Marcus Annaeus Lucanus dit Lucain (39-65)
Poète romain
Né à Cordoue [1], en Espagne ultérieure [2]. Issu d’une famille équestre [3] d’hommes de lettres, il était le fils d’Annaeus Mela et le petit-fils de Sénèque le Rhéteur et le neveu de Sénèque le Jeune.
Il arrive tout jeune à Rome et y reçoit une très bonne éducation. Il suit les cours de rhétorique [4] de Lucius Annaeus Cornutus et complète ensuite ses études à Athènes. Grâce au crédit de son oncle et à son talent précoce, il gravit prestement les marches du cursus honorum [5] et gagne, un temps, les faveurs de Néron et obtient ainsi la questure [6] et l’augura [7] en 59. Néron lui donne même la palme lors des jeux néroniens de l’année 60. La même année, il entend s’illustrer dans l’épopée et publie, en 62, “La Guerre civile”, que la tradition a pérennisé sous le titre de Pharsale.
La popularité et ses succès littéraires rendent jaloux Néron, qui interdit à Lucain de continuer de lire ses œuvres en public. Le jeune homme entre alors, en 65, dans la conjuration de Pison [8], pour se venger de l’empereur. Quand le complot est découvert, Lucain, comme son oncle, reçoit l’ordre de s’ouvrir les veines. Il ne put alors terminer son grand œuvre, “le Bellum Civile”, qui relatait la guerre civile entre Jules César et Pompée.
Notes
[1] Cordoue est une ville située dans le sud de l’Espagne, en Andalousie. Cordoue est la capitale de la province homonyme. La ville est située sur le Guadalquivir. Les musulmans conquirent la ville en 711. Elle devient alors le principal centre administratif et politique de l’Espagne musulmane (al-Andalus). À partir de 756, elle est la capitale de l’émirat de Cordoue, fondé par le prince omeyyade Abd al-Rahman 1er.
[2] L’Hispanie ultérieure couvre approximativement l’actuelle Andalousie et le sud du Portugal actuel. L’administration de la province est installée à Cordoue. Plus tard, sous Auguste, la province est scindée en deux entités distinctes : la Bétique et la Lusitanie.
[3] Les chevaliers sont un groupe de citoyens de la Rome antique appartenant à l’ordre équestre, sous la Royauté, la République et l’Empire.
[4] La rhétorique est d’abord l’art de l’éloquence. Elle a d’abord concerné la communication orale. La rhétorique traditionnelle comportait cinq parties : l’inventio (invention ; art de trouver des arguments et des procédés pour convaincre), la dispositio (disposition ; art d’exposer des arguments de manière ordonnée et efficace), l’elocutio (élocution ; art de trouver des mots qui mettent en valeur les arguments → style), l’actio (diction, gestes de l’orateur, etc.) et la memoria (procédés pour mémoriser le discours).
[5] Le cursus honorum est l’ordre d’accès aux magistratures publiques sous la Rome antique. Défini très tôt à une époque mal déterminée, il n’est formalisé que par la lex Villia Annalis en 180 av. jc. Cet ordre est obligatoire et permet de gagner des compétences et d’avoir pour magistrats suprêmes des hommes mûrs et expérimentés.
[6] Dans la Rome antique, les questeurs sont des magistrats romains annuels comptables des finances, responsables du règlement des dépenses et de l’encaissement des recettes publiques. Ils sont les gardiens du Trésor public, chargés des finances de l’armée et des provinces, en relation avec les consuls, les promagistrats et les publicains. Maintenue sous le Haut Empire avec son rôle comptable, cette fonction se réduit sous le Bas-Empire à une magistrature honorifique et coûteuse exercée uniquement à Rome.
[7] Dignité, fonctions d’augure.
[8] La Conjuration de Pison, du nom que lui donne Suétone, est un complot dirigé contre l’empereur Néron en 65.