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Rotrou III du Perche

dimanche 17 mars 2024, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 20 mars 2012).

Rotrou III du Perche (mort en 1144)

Comte du Perche de 1100 à sa mort

Sigillographie des anciens comtes du Perche par Joseph-Hector-Henri-Jean Guillier de Souancé (1895)

Fils de Geoffroy II de Mortagne, comte de Mortagne [1], puis du Perche [2], et de Béatrice de Montdidier. Il commença par accompagner son oncle Ebles II, comte de Roucy [3], en Espagne pour combattre les Maures [4] aux côtés d’un autre oncle Sanche 1er, roi d’Aragon [5] et de Navarre [6]. Puis il s’engagea dans la première croisade [7], sous les ordres de Robert Courteheuse. Il s’illustra au siège d’Antioche [8], puis à la prise de Jérusalem [9]. Son père mourut alors qu’il était encore en Terre Sainte.

Peu après son retour, un conflit éclate entre le roi Henri 1er d’Angleterre et le duc Robert Courteheuse. Rotrou soutient Robert Courteheuse, tandis que son ennemi Robert II de Bellême soutient Henri. Vaincu par Robert, il se rallie à Henri et épouse une de ses filles naturelles, Mathilde. Mais la lutte contre le seigneur de Bellême continue, ravageant les terres, si bien que les 2 belligérants furent excommuniés. Rotrou fit rapidement amende honorable.

En 1111, il combat sous la bannière d’Henri Beauclerc contre le roi de France, pour qui combattent le comte d’Anjou et le sire de Bellême. Capturé, il restera prisonnier de Bellême pendant quelque temps, et Mortagne-au-Perche sera incendié durant sa captivité.

En 1112, il repart en Espagne et combat pour le compte du roi Alphonse 1er d’Aragon , mais il doit rentrer rapidement pour défendre le Perche, envahi par Guillaume III Gouët. De retour en Espagne de 1115 à 1118, il aide Alphonse à reconquérir le royaume de Navarre qui s’était révolté.

Mathilde périt le 25 novembre 1120 dans le naufrage de la Blanche-Nef [10]. Il se remaria avant 1126 avec Harvise d’Évreux , fille de Gautier d’Évreux, baron de Salisbury et de Sybille de Chanoit.

En 1135, le roi Henri 1er Beauclerc meurt, et sa succession est revendiquée à la fois par son neveu Étienne de Blois et sa fille Mathilde, mariée à Geoffroy Plantagenêt, comte d’Anjou [11]. Une guerre s’ensuivit. D’abord partisan d’Étienne, il organise en 1141 une réunion des seigneurs normands qui se rallient massivement à Mathilde et à Geoffroy. Ce dernier commence la conquête de la Normandie, et met le siège devant Rouen [12]. C’est là que Rotrou fut tué d’une flèche, en janvier 1144.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Alex Tillier, « Le comte Rotrou du Perche en Aragon : un noble franco dans la Reconquista au début du xiie siècle », Annales de Normandie, vol. 72, no 1,‎ 2022, p. 47–84 (ISSN 0003-4134, DOI 10.3917/annor.721.0047)

Notes

[1] Mortagne-au-Perche est une commune française, située dans le département de l’Orne. Ancienne capitale du Perche (province), le centre de la région économique.

[2] Le comté du Perche est issu de l’union de deux seigneuries : celle de Mortagne-au-Perche, et celle de Nogent-le-Rotrou. Les seigneurs de Mortagne furent parfois qualifiés de comtes, mais pas de manière systématique. Ce fut le comte Geoffroy de Mortagne qui adopta le titre de comte du Perche, à la fin du XIIe siècle. À la mort de l’évêque Guillaume du Perche, en 1226, le comté fut réuni à la Couronne. Plus tard il fut donné en apanage à des princes du sang.

[3] Roucy était l’une des sept pairies du duché de Champagne, il en formait la limite nord-ouest. Le comte de Roucy portait aussi le titre de comte de Reims, et a un temps possédé le château de la Porte de Mars, le château épiscopal de Reims. Le comté, bien que variant au fil du temps et des querelles seigneuriales s’étendait le long de l’Aisne de Pargnan en aval à Évergnicourt en amont. Au nord limité par le tracé de l’Ailette et au sud par celui de la Vesle. Il jouxtait les terres du Laonnois au nord, du domaine royal par l’ouest et la Braine, du duché de Champagne avec la ville de Reims et les terres du Rethelois à l’est.

[4] Les Maures, ou anciennement Mores, sont originellement des populations berbères peuplant le Maghreb. Ce terme a changé de signification durant plusieurs périodes de l’histoire médiévale et contemporaine. À partir des conquêtes arabo-musulmanes du 7ème siècle, l’Empire arabe omeyyade, à l’aide du général berbère Tariq Ibn Zyad, conquiert l’Espagne, sous le nom d’Al Andalus. C’est le début de l’Espagne musulmane. À partir de cette époque, le terme « maure » va devenir un synonyme de « musulman », plus particulièrement de n’importe quel musulman vivant en Andalousie, qu’il soit d’origine berbère, arabe ou ibérique. Une population qui s’installera par la suite essentiellement au Maroc après la reconquête de l’Andalousie par l’armée espagnole.

[5] Le royaume d’Aragon est une entité politique du nord-est de la péninsule Ibérique, née en 1035 de l’union des comtés d’Aragon, du Sobrarbe et de la Ribagorce et disparue en 1707 avec son intégration au sein du royaume d’Espagne par les décrets de Nueva Planta.

[6] Le royaume de Navarre est un royaume médiéval fondé en 824 par les Vascons, dont le premier roi est Eneko Arista, premier d’une lignée de seize rois basques qui régneront sur le Royaume jusqu’en 1234. Attaquée depuis trois siècles au nord des Pyrénées, dans le duché de Vasconie par les Francs, et au sud par les Wisigoths, puis les Omeyyades (musulmans), la Vasconie est réduite au petit Royaume de Pampelune, terres ancestrales du Saltus Vasconum. La Haute-Navarre fut conquise en 1512 par le royaume d’Aragon et fut intégrée en 1516 dans l’actuel royaume d’Espagne et l’autre partie (Basse-Navarre), restée indépendante, fut unie à la couronne de France à partir de 1589 d’où le titre de « roi de France et de Navarre » que portait Henri IV

[7] La première croisade s’est déroulée de 1096 à 1099 à la suite, entre autres, du refus intervenu en 1078 des Turcs Seldjoukides de laisser libre le passage aux pèlerins chrétiens vers Jérusalem. Cette croisade s’achève par la prise de Jérusalem et la création du royaume chrétien de Jérusalem.

[8] Antioche, ou Antioche-sur-l’Oronte afin de la distinguer des autres Antioche plus récentes, est une ville historique originellement fondée sur la rive gauche de l’Oronte et qu’occupe la ville moderne d’Antakya, en Turquie. C’était l’une des villes d’arrivée de la route de la soie.

[9] Ville du Proche-Orient que les Israéliens ont érigée en capitale, que les Palestiniens souhaiteraient comme capitale et qui tient une place centrale dans les religions juive, chrétienne et musulmane. La ville s’étend sur 125,1 km². En 130, l’empereur romain Hadrien change le nom de Jérusalem en « AElia Capitolina », (Aelius, nom de famille d’Hadrien ; Capitolina, en hommage au dieu de Rome, Jupiter capitolin) et il refonde la ville. Devenue païenne, elle est la seule agglomération de la Palestine à être interdite aux Juifs jusqu’en 638. Durant plusieurs siècles, elle est simplement appelée Aelia, jusqu’en 325 où Constantin lui redonne son nom. Après la conquête musulmane du calife Omar en 638, elle devient Iliya en arabe, ou Bayt al-Maqdis (« Maison du Sanctuaire »), équivalent du terme hébreu Beit ha-Mikdash (« Maison sainte »), tous deux désignant le Temple de Jérusalem, ou le lieu du voyage et d’ascension de Mahomet, al-Aqsa, où se situait auparavant le temple juif

[10] La Blanche-Nef est un navire normand qui fit naufrage à Barfleur au large du Cotentin, le 25 novembre 1120 avec pas moins de 140 hauts barons et dix-huit femmes de haute naissance, filles, sœurs, nièces ou épouses de rois et de comtes à son bord, parmi lesquels l’héritier du trône d’Angleterre, le prince Guillaume Adelin, fils du roi Henri Ier Beauclerc.

[11] Dans l’histoire de l’Anjou, le comté d’Anjou émerge au 10ème siècle en conséquence de la dislocation du royaume carolingien. Il devient l’une des plus importantes principautés du royaume de France aux 11ème et 12ème siècles. En 1204, le roi de France Philippe Auguste met la main sur le comté. Celui-ci retrouve une certaine autonomie à partir du règne de Saint Louis en tant qu’apanage. L’Anjou est érigé en duché au début de la guerre de Cent Ans.

[12] Rouen est une commune du Nord de la France traversée par la Seine. Préfecture du département de la Seine-Maritime. À partir de 841, les Vikings ont effectué de fréquentes incursions en vallée de Seine et ont, en 841, ravagé Rouen. Rouen, attaquée à nouveau par les Nortmanni en 843, est devenue la capitale du duché de Normandie après que Rollon, chef viking, eut obtenu une région équivalente en taille à l’ancienne Haute-Normandie (Seine-Maritime et Eure), du roi de France Charles III, par le traité de Saint-Clair-sur-Epte en 911. Il a été fait comte de Rouen, au sens carolingien du terme, mais les textes de l’époque parlent plus fréquemment de « prince » (princeps). En 949, le duc de Normandie Richard 1er, dit « Sans Peur », a battu, lors du siège de Rouen, une grande coalition réunissant le roi de France Louis IV d’Outremer, l’empereur germanique Othon le Grand et le comte de Flandre. Cette victoire a été décisive pour l’avenir de la Normandie ; une plaque est apposée sur une maison de la place de la Rougemare, en souvenir de cet événement sanglant. En 1007, un pogrom décime une partie de la population juive de Rouen. L’œuvre de Guillaume le Conquérant permet à la Normandie de devenir la province la plus puissante d’Europe. S’il installe la capitale politique à Caen, Rouen reste la capitale économique et religieuse. C’est d’ailleurs à Rouen que Guillaume mourra en 1087.