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Pierre de Rémi ou Pierre de Rémy

lundi 12 octobre 2015

Pierre de Rémi ou Pierre de Rémy (mort en 1328)

Trésorier des rois de France Louis X le Hutin et Charles IV le Bel

Gibet de Montfaucon/Détail d'une enluminure de Jean Fouquet, extraite d'un manuscrit des Grandes Chroniques de France, vers 1460.Issu d’une famille pauvre Pierre de Rémi apparaît en 1314 comme maître d’hôtel et de la Chambre des deniers [1] de Louis de Navarre, fils aîné du roi Philippe IV le Bel.

Lorsque Louis monte sur le trône sous le nom de Louis X, il garde ses fonctions jusqu’au 9 janvier 1316, date à laquelle il est nommé Trésorier de France [2]. Il ne conserve toutefois pas longtemps cet honneur puisqu’à la mort de Louis X, qui survient cinq mois plus tard, il est destitué par le régent Philippe de Poitiers.

Écarté du pouvoir sous Philippe V, Rémi se lie au frère du roi le comte de La Marche, qui en fait son trésorier. Lorsque son protecteur monte sur le trône sous le nom de Charles IV, il retrouve tout son pouvoir. Le 8 janvier 1322, soit quelques jours à peine après son avènement, Charles IV le réintègre dans ses fonctions de Trésorier de France.

Rémy acquiert bientôt un grand pouvoir et profite des largesses du roi. Il reçoit par exemple en 1323 la seigneurie de Montigny-Lencoup [3], un domaine en Agenais ainsi que d’autres terres importantes. En novembre 1325, il est anobli et est désormais sieur de Montigny. Il épouse en deuxième noces Blanche Chauchat, fille d’un panetier [4] de Philippe le Bel et membre d’une famille de banquiers de Clermont au service de la royauté. Il ne manque également pas de placer ses fils au sein de l’administration royale.

Tout au long du règne de Charles IV, Rémi accumule une fortune considérable bien que difficile à évaluer précisément, mais dont on peut avoir un aperçu dans les Journaux du Trésor de Philippe V. Outre sa seigneurie et ses nombreuses terres il possède ainsi des maisons à Paris, des rentes sur le Trésor et un grand nombre de biens meubles : tapisseries, bijoux, étoffes, etc.

Au niveau financier, Rémi doit faire face à partir de 1325 à l’altération du Trésor royal. Celui-ci a été très entamé par la guerre de 1325 et pour sortir du marasme la royauté recourt aux expédients financiers habituels, c’est-à-dire la dévaluation de la monnaie. Cette crise touche durement les populations des villes, et beaucoup s’offusquent de la richesse du Trésorier.

La mort de Charles IV le 1er février 1328 marque la chute de Rémi. Le nouveau dirigeant du royaume, Philippe de Valois qui n’est encore que régent avant de prendre la couronne quelques semaines plus tard, le fait arrêter pour concussion, en fait sans doute pour offrir un bouc émissaire à l’opinion publique mécontente. Après enquête, il est convaincu d’avoir détourné d’importantes sommes d’argent et donc d’avoir volé le roi. Torturé, il avoue finalement sa culpabilité. Il comparaît devant le Parlement de Paris et est condamné à mort.

Malgré les supplications de la reine Jeanne d’Évreux, veuve de Charles IV, Philippe de Valois, devenu entre temps Philippe VI, refuse sa grâce. Rémi est pendu au gibet de Montfaucon [5] le 25 avril 1328.

Ses biens meubles sont alors répartis entre les membres de l’entourage de Philippe VI. Ses immeubles et ses domaines servent à éponger les dettes du roi et à gratifier son entourage, comme le prince Jean. En revanche sa famille peut hériter de ses droits et de quelques-unes de ses propriétés.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Jules Viard, Philippe VI de Valois. Début du règne (février-juillet 1328), Bibliothèque de l’école des chartes, 1934.

Notes

[1] Pendant les premiers temps de la monarchie, c’est le grand chambrier de France avec les chambellans qui ont eu en charge la gestion du Trésor royal et de la chambre du roi. Avec l’augmentation du nombre d’offices de la Chambre du roi a été créé la chambre aux deniers pour assurer les paiements des différents services de l’Hôtel du Roi puis de la Maison du Roi et la comptabilité de ses dépenses. La Chambre aux deniers de l’hôtel n’a pas de ressources propres. Elle était financée par le Trésor royal puis par les Aides. Elle était soumise au contrôle de la Chambre des comptes qui veillait aussi à l’application des ordonnances. Vers 1380, sous le règne de Charles VI, le Maître de la Chambre aux Deniers réglait toute la dépense de l’Hôtel du Roi et c’était lui qui faisait toutes les recettes. Il rendait ses comptes aux deux termes de Noël et de la Saint-Jean, assisté pour cela d’un Contrôleur. Ils ont été par la suite rendus par procureur. Les comptes étaient divisés en deux parties, la recette et la dépense.

[2] Le trésorier de France a été instauré au 13ème siècle. Il s’agit de l’administrateur des finances royales. À partir de Philippe le Bel, qui transfère le Trésor du Temple au Louvre en 1295, le nombre de trésoriers de France augmente de deux à quatre selon les époques. À cette époque les revenus de la monarchie sont issus du domaine royal. À partir du 14ème siècle se met en place une administration des finances parallèles fondée sur les impôts. Les trésoriers de France n’ont que l’administration des revenus domaniaux, appelés finances ordinaires, les impôts ou finances extraordinaires étant gérées par des généraux des Finances.

[3] Montigny-Lencoup est une commune française située dans le département de Seine-et-Marne

[4] Le Grand panetier de France était l’un des grands officiers de la cour du roi de France, membre de la Maison du Roi. Il était le chef de la grande paneterie, autrement dit du service de bouche comprenant hâteurs de rôt, potagers, écuyers et enfants de cuisine (appelés galopins). Officier de la maison du roi. Il ne servait ordinairement que dans les grandes cérémonies, le premier de l’an et aux quatre bonnes fêtes de l’année, déléguant ce service aux panetiers lors des offices réguliers, ces derniers mettant la nappe, la nef de table, préparant les tranchoirs de pain et le sel

[5] Le gibet de Montfaucon, surnommé « Fourches de la grande justice », était le principal gibet des rois de France jusqu’à Louis XIII, érigé à quelques mètres de l’actuelle place du Colonel-Fabien, à Paris.