Pylade
Personnage de la mythologie grecque
Fils de Strophios roi de Phocide [1] et d ’Anaxibie sœur d’Agamemnon. Il est donc le cousin d’ Oreste .
Pylade a vécu chez Oreste après le meurtre de son père Strophios par Agamemnon. L’amitié qui unit les deux héros est si fidèle qu’elle deviendra proverbiale. Selon d’autres sources, ce serait après l’assassinat d’Agamemnon qu’Oreste alla vivre chez le père de Pylade, se liant d’amitié avec son cousin.
Pylade est l’un des instigateurs du meurtre de sa tante Clytemnestre ; mais il n’abandonne pas son ami quand celui-ci, après avoir tué sa mère Clytemnestre, est frappé de démence et poursuivi par les Érinyes [2].
Pylade est finalement récompensé de son dévouement. Oreste, devenu roi d’Argos [3], lui accorde sa sœur Électre , de qui il a deux fils.
Toujours fidèle à Oreste, il part avec lui en Tauride [4] pour l’aider à calmer ses tourments en dérobant une statue d’Artémis, selon une prophétie de l’oracle de Delphes [5]. Là-bas, ils retrouvent Iphigénie, autre sœur d’Oreste, qu’ils ramènent en Grèce.
Notes
[1] La Phocide est une région de Grèce centrale, à l’ouest de la Béotie, qui tire peut-être son nom des phoques du golfe de Corinthe, aujourd’hui disparus de la région. Dans l’Antiquité, la Phocide, initialement peuplée de Pélasges, s’enrichit de diverses populations grecques : Achéens, Ioniens, Doriens. Elle reçoit beaucoup de visiteurs et prospère grâce à la présence de l’oracle de Delphes. Neutre au début des guerres médiques, elle finit par rejoindre Athènes. Pendant la guerre du Péloponnèse en revanche, c’est une alliée de Sparte. Intégrée dans la ligue de Corinthe, elle devient comme ses voisines un satellite de la Macédoine, puis subit une invasion celtique avant de rejoindre ensuite la ligue étolienne. 146 ans avant notre ère, elle devient un État satellite des Romains et perd progressivement son autonomie pour être intégrée dans la province d’Achaïe. À partir du 3ème siècle de notre ère, au moment où les invasions des Goths ravagent la région, commence la christianisation qui gagne de plus en plus de terrain ; elle est complète au 6ème siècle, au moment des invasions slaves. En se christianisant, l’Empire romain d’Orient est devenu l’Empire byzantin : la Phocide fait alors partie du thème de l’Hellade.
[2] Dans la mythologie grecque, les Érinyes ou Érinnyes, ou parfois « déesses infernales » sont des divinités persécutrices. Selon Eschyle, elles sont transformées en « vénérables », après l’acquittement d’Oreste, à l’occasion duquel Athéna aurait obtenu qu’elles devinssent des divinités protectrices d’Athènes comme gardiennes de la justice. Euripide les a identifiées aux Euménides . Elles correspondent aux Furies chez les Romains.
[3] Argos est une ville d’Argolide dans le Péloponnèse, située près de Nauplie. Située au pied de deux acropoles remontant à l’antiquité Argos fut définitivement éclipsée par Sparte à partir du 6ème siècle av. jc. Elle ne participa pas aux guerres médiques. La rivalité avec Sparte explique qu’Argos ait adopté systématiquement un parti anti-laconien pendant la guerre du Péloponnèse, soit en restant neutre, soit en s’alliant à Athènes. La bataille de Mantinée, en 418 av. jc, finit par convaincre Argos de s’allier avec Sparte. Elle rompit cependant son traité au début de la guerre de Corinthe, en 395 av. jc. Pyrrhus s’attaqua à Argos en 272 avant notre ère, au cours de sa guerre contre le Macédonien Antigone II Gonatas. Il y fut tué, en recevant une tuile lancée depuis un toit par une vieille femme.
[4] La Tauride, Taurique ou Chersonèse Taurique fut le nom jadis donné par les Grecs antiques à la presqu’île de Crimée. Elle fut le siège du royaume du Bosphore, royaume grec antique établi sur les rives du Bosphore Cimmérien (actuel détroit de Kertch entre la mer Noire et la mer d’Azov) et sur la Tauride proprement dite, qui perdura jusqu’au roi Sauromatès VI où il disparut, conquis par les Goths, lors des invasions barbares. Passant entre autres dans les mains de l’Empire byzantin, de la Rus’ de Kiev et de la République de Gênes, elle devient de la seconde moitié du 15ème à la fin du 18ème siècle le centre du khanat de Crimée. Elle est ensuite annexée par l’Empire russe, qui en fait le gouvernement de Tauride.
[5] L’oracle de Delphes est resté très vivant et consulté jusqu’au 2ème siècle av. jc. Les empereurs de Rome sont peu à peu venus non pour demander des oracles, mais pour piller le sanctuaire. La Grèce se dépeuple et le sanctuaire a de moins en moins de clients, on ne construit plus de nouveaux monuments pendant cette période, Plutarque est désolé de ne voir la Pythie au travail qu’une fois par mois. Pausanias constate la dégradation terrible du sanctuaire d’Athéna Pronoia. Le monde grec s’effondre et Delphes en subit la marée. Les débuts de l’ère chrétienne vont lui porter le coup de grâce.