait les moyens. Il fut, à sa manière, dans son style, un maillon essentiel de la chaîne historique qui a fait la France moderne.

Louis XI eut, à partir de 1479, une série d’attaques. Il espérait avoir assuré sa succession, d’abord par la naissance, en 1470, d’un fils, Charles. D’autre part, il croyait avoir neutralisé deux grands seigneurs, Louis, duc d’Orléans, et Pierre de Bourbon, duc de Beaujeu, mariés d’autorité à ses deux filles. Mais, tandis que Louis, marié à Jeanne l’Estropiée, rongeait son frein, Pierre se préparait à exercer avec sa femme Anne la régence et le gouvernement pendant la minorité prévisible du dauphin Charles.

Louis XI, qui avait toujours été un roi itinérant et qui n’aimait pas plus Paris que son père, avait surtout résidé dans les villes et châteaux de la Loire, mourut le 30 août 1483 d’une congestion cérébrale dans son manoir de Plessis Lès Tours. Son fils Charles VIII, trop jeune pour régner, fut placé sous la régence de sa sœur Anne et de l’époux de cette dernière, Pierre de Beaujeu. Il fut le plus original des rois Valois, renfermé et sournois, il n’hésitait pas à s’habiller en manant pour interroger lui-même les artisans et commerçants sur l’opinion qu’ils lui portaient. D’un coeur dur et cruel, il allait voir ses prisonniers qu’il avait enfermé dans une cage de fer là où un jour il n’hésita pas d’y enfermer son ancien premier ministre : le cardinal de La Balue, accusé de trahison.