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Patrocle d’Arles dit Patrocle

mardi 23 septembre 2025, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 2 octobre 2014).

Patrocle d’Arles dit Patrocle (mort en 426)

Archevêque d’Arles de 412 à sa mort

Arles Saint Trophime de nuitIl accède en 412 à la tête de l’évêché d’Arles [1] porté par un mouvement populaire qui renverse l’évêque Heros lors des luttes entre Constance et Constantin.

Cette élection cause dans tout l’épiscopat provençal des troubles notamment entre Proculus, l’évêque de Marseille [2], et Patrocle.

En effet dès 417, Proculus décide avec la complicité de Lazarus l’ancien évêque d’Aix [3], chassé en 412 et proche de l’ancien prélat arlésien Héros, de nommer un évêque à La Ciotat [4] et à Saint-Jean-de-Garguier [5], cités proches de Marseille mais se trouvant sur le territoire du diocèse d’Arles, alors très étendu. Il s’agit manifestement d’une provocation par rapport au compromis du concile de Turin [6] qui avait statué sur les limites des évêchés d’Arles et Marseille.

L’évêque d’Arles, Patrocle va directement à Rome plaider sa cause en rappelant les décisions de ce concile et le pape Zosime lui donne satisfaction. Il rend à Patrocle les droits sur les évêchés disputés, excommunie Lazarus et Proculus, donne à l’archevêque d’Arles autorité sur l’ancienne province de Narbonnaise [7] et en fait son vicaire en Gaule. De plus, l’évêque d’Arles, contrairement aux décisions du concile de Turin, devient l’intermédiaire obligé pour toutes les relations avec le Saint-Siège. Le découpage ecclésiastique n’est plus calqué sur l’organigramme de l’administration civile, mais sur une tradition arlésienne, celle de saint Trophime, fondateur de l’Église d’Arles et, aux yeux des arlésiens, premier évangélisateur de la Provence.

Par ailleurs à cette même époque la ville d’Arles [8] voit grandir son rôle politique. Par l’édit d’Honorius et Théodose du 17 avril 418, reçu à Arles le 23 mai, cette cité est choisie comme lieu d’assemblée annuelle des sept provinces du diocèse de Viennoise, laquelle assemblée doit se tenir chaque année entre le 13 août et le 13 septembre, en présence du préfet du prétoire, des gouverneurs des provinces, des nobles revêtus de dignités officielles et des députés des curies.

Toutefois, dès 419, le successeur du pape Zosime, Boniface 1er, revenant sur la décision de son prédécesseur, bouleverse les données du problème en reconnaissant les évêques de Narbonne [9] et de Vienne [10] comme métropolitains, laissant cependant à Arles la tutelle religieuse sur les 2 provinces de Narbonnaise Seconde et des Alpes-Maritimes.

En dépit de ce revers Patrocle demeure un personnage important. C’est à lui et à Amatus le préfet des Gaules qu’en 425, l’empereur Valentinien III fait parvenir un décret dans lequel il stipule l’interdiction faite aux Juifs d’occuper des fonctions judiciaires, de servir dans l’armée et de posséder des serviteurs chrétiens. Toujours en 425, le vicariat pontifical lui est confirmé par la régente Galla Placidia. Cette dernière inspire également à l’empereur Valentinien III, une ordonnance qui impose aux évêques gaulois contaminés par le pélagianisme [11] de faire leur rétractation entre les mains du primat d’Arles.

Patrocle meurt assassiné, peu après au début de l’année 426, victime du nouveau patrice et maître de la milice romaine, le Magister Militum [12] Félix . On soupçonne aussi Proculus, l’évêque de Marseille, avec qui Patrocle s’est souvent disputé, d’avoir trempé dans le meurtre de son rival.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Patrocle d’Arles/ Portail du Haut Moyen Âge/ Archevêque d’Arles

Notes

[1] L’archevêché d’Arles est un ancien archidiocèse catholique, il est une des Églises les plus anciennes des Gaules. Seul l’archevêché de Lyon pourrait lui disputer l’honneur de la préséance. La date de la fondation du siège épiscopal d’Arles est inconnue, elle remonte en tout cas au tout début de l’installation de l’Église en France. Selon une tradition, saint Trophime aurait évangélisé la cité d’Arles, en aurait été le premier pasteur vers 220-240.

[2] L’archidiocèse de Marseille est un archidiocèse métropolitain de l’Église catholique en France. Le diocèse de Marseille, érigé, selon la tradition, au 1er siècle, est un des diocèses historiques de la Provence. À la veille de la Révolution française, le diocèse de Marseille comprenait 22 paroisses dites foraines, à savoir : Allauch, Aubagne, Auriol, Le Beausset, La Cadière, Saint-Cannat, Cassis, Le Castellet, Ceyreste, La Ciotat, Cuges, Gémenos, Julians, Méounes, Nans, Les Pennes, Peïpin, Plan-d’Aups, Roquefort, Roquevaire, Signes et Saint-Zacharie.

[3] L’archidiocèse d’Aix et Arles est un des archidiocèses de l’Église catholique en France. Il aurait été fondé dès le 1er siècle.

[4] La Ciotat est une commune française située dans le département des Bouches-du-Rhône en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, à 31 kilomètres à l’est de Marseille. La Ciotat est l’une des deux seules communes, avec Ceyreste, à être située dans le département des Bouches-du-Rhône tout en appartenant à l’unité urbaine de Toulon.

[5] Le village de Saint-Jean-de-Garguier fut le siège d’un évêché au 5ème siècle

[6] Le concile de Turin est un concile qui se tint à Turin, à la fin du 4ème siècle ou au début du 5ème siècle, sur la convocation de l’évêque de Milan, Simplicien, à la demande d’évêques de Gaule, afin de régler certains différends frontaliers.

[7] La Gaule narbonnaise désigne pour les historiens une province de l’Empire romain fondée à partir de la première colonie créée par les Romains sur le territoire méridional de l’actuelle France, entre Alpes et Pyrénées dès 118 av. jc. Cette région coloniale obtient un statut de Provincia romana vers 70 av. jc. Elle était aussi appelée Braccata, ce nom faisant allusion aux braies portées par les habitants, en opposition à la Gaule Cisalpine, où le port de la tunique romaine s’était déjà imposé à la population, du moins dans les cités. Rome occupe la région en quelques campagnes entre 125 et 121av. jc, notamment celles de Gnaeus Domitius Ahenobarbus et Fabius Maximus Allobrogicus. La zone occupée s’étend jusqu’à Tolosa (Toulouse) et jusqu’au Léman, créant une liaison terrestre entre ses territoires en Espagne et la Gaule cisalpine. La colonie grecque de Massalia (Marseille) et son arrière-pays forment une enclave libre au sein de la Narbonnaise. La province ne reçut cependant peut-être son statut officiel (lex provinciae) qu’après le passage de Pompée dans les années 70 avant notre ère. En 109, cette région est ravagée par les Cimbres, les Teutons, les Ambrons durant l’épisode de la guerre des Cimbres. Jules César, proconsul de la Narbonnaise de 58 à 49, en fit sa base arrière pour la conquête des Gaules, et termina en 49 la conquête de la Narbonnaise en annexant Massalia et son territoire, qui avait pris le parti de Pompée. Avec l’Empire, à partir de 27 av. jc, avec le principat d’Octave devenu Auguste, Narbonne va prendre de l’importance.

[8] Arles est une commune française, sous-préfecture du département des Bouches-du-Rhône. La ville, chef-lieu de l’arrondissement d’Arles, est la commune de France métropolitaine la plus étendue avec quelque 75 893 hectares, et la plus peuplée de la Camargue. La ville est traversée par le Rhône. Cette ville a plus de 2 500 ans. Ville emblématique de la Gaule chrétienne, elle fut l’évêché d’Hilaire d’Arles et de Césaire d’Arles. Des monuments remarquables ont été construits pendant l’Antiquité à l’époque romaine, comme le théâtre antique, les arènes, les Alyscamps, les thermes de Constantin ou encore le cirque romain.

[9] L’archidiocèse de Narbonne est un ancien archidiocèse métropolitain de l’Église catholique en France. Le diocèse de Narbonne est érigé au 4ème siècle. Au 5ème siècle, vers 445, il est élevé au rang d’archidiocèse métropolitain. Dans le cadre de l’éradication de l’hérésie cathare, la partie occidentale du diocèse (Haut-Razès) est érigé en diocèse suffragant le 18 février 1318 par le pape Jean XXII, avec pour siège l’abbaye d’Alet. Au cours des 13ème et 14ème siècles, les archevêques de Narbonne ont élevé 18 châteaux sur leurs terres, dont ceux de Montels et de Capestang. À la suite du Concordat de 1801, le siège archiépiscopal est supprimé et le territoire de l’archidiocèse est partagé entre le diocèse de Carcassonne, qui couvre alors les départements de l’Aude et des Pyrénées-Orientales, et le diocèse de Montpellier, qui couvre alors les départements de l’Hérault et du Tarn.

[10] Le diocèse de Grenoble-Vienne-les-Allobroges (diocesis Gratianopolitana-Viennensis Allobrogum) est un diocèse français suffragant de Lyon. Le diocèse de Grenoble a été fondé vers 380, par la décision de l’empereur Gratien. Son premier évêque connu est saint Domnin. Les évêques étaient princes de Grenoble. Le territoire du diocèse s’étendait sur une grande partie du Haut Dauphiné, mais une partie de la Combe de Savoie (70 paroisses autour de Chambéry) en relevait également jusqu’au début du 18ème siècle.

[11] Le pélagianisme est le courant considéré comme hérétique par l’Église catholique, issu de la doctrine du moine Pélage. Pélage minimisait le rôle de la grâce et exaltait la primauté et l’efficacité de l’effort personnel dans la pratique de la vertu. Il soutenait que l’homme pouvait, par son seul libre arbitre, s’abstenir du péché, niait la nécessité de la grâce, le péché originel, les limbes pour les enfants morts sans baptême. En effet, pour le moine breton les hommes ne doivent pas supporter le péché originel d’Adam dans leurs actions et ne doivent donc pas se rédimer à jamais. Trois conciles s’étaient opposés à cette doctrine : ceux de Carthage, 415 et 417, et celui d’Antioche en 424. Le Concile oecuménique d’Éphèse, en 431, condamna cette hérésie en dépit des correctifs que Pélage inséra dans ses apologies. Le pélagianisme subsista jusqu’au 6ème siècle. Il fut surtout combattu par saint Augustin qui a tout fait pour que Pélage soit excommunié car il le considérait comme un disciple du manichéisme. En 426, l’Église catholique romaine excommunie Pélage.

[12] Le magister militum est un officier supérieur de l’armée romaine durant l’Antiquité tardive. Son nom est souvent traduit par « maître de la milice » ou « maître des milices ».